De Verdun

– Hélène pose devant la statue de Dom Pérignon dans la cour de la Maison Moët & Chandon, sur la renommée avenue de Champagne. Épernay. La Marne, Grand Est. France – 9 Juin 2024.

– Hélène dans la cour du Centre Mondial de la Paix à Verdun. Sur le panneau : « Après la guerre, la république : la république de Weimar, première république allemande ». À noter qu’en arrière-plan, sur tous les murs sont accrochées des photos de la guerre en Ukraine : « Kiev : Rapport d’une journée : le 8 mars 2022 ». Verdun. La Meuse, Grand Est. France – 14 Juin 2024.

Bonjour,

Vous ne vous attendiez sûrement pas à ce que l’on vous écrive ce post de Verdun et nous non plus d’ailleurs. Cela aurait dû être plus à bord du ferry en direction de Douvres. Après notre dernier message envoyé depuis les volcans d’Auvergne, nous avions pourtant tout fait pour.

Malgré parfois du mauvais temps, nous avons bien roulé à travers l’Allier, la Nièvre, l’Yonne, la Champagne (l’Aube et la Marne) avec dans l’idée d’être au plus vite au Royaume-Uni pour s’atteler à notre projet documentaire outre-Manche.

Et puis, comme disent souvent les commentateurs politiques sur le plateaux TV quand ils font un récit : « Patatras ».

Le 9 juin, alors que nous venions de passer nos premiers 1 000 kilomètres sur l’avenue de Champagne (une des plus riches du monde nous a-t-on dit plusieurs fois), à Épernay près de Reims exactement, le disrupteur en chef (E-Macron) a annoncé, dans la soirée, la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale avec de nouvelles élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet.

Pour ceux qui nous suivent attentivement, vous savez que, depuis 2012, nous avons entamé un travail au long cours sur les élections en France centré sur l’extrême droite.

Alors que faire ? S’en tenir au plan prévu et embarquer sur un bateau à Calais autour du 15 juin ? Ou temporiser afin de poursuivre la série entamée il y a plus d’une décennie ? On a passé bien 48 heures dans la stupéfaction, l’inquiétude, l’énervement (on vous passe les considérations politiques) et dans la démobilisation. Finalement on a décidé de patienter en France, au moins jusqu’au 30 juin, pour poursuivre le travail en cours…

C’est pourquoi nous nous sommes déroutés à l’est, afin d’aller dans les Ardennes, avant de remonter tranquillement dans le Nord-Pas-de-Calais, parcourant ainsi des territoires anciennement sidérurgiques et miniers où le FN-RN est bien implanté depuis longtemps.

Précisons aussi que Charleville-Mézières est souvent citée quand on parle de « diagonale du vide ou de faible densité » (cf un des posts précédents).

Espérons que les au moins 15 jours « perdus » pour le projet UK ne nous seront pas trop dommageables, surtout à la fin en novembre quand le froid sera peut-être de retour.

Mais pour l’instant, demain (samedi 15 juin), nous serons à Metz. Dans tout le pays, ce week-end, des mobilisations contre l’extrême droite sont organisées par des syndicats notamment et nous en photographierons une là.

Pour terminer, 2 petites anecdotes :

– Dans l’Allier, alors que Toto attend la miss qui enfile sa pèlerine pour la énième fois de la journée, à un carrefour en rase campagne alors qu’il pleut des cordes, une voiture banale s’arrête. Un homme d’une soixantaine d’années, visiblement radieux ouvre la fenêtre :
– Il pleut hein ?
– En effet, c’est un temps exquis.
– Bon, on n’est pas à Londres encore mais bientôt.
– Nous, on devrait y être sous peu si on continue à ce rythme…

– Pas loin d’Auxerre un couple de camping-caristes nous a accueillis dans son jardin. Au matin, alors que notre tente finit de sécher sur un fil à linge, nous prenons le petit dej avec notre hôte (madame étant partie tôt au travail). Pour améliorer nos tartines, il a amené un pot de confiture de cerises en disant : « La confiture à Guy Roux ».

La veille, ils nous avaient raconté qu’ils étaient allés récemment dans l’Aveyron. Et sur un marché, apprenant qu’ils étaient d’Auxerre, le placier (si on a bien compris) leur a tendu le pot : « C’est pour Guy Roux, quand vous le verrez merci bien de le lui donner ».

Le redoutable entraîneur de foot de l’AJ Auxerre, bien qu’âgé, est toujours une figure sur le plan local (où nous a-t-on dit il n’est pas rare de le voir dans le centre-ville avec son imper et son bonnet) et même au niveau national il faut croire. Lors de cette étape, nous avons appris que l’AJ Auxerre et l’AS Saint-Etienne (autre club au passé glorieux) remontaient cette année en D1.

Bonne chance à eux pour la saison prochaine et bonne quinzaine à vous !

Hélène et Thomas