De Oberwald

2025-08-01 par htc

Hélène essaye d’arriver en haut de Bettmeralp avant la cabine du téléphérique qui mène tout près du glacier d’Aletsch. Dans la côte de Betten. Canton du Valais. Suisse – 23 Juillet 2025.

– Vue du Matterhorn (ou Mont Cervin) sur le glacier d’Aletsch. Canton du Valais. Suisse – 23 Juillet 2025.

Hallo,

Après notre petite halte à Lyon qui a marqué la fin de la période de rodage, nous avons repris la route « à fond les ballons » cette fois, toujours cap au nord-est, vers la Suisse.

Pour être plus précis sur l’itinéraire, il nous a paru évident que le plus simple serait de revenir là où nous avions délaissé la ViaRhôna (itinéraire cyclable au fil du Rhône, du Lac Léman à la Mer Méditerranée) quelques années plus tôt, à la fin de notre Tour de France, et de la poursuivre jusqu’à Genève.

De mémoire, c’était en novembre 2018. Il faisait plutôt froid et humide et nos adorables hôtes d’un soir, Carola et Jean-François, nous avaient proposé de dormir chez eux dans la chambre rouge.

Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable en allant les saluer ? Nous passons un coup de téléphone en fin de matinée et l’après-midi même, nous sommes sur leur terrasse devant une belle coupe de fruits (tranches d’abricots frais et de bananes agrémentés de mûres) surmontée d’une boule de glace à la vanille ! Nous la dégustons en sirotant un grand verre d’eau fraîche au sirop de litchi, idéal car cette fois la canicule sévit.

Comme ils sont invités en soirée chez leurs voisins belges où est prévu un anniversaire surprise, nous voilà embarqués pour la fête, pas embarrassés du tout de ne connaître personne car les Wallons sont généralement naturels, d’un abord très facile. On a souvent l’impression qu’on les connaît depuis toujours.

Le lendemain, c’est Dame Denise qui nous accueille. 78 ans mais pas du tout apeurée par des cyclos de passage. En plus d’avoir pris le temps de regarder avec nous la carte de la région pour préparer la suite du parcours, elle nous a offert une douche chaude dans une magnifique salle de bain d’époque, le petit-déj au matin, un paquet de biscuits Bretzeli de Kambly (spécialité suisse) et du Toblerone (le typique chocolat suisse en forme de montagne) pour la route.

Le surlendemain, c’est au tour de Mr Bruno de prendre le relais. Sa ferme est tenue au cordeau et il nous propose du camping 4 étoiles. Son chat s’appelle Placide, un qualificatif qui irait très bien à son maître. Vu qu’il sait beaucoup de choses sur l’histoire et la géographie de la région, nous en profitons pour lui poser toutes les questions qui nous sont venues à l’esprit le long de la Via Rhôna. Pour la photo souvenir du matin, Toto lui a recommandé de poser un peu comme John Wayne (appuyé contre le mur de la vieille bâtisse typique du pays) car la ressemblance était assez frappante. Un John Wayne Savoyard !

Pour la suite, moins besoin de chercher des spots pour notre tente : Sylvie, la petite cousine, a été mise sur le coup. Elle a vécu dans la région alors elle nous a fait profiter de son carnet d’adresses.

L’entrée dans Genève s’est faite comme dans du beurre. On ne se rappelle pas être arrivés aussi facilement à vélo dans le centre-ville d’une autre capitale (à part peut-être Helsinki). Voies cyclables et signalisation parfaite.

Après, autour du lac Léman et dans la plaine assez large du Rhône avec de hauts sommets de chaque côté (plutôt intimidants pour les petits cyclistes que nous sommes), on a bien baissé la cadence (une moyenne de 40 km par jour bien que cela soit plat), histoire de se refaire un peu avant l’attaque des sommets alpins. Se retrouver aux pieds des cols physiquement dans le rouge n’aurait pas été « tip top » comme ils disent ici.

Malgré ces précautions, cela ne fut pas des plus simples d’atteindre le feu village de Blatten, tristement célèbre depuis 2 mois environ suite à l’effondrement du glacier du Birch qui l’a complètement enseveli. 

