– Hélène devant le Miroir d’eau de la Place Royale ou Place Nationale à Montauban. Département du Tarn-et-Garonne, Région Occitanie. France – 13 Décembre 2024.
– Sous la pluie, arrivée à Albi, sur le Pont Neuf. En arrière-plan, le Pont-Vieux (en travaux) sur le Tarn et la Cathédrale Sainte-Cécile. Albi. Département du Tarn, Région Occitanie. France – 14 Décembre 2024.
Bonjour,
Nous sommes finalement arrivés au bercail samedi 14 décembre, à la tombée du jour.
La traversée du pays en son milieu, du nord au sud, s’est bien passée, par les départements Calvados, Orne, Sarthe, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Dordogne, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne et Tarn.
Le plus souvent, nous avons roulé sur des petites routes de campagne très peu fréquentées. Le temps était plutôt frais mais sec, hormis une journée un peu plus compliquée dans le Périgord où il a fallu sortir poncho de pluie et sur-chaussures imperméables.
À chaque fois que l’on voyage dans ces régions, ce qui nous frappe toujours c’est l’impression de vide que l’on ressent. En Angleterre, les campagnes sont plus densément peuplées et les gens sortent plus de chez eux, notamment pour marcher dans les chemins (les innombrables Public Footpath), courir ou balader les toutous de compagnie.
Ici, village silencieux après village silencieux, tu te demandes souvent où diable sont passés les gens ? Mais quand on avait la chance de trouver des autochtones hors de chez eux, ils nous ont donné une bonne énergie. Les compliments et les encouragements n’étaient pas rares, bien au contraire. Certains nous ont même témoigné de l’admiration !
Pour les nuitées, à part une fois où on a dormi dans la grange de producteurs de lait bien sympathiques, on a fait appel à la communauté WarmShower. C’était agréable de dormir au chaud et de faire des rencontres. Bien entendu, on a fait quelques petites détours pour voir de la famille et des amis.
Encore un grand Merci à toutes les personnes en France, au Royaume-Uni et en Irlande qui, depuis notre départ le 23 mai 2024, nous ont donné la main. Elles nous ont bien aidés durant ces 6 mois et demi de voyage et les 8 600 km parcourus en tout.
En plus des échanges amicaux, cela nous a permis de développer ce dernier projet documentaire (L’héritage industriel au Royaume-Uni et en Irlande) dans d’assez bonnes conditions.
Maintenant, nous allons commencer très rapidement à trier la récolte des images que nous avons faites durant cette nouvelle campagne photographique.
Aussi, avec l’ami Jim (le webmaster du site qui a géré le blog magistralement alors que nous étions sur les routes), nous devrions être en mesure de lancer bientôt une nouvelle version du site.
Tous les 15 jours, dans les mois qui viennent, nous allons continuer à donner des nouvelles. On mettra également en ligne dès que possible, et au fur et à mesure, les reportages d’Espagne et du Portugal réalisés les deux années précédentes. Alors comme on dit : Stay Tuned !
Bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
– Hélène devant le Miroir d’eau de la Place Royale ou Place Nationale à Montauban. Département du Tarn-et-Garonne, Région Occitanie. France – 13 Décembre 2024.
– Sous la pluie, arrivée à Albi, sur le Pont Neuf. En arrière-plan, le Pont-Vieux (en travaux) sur le Tarn et la Cathédrale Sainte-Cécile. Albi. Département du Tarn, Région Occitanie. France – 14 Décembre 2024.
Bonjour,
Nous sommes finalement arrivés au bercail samedi 14 décembre, à la tombée du jour.
La traversée du pays en son milieu, du nord au sud, s’est bien passée, par les départements Calvados, Orne, Sarthe, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Dordogne, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne et Tarn.
La statue de Greta Thunberg. Dans le « Jardin Joy Carter » (ancienne vice-chancelière) de l’Université de Winchester, université connue pour des projets sur les questions de durabilité et de justice sociale. La sculpture en bronze baptisée « Make a difference » est de Christine Charlesworth. Winchester. Comté de Hampshire, Angleterre. Royaume-Uni – 22 Novembre 2024.
Bonjour,
Nous avons débarqué en France à 6 heures du mat, près de Caen, à Ouistreham exactement. La traversée dans les salons déserts du Normandie de la compagnie Brittany Ferries s’est plutôt bien passée (la miss a eu le mal de mer dès le départ, ce qui l’a amenée à vomir, puis nous avons pu trouver le sommeil) sur des sièges presque identiques à ceux des avions.
Le dernier Anglais à qui nous avons parlé nous a passablement énervés. Il s’agit d’un agent de sécurité qui s’est amusé à passer une partie de nos affaires au scanner et à nous confisquer notre Opinel qui voyage avec nos sacoches depuis des lustres.
Quand on lui a demandé s’il allait faire de même pour tous les passagers possédant des camping-cars (sûrement pas en manque de couteaux), la réponse de l’énergumène fut des plus confuses.
C’est dommage car cela faisait un bon moment que l’on ne s’était pas « frités » avec des autochtones (au moins depuis les deux dames d’un camping près de Dublin qui voulaient nous surtaxer car on n’avait pas fait de réservation sur leur site en ligne).
Bref, hormis ces petits accrochages la dernière partie du voyage outre-Manche s’est bien déroulée.
La météo a continué à être bien souvent de notre côté (on a eu quand même un peu de neige quand nous étions à Bristol) et nous avons encore trouvé des gens bien sympathiques sur notre route.
Le dernier musée visité fut celui de briques pas loin de Southampton. Un peu avant, nous avions fait un petit détour par Winchester pour aller photographier la statue de Greta Thunberg.
Toto avait lu dans la presse, il y a quelques années, que l’université de cette ville (au sud de l’Angleterre et connue pour être très aisée) avait fait réaliser une statue de la célèbre militante pour le climat. Après des photos des statues de Pocahontas, d’Orwell, d’Engels, du captain Cook et quelques autres, nous nous étions dit que l’on pouvait l’ajouter à notre petite collection.
Que l’on apprécie l’action de Greta Thunberg (c’est plutôt notre cas) ou que l’on ne supporte pas cette sorte de surmoi qu’elle peut représenter, c’est quand même impressionnant qu’à son âge elle soit déjà statufiée.
Nous l’avons photographiée à maintes reprises depuis la COP de Katowice et nous continuerons à documenter à l’occasion, son influence dans les années à venir.
Pour la petite histoire, il n’était pas des plus facile de trouver la statue. Nombre d’étudiants auxquels nous avons demandé n’avaient pas la moindre idée de là où elle pouvait être et la prof qui nous a aidés à la débusquer pensait qu’elle avait disparu. Finalement, nous avons réussi à la localiser dans le coin d’un petit jardin à l’intérieur des bâtiments.
À noter que la COP29 (29e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) qui vient de s’achever à Bakou a été encore une fois décevante.
Maintenant, nous roulons depuis quelques jours sur les routes de France. Du billard ! comparées à celles que l’on vient de quitter. Et tout comme à l’aller, les gens sont gentils avec nous. Que cela dure !
Le prochain post devrait être rédigé de la maison !
Bonne quinzaine à tous !
Hélène et Thomas
PS – 1 : Peu après notre départ fin mai, a eu lieu à Clermont-Ferrand un concert hommage à Jean-Louis Murat, deux ans après sa disparition. Nous n’étions pas très loin mais tous les billets avaient été vendus. Dernièrement, une émission TV revient sur cette soirée très spéciale.
Aussi, la Maison de la Poésie de la Ville de Paris a programmé autour de Florent Marchet un hommage à JLM (là il n’y a pas encore de captation officielle). Voici un lien vers sa musique. On pense que même les étrangers ne parlant pas le Francais pourraient y trouver un intérêt, du fait de son talent mélodique et de sa voix.
PS – 2 : Une interview entendue récemment d’un historien qui travaille sur la désindustrialisation et la métropolisation. Deux thèmes abordés notamment lors de ce voyage au Royaume-Uni et en Irlande.
PS – 3 : La fin de la liste des lieux visités au Royaume-Uni ces quinze derniers jours :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
La statue de Greta Thunberg. Dans le « Jardin Joy Carter » (ancienne vice-chancelière) de l’Université de Winchester, université connue pour des projets sur les questions de durabilité et de justice sociale. La sculpture en bronze baptisée « Make a difference » est de Christine Charlesworth. Winchester. Comté de Hampshire, Angleterre. Royaume-Uni – 22 Novembre 2024.
Bonjour,
Nous avons débarqué en France à 6 heures du mat, près de Caen, à Ouistreham exactement. La traversée dans les salons déserts du Normandie de la compagnie Brittany Ferries s’est plutôt bien passée (la miss a eu le mal de mer dès le départ, ce qui l’a amenée à vomir, puis nous avons pu trouver le sommeil) sur des sièges presque identiques à ceux des avions.
– «Terraced houses ». Les typiques rangées de maison mitoyennes construites pour les mineurs des mines de charbon ou de fer. Abercynon. Comté de Rhondda Cynon Taf, Pays de Galles. Royaume-Uni – 14 Novembre 2024.
– Château de Cyfarthfa. Le guide touristique de Merthyr Tydfil, « Capitale mondiale du fer », nous indique qu’il a été « construit pour « le maître de forge » William Crawshay II, qui était l’un des hommes les plus influents du Pays de Galles à l’époque. » Et l’itinéraire ERIH que nous suivons nous apprend que : « Il surplombait ses usines sidérurgiques extrêmement prospères, qui étaient les plus grandes du monde ». Merthyr Tydfil. Comté de Merthyr Tydfil, Pays de Galles. Royaume-Uni – 14 Novembre 2024.
Bore da,
C’est une petite note que nous allons vous concocter car nous avons très peu de temps en ce moment à consacrer à l’activité de scribe. Les journées sont de plus en plus courtes (la nuit tombe juste après 5 heures) et ensuite, on est souvent avec des hôtes WarmShowers ou autres ; ce soir, nous sommes en compagnie d’un ingénieur iranien charmant (rencontré devant chez lui) avec qui nous préférons passer du temps.
Autour de Cardiff, il y a beaucoup de lieux et de musées à visiter du fait du grand passé industriel du Pays de Galles. Comme c’est la dernière grosse étape du voyage en terme de photographie, on a décidé de ne pas la traiter à la va-vite et de continuer à procéder assez scrupuleusement avec la carte d’ERIH (European Route of Industrial Heritage).
