Canaux de Venise ou d’Amsterdam ?

Pêche sur la digue. Plage de la Marquesa. Parc Naturel de l’Èbre. Delta de l’Èbre. Province de Tarragone, Catalogne. Espagne – 27 Septembre 2023.

Bonjour,

Voilà, on vient de mettre en ligne les deux dernières galeries de notre périple ibérique. Au total, ce sont 8 reportages (comprenant la descente et la remontée de grands fleuves comme le Tage, le Guadalquivir ou l’Èbre) et deux séries de portraits, celles de nos hôtes en Espagne et au Portugal.

Vous pouvez retrouver tout ce travail ici et .

Nous pensons que ce nouveau corpus de photographies est un bon prolongement de ce que nous avions réalisé à travers l’Espagne en 2007 et 2008. À l’époque, nous avions essentiellement travaillé sur les conséquences humaines de l’agriculture intensive.

Là, en plus d’avoir rencontré davantage les Espagnols et documenté la sécheresse historique qui a touché la péninsule, nous avons abordé les conséquences environnementales de ce type d’agriculture (et accessoirement celles de l’industrie du tourisme).

En commençant ces nouveaux reportages en 2022, nous étions un peu stressés. Comment être à la hauteur des tout premiers (nous avons la faiblesse, on aime à dire, de les considérer comme parfaits) ? Maintenant, on se dit qu’en plus de ne pas démériter (11 000 km au compteur les amis), le résultat nous paraît globalement satisfaisant.

– Week-end au bord du lac de barrage de Darnius Boadella dont le niveau d’eau a bien baissé. Province de Gérone, Catalogne. Espagne – 9 Septembre 2023.
 – Scène au bord du fleuve Èbre. Bien que ce soit le 1er octobre, il faisait très chaud ce dimanche-là. Xerta. Province de Tarragone, Catalogne. Espagne – 1er Octobre 2023.

Quand on aura un moment, il faudra qu’avec tout ce travail réalisé au fil de l’eau, on monte un sujet de 150 images, un peu sur le modèle du sujet transversal : « Le jardin de l’Europe ou le troisième monde ». Pour l’instant, nous n’avons pas le titre en tête.

Ainsi, en comparant les deux, même s’ils sont bien différents (angle des reportages et photos noir et blanc – photos couleurs), nous pourrons réellement voir si nous avons été à la hauteur. Rarement nous regardons en arrière, mais peut-être que, de temps en temps, se retourner sur ce qui a été fait peut aider pour la suite ; ne serait-ce qu’afin d’éviter les répétitions ou trop de facilité.

Ah, dans une semaine, nous devrions avoir enfin fini de trier et de légender les photos UK. Une bonne chose de faite !

Ami(e)s britanniques et d’Irlande, ne nous en voulez pas trop : ce n’est que l’hiver prochain que nous mettrons en ligne les environ 2 000 images retenues. Car il faudra encore leur trouver un ordre et apporter des menues corrections dans les légendes et la chromie. Tout cela, en plus de charger les photos sur le site, demande encore quelques centaines d’heures de labeur.

Il est mieux pour nous de différer un peu ce moment. Nous allons plutôt nous relancer pour une nouvelle étape du tour d’Europe à vélo, ce périple que nous projetons de faire en 7 ou 8 ans.

« Du coup, vous partez quand, et où ? », nous demande-t-on très souvent actuellement. Jusqu’à hier, on répondait avec enthousiasme : « Vers la fin du mois de juin, en Italie et Grèce » ; mais aujourd’hui, nous en sommes moins sûrs. Nous avons pourtant bien en tête ce que nous comptons faire dans « la grande botte ». Et Hélène fait des compétitions d’apprentissage de la langue, avec des membres de sa famille qui ont des origines italiennes et qui s’y remettent.

Mais voilà, l’actualité commande, et « l’actualité n’attend pas » comme dirait l’humoriste Aymeric Lompret dans ses petites interventions foutraques à la radio. Des informations sur une historique sécheresse au nord de l’Europe ont attiré notre attention. Une sécheresse jamais vue depuis des décennies, lisons-nous : « allant du Royaume-Uni à la Scandinavie, en passant par la Belgique, les Pays-Bas et le nord de la France. » Des termes qui avaient été employés précédemment pour qualifier ce qui se passait dans la péninsule ibérique ces deux dernières années.

Lors de notre passage dans le nord de la France, à l’été 2024, nous nous étions dit qu’il serait intéressant de suivre la Meuse. Ce fleuve européen prend sa source dans la Haute-Marne, traverse la Belgique et les Pays-Bas et va se jeter dans la mer du Nord. C’est une occasion pour nous de parcourir à nouveau la « Diagonale du vide », cette zone de faible densité que nous avons entrepris de documenter l’an dernier.

