
C’est avec beaucoup de retard par rapport à nos plans que nous avons atteint l’embouchure du fleuve Guadalquivir à Sanlúcar de Barrameda. Long de 657 km, il traverse la province d’Andalousie après être né dans la Sierra de Cazorla.
Comme le Tage, son cours a été aménagé par l’homme afin de permettre une agriculture intensive, par exemple sur le périmètre irrigué de la Marisma (les marais), dans le delta de l’embouchure près du Parc national Doñana, au sud de Séville. Dans cette ville, le fleuve a été dévié à l’ouest afin d’éviter la répétition des graves inondations du XIXe siècle. Et pareillement au Tage, nous avons trouvé le Guadalquivir avec un débit d’eau très faible.
Pendant un moment, nous avons suivi ensuite le Canal du Bas Guadalquivir qui a été doublé car la demande en eau a augmenté. Le manque de précipitations fait que de nombreux agriculteurs attendent encore pour semer alors que d’habitude à cette époque tout est vert nous disent les gens sur place.
Après avoir passé Cordoue (Cordoba) c’est la province de Jaén, parfois appelé « mar de olives » (mer des oliviers) ou « bosque humanizado » (forêt anthropisée ou forêt humanisée)1. Elle est le plus grand producteur mondial d’huile d’olive.2
Du fait de la sécheresse historique3 que connaît le pays et particulièrement l’Andalousie, les producteurs d’olives (destinées majoritairement à la production d’huile) se montraient très très préoccupés. « Este año una ruina ! » (Cette année c’est la ruine) était le refrain entendu, particulièrement chez ceux qui n’avaient pas de système d’irrigation dans leur exploitation. Le partage de l’eau provoque des tensions et, avec la sécheresse, devient même un sujet dans la campagne électorale, le secteur agricole consommant 80% de l’eau douce4 en Espagne.
À Cazorla, nous avons été très étonnés de voir les cultures d’oliviers monter assez haut dans la montagne, des panneaux indiquent avec fierté qu’ici est produit une des meilleures huiles du monde. En quittant la ville, d’autres écrits nous indiquaient que nous roulions maintenant dans le parc naturel de las Sierras de Cazorla, Segura y Las Villas, la plus grande zone protégée de toute la péninsule.
Le lieu de naissance du fleuve Guadalquivir dans la Sierra de Cazorla n’est donc plus très loin. Plusieurs renards sur le chemin (habitués au passage des touristes et quémandant de la nourriture) nous confirmeront que nous sommes dans la bonne direction. Sur place, très peu d’eau comme pour le Tage et beaucoup de promeneurs du week-end.
Au retour, dans la presse nous continuerons à lire des nouvelles alarmantes venant notamment d’Andalousie. Comme par exemple dans un article de Ouest-France du 21 juillet 2023 dont voici le texte d’introduction :
« En avril 2023, il a fait plus de 40°C en Espagne. Et depuis quelques jours, en ce mois de juillet, cet épisode caniculaire est reparti de plus belle avec des températures dépassant les 44 °C. À plus long terme, la moitié sud de l’Espagne pourrait se transformer en un immense désert si les émissions de gaz à effet de serre, générées par le réchauffement climatique, se maintiennent. »5
1 https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/image-a-la-une/oliveraies-andalousie
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Ja%C3%A9n_(Espagne)
3 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20230523-s%C3%A9cheresse-en-andalousie-le-potager-de-l-europe-d%C3%A9shydrat%C3%A9
4 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-15-mai-2023-1128134
5 https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-07-21/une-partie-de-l-espagne-pourrait-se-transformer-en-desert-la-france-est-elle-aussi-menacee-bbcf8a4f-9eb6-43eb-bdd1-8cb94db89c32
(consultés le 28 avril 2024)