Dans le nord de la province galloise , c’était des carrières d’ardoises et ici c’est le charbon et les métaux. Llanelli est appelée la ville du fer blanc (Tinopolis), Swansea celle du cuivre (Copperopolis) et Cardiff, la métropole mondiale du charbon et du transport maritime.
Bien entendu, nous avons quand même profité des très beaux paysages du parc National de Snowdonia.
Après cette grande zone minière (79 mines par exemple dans la vallée de Rhondda), nous filerons vers le sud à plus vive allure, on espère, afin de prendre le ferry à Portsmouth, près de Southampton.
Nous avons été vernis ces derniers jours par le temps : pas trop froid, pas de pluie et rarement du vent. Mais il ne faut pas tenter la chance (ou se réjouir des effets paradoxaux du changement climatique) trop longtemps quand même. Voyager à vélo avec une tente en automne-hiver peut s’avérer parfois plutôt désagréable. Surtout quand tu es proche de la fin et que tu commences à avoir le confort de la maison en tête, Billie !
Pour conclure, nous allons quand même vous raconter avec quelques détails la journée de la veille pour que vous ayez une petite idée de notre quotidien quand nous sommes sur les routes.
Le matin au réveil, comme chaque jour quand nous sommes sur les routes, nous avons écouté les nouvelles à la radio (l’élection de Trump, la COP 29 de Bakou, l’Ukraine, Gaza, le vote du budget en France, etc.). Puis, nous sommes descendus pour prendre le petit déjeuner (porridge) avec nos hôtes « WarmShowers » bien sympathiques, just married !
Nous avons parlé, entre autres choses, d’Alastair Campbell qui anime un podcast « The Rest is Politics », très suivi au Royaume-Uni, avant de faire des photos souvenirs au moment de se quitter.
Une fois sur nos montures, nous avons roulé dare-dare vers le musée du jour que nous avions en ligne de mire : le Musée National d’Histoire de St Fagans.
Sur place, nous n’avons pas eu à discuter pour essayer de rentrer gratuitement car, au Pays de Galles, les musées que nous avons trouvés sur notre chemin étaient gratuits. Ils nous a fallu seulement négocier pour mettre nos vélos avec leurs bagages en sécurité afin de visiter les lieux ensemble, l’esprit tranquille.
Nous avions pensé ne pas y rester très longtemps ; souvent maintenant on retrouve des choses que nous avons déjà documentées alors cela va plus vite. Il s’est avéré que ce musée était particulièrement bien équilibré pour intéresser autant les adultes que les enfants qui peuvent aussi s’y amuser. Il était vraiment très classe.
Du coup, on en est sortis presque à l’heure de la fermeture. Argh ! Il faut vite chercher une ferme qui nous accueillerait pour la nuit. Au cas où, nous envoyons une requête d’urgence sur WarmShower. Et le téléphone sonne alors qu’à la ferme, Robert essaye de nous trouver une place à l’abri où il n’y a pas d’animaux. Nous rions et il nous engage à partir de suite avant la tombée de la nuit qui aura lieu dans moins d’une heure.
Nous toquons donc à la porte des troisième WarmShower qui nous avaient répondu favorablement lorsque nous avions posté notre requête sur la plateforme.
Très efficaces car ils ont des projets pour la soirée, ils nous servent l’habituel thé au lait et café de 5 heures accompagnés de scones. Miam miam !
Les vélos garés dans le couloir, les bagages montés dans la chambre, la douche prise, le linge qui tourne dans la machine à laver et nous voilà attablés devant du poisson, les « jacket potatoes » au beurre, et les traditionnels brocolis, carottes. Un crumble aux pommes arrosé de crème clôt délicieusement le repas.
Monsieur est déjà parti et, après avoir accroché le linge sur le typique étendoir en bois que l’on hisse au plafond, nous le rejoignons dans un pub voisin.
C’est une des rares fois où nous écoutons de la musique live, le rêve ! Nous sommes invités à assister à une « Nuit acoustique » dans un pub (Public Bar). Chaque mardi soir, assis en cercle, chacun chante à son tour, accompagné par les guitares et le violon. Nous écoutons aussi des chansons de mineurs et de leur travail au charbon. En voici quelques extraits :
« It’s down you go, Down below, Jack, Where you never see the sky, And you work in a dungeon, For your pound a week rise… »
« I swear to God if I ever see the sun […], I never again will do down underground… »
Notre hôte du soir qui en interprètera une parmi d’autres de son répertoire dont une bondissante « The Hare’s Lament », nous impressionne vraiment.
À la moitié de la soirée arrive un homme au cheveux blancs mi-longs avec sa guitare dans un étui. On nous prévient que c’est le maestro de la bande. Même si tous étaient très bons, quand est venu son tour de jouer et chanter, on a pu noter que petit à petit le silence s’est fait dans le bar. Il a joué une version éblouissante d’un vieux morceau de blues souvent repris. Ici une cover de Dylan lui-même, le génie du Minnesota, un État au grand passé minier s’il en est.
À la fin de la soirée, pratiquement tous les musiciens et chanteurs sont venus nous saluer, enchantés d’avoir été les cibles de notre appareil photo.
À cause de la fatigue, nous avions envisagé de ne rester qu’une heure mais nous sommes rentrés avec notre hôte chanteur, nous aussi enchantés par cette nuit acoustique.
Tata ! (Au revoir en gallois).
Helen a Tomos
PS – 1 : le lien du site du photographe anglais Mark Power. Il est en train de produire aux USA un excellent travail qui, à notre humble avis, éclaire bien certaines motivations du vote Trump.
PS – 2 – les lieux visités ces quinze derniers jours :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
– «Terraced houses ». Les typiques rangées de maison mitoyennes construites pour les mineurs des mines de charbon ou de fer. Abercynon. Comté de Rhondda Cynon Taf, Pays de Galles. Royaume-Uni – 14 Novembre 2024.
– Château de Cyfarthfa. Le guide touristique de Merthyr Tydfil, « Capitale mondiale du fer », nous indique qu’il a été « construit pour « le maître de forge » William Crawshay II, qui était l’un des hommes les plus influents du Pays de Galles à l’époque. » Et l’itinéraire ERIH que nous suivons nous apprend que : « Il surplombait ses usines sidérurgiques extrêmement prospères, qui étaient les plus grandes du monde ». Merthyr Tydfil. Comté de Merthyr Tydfil, Pays de Galles. Royaume-Uni – 14 Novembre 2024.
Hélène à l’entrée du village et faisant les courses dans un magasin de ce même « village au nom le plus long » nous a indiqué Iwan, notre hôte de la veille. Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlllantysiliogogogoch. Pays de Galles. Royaume-Uni – 29 Octobre 2024.
Borada !
C’est ainsi qu’on dit Bonjour en gallois.
Le 27 octobre, nous sommes montés à bord du ferry James Joyce (de la compagnie Irish Ferries) en direction de Holyhead, au pays de Galles.
Notre séjour en Irlande s’est déroulé sans trop d'embûches mais sans trop non plus d’impérissables souvenirs.
Il est vrai que l'on commence à être un peu émoussés après quelques mois de voyage. Heureusement, la météo (en dehors de deux jours de tempête) n'a pas été trop affreuse. Ce qui, au passage, a fait mentir toutes les personnes qui nous prédisaient le pire que ce soit en Irlande ou au pays de Galles pour le mois d'octobre. Comme quoi : toujours écouter "les locaux" mais pas trop !
Les musées que nous avons visités ne nous ont pas vraiment stimulés en dehors de celui de Lisburn (coucou Angus !). Et la route de Belfast à Dublin n’est pas à tomber.
Pour être justes, il faut dire que nous commençons un peu à en avoir notre soûl des musées après tous ceux que nous avons déjà vus. Quand les équipes sont gentilles et motivées, cela nous aide à sortir d'une certaine banalisation. Un des pièges quand on fait de la photographie documentaire au long cours.
Que ce soit à Belfast ou à Dublin, nous avons fait appel à la communauté WarmShower. À chaque fois, nous avons été bien accueillis ; mais souvent les personnes qui ont répondu à nos nombreuses requêtes (merci encore à elles) étaient basées à l'extérieur des métropoles, ce qui nous amenait à beaucoup rouler.
À Belfast, nous avons eu notre deuxième crevaison (qui s’est révélée être double : deux grosses épines à deux endroits différents) alors qu’il pleuvait des cordes et que nous étions attendus. Mais surtout, nous y avons eu une petite avarie vélo : la tige de la selle de la miss s’est cassée. C’est Mike de Mike’s Bikes qui l’a remplacée par une d’occasion, ce qui nous a évité des frais. Merci à lui.
Dans les campagnes, nous sommes restés fidèles à notre stratégie écossaise : viser les granges des fermes pour être à l'abri du vent et de la flotte.
C'est ainsi qu'une fois on s'est retrouvés à déguster un steak énorme, délicieusement accompagné d’un gratin de pommes de terre à l’ail et de poireaux et champignons sautés à la poêle et à dormir ensuite dans une pièce aux allures de chambre nuptiale.
Bon maintenant, nous reste à documenter l’héritage industriel au Pays de Galles avant de rouler vers Portsmouth où nous prendrons un autre ferry pour la France.
En plus de nous prédire des journées très pluvieuses, beaucoup de gens nous ont parlé du côté “hilly” d’ici. Sur ce point, au vu de toutes les collines que nous avons déjà grimpées, on ne peut que leur donner raison. C’est plutôt fatiguant mais les paysages sont bien souvent magnifiques. Pour l’instant, dès qu’on s’éloigne de la côte, cela nous rappelle le Massif Central traversé au début de ce voyage.
Malgré des noms parfois "à coucher dehors" comme on dit en France (cf photos d’illustration), nous avons été bien accueillis ici. La première nuitée fut quand même assez compliquée, dans la mesure où nous avons débarqué du ferry dans la pénombre (du fait d’un changement d’heure ce jour-là), qu’il pleuvait comme vache qui pisse avec un fort vent de face, et que surtout le camping sélectionné (censé être ouvert toute l’année) était fermé.
Heureusement, Rick, un voisin des plus sympathique nous a permis de récupérer une situation qui était mal partie. Encore Merci à lui : « Diolch yn fawr iawn Rick ! ».
