Vendredi 15 mars, la journée de grève scolaire mondiale pour le climat a été très suivie dans plus de 120 pays. Cette mobilisation (Youth For Climate) a été initiée par la lycéenne suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, qui s’est fait connaître en août 2018 en brandissant, chaque vendredi, une pancarte « Skolstrejk för klimatet » (Grève scolaire pour le climat) devant le Parlement de Stockholm.
Devenue iconique (et aussi controversée), après ses discours très remarqués à la COP24 de Katowice (cf reportage sur cette COP) et au sommet de Davos, elle a pris la parole à Stockholm au cours de cette grève scolaire devant des milliers de jeunes : « Nous n’acceptons pas cette situation, c’est pour ça que nous faisons la grève, on fait la grève pour le futur, et nous allons continuer. »
Á Paris, c’est selon la police ou les organisateurs entre 29 000 et 40 000 manifestants qui ont défilé vendredi 15 mars. Le point de départ se situait au Panthéon et le point d'arrivée aux Invalides.
Voici un extrait de la lettre ouverte écrite par Le groupe international de coordination des grèves des jeunes pour le climat appelant à la manifestation et traduite en 19 langues :
« Nous, la jeunesse, sommes profondément préoccupés par notre avenir. [...] Nous sommes l’avenir sans voix de l’humanité. Nous n’accepterons plus cette injustice. [...] Nous devons enfin traiter la crise climatique comme une crise. C’est la plus grande menace de l’histoire de l’humanité et nous n’accepterons pas votre inaction qui menace toute notre civilisation. [...] Le changement climatique est déjà une réalité. Des gens sont morts, meurent et mourront à cause de cela, mais nous pouvons arrêter cette folie et nous le ferons. [...] Unis, nous nous lèverons le 15 mars et bien d’autres fois après, jusqu’à ce que la justice climatique soit rendue. Nous demandons aux dirigeants du monde entier qu’ils assument leurs responsabilités et résolvent cette crise, ou qu’ils se retirent. Vous avez échoué dans le passé. Si vous continuez à nous décevoir à l’avenir, nous, les jeunes, ferons changer les choses par nous-mêmes. La jeunesse de ce monde s’est mise en mouvement et elle ne s’arrêtera plus. »
Le lendemain avait lieu la Marche du siècle qui a réuni dans toute la France 1 000 000 personnes selon les organisateurs et 36 000 selon la police.
À Caen, où j’ai fait les photos ce jour-là, manifestaient aussi les gilets jaunes pour leur acte 18. Au niveau de la préfecture du Calvados les deux manifestations se sont réunies pour former un cortège de 5 000 personnes selon les organisateurs et de 2 400 selon la préfecture, et des prises de paroles ont eu lieu devant les murailles du château de Caen. La teneur des discours peut être résumée je pense par le slogan « Fin du mois, fin du monde : même combat », photographié sur beaucoup de pancartes.
Il faut rappeler que le jeudi 14 mars 2019, 4 ONG (Oxfam France, Greenpeace, Notre Affaire à Tous et la fondation Nicolas Hulot (FNH) avaient déposé un recours en justice contre l’État pour non respect de ses engagements climatiques. Une procédure sans précédent en France et qui se multiplie à l’international. Cette plainte devant le tribunal administratif de Paris est la résultante de la menace brandie, au lendemain de la COP24 en décembre 2018, par ces 4 mêmes associations à l’origine de la pétition « L’affaire du siècle » qui a recueilli pour l’instant plus de 2,1millions de signatures.
Ajout au mois de février 2021 :
« Affaire du siècle : l'État condamné, "responsable" de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. C'est une victoire sans précédent pour les ONG, réunies au sein de l'Affaire du siècle. Après deux années de procédure, le tribunal administratif de Paris a reconnu que l'État français était coupable d'inaction climatique. »
https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-12h30/journal-de-12h30-du-mercredi-03-fevrier-2021 (consulté le 18 juin 2021)
Le 24 mai, Youth for Climate France a appelé à une marche deux jours avant les élections européennes. Voir leur tribune ci-dessous publiée dans le journal Libération.
C’est à Toulouse cette fois-ci que je me rends pour la photographier.
