« Sentier naturel du Chemin du Douro. Étape 1. Source du Duero-Vinuesa km 0. GR-86-1 Sentier Ibérique de Soria
« Fleuve Duero, Fleuve Duero, personne ne descend pour t’accompagner, personne ne s’arrête pour écouter ton éternelle strophe d’eau. » Gerardo Diego
C’est ici, au pied du pic d’Urbión, dans la commune de Duruelo de la Sierra, à 2 160 m d’altitude, que commence le périple du fleuve Duero qui, après 897 km, se jette dans l’océan Atlantique, dans la ville de Porto.
Patrimoine naturel de Castilla y León. Réseau d’espaces naturels de Castilla y Léon. Junta de Castilla y León »
Picos de Urbión. Duruelo de la Sierra, Province de Soria, Castille-et-León. Espagne – 23 Octobre 2023.
Holà,
Sous une pluie battante, nous sommes arrivés en temps voulu à Logroño, « où le fleuve Èbre ne fait que passer » dixit les habitants. Le camping bien que fermé aux tentes depuis le 15 octobre (pour cause de parcelles inondées) nous a quand même acceptés.
Il y avait pourtant un « alberg » pour pèlerins pas très cher (style auberge de jeunesse à l’ancienne) ; on avait même l’impression qu’il n’y avait que des « hostals » pour pèlerins (plus classieux) dans cette ville carrefour des différents Chemins de Compostelle. Mais passer la nuit dans un dortoir de 24 lits superposés, déjà plein à craquer, ne nous a franchement pas emballés. C’était l’assurance de ne pas pouvoir trouver le sommeil de la nuit. C’est peut-être à ça qu’on voit qu’on vieillit.
À Logroño, nous avons pu photographier une jeune Canadienne qui avait commencé le Camino de Santiago à Saint-Jean-Pied-de-Port et nous avons été étonnés d’apprendre que c’était à cause du changement climatique. Pour elle, c’est une occasion de décompresser de ce qu’elle a vécu cet été, durant les gigantesques incendies qui ont frappé le Canada et spécifiquement sa région. Elle était d’ailleurs très impliquée dans la lutte contre les mégafeux, chargée d’assurer les communications entre les différents intervenants avec des journées de 12 voire 16 heures de travail. Ceci cumulé avec un investissement de 6 ans dans les mouvements des « Jeunes pour le Climat », une pause était la bienvenue avant un épuisement (souvent observé chez les militants et ceux qui essayent d’agir).
Sa rencontre nous a touchés et nous avons pensé à elle bien longtemps après l’avoir quittée.
Ensuite, nous avons passé une nuit plutôt fraîche, toujours sous la tente (la bâche qui protège les vélos était couverte de givre au matin), un peu avant el puerto de Santa Inès (le col) qui culmine à 1 755 mètres. Dans ce camping d’altitude, nous avons fait la connaissance de Carlos, un soleil chilien qui nous a bien réchauffés.
Après, on vous passe les détails mais il nous a fallu grimper une piste forestale de 21 km de montée (avec 1 000 m de dénivelé) pour atteindre le « nacimiento » (lieu de naissance) du fleuve Duero, situé à plus de 2 000 m. Un autre chemin plus court aurait été possible en passant par Duruelo mais, comme le temps était mauvais, il aurait été dangereux d’emprunter ce sentier, avec le manque de visibilité.
L’ascension fut bien sûr dure et la redescente épique. Sur le chemin nous avons dépassé plusieurs « refugio », tout beaux pour s’abriter et reprendre des forces, seulement ils étaient tous fermés. 10 contre 1 qu’il ne sont ouverts que l’été, durant la saison touristique.
À trois kilomètres du Pico Urbión, la piste devient encore plus sableuse et avec des pierres plus glissantes et nous découragent de poursuivre à vélo. C’est à pied que Toto part faire les photos tandis que la miss, à court d’énergie, se goinfre de pain, cacahuètes salées et biscuits secs et fait les cent pas pour ne pas se refroidir.
Il y aura une brève éclaircie avec un soleil brillant mais « las nieblas » (brumes) reviennent immédiatement et on n’y voit pas à 10 mètres. Lorsque nous réenfourchons nos montures, c’est une pluie neigeuse qui tombe et nos pèlerines tendues sur les guidons se remplissent de cristaux.
Malgré les très mauvaises conditions, le compteur affiche très souvent 25 km/h dans la descente. Problème, nous ne pouvons pas lâcher les freins de temps en temps comme nous le faisons d’habitude. Résultat, que se passe-t-il avec toute l’eau de la pluie, le sable et les roues des vélos !!? Avons-nous usé toute la gomme des patins ? Les freins ne répondent plus !
Dans la dernière ligne droite avant le village de Covaleda, à l’entrée du « polígono » (zone industrielle), au lieu de diminuer, la vitesse augmente et passe à 28km/h. Pour la miss, crier : « Je ne peux plus m’arrêter ! » et une option : profiter des crampons de ses nouvelles chaussures achetées à Saragosse pour freiner du pied gauche, bien à plat sur la route. Ouf ! Plus de peur que de mal.
Un peu plus tard, juste à l’arrivée du camping « une pincha » (une crevaison) au pneu avant de Toto viendra couronner la journée. Avec nous, deux couples dans des camping-car et camionette aménagée (Montse y Adolfo et Dora y Tony) supporteront le mauvais temps en allant chercher aux alentours des champignons (níscalos : lactaires délicieux) et en nous les faisant déguster, simplement cuits avec de l’ail, du persil, de l’huile d’olive et du sel.
Maintenant, comme d’habitude, nous essayons de passer entre les gouttes, sans véritable succès vu qu’il pleut quasiment en continu. Depuis trois soirs, on dort au sec dans les « salón » (sorte de salle de spectacle et de réunion) des villages qu’on traverse. C’est l’alcaldesa de Duruelo de la Sierra (premier village sur le parcours du Duero), très sympathique mairesse qui a ouvert le bal.
Après plus de 2 000 km depuis notre départ le 2 septembre, le physique est quand même un peu entamé par les conditions difficiles de ces derniers jours. Et pour booster son moral, Toto se demande quand est-ce qu’il pourra remettre le short. Il y aura sûrement des occasions d’ici Porto, ville portugaise où se trouve l’embouchure du fleuve Duero.
Bises glacées de la Sierra de Urbión !
Elena y Tomas
PS : Suite à la publication de la photo de notre post d’Arguedas, l’ami Sergio nous a envoyé un lien fort intéressant.
Donc, selon Arte TV, nous aurions intuitivement fait les bons choix : la miss de face, un cadrage qui dévoile le dispositif « Instagrammable », une lumière dégueulasse, la non diffusion de l’image sur les réseaux sociaux, les marques de vêtements communes, etc.