Nous pourrions retourner dans les Ardennes, la Wallonie et photographier à nouveau de grands sites industriels (la Belgique étant le deuxième pays à s’industrialiser après le Royaume-Uni). Puis, nous irions découvrir la Hollande, qui, elle-même, a un grand passé avec l’industrialisation (bien que moins rapide) et le début du capitalisme marchand en Europe.

Pour le retour, suivre le Rhin, de son embouchure dans la mer du Nord (où il reçoit d’ailleurs les eaux de la Meuse) jusqu’à sa source dans les Alpes suisses, pourrait être envisagé. Nous passerions alors (en plus des Pays-Bas où nous serions déjà) par l’Allemagne (voire le Luxembourg, le Liechtenstein et l’Autriche qui sont longés par le fleuve) et la Suisse. À moins que nous fassions tout le parcours en sens inverse.

Ce trajet aurait l’avantage de faire un lien avec les sujets de nos deux premières étapes en Espagne/Portugal et Royaume-Uni/Irlande : sécheresse et début de l’industrialisation. Cela nous permettrait aussi de ne pas trop s’éloigner de la France, au cas où des échéances politiques se précipitent (comme par exemple : une nouvelle dissolution dans un contexte de consensus impossible à trouver, à l’automne, sur le budget du pays). Depuis 2012, on le rappelle, nous suivons photographiquement toutes les élections nationales dans le cadre d’un projet au long cours (axé sur la montée de l’extrême droite en France).

Allez, on vous laisse pour aujourd’hui. Le cours de l’actualité de cette quinzaine est bien chargée avec l’attaque de l’Iran par Israël, suivi de la riposte de l’Iran (ici une chronique plus détaillée de l’inquiétante situation), et la Flottille de la liberté (le voilier Madleen) arraisonnée dans les eaux internationales. À son bord, notamment, Greta Thunberg, le journaliste, Yanis Mhamdy, toujours détenu comme on peut le lire dans cette tribune de soutien et Rima Hassan, eurodéputée, qui enflamme paraît-il les réseaux sociaux après avoir reçu les compliments de Mélenchon, mais on n’a pas suivi tout cela. Bien sûr, il y a aussi Trump, sa parade militaire et les manifestations « No King », en plus des heurts en Californie et partout dans le pays du fait de « la chasse aux migrants », et, toujours aux USA, l’assassinat d’une élue démocrate dans le Minnesota. Quel monde …

Repartir à vélo avec notre tente devrait nous faire du bien. Si nous prenons l’option nordique, être au bord de l’eau et suivre les fleuves a parfois un côté apaisant. À la fin du mois, on vous dira avec certitude l’itinéraire de cette nouvelle campagne photographique (Brindisi ? Rotterdam ?). Nous serons alors sur le départ, si ce n’est déjà sur les routes.

Bonne quinzaine à vous,

Hélène et Thomas

PS : – Ici un reportage de Jérôme Sessini (agence photo Magnum) sur la sécheresse au Mexique. En regardant sa page Wikipédia, nous avons découvert le travail d’un photographe de Philadelphie, Mark Cohen, une de ses inspirations.

– Des comptes rendus de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans, à Nice, ici et .

Une émission de radio au sujet de la ruralité en France.

Une chronique du journaliste Stéphane Foucart intitulée : « L’extrême droite aux Etats-Unis est imprégnée d’un millénarisme apocalyptique, nourri par la crise environnementale ».

Un article sur le décrochage du soutien public, en France, à la filière d’agriculture Bio.

Un entretien vidéo d’Éric Heyer (directeur du département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques-OFCE) sur l’état des finances publiques du pays. Économie toujours : une interview radio de Gabriel Zucman (économiste) qui y présente sa proposition de taxe beaucoup discutée en ce moment (et sûrement dans l’avenir aussi, comme il est dit, ici, dans cet édito du journaliste Patrick Cohen). , une chronique de Thomas Piketty sur la question.

Une longue interview vidéo très intéressante (ayant comme titre « Géopolitique des épidémies ») du Professeur Renaud Piarroux (biologiste et expert en épidémiologie), à l’occasion de la sortie de son livre : « Sapiens et les microbes – Les épidémies d’autrefois » aux CNRS Éditions.

– Enfin, des rediffusions de programmes radio en hommage à deux géants de la musique américaine disparus cette semaine : Brian ici et Sly .