Avec ce travail nous sommes contents d'avoir pu documenter :
- l'enthousiasme juvénile notamment à Paris qui risque malheureusement de se transformer en découragement voire en amertume ou en agressivité si rien n'est fait
- la tentative de coalition entre les gilets jaunes et les militants du climat à Caen
- et à Toulouse l’apparition en France du mouvement Instinction Rebellion (cf reportage COP24) et du nouveau parti politique «Urgence Écologie» qui présente une liste aux élections européennes conduite par le philosophe Dominique Bourg.
http://www.rfi.fr/france/20190315-climat-marche-jeunes-planete-15-mars-reportage
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grève_étudiante_pour_le_climat
https://www.lalibre.be/actu/planete/le-visage-du-mouvement-youth-for-climate-greta-thunberg-se-confie-asperger-est-un-cadeau-5c72898a7b50a60724fb49d0
https://reporterre.net/La-jeune-militante-du-climat-Greta-Thunberg-repond-a-ses-detracteurs
https://www.boursier.com/actualites/reuters/l-etat-francais-attaque-en-justice-pour-inaction-sur-le-climat-231586.html
https://laffairedusiecle.net/
https://laffairedusiecle.net/
https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/caen-gilets-jaunes-et-defenseurs-du-climat-font-manif-commune-6265934
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Libération: Tribune par Youth For Climate France — 10 mai 2019 à 09:23
Un peu partout en Europe, lycéens et étudiants se mobilisent pour des politiques d’ampleur face au réchauffement planétaire. Le collectif à l'origine des manifestations en France appelle à une nouvelle journée de mobilisation deux jours avant les élections européennes.
Depuis de nombreuses années, la communauté scientifique alerte l’ensemble de la société humaine sur la crise climatique à venir. Pourtant, plutôt que de s’améliorer, la situation ne cesse d’empirer. La crise climatique, annoncée pour la fin du siècle, est déjà à nos portes. Le Giec l’a rappelé en octobre 2018, il nous reste jusqu’à 2030 pour radicalement transformer nos sociétés, au risque de devoir affronter un effondrement global de notre civilisation.
L’Ipbes, Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, qui s’est rassemblé à Paris cette semaine, rappelle que notre impact sur l’environnement est en train de provoquer la sixième extinction de masse des espèces. Avec un taux d’extinction mille fois supérieur à la normale, l’humanité a atteint la capacité destructrice d’un astéroïde. Notre maison brûle… et nous jouons aux pyromanes.
Et en même temps, l’Assemblée nationale a voté pour repousser de trois ans l’interdiction des pesticides à 2025. En même temps, nous autorisons toujours l’investissement massif dans les énergies fossiles, de Total à la BNP, en passant par la Caisse des dépôts et la Société générale. En même temps, notre président, champion de la Terre, soutient les traités de libre-échange et nouvelles routes de la soie vers la Chine, promettant une croissance matérielle toujours plus grande, construite sur une surproduction et une surconsommation effrayantes. En même temps, le ministre de Rugy apporte son soutien inconditionnel à la croissance et à l’économie de marché.
« Nous sommes dans le pétrin. Nous avons de graves problèmes avec les changements climatiques. » António Guterres, secrétaire général des Nations unies, nous le rappelait en novembre à l’ouverture de la COP24, qui s’est illustrée par l’absence flagrante de nombreux/ses dirigeant/e/s. L’ensemble de la communauté scientifique, mais aussi des milliers d’ONG à travers le monde, des millions de militant/e/s se battent depuis des décennies pour les générations futures. Aujourd’hui, la génération climat se lève et vient réclamer son droit le plus fondamental : un avenir sain. Car nous sommes les générations futures.
Egalité et lutte contre les discriminations
De quel monde hériterons-nous ? Nous pourrions vous pointer du doigt, vous juger et vous condamner, responsables de la catastrophe en cours. Nous pourrions vous hurler notre colère de voir ce que vous avez fait de notre maison, vous, nos parents, de voir que vous avez préféré nous offrir des jouets plutôt qu’un avenir. Nous pourrions abandonner, baisser les bras, profiter, vivre dans l’abondance de notre société occidentale et s’en complaire. Nous pourrions dire que nous n’avons pas le choix. Mais nous sommes jeunes, et nous avons encore le choix de dire stop à cette société qui nous condamne ! Nous voulons construire collectivement un monde meilleur, vivable, juste, équitable.