Ah ! Samedi dernier, dans le sud de la France a eu lieu une journée de rassemblement intitulée : « Sivens, 10 ans ». À l'époque, nous avions fait la chronique photographique des événements qui s'étaient soldés par un drame. Vous pouvez retrouver ici notre travail.
Un livre, commis par un journaliste de la presse écrite qui a également suivi toute cette histoire, vient de sortir. Son titre (sûrement en relation avec « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud) : « Sivens, un mort dans la vallée ». Nous ne l'avons bien entendu pas encore lu mais pour sûr il doit être très intéressant. Vous pouvez le commander ici.
Tata ! (Au revoir en gallois).
Helen a Tomos
PS: Liste des lieux visités ces quinze derniers jours :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
Hélène à l’entrée du village et faisant les courses dans un magasin de ce même « village au nom le plus long » nous a indiqué Iwan, notre hôte de la veille. Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlllantysiliogogogoch. Pays de Galles. Royaume-Uni – 29 Octobre 2024.
Borada !
C’est ainsi qu’on dit Bonjour en gallois.
Le 27 octobre, nous sommes montés à bord du ferry James Joyce (de la compagnie Irish Ferries) en direction de Holyhead, au pays de Galles.
Notre séjour en Irlande s’est déroulé sans trop d'embûches mais sans trop non plus d’impérissables souvenirs.
Il est vrai que l'on commence à être un peu émoussés après quelques mois de voyage. Heureusement, la météo (en dehors de deux jours de tempête) n'a pas été trop affreuse. Ce qui, au passage, a fait mentir toutes les personnes qui nous prédisaient le pire que ce soit en Irlande ou au pays de Galles pour le mois d'octobre. Comme quoi : toujours écouter "les locaux" mais pas trop !
– Hélène sur le chemin côtier, la piste cyclable "Nationale 1". Entre Alnwick et Craster. Comté de Northumberland. Royaume-Uni – 1er Octobre 2024.
– Hélène dans la lande écossaise. Après Duns et en direction d’Édimbourgh. Écosse. Royaume-Uni – 3 Octobre 2024.
Awright Mate,
Yep (le "yes" écossais), finalement après deux journées occupées à découvrir Édimbourg, nous sommes bien allés à nouveau à Glasgow.
L'idée, comme nous le disions dans le post précédent, était de sauter cette étape afin de gagner du temps dans la mesure où nous y avions déjà fait un reportage par le passé.
Seulement nous n'avons pas pu nous y résoudre complètement. Il faut dire aussi qu’une contracture survenue à Édimbourg à la jambe droite de Thomas nous y a fortement poussés.
Entre les deux majeures villes de l'Écosse il y a un canal. Le suivre fut donc une option facile (c'est tout plat !) pour continuer à avancer tout en ménageant les muscles ischio-jambiers endoloris.
Comme tout allait bien physiquement les jours précédents, on pense que cette petite blessure (maintenant rétablie) est liée au froid et à l'humidité que nous avons trouvés à notre arrivée en Écosse. Par exemple, ce matin du 13 octobre il fait 2 degrés ; cette nuit il a fait 0 et hier sur la route, nous avons essuyé de la pluie, du vent de face avec parfois des bourrasques et à plusieurs reprises des averses de grêle.
Pas vraiment de quoi affoler les Écossais, mais vous comprendrez que pour les petits cyclistes du sud de la France que nous sommes ce n’était pas vraiment la fête.
Heureusement, les températures devraient remonter à partir de demain et il se pourrait que nous visitions Belfast sous le soleil.
Fingers crossed (on croise les doigts) comme ils disent ici. Et surtout on les garde au chaud grâce aux patchs chauffants (un peu comme des sachets de thé qui produisent de la chaleur quand on les frotte) que nous a donnés l'ami Philip rencontré dans la région de Newcastle.
Pour les nuitées, on essaye d’aller chez des hôtes WarmShower ; et quand ce n’est pas possible, on vise les granges des fermes afin de garder notre valeureuse tente la plus sèche possible.
Merci encore à toutes les personnes qui nous ont facilité la vie ces derniers temps.
Allez assez d'écriture pour cette fois-ci, on va remettre les moufles et continuer notre route au sud.
Hier, nous avons passé les 6 000 km depuis notre départ le 23 mai. Il nous en reste autour de 2 000 pour rentrer chez nous. Gageons que le climat d’ici va bien nous motiver à accélérer les cadences.
Best regards.
Helen and Tom
PS: Liste des lieux visités ces quinze derniers jours :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
– Hélène sur le chemin côtier, la piste cyclable "Nationale 1". Entre Alnwick et Craster. Comté de Northumberland. Royaume-Uni – 1er Octobre 2024.
– Hélène dans la lande écossaise. Après Duns et en direction d’Édimbourgh. Écosse. Royaume-Uni – 3 Octobre 2024.
Awright Mate,
Yep (le "yes" écossais), finalement après deux journées occupées à découvrir Édimbourg, nous sommes bien allés à nouveau à Glasgow.
L'idée, comme nous le disions dans le post précédent, était de sauter cette étape afin de gagner du temps dans la mesure où nous y avions déjà fait un reportage par le passé.
Seulement nous n'avons pas pu nous y résoudre complètement. Il faut dire aussi qu’une contracture survenue à Édimbourg à la jambe droite de Thomas nous y a fortement poussés.
– Le sourire au soleil. « Télétravail » : sauvegarde des photos des cartes mémoires de l’appareil photo sur disque dur externe. Dans la cour d’une ferme. Thormanby. Comté de Yorkshire du Nord, Angleterre. Royaume-Uni – 19 Septembre 2024.
– La gueule à l’ombre. Petit déjeuner, par 6 degrés de température nous indique le Garmin GPS. Newcastle upon Tyne. Comté de Tyne et Wear, Angleterre. Royaume-Uni – 29 Septembre 2024.
Hello,
Ce n’est que ce samedi 28 septembre que nous avons enfin atteint Newcastle upon Tyne. Nous n’avons pas réussi à rattraper le mois de retard pris au tout début du voyage en France. Retard dû à la tragique ou presque tragique dissolution de l’Assemblée nationale (décidée par E-Macron) immédiatement suivie d’élections anticipées (cf post de cette époque).
À partir de Manchester, nous avions pensé accélérer le rythme. Mais sur le chemin, nous avons trouvé encore beaucoup de choses à documenter et puis le temps qui s’est gâté (froid, vent et pluie) nous a ralentis.
Maintenant, passé Newcastle et son important héritage minier (région de Durham), nous allons normalement aller plus vite. La prochaine grosse étape devrait être celle de Belfast dans la mesure où, faute de temps, nous pensons sérieusement à sauter Glasgow. Il y a 3 ans, nous y avions réalisé un reportage de deux semaines et on risque de s’en contenter (voir ici).
L’important pour nous à présent, c’est de rapidement attaquer la redescente vers la France si on veut passer quand même un peu de temps au pays de Galles et dans le sud de l’Angleterre. Tant pis pour le nord de l’Écosse, ses châteaux et ses grands espaces. Comme l’héritage industriel n’y est pas très important, cela ne sera pas trop dommageable pour notre projet du moment.
À ce jour, nous avons parcouru 5 300 km depuis notre départ le 23 mai ; il nous en manque environ 3 000 de plus pour être de retour au bercail…
Bref, après ce mini débriefing, voici un petit récit de ces derniers jours :
À Easington Colliery, nous basant sur la photo iconique (rangées de maisons des mineurs avec la mer à l’horizon) du photographe John Davies, nous avons demandé aux gens sur place leur aide pour localiser d’où elle avait été prise.
Pouvions nous documenter les changements à quarante ans d’intervalle ? Les rangées du milieu ont été détruites et des arbres ont poussé haut à l’endroit où nous aurions dû nous placer, bouchant toute vue sur le site et la mer.
Toutefois, nous ne sommes pas mécontents de la photo d’un fils et petit-fils de mineur que nous avons pu faire dans une rue adjacente.
Avant notre départ pour le Royaume-Uni, nous avions regardé le dernier film de Ken Loach « The Old Oak » (Merci Sergio) ; un film prémonitoire quand on pense aux événements de cet été dont nous avons un peu parlé. Parmi d’autres endroits, le tournage s’était déroulé à Easington ainsi qu’à Murton pour la majorité des scènes du café lisons nous sur le net. Pourquoi ne pas essayer de voir ce bar : The Victoria ?
À Murton, le GPS nous indique que nous sommes arrivés ; serait-ce plutôt derrière nous ? Un monsieur sort de chez lui pour nous demander si nous sommes perdus. Bingo ! Il s’agit du propriétaire du café. Il nous raconte qu’il a fait une peinture du lieu, que le réalisateur Ken Loach lui a demandé de l’accrocher au mur dans le bar et qu’on peut la voir dans le film ! La peinture est amenée et il nous montre qu’au dos, Ken Loach lui a écrit un mot et signé.
Deuxième scoop, samedi 28, non loin de là, à Seaham aura lieu le festival « Seaham Miners Day » (la Journée des Mineurs). On pourra y voir la parade (et une fanfare) avec les bannières de mineurs comme dans le film. À nous de revenir si nous sommes intéressés.
Samedi n’est que dans 3 jours et pour l’instant, il nous faut atteindre Sunderland. Nous y arrivons juste avant la pluie et nos hôte du soir nous demandent comment nous allons faire demain : du mauvais temps est annoncé pour toute la journée et il y a même une alerte météo vigilance orange.
D’abord, nous nous entêtons : nous voulons avancer. Au matin cependant, nous sommes un peu moins fiers devant le dense rideau de pluie et les bourrasques de vent. Gillian et Philip acceptent que nous restions à l’abri chez eux et la visite du musée de Beamish est repoussée au lendemain.
Ils nous proposent même de rester une troisième nuit au retour de notre journée au musée. Le samedi matin, nous partirions de chez eux pour Seaham. Philip, sur son vélo nous guidera jusque là-bas : trajet plus court et plus joli assuré.
En attendant, il nous invite à monter dans sa voiture pour aller chercher des gants plus chauds et plus imperméables (recommandation du champion cycliste Mark rencontré auparavant) et des surchaussures imperméables pour Hélène puisque celles de Thomas marchent du tonnerre. Nous surnommons nos hôtes les « Anges du Nord », référence à la statue à l’entrée de Gateshead.
