Philippe Pujol et l’autre Donald

Un homme fume du crack, ou ce qui s’y apparente, dans une cabine téléphonique du centre de Londres. Angleterre. Royaume-Uni – Août 2024.

Bonjour,

Pour nous qui ne sommes plus des blogueurs débutants (bientôt le 100e post !), il n’est pourtant pas toujours facile de trouver la première phrase puis de rédiger rapidement ces petites notes tous les 15 jours. Peut-être devrions nous faire appel à ChatGPT ou DeepSeek et autres Mistral IA pour nous libérer de cette tâche que nous nous sommes volontairement assignée ? L’intelligence artificielle générative à la place de notre bonne vieille connerie naturelle !

Donner des nouvelles fréquemment est assez astreignant, mais pour le moment nous y tenons. C’est une façon de partager un peu nos aventures cyclo-documentaristiques quand nous sommes sur les routes et de fournir quelques clés de lecture sur notre travail, une fois à la maison. Qui nous sommes ? Le pourquoi et le comment de ce que nous faisons. Quelles sont nos influences ? 

Après, c’est aussi le moyen que nous avons trouvé pour essayer de vous fidéliser, hé ! hé ! On peut imaginer que ceux qui fréquentent ce blog auront du coup plus envie de découvrir nos reportages. 

En France cette dernière semaine, du fait d’un sommet à Paris sur l’Intelligence Artificielle qui s’est clôturé le 11 février ainsi que d’un contre-sommet, les médias ont beaucoup parlé d’IA (pour nous jusqu’à l’indigestion) mais nous n’avons pas l’impression d’avoir appris grand-chose.

Bernard Stiegler, dont nous vous avons parlé récemment (eh oui, on insiste !), s’était beaucoup exprimé à ce sujet par le passé. À nos yeux, il prônait une attitude « intelligente » que l’Europe aurait pu avoir depuis longtemps face au développement certain de l’IA. C’est très dommageable que son travail ne soit pas plus considéré et développé, même si bien sûr, maintenant, it’s getting late.

Lorsqu’on écoute où ils en sont outre-Atlantique (on parle de techno-capitalisme féodal et libertarien remettant en question bien des fondements démocratiques), on comprend que la pusillanimité du vieux continent sur nombre de sujets (numérique, économie, environnement ou l’Ukraine par exemple) et nos trop souvent picrocholines guerres politiques hexagonales (qui désespèrent de plus en plus de monde comme le révèle une enquête d’opinion qui vient de sortir) pourraient nous faire courir de très graves dangers.

Si nous avons choisi une image de toxicomanie en illustration de ce post c’est que, tout en travaillant au tri des photos UK, nous avons écouté une émission très instructive sur le milieu de la drogue, les politiques publiques développées (ou non), l’état de notre pays et le « Kalachnikov Dream ». C’est une longue interview (3 h 45 !), avec l’accent marseillais, du journaliste et écrivain Philippe Pujol, lauréat en 2014 du prestigieux prix Albert Londres. Si vous n’avez pas le temps, vous trouverez ici une plus courte intervention (mais sans l’accent !).

Même si nous n’avons jamais travaillé photographiquement sur la thématique de l’addiction, nous y sommes depuis longtemps sensibles. À la fin du siècle dernier, Toto, alors élève infirmier, avait fait un long stage (optionnel, c’est lui qui l’avait choisi) à Intermède à Toulouse. À l’époque, c’était une nouvelle structure de l’association Clémence Isaure qui réalise, encore à ce jour, de l’accueil des usagers de drogues. Elle leur procure des soins et des conseils juridiques et sociaux, prévient les risques et peut les orienter (selon leurs demandes) vers des prises en charge. 

Le mémoire de fin d’études infirmières intitulé « Sur la margelle du puits » avait porté sur son expérience acquise là et ses réflexions. La conclusion pointait la nécessité absolue de l’existence de ces lieux d’accueil dans nos sociétés modernes individualistes. Son travail, en plus de l’approche de soins et de santé publique, avait fait la part belle à des travaux de sociologues comme ceux d’Alain Ehrenberg, pour ne citer que lui.

Puis après l’obtention de son diplôme, il y avait réalisé quelques remplacements avant de partir travailler un temps à Perpignan, notamment comme infirmier de rue pour le MAO Santé (Module d’Action et d’Orientation) qui venait de se créer. En y repensant, sur des modèles un peu comparables, la création de lieux d’accueil destinés à des personnes confrontées à une sévère dépendance aux écrans serait peut-être envisageable, s’ils n’existent pas déjà ?

Au terme de ce post, vous vous demandez peut-être pourquoi ce titre ? Qui est cet autre Donald ? Et bien, dans son travail de fin d’études, Toto s’était beaucoup appuyé sur le concept d’ « Espace transitionnel » du reconnu pédiatre et psychanalyste anglais (né à Plymouth), Donald Winnicott. Concept sans commune mesure plus constructif que les funestes projets de Trump de transformer Gaza en Côte d’Azur (Riviera) du Moyen-Orient, de fermer l’USAID (Agence des États-Unis pour le Développement International) ou d’attaquer massivement l’État général US avec Musk, son acolyte du moment.

Pour finir, nous aimerions saluer la mémoire de Dominique (la super infirmière d’Intermède qui avait formé Toto) ainsi que celle de Christian (le moniteur infirmier passionné par la psychiatrie et son métier) qui avait très bien reçu le travail de recherche de l’infirmier en herbe. 

Bonne quinzaine à vous,

Hélène et Thomas

PS : – Ici, en lien avec notre post précédent, une émission (avec deux intervenants souvent mentionnés dans ce blog) sur ce qui se passe en ce moment en France et aux USA autour de l’écologie et de l’extrême droite.

Ici et , le travail actuel de deux photographes sur la toxicomanie aux USA.

– Les deux chansons (ici et ) qui avaient été citées par Toto en conclusion de son Mémoire infirmier de fin d’études.

– Un album énergique intitulé « Ekoya » d’un groupe congolais (Jupiter & Okwess) que nous écoutons beaucoup en ce moment. Voici un clip vidéo pour les découvrir si vous ne les connaissez pas déjà.