– Hélène au bord du Rhin par temps de pluie. Non loin des Rapides du milieu du Rhin (Lauffen am Rhein) à Ettikoner Hof. Küssaberg. Sud de la Forêt-Noire. Allemagne – 21 Août 2025.
– Campement dans une ferme. Nous y restons à l’abri de la pluie (70 mm en 24 heures) une nuit de plus comme nous le propose gentiment l’agriculteur. Kadelburg. Bade-Wurtemberg. Allemagne – 21 Août 2025.
Guten Tag,
Ce mois-ci, nous avons dérogé à une loi que nous croyons, à force, presque naturelle.
Depuis que nous avons commencé à voyager à vélo en l’an 2000, nous naviguons toujours entre 1 000 et 1 500 km parcourus mensuellement. Rarement au dessus, de mémoire jamais en dessous. Eh bien, en août 2025, nous avons à peine dépassé les 800 bornes.
Il y a une probabilité que le compteur se fatigue plus que nous, nous allons vérifier cela à la prochaine boutique vélo. Il y a eu aussi beaucoup de choses à documenter sur le parcours, 4 arrêts d’une journée pour des raisons photographiques ou amicales et puis aussi de fortes chaleurs (surtout autour du lac de Constance) qui nous ont amenés à, peut-être, traînailler un peu.
En plus du vélo, prendre des photos par temps de canicule est assez éprouvant. Il faut prendre sur soi et patienter en plein « cagnard » pour une image plutôt que rester sur un banc à l’ombre où piquer une tête dans le lac.
Comme le Rhin joue souvent le rôle de frontière naturelle entre la Suisse et l’Allemagne, nous avons alterné nos nuitées chez les uns ou chez les autres. Ceci en fonction des informations que nous avions sur les choses à voir ou pas.
Dans les 2 cas, nous n’avons pas eu de gros problèmes pour trouver où caser notre petite tente, le plus souvent dans des fermes ou des centres équestres.
Du côté allemand, ce n’est pas la première fois que nous voyageons chez nos voisins et cela se passe toujours assez simplement. Le fait qu’Hélène parle un peu la langue de Goethe facilite évidemment la rencontre mais nous avons également trouvé beaucoup de personnes ravies de pratiquer leur anglais avec nous.
Pour la Suisse, cela s’est bien passé aussi. De manière générale, les gens ne te sautent pas dessus spontanément mais on gagne souvent à faire le premier pas. Nous l’avons compris assez rapidement, ce qui a rendu notre séjour bien plus riche que si nous étions restés dans notre coin.
En plus de beaucoup d’infos, nous avons pu déguster bien évidemment une grande gamme de fromages, de grands bols d’Ovomaltine, une sorte d’osso bucco délicieux non loin de la frontière italienne et puis des Alpen Pasta (pâtes des Alpes) à base ce soir-là de farine d’épeautre, oignons et pommes de terre. Recette parfaite pour des cyclistes.
Les cyclistes sont d’ailleurs bien plus nombreux dans ces deux pays que dans l’hexagone. En dehors des sportifs ou voyageurs à vélo assez nombreux (attrait des Alpes oblige plus politique touristique axée sur le vélo, en complément bien sûr du ski), il est frappant de voir beaucoup plus de gens utiliser une bicyclette pour amener les enfants à l’école (l’école a repris mi-août en Suisse), faire les courses ou aller à des activités de loisirs ou au travail.
Ce qui est frappant aussi c’est de constater l’essor du vélo électrique. Le vélo « uniquement musculaire » risque de devenir vraiment minoritaire dans pas très longtemps. Déjà, on commence à voir des enfants et des ados équipés de petits moteurs. Sans jugement de valeur, on se dit qu’habitués ainsi dès leur plus jeune âge il sera peut-être plus difficile pour certains de revenir à plus d’autonomie.
Encore merci à nos hôtes pour l’aide et les échanges.