Le musée de Beamish, que tout le monde nous a recommandé de voir, s’apparente beaucoup au Black Country Living Museum près de Birmingham, avec les équipes du musée vêtues de tenues d’époque.
À Seaham, nous retrouvons notre ami du Victoria qui brandit sa bannière colorée. La parade a débuté à la statue des The Brothers (The Marra's) et se dirige vers le Mémorial de guerre, près de la statue du soldat « Tommy », au bord de la mer. Un prêtre, le maire avec autour du cou une grosse chaîne dorée propre à sa fonction et des discours et la fanfare qui joue.
Cette année, comme dans de nombreux musées sur les mines et le charbon, on célèbre le 40e Anniversaire de la Grève des mineurs britanniques de 1984-1985. Le nombre de travailleurs morts dans les mines est rappelé ainsi que les millions de tonnes de charbon extrait et embarqué sur les bateaux.
La région est connue pour la construction navale et Seaham avait son propre port de charbon. Lors de notre passage à Easington, nous avons entendu que celle qui aurait tout détruit de cette période dorée de production et de commerce, selon l’opinion de beaucoup, est traitée de sorcière : « Thatcher ! » Le nom est donné à regret et on voit qu’il arrache la bouche de celui qui a été obligé de le prononcer, car il voulait qu’on comprenne bien de qui il s’agit.
Une bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
PS: Liste des lieux visités ces quinze derniers jours :
– Le sourire au soleil. « Télétravail » : sauvegarde des photos des cartes mémoires de l’appareil photo sur disque dur externe. Dans la cour d’une ferme. Thormanby. Comté de Yorkshire du Nord, Angleterre. Royaume-Uni – 19 Septembre 2024.
– La gueule à l’ombre. Petit déjeuner, par 6 degrés de température nous indique le Garmin GPS. Newcastle upon Tyne. Comté de Tyne et Wear, Angleterre. Royaume-Uni – 29 Septembre 2024.
Hello,
Ce n’est que ce samedi 28 septembre que nous avons enfin atteint Newcastle upon Tyne. Nous n’avons pas réussi à rattraper le mois de retard pris au tout début du voyage en France. Retard dû à la tragique ou presque tragique dissolution de l’Assemblée nationale (décidée par E-Macron) immédiatement suivie d’élections anticipées (cf post de cette époque).
– Mannequin d’un mineur dans le Musée National des Mines de Charbon d’Angleterre. Wakefield, Comté du West Yorkshire, Angleterre. Royaume-Uni – 14 Septembre 2024.
– Sculpture d’Araignée sur le bâtiment de l’entreprise Gripple, dans la « Ville d’Acier ». Sheffield. Comté de Yorkshire du Sud, Angleterre. Royaume-Uni – 11 Septembre 2024.
Hey guys !
Contrairement à la note précédente, nous n’allons pas nous étendre beaucoup cette fois-ci (faute de temps) et plutôt vous écrire une sorte de carte postale.
Cette quinzaine, nous avons documenté l’héritage industriel à Liverpool, Manchester et Sheffield. Cette dernière, plus sportive que les deux autres, nous a bien plu (peut-être du fait de sa proximité avec le Peak District ?). C’est même ici nous a-t-on dit qu’est né le magasin « Go Outdoors » que tout le monde nous recommande lorsque nous cherchons à nous équiper et à renouveler notre matériel mourant.
Manchester nous a semblé trop densément peuplée (en plus d’être « la ville où il pleut toujours ! ») et à Liverpool, même si bien sûr nous aimons les Fab Four, la nostalgie entretenue des Beatles nous a paru un peu assommante.
Maintenant, nous roulons vers Newcastle Upon Tyne, pour voir les anciennes mines, pas très loin de la frontière de l’Angleterre avec l’Écosse.
La grande nouveauté, c’est que nous nous sommes décidés à utiliser la plateforme WarmShowers qui met en réseau les Cyclos du monde entier.
Pour Liverpool cela n'a pas marché. Nous n'avons reçu aucune réponse à notre requête. Ce faux bond n'a pas été grave cependant puisque nous avons trouvé Trevor sur notre route : le plus gentil et le plus attentionné des propriétaires de camping ever !
Mais à Manchester et à Sheffield, nous avons pu nous protéger de la pluie et du froid chez des hôtes charmants. Merci à eux !
Aujourd’hui, nous visitons les grandissimes demeures des Wentworth. Suivront le Musée National des Mines d’Angleterre à Wakefield (passage obligé des sorties scolaires nous indique une dame) et le village de Saltaire à Bradford, ville où est né le peintre David Hockney.
Ce matin, nous avons cru voir de la gelée au sortir de la tente, mais non ce n’était que de la rosée. Tout était bien trempé et nous avons dormi avec gants et bonnets malgré la généreuse douche chaude offerte par Anna et David.
La nuit prochaine, la météo donne un plus 3 degrés Celsius seulement. De quoi nous faire apprécier encore plus chaque rayon de soleil que le climat anglais daigne nous accorder…
Une bonne quinzaine à vous !
Helen and Tom
PS: Liste des lieux visités cette quinzaine :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
– Mannequin d’un mineur dans le Musée National des Mines de Charbon d’Angleterre. Wakefield, Comté du West Yorkshire, Angleterre. Royaume-Uni – 14 Septembre 2024.
– Sculpture d’Araignée sur le bâtiment de l’entreprise Gripple, dans la « Ville d’Acier ». Sheffield. Comté de Yorkshire du Sud, Angleterre. Royaume-Uni – 11 Septembre 2024.
Hey guys !
Contrairement à la note précédente, nous n’allons pas nous étendre beaucoup cette fois-ci (faute de temps) et plutôt vous écrire une sorte de carte postale.
Cette quinzaine, nous avons documenté l’héritage industriel à Liverpool, Manchester et Sheffield. Cette dernière, plus sportive que les deux autres, nous a bien plu (peut-être du fait de sa proximité avec le Peak District ?). C’est même ici nous a-t-on dit qu’est né le magasin « Go Outdoors » que tout le monde nous recommande lorsque nous cherchons à nous équiper et à renouveler notre matériel mourant.
- Première crevaison pour marquer le 3e mois de voyage et les 4 000 kilomètres parcourus depuis notre départ de la maison. Devant le Musée du Fer Coalbrookdale (l’un des musées de l’Ironbridge Gorge Museums). Dans la ville du premier pont métallique du monde. Telford. Comté de Shropshire, Angleterre. Royaume-Uni – 22 Août 2024.
- Hélène devant le Moulin de la Filature de soie de Derby, considérée comme la première usine moderne du monde et devenue le Musée de la Fabrication. Moulins de la Vallée de Derby. Derby. Comté du Derbyshire, Angleterre. Royaume-Uni – 26 Août 2024.
Hello, folks !
Ces derniers jours, nous avions un peu quitté des contrées très urbanisées comme Birmingham ou Derby et cela nous a fait du bien.
Compte tenu de notre sujet d'étude (la première révolution industrielle, ses inventions et ses paysages), nous ne pouvons bien sûr pas faire l'impasse sur ces villes chargées d'histoire, mais parfois, avec nos vélos, c'est un peu compliqué pour y circuler ou pour y crécher.
La pratique du cyclotourisme avec une tente a ses limites en milieu urbain même s’il y a quelquefois de bonnes surprises. Comme par exemple à Birmingham, où nous logions pour la dernière fois chez un autre membre de la famille de Heather et Jim (rencontrés dans l’Essex -Encore Merci à eux et à toute la famille).
En route vers le jardin où nous avions posé notre tente, nous empruntons la Stratford Road où règne une ambiance qui nous rappelle l’Inde, avec une circulation des voitures inventive mais très fluide.
En plus des nombreuses vitrines aux vêtements brodés de perles, un cageot de fraises au motif du drapeau britannique attire notre œil. Nous nous arrêtons pour demander la permission de photographier ce marché très vivant, ce qui nous est accordé.
Un vieux Pakistanais en profite pour nous proposer de faire un check à nos vélos qui ont certainement quelques réglages à faire, ne serait-ce qu’au niveau des freins. C’est cadeau, c’est son plaisir de nous aider notre long voyage.
Il nous donne l’adresse de la boutique tenue par sa famille (RDV pour le lendemain matin) et disparaît un instant pour revenir nous offrir deux grosses mangues jaunes du Pakistan : « King of fruits ! (Le Roi des fruits) » annonce-t-il.
Un vendeur qui nous observait depuis le début (et qui provoquait notre hilarité en essayant d’être sur toutes les photos que nous prenions) en profite pour attraper une boîte, sur le haut de sa pile de marchandises, et nous la donner. Des mangues du Pakistan emballées comme des bijoux, avec des petits rubans dorés sur chacune. Nous lui montrons les vélos et lui parlons du poids. Il reste silencieux en continuant à nous tendre la boîte.
Bon. Okay, nous en ferons profiter notre famille d’accueil ce soir. Nous sommes un peu gênés car nous n’aimons pas trop la mangue ; c’est un fruit dont nous prenons un petit quartier et ensuite nous ne sommes pas très chauds pour nous resservir. Eh bien, le Roi des fruits nous a conquis : c’était un pur délice et nous nous disputions le partage du fruit que nous avons dégusté au cours de deux repas ! De retour en France, nous verrons si nous arrivons à trouver cette variété.
Sinon, la visite des grands lieux historiques s’est assez bien passée. Les équipes de direction des différents musées comprennent bien qu’il nous serait impossible de payer les prix des billets à chaque fois et nous font des facilités. Merci à elles.
Aujourd’hui, nous sommes à Stoke-on-Trent réputée pour ses porcelaines et ses poteries qu’elle produirait depuis le 14e siècle. Nous avions déjà visité, à l’Ironbridge Gorge Museums de Telford, le "Coalport China Museum" (le musée de la porcelaine de Coalport) qui indiquait que la production de porcelaine avait été déplacée ici, dans cette ville baptisée aussi "Les Poteries".
Hier, avec la petite pluie du soir et donc encore moins de personnes dehors, nous avons eu beaucoup de difficultés à trouver un hôte pour la nuit. Merci à Graham qui nous a accompagnés chez Ian et Jeanne.
