
Début juillet 2022, nous nous sommes élancés à vélo, de la maison dans le sud de la France, en direction de la source du fleuve Tage dans la sierra de Albarracín, à un peu moins de 300 km à l’est de Madrid.
C’est le point de départ de notre périple, dont le projet est de suivre 3 fleuves, de la source à l’embouchure (au final on en suivra 5 !) dans la péninsule ibérique.
Pour cela, il nous a fallu franchir les Pyrénées par le col de Puymorens puis rouler à travers la Catalogne, la Castille-La-Manche, Aragon, la Communauté de Madrid et l’Estrémadure.
Ce prologue se déroula dans un contexte de grosse chaleur qui fit que nous n’avons pas pu aller aussi vite que prévu. La sécheresse qui a commencé au début de l’année est bien visible ; et 2022 fut enregistrée en Espagne comme l’année la plus chaude. Des agriculteurs nous parlent de rendements moindres1 et nous disent que face au manque d’eau certains ont renoncé à semer au printemps.
Nous sommes passés par Lérida, où nous avions fait un reportage en 2007, mais nous ne nous y sommes pas attardés. Comme le travail réalisé à l’époque nous paraît parfait ! on s’est dit qu’il n’était pas utile de se mobiliser fortement pour ne rien apporter en plus ou presque sur le sujet.
Dans la province de Teruel (comme plus tard dans la province de Soria), nous avons roulé dans ce que les gens appellent l’Espagne vide ou vidée (España vacía). Beaucoup de villages n’ont plus de magasins et sont ravitaillés par des commerçant ambulants ; ce qui nous obligea à nous charger un peu plus afin de ne pas être à cours de victuailles.
De la route, nous voyons beaucoup de terrains, de bois brûlés à la sortie d’Aranjuez et de Tolède… Nous lirons plus tard que les incendies ravagent des centaines de milliers d’hectares dans le pays.
Suivant les fleuves, nous nous intéressons aux barrages construits sur leurs parcours ; l’Espagne détient le record d’Europe2 pour ce qui est du nombre de barrages et retenues d’eau. Ces infrastructures gigantesques (dont le célèbre Transfert Tage-Segura qui dévie l’eau du Tage vers le fleuve Segura) devrait la mettre à l’abri de la pénurie d’eau mais avec le manque de pluie qui sévit… Les barrages ne seraient plus remplis qu’en dessous de 50% de leur capacité1, voire beaucoup moins pour certains.
Les climatologues alertaient depuis longtemps déjà (nous l’avions vu lorsque nous étions allés à la COP25 de Madrid) sur une évolution désertique du territoire3, une africanisation4 du climat était même évoquée et les causes seraient l’absence de précipitations et une mauvaise gestion de l’eau.3
1 https://lemondeencommun.info/la-peninsule-iberique-confrontee-a-une-secheresse-historique/
2 https://www.google.com/search?client=firefox-b-e&q=nombreux+barrages+en+espagne
3 https://www.france24.com/fr/20091215-andalousie-sertification-solation
(consultés le 28 avril 2024)