Face à l’exploitation inconsidérée des ressources, nous revendiquons la sobriété et un mode de vie plus simple. Ce monde, écologiquement viable, doit se faire en réduisant de 50% nos émissions d’ici à 2030 et en visant un objectif de société zéro net carbone d’ici à 2050. Face à l’abondance matérielle et l’appauvrissement de nos relations, où l’individualisme prime, nous portons une société de la collaboration, du partage humain, de la convivialité. Face à l’oppression des plus faibles et plus précaires, nous choisissons l’entraide et la justice sociale, pour construire un monde où les 1% les plus riches ne possèdent pas 82% des richesses. Face à une société de l’inégalité, nous défendons l’égalité et la lutte contre les discriminations. Face à des pouvoirs qui se dirigent toujours plus vers la répression et la privation des libertés, nous réclamons le retour de la démocratie dans les mains du peuple.
Face à notre société qui s’effondre, nous le proclamons haut et fort : le XXIe siècle sera utopiste ou ne sera pas!
Un changement global de notre système
Cela fait maintenant trois mois qu’a été lancé «Youth For Climate France», branche française du mouvement international « Fridays for Future ». Nous sensibilisons et bousculons les habitudes. Nous avons mobilisé massivement le 15 mars 200 000 jeunes en France et 1,7 million partout dans le monde. Certain/e/s d’entre nous désobéissent. Nous rêvons, créons, revendiquons. Nous nous insurgeons et nous battons pour obtenir un changement global de notre système.
Pour cela, nous continuons notre mouvement international de grèves pour le futur. Nous, jeunes, serons en grève pour notre avenir le vendredi 24 mai, plus nombreux.ses encore que le 15 mars. A deux jours des élections européennes, pour lesquelles l’enjeu climatique et environnemental n’a jamais été aussi primordial, nous rappelons que beaucoup d’entre nous sont dépendant.e.s de vos choix car pas encore en âge de voter. De nouveau, notre avenir réside en partie entre vos mains, et nous serons nombreux.ses dans les rues le 24 mai pour porter le message de l’urgence écologique et sociale.
Et nous vous appelons toutes et tous à nous rejoindre ! Professeurs, scientifiques et enseignant.e.s! Ouvrier.e.s, employé.e.es, chômeur.se.s, fonctionnaires, entrepreneur.se.s, rejoignex-nous! Vous, nos parents, nos grand-parents, nos familles, rejoignez-nous, ne nous laissex pas mener ce compat seules.
https://www.liberation.fr/debats/2019/05/10/climat-biodiversite-jeunesse-en-greve-le-24-mai_1725861
Vendredi 15 mars, la journée de grève scolaire mondiale pour le climat a été très suivie dans plus de 120 pays. Cette mobilisation (Youth For Climate) a été initiée par la lycéenne suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, qui s’est fait connaître en août 2018 en brandissant, chaque vendredi, une pancarte « Skolstrejk för klimatet » (Grève scolaire pour le climat) devant le Parlement de Stockholm.
Devenue iconique (et aussi controversée), après ses discours très remarqués à la COP24 de Katowice (cf reportage sur cette COP) et au sommet de Davos, elle a pris la parole à Stockholm au cours de cette grève scolaire devant des milliers de jeunes : « Nous n’acceptons pas cette situation, c’est pour ça que nous faisons la grève, on fait la grève pour le futur, et nous allons continuer. »
Á Paris, c’est selon la police ou les organisateurs entre 29 000 et 40 000 manifestants qui ont défilé vendredi 15 mars. Le point de départ se situait au Panthéon et le point d'arrivée aux Invalides.
Voici un extrait de la lettre ouverte écrite par Le groupe international de coordination des grèves des jeunes pour le climat appelant à la manifestation et traduite en 19 langues :
« Nous, la jeunesse, sommes profondément préoccupés par notre avenir. [...] Nous sommes l’avenir sans voix de l’humanité. Nous n’accepterons plus cette injustice. [...] Nous devons enfin traiter la crise climatique comme une crise. C’est la plus grande menace de l’histoire de l’humanité et nous n’accepterons pas votre inaction qui menace toute notre civilisation. [...] Le changement climatique est déjà une réalité. Des gens sont morts, meurent et mourront à cause de cela, mais nous pouvons arrêter cette folie et nous le ferons. [...] Unis, nous nous lèverons le 15 mars et bien d’autres fois après, jusqu’à ce que la justice climatique soit rendue. Nous demandons aux dirigeants du monde entier qu’ils assument leurs responsabilités et résolvent cette crise, ou qu’ils se retirent. Vous avez échoué dans le passé. Si vous continuez à nous décevoir à l’avenir, nous, les jeunes, ferons changer les choses par nous-mêmes. La jeunesse de ce monde s’est mise en mouvement et elle ne s’arrêtera plus. »