Après les avoir quittés ce matin, et alors que nous étudions sur la carte dans quel ordre visiter les différents musées, Mark descend en courant la pente de sa maison devant laquelle nous étions arrêtés : « Vous êtes perdus ? ». Apparemment, il nous reconnaît, Ian vient de lui envoyer les photos prises au moment du départ !
Il nous invite à prendre une tasse de thé chez lui. Désolés mais on a plusieurs musées à voir aujourd’hui et on est déjà pas mal en retard sur notre planning lui répondons nous. « Attendez ! Deux secondes ! » Il remonte en courant et revient avec sa femme qui court aussi !
Nous sommes contrits, nous ne voulions pas les speeder à ce point. Il voulait qu’elle nous voit aussi et nous repropose une tasse de thé. Ça devient comique. Ils nous prennent en photo, nous échangeons nos numéro de téléphone et convenons que, si la visite des musées nous prend beaucoup de temps, nous reviendrons nous reposer chez eux.
Le premier musée que nous voulons voir, celui de la "Poterie de Gladstone", est situé à 11 kilomètres, à Longton, à l’Est de Stoke-on-Trent. Sur place, un panneau indique qu’il est fermé mais ça ne nous décourage pas car il y a de la lumière.
Le gardien reste imperturbable à notre requête d’y prendre quelques photos et pour cause : le lieu est réservé par la télévision qui y filme une compétition entre maîtres potiers. « Le tournage dure trois mois, vous avez choisi le pire moment. Mais demain, ce sera ouvert au public dès 10 heures. Revenez demain ! ».
Avant de partir vers un autre musée, nous photographions une peinture murale qui représente Eli Belovitch, fondateur (avec Harry Grosberg) de la marque des vêtements Belstaff, « la marque préférée des aventuriers » que nous ne portons pas !
Puis, nous arrivons au Musée Wedgwood qui jouxte la manufacture renommée pour sa porcelaine de luxe. La machine inventée par Wedgwood ainsi que le jasper ware, un procédé inventé par lui en 1770, sont dans la boîte. Mais il est déjà 14h et les deux musée suivants sont à 14 km et ferment à 16h. Énervement !
Nous n’avons pas fait les courses mais il reste du pain, une boîte de thon et du fromage. Nous quittons le musée pour les tables avec bancs que nous voyons en face. C’est un restaurant et un monsieur sort sur le pas de la porte. Mince pensons nous. Raté !
Il nous demande d’où nous venons et nous invite à entrer avec nos vélos ! (que nous voulons surveiller) et nous restaurer afin d’avoir des forces pour poursuivre notre voyage : « Je vous invite ! ».
Nous voilà attablés devant des pâtes servies dans de la fine porcelaine anglaise Wedgwood avec un verre d’eau en cristal, face aux cuisiniers qui œuvrent derrière les grandes vitres qui nous séparent d’eux.
En ce moment, nous rédigeons donc ce post sur la lune, "Lunar" étant le nom du restaurant qui nous accueille. Un lieu extraordinaire qui a obtenu le titre de « Meilleur Restaurant Indépendant de l’Année, du Comté de Staffordshire ».
Demain nous reprendrons la route. Liverpool est la première grande destination sur la liste, puis Manchester, Sheffield et Newcastle Upon Tyne, pour l’Angleterre. Si on en croit les gens, le climat en septembre devrait nous être propice, il y a une expression pour cela : l’Indian summer. Espérons que l’on pourra en profiter durant notre montée vers l’Écosse !
Best Regards,
Helene et Thomas
PS : Liste des lieux visités cette quinzaine :
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
- Première crevaison pour marquer le 3e mois de voyage et les 4 000 kilomètres parcourus depuis notre départ de la maison. Devant le Musée du Fer Coalbrookdale (l’un des musées de l’Ironbridge Gorge Museums). Dans la ville du premier pont métallique du monde. Telford. Comté de Shropshire, Angleterre. Royaume-Uni – 22 Août 2024.
- Hélène devant le Moulin de la Filature de soie de Derby, considérée comme la première usine moderne du monde et devenue le Musée de la Fabrication. Moulins de la Vallée de Derby. Derby. Comté du Derbyshire, Angleterre. Royaume-Uni – 26 Août 2024.
Hello, folks !
Hélène pose avec Matthew, le directeur du Musée des Transports de Coventry. Coventry est le berceau de l'industrie du vélo au Royaume-Uni. Coventry, Comté de West Midlands, Angleterre. Royaume-Uni – 13 Août 2024.
Hiya !
Nous sommes très très occupés en ce moment, alors pardonnez nous, mais pour cette note de quinzaine, nous allons faire relativement court.
Nous allons bientôt arriver dans le "Black Country", près de Birmingham où le site ERIH (European Route of Industrial Heritage) nous indique presque une vingtaine de lieux à visiter. À commencer par le Black Country Living Museum et bien entendu le fameux Ironbridge Museum dont tout le monde nous parle depuis que nous avons posé nos roues au Royaume-Uni.
Nous continuons à être très bien accueillis ces derniers temps. Beaucoup de belles rencontres comme on dit et d'informations recueillies pour rendre plus intéressant encore notre travail. Comme par exemple il y a deux jours où la chance nous a fait atterrir non loin de la "Fondation éducative de Cotesbach".
En discutant avec nos parfaits hôtes d'un soir (devant des grosses tranches de chou fleur de leur potager cuites au four), nous avons appris qu’ici, à Cotesbach, il y a des archives très intéressantes concernant les enclosures, un sujet auquel nous nous intéressons. Nous y trouverions certainement des documents historiques, concernant le mouvement des enclosures considéré comme l’origine de l'ère dans laquelle nous vivons. Un sms a suffi pour prendre RDV pour le lendemain 10 heures avec Sophie. Une fois sur place, elle nous a permis d’accéder à des cartes comme celle de 1720, « une carte de la ville et de la seigneurie de Coatesbatch avec tous les terrains clôturés ».
Encore, merci à toutes les personnes qui nous ont bien aidés ces derniers jours et qui à coup sûr se reconnaîtront en lisant ces lignes.
Sinon, en dehors de notre travail en cours (de documentation sur l'héritage industriel ici) nous avons pris un peu de temps récemment pour documenter :
- le phénomène d’érosion de la côte dû au changement climatique, très visible, notamment à Thorpeness, Hemsby et Happisburg.
- un rassemblement qui a réuni environ 150 personnes à Leicester pour manifester leur soutien aux étrangers et leur rejet des agissements de l'extrême droite. On imagine que vous avez tous entendu parler des troubles qui ont agité la Grande-Bretagne ces derniers jours, sinon c'est ici.
Cela va faire presque 3 mois maintenant que nous avons quitté la maison. Nous sommes probablement à la moitié du voyage ou presque. Le physique est bon et le moral aussi. Parfois nous accusons quelques signes de fatigue mais une assez longue séance d’étirement associée à une bonne nuit de sommeil nous remet en selle assez facilement.
Sûrement que lorsque nous aurons passé le Black Country nous pourrons avancer un peu plus rapidement en direction du nord.
Best regards,
Helen & Tom
PS: Liste des lieux visités cette dernière quinzaine.
Vous pouvez retrouver plus d’infos sur le site ERIH.
Hélène pose avec Matthew, le directeur du Musée des Transports de Coventry. Coventry est le berceau de l'industrie du vélo au Royaume-Uni. Coventry, Comté de West Midlands, Angleterre. Royaume-Uni – 13 Août 2024.
Hiya !
Nous sommes très très occupés en ce moment, alors pardonnez nous, mais pour cette note de quinzaine, nous allons faire relativement court.
Nous allons bientôt arriver dans le "Black Country", près de Birmingham où le site ERIH (European Route of Industrial Heritage) nous indique presque une vingtaine de lieux à visiter. À commencer par le Black Country Living Museum et bien entendu le fameux Ironbridge Museum dont tout le monde nous parle depuis que nous avons posé nos roues au Royaume-Uni.
– Tracteur à vapeur, exposé dans ce qu’on appelle "la cathédrale", un des premiers bâtiments au monde spécialement construit pour le travail à la chaîne.
– « Semoirs Garrett. Un semoir à sept rangs tiré par un cheval, C 1900, adapté pour être utilisé avec un tracteur...Garrett a fabriqué et développé des semoirs à alimentation par coupelle de type "Suffolk". » dit la légende du musée.
Dans le musée "Long Shop Museum" où se trouve la collection Garrett, « autrefois fabricant de machines à vapeur et autres machines agricoles de renommée mondiale. » nous indique le site ERIH (Route Européenne de l’Héritage Industriel). Leiston. Comté de Suffolk. Angleterre. Royaume-Uni – 30 Juillet 2024.
Hello,
Dans notre dernière note, nous vous faisions part des difficultés d’acclimatation que nous rencontrions depuis que nous avons posé nos roues outre-Manche.
La principale (le mauvais temps) n’est heureusement plus un sujet pour nous depuis une dizaine de jours. Les gens ici nous disent que cela peut durer ainsi jusqu’à fin septembre, ce qui serait une heureuse surprise. À ce moment-là, nous devrions être en Irlande.
Concernant le problème de routes étroites et les difficultés de navigation, Gary a largement contribué à régler la question. Nous l’avons rencontré lorsque nous essayions de rentrer dans Londres et que, une fois de plus, nous avions perdu le repère du petit panneau bleu blanc rouge de la voie cyclable : NCN 1 (National Cycle Network).
Dans le fracas du bruit de l’autoroute que nous longions, en le suivant, nous lui avons expliqué notre situation : le téléphone portable qui ne nous donne que les trajets pour voitures, google maps qui ne fonctionne pas sans être connecté et donc vide la batterie et la signalétique des panneaux cyclables qui nécessite une véritable chasse au trésor.
Arrivés dans une zone plus civilisée, Gary nous a demandé si on pouvait lui donner dix minutes. Il nous a raconté que c’était une de ses premières sorties à vélo après un accident au cours duquel une voiture l’avait projeté sur celle de devant (avons nous cru comprendre). Nez cassé, cicatrices sur le visage et traumatismes corporels, il était content de rouler à nouveau.
