De Llérida

Holà,

Depuis nos débuts de blogueurs, nous écrivons un post par quinzaine mais, Bueno puisqu’on nous le demande, nous allons essayer de passer à un rythme hebdomadaire.

Les efforts dans les cimes pyrénéennes ne nous ont pas trop profité car, une fois descendus, un vent chaud et de face nous attendait. Peu après Berga, la pharmacie de Puig-reig nous indiquait qu’il faisait 56 degrés au soleil et 34 à l’ombre. Du coup, on a dû y aller « tranquillo » afin de ne pas se mettre dans le rouge et surtout ne pas réveiller les vilaines tendinites.

Hier, nous étions de passage à Llerida où Toto avait réalisé un reportage ici en 2007, dans le cadre d’un travail mené dans toute l’Espagne sur le thème de l’agriculture intensive. Bien entendu, nous n’allons pas essayer de refaire la même chose dans la mesure où nous estimons que le travail de l’époque est parfait (l’autosatisfaction de temps en temps ne peut pas faire de mal, n’est-ce pas ?).

Toto pense souvent à cette période qui marque nos premiers pas dans la photographie documentaire. Que sont devenues toutes les personnes rencontrées alors ? Où êtes-vous Jean, Lamine, Henri, Mocktar et les autres ? Espérons que vous avez pu réaliser vos projets et que vous êtes moins hantés par la traumatique traversée de la mer et l’acquisition des papiers.

Pendant que la miss attendait dans le parc à la française : Camps Elisis qui est juste derrière la peinture murale de Aka Modesto, photographiée pour ce post, je suis revenu sur les hauteurs de Llerida. Là où j’avais laissé les personnes il y quinze ans maintenant, j’en ai retrouvé d’autres, parfois allongées sur des cartons, certaines avec des valises. Je suis allé parler avec elles mais elles ont refusé que je prenne des photos.

J’ai eu droit au discours sur la colonisation, le rôle négatif de la France en Afrique de l’Ouest, les espoirs d’un renouveau africain avec notamment l’action bénéfique de Poutine comme au Mali, etc. Bref, j’aurais pu rester des plombes qu’il m’aurait été impossible de faire une photo de ces jeunes, même de dos !

Au cours de la conversation, j’ai appris que les choses avaient un peu changé pour eux ici. Les salaires étaient meilleurs depuis quelques années et si on avait des papiers il était plus facile de trouver un emploi, dans l’industrie de la viande par exemple.

Par contre, ce qui n’a pas changé c’est que ce sont toujours les ouvriers agricoles étrangers qui font la majeure partie du travail dans les champs. Actuellement à Llérida, la campagne ne bat pas son plein. Cette année, il y a eu très peu de brugnons et de pêches à cause du gel suivi de fortes chaleurs et les récoltes de poires ne commenceront que le mois prochain et ensuite les pommes.

Bon, on imagine que durant notre nouveau périple, nous aurons l’occasion d’en savoir plus sur la situation des travailleurs étrangers dans le pays. Cette petite expérience à Llérida valide qu’il est inutile pour nous de « relever les compteurs » à tous les endroits où Toto était passé autrefois. Il faudrait faire preuve à nouveau d’une patience infinie, voire plus encore même, car il n’est pas question pour nous de voler des photos.

Quelques heures après ce retour dans le passé toujours très actuel (la seule différence notable est que maintenant ils ont presque tous un smartphone à la main), Bouna et N’Dyaye nous ont montré que la « téranga » (hospitalité sénégalaise) existait aussi en terre catalane. Nous les avons rencontrés après avoir affronté (comme depuis une semaine) un chaud vent contraire qui nous mettait presque à l’arrêt, ne nous autorisant que du 6-8 km/h péniblement sur le plateau et du 13 à l’heure dans les descentes.

Venga, nous allons reprendre la route vers le sud et la Sierra d’Albarrracín. Là commencera vraiment notre voyage photographique. Dans les semaines qui viennent, nous voulons réaliser en Espagne et au Portugal notre nouvelle idée de reportage, lors de cette première étape de notre Tour d’Europe (voir posts précédents). Nous vous en reparlerons bientôt !

Abrazos y Suerte,
Helena y Thomas