Manifestation organisée par l’intersyndicale et ses leaders contre le projet de réforme des retraites (dont la principale mesure est le passage à 64 ans de l’âge légal pour la retraite). Albi. France – 16 Février 2023.
C’est un peu énervé que je me rends à vélo à Albi le jeudi 16 février 2023. Pour différentes raisons, les organisations syndicales ont fait le choix de défiler ce jour-là dans la préfecture du Tarn, vue comme un symbole des villes moyennes qui se mobilisent fortement contre la réforme des retraites.
La veille, nous avions lu dans la presse locale qu’il fallait demander une accréditation pour s’approcher des représentants syndicaux nationaux lors de cette nouvelle manifestation unitaire. Le problème, c’était qu’il n’était pas mentionné à qui s’adresser ; et puis surtout, étant indépendants et sans carte de presse, nous savions par avance que cela ne le ferait pas.
Du coup, notre espoir, comme je l’ai dit à mon oncle croisé sur le chemin vers le lieu du départ de la marche, c’est que : « Avec un peu de chance, je vais trouver quelqu’un que je connais qui m’aidera à passer et puis à la fin je lui payerai un demi au Pontier ! » (pour les non-Albigeois, c’est une grande brasserie située Place du Vigan sur laquelle doit se terminer la manif).
Près du rond point du Séquestre où ça va démarrer, il y a déjà beaucoup de monde. Sans trop m’attarder à prendre des photos, je remonte la longue file des manifestants qui se préparent. À la tête du cortège, c’est bondé et les leaders sont déjà en place derrière leur banderole. Problème : il n’est pas possible de les approcher car il y a un carré réservé, protégé par une corde tenue par des militants.
Ce dispositif ne m’est pas inconnu ; déjà, à la COP 26 de Glasgow, j’avais rencontré ce même obstacle lorsqu’il s’était agi de photographier Greta Thunberg par exemple. Pendant une heure environ, le cortège reste immobile. Les équipes syndicales font d’abord entrer dans le « carré VIP » les télévisions, les radios, la presse écrite (je ne me rappelle plus dans quel ordre) pour aller faire des interviews. Et ensuite, il est permis aux photographes de s’avancer à 6-7 mètres, mais pas longtemps, pour immortaliser le cortège de tête avant qu’il s’élance, toujours protégé par le cordon.
Durant toute cette attente, je fais des photos en hauteur en montant sur une murette, discute avec un collègue photographe rencontré à l’époque de Sivens et puis surtout, tente de défendre tant bien que mal ma cause auprès des organisateurs. « Non, c’est vrai, je n’ai pas de carte de presse, mais cela fait longtemps maintenant que je suis photographe. Vous savez, j’ai mon site internet, vous pouvez y jeter un oeil, vous verrez que je ne vous raconte pas d’histoires, etc. ».
À un moment, quand ce fut le tour de la presse écrite de pouvoir s’approcher des représentants, une dame compréhensive qui tenait la corde m’a laissé passer dessous en disant à ses collègues : « Bon, faut pas exagérer quand même, qu’il passe pour faire son travail. » Merci à elle !
Laurent Berger (CFDT- Confédération française démocratique du travail) et Philippe Martinez (CGT – Confédération générale du travail) ne sont pas visibles tellement l’attroupement autour d’eux est dense. Alors, je vais photographier les leaders de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens), Cyril Chabanier et de la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres), François Hommeril. Ils semblent bien contents que nous soyons quelques uns à s’intéresser à eux et répondent gentiment à mon hochement de tête en guise de salutation.
Malheureusement, je n’ai pas pu rester plus de 2 minutes avant d’être rattrapé par la patrouille qui me reconduit derrière la corde, en me promettant cependant que je pourrai passer plus tard avec les autres photographes.
La photo de gauche du dyptique a donc été réalisée après, avec le reste de la profession, avant que je décroche du carré VIP pour partir photographier l’ensemble du cortège. Nous l’avons bien recadrée car, ne possédant pas de longue focale, les photos montrant la banderole en entier avec tous ses participants ne seraient pas trop lisibles, présentées comme cela en dyptique et en petit.
La photo de droite de Philippe Martinez posant avec un jeune militant fut prise, elle, pas loin de la fin du parcours. C’était quand je suis remonté dare-dare de la queue de la manif, en espérant que cela serait un peu plus décontracté en tête et que je pourrais mieux travailler.
Je me retrouve encore derrière la corde, mais maintenant celle-ci est moins éloignée de la banderole et il n’y a plus autant de personnes entre. Je fais alors d’autres photos, moins formatées, avec Philippe Martinez de la CGT mais je n’ai pas réussi avec les autres leaders. Laurent Berger avait quitté la tête du cortège (peut-être pour aller discuter plus discrètement et prendre le pouls des manifestants ?).
Les deux photos présentées nous plaisent pas mal au final. Elles donnent à voir l’ambiance bon enfant des 5 journées de manifestations que nous avons suivies. Bien affaiblis ces dernières années, il est manifeste que les syndicalistes savourent le succès de leurs mobilisations (55 000 manifestants à Albi pour celle-ci, 10 000 selon la préfecture), avec un « nombre de nouvelles adhésions qui décolle ».
Voyons maintenant ce que réserve le mois de mars, et notamment la journée du 7 où l’intersyndicale appelle à une grève reconductible.
À part ça, sur le front de la fastidieuse sélection des images ibériques de notre dernier périple (qui sont en lien avec la sécheresse historique que connaît la péninsule), on avance !
Bien à vous,
HTC