Il nous a proposé d’aller chercher chez lui le double (qu’il avait réparé) de l’appareil qu’il avait sur son vélo : un GPS (guidage par satellite), de la marque Garmin, uniquement pour les trajets à vélo. D’où les dix minutes d’attente que nous avons passé à admirer la belle demeure (de style élisabéthain nous a-t-il dit) devant laquelle il nous avait laissés.
Une fois de retour, il nous montra les rudiments de son fonctionnement (ce truc peut calculer entre diverses choses ta dépense en calories par exemple) en programmant dessus notre destination : un camping hors de prix (mais qu’on nous avait vendu comme « à environ 20 euros la nuit », à une douzaine de kilomètres seulement du célèbre musée Tate Modern, au cœur de Londres. Merci beaucoup à Gary ! Un vrai cycliste !
Enfin, pour l’accueil le soir, cela s’est sacrément amélioré aussi. Nos premiers hôtes nous avaient dit que, passé la région londonienne, en remontant vers le nord les gens seraient plus « friendly », ce qui fut le cas. Maintenant, assez fréquemment nous sommes invités à boire un thé en fin d’après-midi et parfois à avaler des œufs ou un bol de céréales au petit déj.
Nous avons eu l’occasion de boire notre premier thé au lait anglais chez Rod et Lisa, goûter de la marmelade "royale" et découvrir :
Et Jane et John nous ont fait un gâteau maison pour la route (bien costaud, il nous a régalés quatre jours durant), le petit Davyd nous a offert notre première glace en Angleterre et la petite Adelyna nous a réalisé un drapeau français et un portrait d’Hélène.
Nous sommes même passés (durant trois soirées) chez les différents membres d’une famille qui se trouvaient sur notre chemin. La blague était que nous ne suivions plus la Route Européenne de l’Héritage Industriel (ERIH) mais plutôt la Jim’s Family Road.
Merci encore à toutes les personnes qui nous ont offert un peu de repos et de bons moments en leur compagnie, dans leur jardin, leur ferme, leur maison.
Il faut dire que nos journées sont très remplies. En plus de la charge des 4 à 5 heures de vélo quotidiennes, on passe beaucoup de temps dans les différents musées et places historiques liés à l’industrie ou sur le site ERIH pour se diriger.
Pour l’instant, sur notre route, nous avons pu documenter :
On ne regrette pas d’avoir commencé ce travail sur l’héritage industriel au Royaume-Uni. Les Anglais auxquels nous expliquons notre démarche sont souvent enthousiastes. Il se pourrait même qu’au final cela se révèle être une idée pas si mauvaise que ça !
Mardi 30 juillet, nous avons passé les 3 000 km depuis notre départ de la maison, le 23 mai. Il en reste encore quelques milliers avant notre retour.
À suivre donc !
Best regards,
Helen & Tom
– Tracteur à vapeur, exposé dans ce qu’on appelle "la cathédrale", un des premiers bâtiments au monde spécialement construit pour le travail à la chaîne.
– « Semoirs Garrett. Un semoir à sept rangs tiré par un cheval, C 1900, adapté pour être utilisé avec un tracteur...Garrett a fabriqué et développé des semoirs à alimentation par coupelle de type "Suffolk". » dit la légende du musée.
Dans le musée "Long Shop Museum" où se trouve la collection Garrett, « autrefois fabricant de machines à vapeur et autres machines agricoles de renommée mondiale. » nous indique le site ERIH (Route Européenne de l’Héritage Industriel). Leiston. Comté de Suffolk. Angleterre. Royaume-Uni – 30 Juillet 2024.
Si vous souhaitez réagir à un des posts, c'est ici.
– Hélène étudiant la carte du Royaume-Uni, à bord du ferry-boat assurant la traversée entre Calais et Douvres. La Manche – 9 Juillet 2024.
– Hélène au moment de débarquer du ferry-boat venant de Calais. Port de Douvres. Comté de Kent. Royaume-Uni – 9 Juillet 2024.
Hello,
Finalement nous avons débarqué en Angleterre le 9 juillet, soit presque un mois après nos prévisions. La faute est à la dissolution de l'Assemblée nationale, début juin ; mais nous ne reviendrons pas sur ce sujet hautement politique, afin de ne pas se mettre encore une fois 20 de tension artérielle et surtout de ne pas perdre de temps en bavardage.
Avant notre arrivée à Douvres, dans le Kent, nous avons pris soin d'essayer de collecter des photos en lien avec "les migrants" qui essayent de traverser la Manche pour se rendre au Royaume-Uni. Notre but n'était pas de réaliser un reportage complet, faute de temps, mais d'avoir quelques images un peu symboliques pour traiter de cela (en pointillé on va dire) car nous ne pouvions passer par là sans en dire un mot.
D'abord, par un concours de circonstances assez extraordinaires, nous avons été mis en contact avec des membres de l'association Osmose62 qui organise des maraudes pour venir en aide aux personnes qui échouent dans leur traversée. Seulement, la météo n'a pas permis que nous puissions documenter leurs activités. Peut-être au retour si jamais nous repassons par là ?
Du coup, nous nous sommes débrouillés par nous-mêmes et sommes allés avec nos vélos dans une sorte de campement de fortune, non loin du port de Calais. Nous avons abordé des Africains qui parlaient bien anglais (nous n'avons pas posé de question sur leur nationalité), leur avons expliqué directement notre requête et ils nous ont aidé sans aucune complication. Merci à eux !
À proximité, sur un parking, une association caritative d’outre-Manche (Care4Calais) était présente. Bien entendu nous avons demandé à prendre quelques clichés, ce qui nous fut refusé.
Depuis notre arrivée, il y a quelques jours, nous faisons de notre mieux pour tenter de nous acclimater. Le temps n'est pas vraiment au beau. S’il n'y avait pas des feuilles vertes aux arbres et des fleurs partout, on se croirait presque dans le Sud-Ouest de la France en automne/hiver, en terme de température.
Pratiquement tous les jours , nous avons (aujourd’hui dimanche 14 est une exception) de la pluie. Heureusement que depuis notre départ, le 23 mai, nous sommes devenus des as pour circuler entre les gouttes. Le vent est aussi souvent de la partie ce qui fait que cela nous refroidit beaucoup.
À la descente du ferry à Douvres, nous avions deux choix : commencer notre boucle au Royaume-Uni en partant à l'ouest (vers les Cornouailles) ou plutôt partir vers la côte Est. Le vent frais et violent qui soufflait alors nous a encouragés à choisir la deuxième option. Pour nos débuts ici, mieux valait l'avoir dans le dos et se laisser porter.
En dehors du climat, nous éprouvons encore quelques difficultés sur 2 points (bien que nous fassions des progrès de jour en jour) : Premièrement, la conduite à gauche et surtout l'étroitesse des routes fait que bien souvent nous roulons sur les trottoirs quand nous ne trouvons pas des routes plus spécifiques pour les vélos.
Le second point concerne notre petite lutte, le soir venu, pour trouver une place pour notre tente. On est obligés de s'y reprendre à plusieurs fois car, très poliment, les gens nous envoient souvent voir un peu plus loin, ou aux campings et autres Bed and Breakfast ou cottages qui, bien sûr, sont pour nous hors budget.
Évidemment, au final, il y a toujours de bonnes rencontres comme celle de ce gentleman, croisé sur un port, qui nous a invités à passer la nuit dans sa très belle demeure. Nous serons discrets sur cet hôte parfait afin de ne pas l'embarrasser outre mesure.
Bonne quinzaine à vous,
Best regards.
Helen & Tom
Capture d’écran d’une portion de la carte d’ERIH (European Route of Industrial Heritage : Route Européenne de l’Héritage Industriel) en Angleterre. France - 30 Juin 2024
Bonjour,
Il est certain que le 9 juin 2024 (date de l'annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale) restera dans l'Histoire.
Beaucoup de choses ont été dites et écrites ces derniers temps sur les motivations du Président Macron, qui restent (à présent encore) un mystère pour beaucoup, même dans son propre camp.
Une des hypothèses que nous avons faite tout de suite (et que nous n’avons pas lue ou entendue dans les analyses, mais il est vrai que notre suivi des informations est moins facile sur la route qu’à la maison), c'est qu'il a essayé de la jouer comme Sanchez et Sunak.
L'an dernier, suite à des élections municipales et régionales en mai avec de très mauvais résultats pour lui, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avait pris de court tout le monde en convoquant des élections législatives anticipées début juillet. Cette manœuvre risquée lui avait plutôt bien réussi, comme nous l’avions un peu relaté dans le blog à l’époque.
Ce printemps, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a (peu avant le disrupteur français) accéléré lui aussi le calendrier électoral et programmé des élections générales le 4 juillet.
Bien qu’ils ne soient pas des mêmes bords et que les contextes politiques nationaux sont différents, ces animaux politiques se ressemblent sur certains points; et il n'est pas inimaginable que le coup politique de l’Espagnol ait donné des idées aux deux autres.
Après, vous nous direz qu’il n'y a peut-être pas grand chose de très clair à penser de tout cela et il se peut que vous n’ayez pas tort. Mais enfin, voilà notre petite contribution à un début d'explication de cette décision et surtout de son application rapide (avant même le début des Jeux Olympiques, laissant donc peu de place à des débats sur le fond) qui pourrait dès ce soir (premier tour des élections) s'avérer tout aussi calamiteuse qu'hasardeuse pour la Macronie, la France et l’Europe.
Concernant nos petites aventures Photo-Cyclo-Touristiques : ça va.
Comme nous vous le disions dans le post précédent, notre calendrier et notre itinéraire ont été bien chamboulés par les derniers événements en France mais on a fait le max pour s'adapter au mieux ; l’imprévu faisant partie du quotidien des voyageurs et des photographes de toutes les façons.
Pour attendre le second tour des élections législatives (le 7 juillet) sur le sol français, on a ralenti notre rythme en nombre de kilomètres quotidien. Et on s'est déroutés dans des départements comme la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, les Ardennes, l'Aisne, le Nord et le Pas-de-Calais. Ceci, afin de continuer à travailler sur une série (en lien avec les élections et l'extrême droite) commencée il y a plus d'une décennie maintenant. Aujourd’hui par exemple, nous sommes à Hénin-Beaumont, le fief électoral de Marine Le Pen.
Souvent on nous demande comment nous sommes accueillis. Hé bien, depuis notre départ le 23 mai, nous avons été très bien reçus. Avant avant-hier par exemple, le jour de son anniversaire, la miss a eu droit, de la part de nos hôtes d'un soir, à un repas de crêpes (salées puis sucrées) arrosé de Champagne !