Pourtant, nous avons plutôt bien abordé les lacets qui montent mais le problème fut de traverser les 6 ou 7 tunnels entre Gampel et Ferden dont un (appelé Mittal) de 2 540 mètres en faux plat montant. Peut-être le plus long tunnel que nous ayons traversé à vélo. Bien que nous soyons en sécurité à l’intérieur du fait d’un trottoir assez large, il y avait un boucan infernal, surtout quand passaient des camions de carrière. Mieux valait penser à autre chose. Billie !

La suite du programme fut de monter voir le glacier d’Aletsch. Le plus grand glacier des Alpes lit-on partout. 2 000 mètres de dénivelé nous a t-on dit au départ alors que nous cherchions notre chemin. On nous a aussi informés que des cabines téléphériques pouvaient nous y transporter mais à un prix exorbitant (65 euros par personne).

Même si cela a énormément limité notre temps passé là-haut, on ne regrette pas l’option champion cycliste que nous avons prise par principe. Cela nous a permis en plus de voir des choses comme, par exemple, le travail des foins dans les alpages réalisé par les hommes et les machines sur des pentes hallucinantes.

Et puis enfin et surtout, nous sommes au pied du redoutable Furka Pass dont tout le monde nous parle depuis des jours (comparé encore récemment par des hôtes cyclistes au mythique Mont Ventoux – Coucou Philippe, Joani et Marie-Louise -). Franchir ce col d’une vingtaine de kilomètres (où furent tournées des scènes de Goldfinger) nous permettra d’accéder au glacier du Rhône (donc la source du fleuve). Du fait du réchauffement climatique que nous connaissons, ce dernier est bâché afin de limiter la fonte au niveau d’un endroit très commercial, la grotte de glace.

Peu avant notre départ, nous avions consulté cet article faisant part de l’inquiétude de la communauté scientifique concernant la fonte du permafrost dans les Alpes. Cet autre article aussi nous avait frappés.

Bientôt, nous serons au lac de Toma ou Lai da Toma (une fois escaladé le col de Oberalp) où l’on considère généralement que le Rhin prend sa source. C’est là que va réellement commencer le nouveau reportage. Le plus dur physiquement sera passé avec les cols auvergnats et alpins derrière nous mais il ne faudra pas trop se réjouir pour autant. Rien ne dit qu’aux Pays-Bas et en Belgique, on ne se retrouve pas quelques fois à découvert sur de grandes lignes droites avec le vent cruel du Nord pile en face. Et puis, soutenir son attention et maintenir au fil des jours un niveau photographique acceptable n’est pas une sinécure pour autant.

Une bonne quinzaine à vous,

Helene und Thomas 

(Post écrit le samedi 26 en attendant un temps plus clément pour passer le col de la Furka)

Attente d’une météo meilleure au pied du col de la Furka et bureau du jour dans la tente militaire d’un camp de scouts suisses qui nous ont permis de planter notre tente deux nuits durant. Oberwald. Canton du Valais. Suisse – 26 Juillet 2025.

Après deux jours de patience, nous avons pu accéder au col de la Furka et faire notre travail photographique sur le glacier dans d’assez bonnes conditions de visibilité.

Depuis, nous avons pu documenter la source officielle du Rhin après une journée des plus éprouvantes physiquement. Nous attaquons maintenant la descente et de la montagne et du fleuve !

Hélène au début des hostilités et puis avec le glacier du Rhône (ou ce qu’il en reste) en arrière-plan. Vallée du Rhône. Suisse – 27 Juillet 2025

PS : – Un article de presse qui nous a fait repenser à nos derniers reportages ibériques.

– Pour les amis étrangers francophones qui veulent suivre l’actualité française, ici un article qui revient sur la pétition contre la loi Duplomb signée par plus d’un million et demi de personnes.

– Nous n’avons pas eu encore le loisir d’écouter le disque de Pascal Gabriel consacré au Mont Ventoux. La lecture de cet article nous a rappelé l’album que le légendaire groupe Kraftwerk avait composé pour célébrer le Tour de France en 2003. En écoute ici.