En trois points

Prise de parole de Christophe Cassou (co-auteur du 6ème rapport du GIEC) juste avant le départ de la marche de protestation contre le projet d’autoroute Toulouse-Castres. Saïx, Tarn. France – 22 Avril 2023.

« Non à l’A69 – Macadam Massacre – Bifurquons sur les chemins de traverse ». Course de bolides artisanaux lors de la manifestation qui a réuni entre 4 500 et 8 000 opposants au projet de l’autoroute Toulouse-Castres. Saïx, Tarn. France – 22 Avril 2023.

Bonjour,

Comme pour le post précédent, nous n’avons pas en tête la première phrase qui nous aide généralement à démarrer nos petites bafouilles bi-mensuelles.

Alors, pour quand même avancer sans y passer trop de temps, on s’est fait un plan en 3 points :

A69 : Samedi dernier (le 22 avril), Toto s’est pointé au grand rassemblement à Saïx contre le projet autoroutier entre Castres et Toulouse. Là, entre 4 500 (selon la préfecture) et 8 000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé à l’appel des collectifs et associations : la Voie est libre, les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion Toulouse et la Confédération paysanne. Contrairement à ce qui s’est passé le mois dernier à Sainte-Soline et que l’on a craint cette fois encore, il n’y a pas eu d’affrontements avec la police.

Ici vous trouverez un compte rendu imagé de la journée, des « réactions et perspectives » au niveau local ou national des opposants et des défenseurs de ce projet, et là une courte analyse philosophique.

Sur son compte Twitter, Christophe Cassou (cf photo de gauche du diptyque) a publié le texte qu’il a lu à l’occasion des prises de parole, juste avant le départ de la marche de protestation. ; pour découvrir cet écrit, il vous faut descendre jusqu’au 24 avril 2023. Cassou est climatologue, directeur de recherche au CNRS et au CERFACS (Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique) et l’un des auteurs du 6ème rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat).

1/05 : La semaine passée, Toto a aussi été à une casserolade. C’était le 24 avril, exactement un an après la réélection d’Emmanuel Macron, et il était prévu des casserolades dans tout le pays. Comme on ne savait pas s’il y en avait une de prévue à Albi, il s’est d’abord rendu sur le parking du Decathlon où nous avions vu (sur Facebook) que le syndicat « SUD Solidaires Tarn » avait donné RDV.

En réalité, c’était le point de départ, pour une vingtaine de personnes, d’une action sonore dans les rayons de la (très) grande surface Leclerc du Séquestre, à l’entrée d’Albi. C’est ainsi que Toto s’est retrouvé à déambuler dans les rayons, appareil photo à l’épaule, pour documenter ces moments de casserolade de supermarché. « On est là ! On est là ! Même si Macron le veut pas, nous on est là ! ».

Comme après ils ont dit qu’ils se rendaient à celle de 20 heures sur la Place du Vigan, il les a suivis, abandonnant l’idée d’aller Place du capitole à Toulouse. Notre bilan carbone appréciera ! Là, il a photographié (si l’on peut dire) le tintamarre généré par une cinquantaine de personnes. Elles ont déambulé pendant une heure, sous surveillance discrète de la police municipale, dans les rues du vieil Albi (en passant par la mairie, la préfecture et la cathédrale). Un des manifestants avait écrit sur son ustensile de cuisine « Dispositif sonore portatif pour l’emmerder ! », référence à l’arrêté préfectoral, publié dans l’Hérault après le mauvais accueil réservé au président de la République lors de son déplacement en Alsace.

Demain, Toto va documenter le défilé du 1er Mai à Toulouse. C’est une date attendue qui comptera dans cette lutte contre la loi sur la réforme des retraites. Beaucoup de médias se demandent si ce sera un baroud d’honneur ou bien une étape de plus dans cette lutte. Le lendemain, il ira sûrement prendre des photos devant le tribunal d’Albi où doit être rendu la décision concernant les personnes jugées pour des faits de “dégradations” du bien d’autrui lors du rassemblement spontané devant la préfecture, le soir du 49-3.

Et le surlendemain, il y aura l’avis du Conseil constitutionnel concernant la deuxième demande de RIP (référendum d’initiative partagée) visant à interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans. Il a été déposé par députés et sénateurs de gauche afin de se donner une chance supplémentaire de contrer la réforme des retraites.

IA : Bon, on imagine que tout le monde a entendu parler des logiciels d’intelligence artificielle qui ont défrayé la chronique, comme le désormais fameux ChatGPT (Chat Generative Pre-trained Transformer : Transformateur génératif pré-entraîné de conversation).

Il en existe aussi pour la photographie. Dernièrement, le photographe Michael Christopher Brown a utilisé l’IA pour son projet intitulé « 90 miles », travail sur la vie à Cuba et les raisons qui poussent les gens à traverser l’océan pour rejoindre les côtes de la Floride. Inutile de dire que l’IA pose des questions abyssales (les philosophes diraient d’ordre ontologique et épistémologique).

Notre première réaction en découvrant cette « expérience post-photographique d’illustration de reportages générée par intelligence artificielle (IA) » a été, comme le chantait jadis le regretté Alain Bashung : « C’est comment qu’on freine ? ».

Évidemment, nous allons suivre tout cela avec attention. Il y a peu déjà, on vous avait parlé de « The Book of Veles », le reportage fabriqué de toutes pièces par le photographe de l’agence Magnum, Jonas Bendiksen, qui avait bien trompé son monde, jusqu’au festival du photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan. Et dernièrement, le photographe allemand, Boris Eldagsen, a refusé son prix au Sony World Photography Awards en révélant que son image avait été générée par l’IA.

Allez, on vous laisse pour cette quinzaine. Aujourd’hui encore, on voudrait bien avancer dans le montage des diptyques des reportages d’Espagne et dans l’écriture des légendes. Ce travail que nous avons commencé en 2022 résonne malheureusement avec les dernières nouvelles que nous avons du pays.

D’ailleurs, depuis deux ou trois jours, on se demande si on ne va pas décaler d’un an notre voyage à vélo au Royaume-Uni. Il se pourrait que nous retournions, une fois de plus, dans la péninsule ibérique cet été ou à l’automne. C’est une idée qui offre, comme souvent, pas mal d’avantages et quelques frustrations. On vous en reparlera prochainement si au final on la valide.

Bien à vous,

H&T

PS : Malgré son apparence plutôt PowerPoint, cette note n’a pas été générée par ChatGPT ! C’est plutôt l’immersion politico-médiatique que l’on s’inflige depuis le début de la contestation de la réforme des retraites qu’il faut blâmer !