Merci Odile, Hubert, Paul, Hélène, Manon et Victorine !
Il y a plus de vingt ans, lorsqu'il s'était agi de traverser la France dans l'autre sens (à notre retour d'un voyage en Inde) cela avait été une toute autre histoire. Le soir, nous étions plus pris pour des voleurs de poules que fêtés, il faut le dire.
Notre hypothèse à ce sujet : les émissions TV dont tout le monde nous parle comme : "J'irai dormir chez vous" ou "Nus et culottés" ont en quelque sorte ouvert l'esprit de beaucoup de gens, en ce qui concerne l’accueil des voyageurs. Un jour, il faudra qu'on en regarde un épisode de chaque série pour se faire une meilleure idée.
Comme quoi, rien n'est jamais perdu dans ce pays et "la téloche" peut même avoir des effets positifs.
Enfin, ce qu’il est prévu outre-Manche (on nous le demande aussi assez souvent), c'est de faire un travail sur "La première révolution industrielle".
Pour cela, la carte du site ERIH (European Route of Industrial Heritage), dont nous avons fait une capture d'écran pour illustrer ce post, nous sera bien utile. Chaque point orange indique des choses à voir en lien avec l'héritage industriel, et nous avons bien l'intention, comme des Pac-Man, d'en avaler le maximum.
Mais nous vous parlerons plus de tout cela au mois de juillet. À moins que d’autres événements, plus ou moins prévisibles, nous détournent encore de notre projet du moment…
Bonne quinzaine à vous,
Hélène et Thomas
- Hélène pose devant la statue de Dom Pérignon dans la cour de la Maison Moët & Chandon, sur la renommée avenue de Champagne. Épernay. La Marne, Grand Est. France - 9 Juin 2024.
- Hélène dans la cour du Centre Mondial de la Paix à Verdun. Sur le panneau : « Après la guerre, la république : la république de Weimar, première république allemande ». À noter qu’en arrière-plan, sur tous les murs sont accrochées des photos de la guerre en Ukraine : « Kiev : Rapport d’une journée : le 8 mars 2022 ». Verdun. La Meuse, Grand Est. France - 14 Juin 2024.
Bonjour,
Vous ne vous attendiez sûrement pas à ce que l'on vous écrive ce post de Verdun et nous non plus d’ailleurs. Cela aurait dû être plus à bord du ferry en direction de Douvres. Après notre dernier message envoyé depuis les volcans d'Auvergne, nous avions pourtant tout fait pour.
Malgré parfois du mauvais temps, nous avons bien roulé à travers l'Allier, la Nièvre, l'Yonne, la Champagne (l’Aube et la Marne) avec dans l'idée d'être au plus vite au Royaume-Uni pour s'atteler à notre projet documentaire outre-Manche.
Et puis, comme disent souvent les commentateurs politiques sur le plateaux TV quand ils font un récit : « Patatras ».
Le 9 juin, alors que nous venions de passer nos premiers 1 000 kilomètres sur l'avenue de Champagne (une des plus riches du monde nous a-t-on dit plusieurs fois), à Épernay près de Reims exactement, le disrupteur en chef (E-Macron) a annoncé, dans la soirée, la dissolution anticipée de l'Assemblée nationale avec de nouvelles élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet.
Pour ceux qui nous suivent attentivement, vous savez que, depuis 2012, nous avons entamé un travail au long cours sur les élections en France centré sur l'extrême droite.
Alors que faire ? S'en tenir au plan prévu et embarquer sur un bateau à Calais autour du 15 juin ? Ou temporiser afin de poursuivre la série entamée il y a plus d'une décennie ? On a passé bien 48 heures dans la stupéfaction, l’inquiétude, l’énervement (on vous passe les considérations politiques) et dans la démobilisation. Finalement on a décidé de patienter en France, au moins jusqu'au 30 juin, pour poursuivre le travail en cours...
C'est pourquoi nous nous sommes déroutés à l'est, afin d'aller dans les Ardennes, avant de remonter tranquillement dans le Nord-Pas-de-Calais, parcourant ainsi des territoires anciennement sidérurgiques et miniers où le FN-RN est bien implanté depuis longtemps.
Précisons aussi que Charleville-Mézières est souvent citée quand on parle de "diagonale du vide ou de faible densité" (cf un des posts précédents).
Espérons que les au moins 15 jours "perdus" pour le projet UK ne nous seront pas trop dommageables, surtout à la fin en novembre quand le froid sera peut-être de retour.
Mais pour l’instant, demain (samedi 15 juin), nous serons à Metz. Dans tout le pays, ce week-end, des mobilisations contre l’extrême droite sont organisées par des syndicats notamment et nous en photographierons une là.
Pour terminer, 2 petites anecdotes :
- Dans l’Allier, alors que Toto attend la miss qui enfile sa pèlerine pour la énième fois de la journée, à un carrefour en rase campagne alors qu’il pleut des cordes, une voiture banale s'arrête. Un homme d'une soixantaine d'années, visiblement radieux ouvre la fenêtre :
- Il pleut hein ?
- En effet, c'est un temps exquis.
- Bon, on n’est pas à Londres encore mais bientôt.
- Nous, on devrait y être sous peu si on continue à ce rythme…
- Pas loin d’Auxerre un couple de camping-caristes nous a accueillis dans son jardin. Au matin, alors que notre tente finit de sécher sur un fil à linge, nous prenons le petit dej avec notre hôte (madame étant partie tôt au travail). Pour améliorer nos tartines, il a amené un pot de confiture de cerises en disant : « La confiture à Guy Roux ».
La veille, ils nous avaient raconté qu’ils étaient allés récemment dans l’Aveyron. Et sur un marché, apprenant qu’ils étaient d’Auxerre, le placier (si on a bien compris) leur a tendu le pot : « C’est pour Guy Roux, quand vous le verrez merci bien de le lui donner ».
Le redoutable entraîneur de foot de l’AJ Auxerre, bien qu’âgé, est toujours une figure sur le plan local (où nous a-t-on dit il n’est pas rare de le voir dans le centre-ville avec son imper et son bonnet) et même au niveau national il faut croire. Lors de cette étape, nous avons appris que l’AJ Auxerre et l’AS Saint-Etienne (autre club au passé glorieux) remontaient cette année en D1.
Bonne chance à eux pour la saison prochaine et bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
Pique-nique près de la cascade de Salins (pas loin de Salers) dans le Parc naturel des Volcans d’Auvergne. Au menu, des victuailles données par la famille pour avoir de l’énergie : une bonne portion de Cantal (nous sommes sur la "Route des Fromages AOP d’Auvergne") et un gâteau à la myrtille. Hors-champ sur la table, le délicieux pounti de Dame Fabienne (une spécialité du terroir découverte grâce à elle durant les années lycée) est en train de dégeler ; posé au soleil sur le maillot jaune qui finit de sécher, il empêche celui-ci de s’envoler. Cantal, Auvergne. France - 28 Mai 2024.
Vue sur les roches Tuilière et Sanadoire (pas loin d’Orcival) dans le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Puy de Dôme, Auvergne. France - 30 Mai 2024.
Bonjour,
Depuis notre départ le jeudi 23 mai, nous avons déjà vu pas mal de pays. D'abord le nord du Tarn, puis l'Aveyron, un coin du Lot, le Cantal, un coin de Corrèze et enfin le Puy de Dôme.
Les premières étapes furent tout confort, logés le soir dans la famille (cousine, neveu et sœur) ainsi que les parents d'une amie de la miss.
Pour nos deux premières nuitées sans adresse, nous avons bien réussi notre coup. Guillaume, un producteur de lait bien sympathique, nous a permis de poser notre tente dans un hangar où il stocke des balles de paille. Nous avons donc trouvé là un bon tapis moelleux en plus de nos matelas auto-gonflants.
Et le lendemain, le bivouac à la ferme s'est fait dans une vieille grange auvergnate typique, avec l'étable en dessous, le toit bien pentu, les murs en pierre, des grosses poutre en bois et là encore des balles, mais de foin. Les habitants du hameau ont été bien sympathiques là aussi. Et au petit matin, nous avons discuté entre autres choses de vélo et de Formule 1, devant un bon petit déjeuner dans une cuisine bien chauffée au feu de bois.
Le temps n'a pas été trop mauvais avec nous pour cette première semaine de route. Quelques averses seulement, une nuit pluvieuse (mais nous étions dans la grange hé hé !), un peu de brouillard mais sans trop, pas de vent et dans l'ensemble des températures agréables.
Ce soir, nous sommes encore un peu dans le parc national des Volcans d'Auvergne. Demain au réveil, nous aurons le Puy de Dôme en ligne de mire.
Ce n'était pas vraiment prévu. Mais comme on roulait pas loin—pour aller documenter un projet de mine de lithium à Échassières afin de faire un lien avec le petit reportage réalisé dans le désert d’Atacama, au nord du Chili—il nous a été impossible de ne pas passer par les terres Muratiennes : la Tour d'Auvergne, la Bourboule, le Mont Dore, le col de La Croix Morand, le lac de Guéry, le puy de Sancy, les roches Tuilière et Sanadoire, Orcival et sa basilique, la N89 (et ses travaux!).
Samedi 25 mai avait lieu un concert hommage à Jean-Louis Murat à la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand, un an jour pour jour après sa disparition brutale. Le titre bien trouvé de la soirée était : « Te garder près de nous » et les comptes rendus dans la presse ont été élogieux (lire ici).
À un moment, nous avons caressé l'idée de nous y rendre. Seulement les 1 500 places de la salle avaient été vendues ; et puis nous étions comme souvent très en retard par rapport à la date de notre départ.
En tout cas, traverser pour la première fois ces paysages, longtemps fantasmés par l'écoute compulsive de sa musique et de ses textes, était déjà très fort en émotion.
Encore Merci Jean-Louis et un grand Bravo pour votre œuvre !
Hélène et Thomas
PS : Un week-end JLM est programmé en juin, toujours à Clermont-Ferrand. Voici le programme.
Enfin, trois livres consacrés au barde auvergnat viennent de sortir. Comme nous n'en avons lu aucun encore, nous ne pouvons pas en dire beaucoup plus.