Petit récapitulatif de ce que nous avons vu ces deux dernières semaines :
Le cloître de Birnau
La station de pompage sur le lac de Constance pour approvisionner notamment Stuttgart en eau
La statue de Imperia sur le Lac supérieur de Constance
Une maison de pêcheur sur pilotis à Unteruhldingen
À Gaienhofen, conservés dans leur état original la Maison et l’extraordinaire Jardin de Mia et Hermann Hesse, l’auteur entre autres de « Le Loup des steppes » que Toto a lu deux fois dans son jeune âge
La Maison Musée du peintre Otto Dix à Hemmenhofen
Les maisons peintes de Stein am Rhein
Les chutes du Rhein près de Schaffhouse
La plus grande ferme biodynamique de Suisse
Des photos de mariage d’un couple érythréen en tenue traditionnelle
Le cloître et une église réformée à Rheinau
Une énorme gravière entre Rafz et Wandestingen
La Tour, la statue sur le pont et la fontaine à Kaiserstuhl
Le barrage de Reckingen
Le pont de Waldshut
La centrale nucléaire suisse de Leibstadt
Des jeunes mariés et leurs invités sur le pont à Laufenburg
Bad Säckingen
À Bâle, le Musée du papier (Muséum Papiermühle), de nombreux baigneurs dans le Rhin, un ferry sans moteur, la Petite Bâle (Kleinbasel présentée comme un lieu alternatif) avec en face (de l’autre côté du fleuve) le campus de Novartis et ses bâtiments réalisés par différents architectes internationaux
La Petite Camargue alsacienne
Le grand complexe de « SA Peugeot Citroën – Site de Mulhouse »
Une réalisation de l’architecte Le Corbusier (poste de commande et bâtiment administratif) à l’écluse secondaire de Kembs-Niffer
Une péniche nommée « Piz Turba Rotterdam » dans l’écluse principale de Kembs-Niffer
La Centrale hydroélectrique de Kembs, ses deux écluses et sa passe à poissons, ainsi que le Barrage de Märkt sur le Grand Canal d’Alsace
Toujours sur le Grand Canal d’Alsace, les péniches dans l’écluse à l’arrière de la Centrale hydraulique et la centrale nucléaire fermée de Fessenheim
Les Fortifications de Vauban à Neuf-Brisach
La cathédrale surplombant le Rhin à Breisach am Rhein
Les champs d’asperges dans la toscane allemande que Toto avait photographiés en 2012. À l’époque il avait documenté le travail agricole réalisé par des ouvriers des pays de l’Est et cela lui avait rappelé des choses vues en Espagne et en Floride auparavant. Les nouvelles photos nous permettront sûrement d’inclure les anciennes (jamais publiées) dans le reportage du Rhin.
Fribourg et son quartier écolo Vauban très en avance sur les question de l’énergie notamment, également photographiés en 2012. Toto a réussi à retrouver la ferme de Karl, un peu sur les hauteurs de la ville, où il avait planté sa tente deux nuits durant. Quand nous sommes arrivés, notre hôte, qui était dans la salle de traite, en voyant Toto s’est arrêté net et avec un large sourire l’a pointé du doigt en s’exclamant : « Thomass ! »
Ce n’est pas souvent que l’on puisse faire ce genre de surprise car il est rare que nous reprenions les mêmes routes et nous avons parfois du mal à retrouver les lieux. Un peu avant, à Fessenheim, nous avons essayé mais sans succès de revenir à la ferme où Toto avait dormi à l’époque du tour de France à vélo que nous avions réalisé (20 mois de voyage et 20 000 km). Il faut dire que les grands champs de maïs très haut en cette saison ne nous ont pas aidés pour nous repérer.
Demain, nous allons rouler vers Strasbourg, puis Mannheim, le Rhin romantique, Bonn, etc.
Avec l’annonce surprise de François Bayrou de soumettre son gouvernement à un vote de confiance au Parlement le 8 septembre prochain, nous sommes, en plus d’être inquiets pour le pays, très énervés. Depuis longtemps déjà, nous documentons les manifestations environnementales et sociales dans l’hexagone. Nous pensions, avec un peu de chance, pouvoir faire de même à notre retour de l’embouchure du Rhin aux Pays-Bas, lorsqu’il se serait agit de voter le budget si difficile à faire adopter en France ces derniers temps. C’est sûr qu’il y avait l’appel à bloquer le pays ( Bloquons tout ) le 10 septembre ; mais ça, nous aurions pu peut-être le “gérer” en revenant par exemple en train à Strasbourg ce jour-là. Maintenant, on part sur autre chose. L’intersyndicale appelle à une première journée de grève et de manifestation le 18 septembre et qui peut vraiment savoir ce qui va se passer par la suite.
L’an dernier, l’annonce tout aussi surprise du président Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale nous avait amenés à patienter un mois en France avant de passer au Royaume-Uni. Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de faire la même chose car Rotterdam est encore loin et nous ne tenons pas à rentrer très tard dans l’hiver. De plus, rien ne dit que cela ne durera pas longtemps, vu l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays.
Bis bald et bonne quinzaine à vous,
Helene und Thomas
PS : – Gérard Chaliand est décédé ce 20 août à l’âge de 91 ans. Nous n’avons jamais lu aucun des nombreux livres que ce géopolitologue a publié mais nous étions toujours intéressés lorsqu’il intervenait dans les médias. Ici vous trouverez un texte qu’il avait fait parvenir au site « Le Grand Continent » sur son parcours et sa vision du monde contemporain.
– Dans la dernière note, nous vous confiions avoir aimé écouter les émissions consacrée à Élisée Reclus. Cette quinzaine, dans la même série de Radio France « Avoir raison avec… », celles consacrées à Jacques Ellul nous ont aussi intéressés.
– Une petite analyse concernant les incendies en Espagne qui nous semble assez juste. Ici, une interview de Valérie Masson-Delmotte (la climatologue, membre du Haut Conseil pour le climat) sur le danger d’un possible déni collectif en France.
– Pour les amis francophones étrangers, une émission radio qui décrypte la situation politique française compliquée après notamment que le premier ministre François Bayrou ait décidé de soumettre son gouvernement à un vote de confiance au Parlement.