- Dans le magasin de vélos cubain "Bikes to go", Thomas assiste au montage et à l’équipement du vélo d’Hélène. Miami, Floride. USA - 2000.
- L’équipe du magasin de cycles cubain "Bikes to go" pose avec nous et les vélos tout neufs qu’elle vient de nous monter et nous équiper. Miami, Floride. USA - 2000.
Presque dix ans plus tard, Thomas est repassé à Miami réaliser les reportages que vous trouverez sur ce site (Agriculture et la crise économique vues de la Floride). Au magasin, ils se rappelaient très bien de nous et des photos que nous avions faites et ont tenu à faire la révision de son vélo.
Hello, hello,
Comme l’indiquent les photos du diptyque, prises il y a plus de 20 ans en Floride (cf post précédent), nous sommes sur le départ.
Dans 3 ou 4 jours, on va s’élancer. Avant d’embarquer sur un ferry à Calais, nous aurons un bon millier de kilomètres à parcourir sur les routes de France.
On va emprunter la diagonale du vide, euh pardon… la diagonale « des faibles densités », afin d’attaquer un nouveau reportage à long terme qu’on a en tête depuis un moment.
Bien que assez rodés maintenant, les préparatifs pour partir quelques mois ne sont pas de tout repos : les papiers à mettre en ordre, du rangement et du nettoyage, réparer notre matériel de camping, le jardin (on aimerait bien avoir des légumes à notre retour), les visites médicales, les au revoir à la famille et aux amis, etc.
Ces derniers temps, on s’est tapé des recherches concernant ce que nous allons documenter au Royaume-Uni et en Irlande mais sans plus. Il est toujours plus agréable de laisser le voyage s’inventer au fur et à mesure.
Tout cela s’est fait relativement dans le calme cette fois-ci. Souvent, nous avons joué le nouveau disque du musicien de Liverpool, John Canning Yates : parfait pour rester focus et détendu.
Une bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
- Hélène parmi les lacs de montagne, lors de la lente ascension nous menant de Tabay au Pico Bolivar qui culmine à 4 978 m d’altitude. Non loin de Mérida. État de Mérida. Venezuela - 1999.
- Départ de Miami, la Miss le premier jour de voyage à vélo. Elle attend que le pont mobile redescende à l’horizontale pour continuer à avancer. Miami, Floride. USA - 2000.
Bonjour,
Il y a quinze jours, dans ce blog, nous vous avions raconté à gros traits nos débuts dans la pratique photographique. Aujourd’hui, pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, nous allons vous conter nos premiers tours de pédales en tant que voyageurs à vélo.
Là aussi, il faut remonter à la fin du siècle précédent : nous étions allés au Venezuela rendre visite à Thierry, un grand ami belge de la Miss qui travaillait là-bas. Pendant 3 mois environ, nous avons sillonné ce pays d’Amérique latine.
Parmi les sommets de ce voyage, en dehors des bons moments passés avec nos amis et nos rencontres, il y a deux ascensions : La Travesia jusqu'au Pico Bolivar, dans le prolongement de la cordillère des Andes et puis celle -évidemment- du Mont Roraima, un tepuy magique à la frontière avec le Brésil et le Guyana. Ces deux expéditions nous avaient demandé à chaque fois une semaine de marche complète en totale autonomie de nourriture.
Par contre, il nous fut pénible de dépendre de bus et occasionnellement de taxis pour nos déplacements. Passer des nuits à attendre des correspondances dans des gares routières ou ne pas pouvoir s’arrêter quand nous le souhaitions a fini par nous saouler.
Près d’un lac dans la région de los Llanos où nous étions en rade, on s’est dit que ça suffisait les galères avec les autocars (qui par ailleurs nous revenaient cher à la longue). Nous allions suivre l’exemple de notre mentor Thierry.
Avant de s’installer à Mérida pour un temps (au nord du Venezuela), il avait parcouru à bicyclette le continent américain, de l’Alaska à la Terre de Feu. On ne pouvait rêver meilleur coach.
D’abord, il nous a déconseillé d’acheter des vélos ici. À cette époque, nous n’aurions pas trouvé, même à Caracas ou alors à des prix exorbitants (car ils étaient importés des USA).
Mieux valait prendre un avion pas cher pour Miami, y acheter les vélos et puis revenir avec chercher "de nouvelles instructions". La Floride ayant l’avantage d’être plate, rien de mieux pour commencer avant de rouler vers le Mexique.
Nous avons donc vendu nos sacs à dos pour financer le saut au dessus de la Mer des Caraïbes. C’est ainsi que nous avons acheté nos montures dans un magasin de cycles cubain : le bien nommé « Bikes to Go ». Voilà, nous étions fin prêts pour entamer notre carrière de cyclistes !
Au départ, on était très stressés quant au spot à trouver le soir pour notre tente (d’autant plus que nous traversions des zones d’habitation très riches comme Palm Beach par exemple). Et puis rapidement on s’est détendus, constatant qu’une phrase du coach se vérifiait toujours : « Ne vous inquiétez pas. La bonne personne existe, il vous suffit de la trouver. »
À Daytona Beach, nous sommes entrés en ville en même temps que des milliers de motards, venus là pour la célèbre Daytona Beach Bike Week. Aux feux rouges, c’était amusant de remarquer les regards en coin des bikers (souvent en Harley Davidson) sur nos toutes nouvelles cyclo-acquisitions.
Malheureusement, après avoir parcouru nos premiers mille kilomètres, nous avons été contraints de nous arrêter à Tallahassee (capitale de la Floride). Un décès dans la famille nous ramena au pays.
Par la suite, il fut un temps question de revenir là où nous nous étions arrêtés et puis finalement, en 2001, nous sommes repartis de la maison en mettant le cap vers l’Inde.
Dans deux semaines, on compte reprendre la route (avec un des deux vélos achetés alors à Miami !). Cap au nord cette fois, pour le Royaume-Uni. Ce sera la deuxième étape du tour d’Europe que l’on ambitionne de faire.
Toutes les photos de la première étape dans la péninsule ibérique sont désormais triées et légendées. Après notre retour, vers le mois de novembre, vous les découvrirez avec le nouveau site, actuellement en préparation avec l’ami Jim.
De nos jours, il existe de nombreux récits de cyclistes qui ont fait le tour du monde. Même si nous n’en avons lu qu’un, nous n’avons pas peur d’affirmer que nous avons lu le meilleur chez Thierry au Venezuela !
C’est celui des Hervé : Claude et Françoise partis dans les années 80 pour un voyage de trois ans, qui dura 14 années au final. Au bout de 7, ils ont eu une petite fille et ont continué leur périple avec elle.
Nous venons de commander leur livre car on sera contents de le relire. Son titre : « Le Tour du Monde à Vélo ».
Bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
PS : À la radio, on a écouté récemment 4 émissions sur le voyage à travers la littérature, de Homère à Jean-Paul Sartre.
- Ulysse a-t-il fait un beau voyage ?
- Baudelaire, Segalen, Michaux : les voyages intérieurs
- Exotisme, orientalisme, poncifs et condescendance
- Voyager sans rien voir
Photos prises dans les rues de Glasgow. Nous étions là-bas pour documenter la COP 26. Ce sont les deux seules images en extérieur que nous avons prises qui ne sont pas reliées directement à cet événement pour la sauvegarde du climat.
- Entrée d’un mariage dans une église.
- En début de matinée, ce monsieur fête son anniversaire au téléphone.
Glasgow, Écosse. Royaume-Uni - Octobre-Novembre 2021.
Hello,
Les deux premiers Britanniques que nous avons trouvés sur notre route photographique furent Martin Parr et Donovan Wylie. C’était au millénaire dernier, au détour d’une énième insomnie cafardeuse. Nous étions tombés par hasard sur une rediffusion télé d’un documentaire passionnant à propos de Magnum, la célèbre agence de presse photographique (inconnue de nous à ce moment-là).
C’est de là, on pense, qu’est né notre réel intérêt pour la pratique. En voyant, parmi d’autres photographes de l’agence, les "gentlemen" Parr et Wylie sur le terrain on s’était dit : « Ben ça, on pourrait peut-être le faire. Pas besoin de moyens délirants comme pour le cinéma. » Sans vouloir paraître trop prétentieux ni grandiloquents, ce fut comme un déclic dans la nuit de nos âmes de jeunes gens bien déprimés.
Au retour de notre voyage à vélo jusqu’en Inde, périple initiatique qui avait vu Toto s’essayer à la photographie, nous avons consulté beaucoup de livres photo, que ce soit à la médiathèque de notre ville ou à la galerie toulousaine du Château d’Eau.
C’est ainsi que nous avons découvert les travaux de grands photographes anglais tels que Don McCullin, Larry Burrows ou Philip Jones Griffith.
À peu près à cette même période, nous nous sommes rendus chaque année au Festival Visa pour l’image de Perpignan. Là, nous avons vu les expositions de l’Anglo-Australien Philip Blenkinsop. C’était une période faste pour lui, sa vision de l’Asie rencontrait la reconnaissance bien méritée du public et des professionnels du métier. Depuis, à part enseigner, il semble s’être mis en retrait et, comme Don McCullin après des reportages très durs, se tourner vers la photographie de paysage.
Si nous sommes allés à plusieurs reprises à Visa, nous n’avons été qu’une seule fois aux Rencontres de la photographie d'Arles. On ne se souvient pas y avoir admiré le travail d’un photographe anglais, mais nous avions pu écouter en conférence l’admirable philosophe français Bernard Stiegler (qui malheureusement nous a quittés). Et puis Toto avait pu soumettre ses photos à Niall O’Leary de l’agence londonienne Millenium. Voici les photos que ce dernier avait choisies.
C’était une des premières fois que nous faisions cela (parmi notre douzaine de tentatives de présentation de portfolios) et, à notre grande surprise, notre interlocuteur proposa de nous envoyer un contrat ! Pas besoin de savoir qui, quoi, ou qu’est-ce. Et pas de l'habituel : "Vos photos sont bien, mais…".
Voici des images de l’agence Millenium que nous avons remarquées dernièrement : celles de Simon Roberts, Alex Currie et Chanel Irvine.
Une autre agence anglaise de valeur est Panos Pictures. Elle propose des reportages comme nous pouvons en faire.
Maintenant on suit de loin en loin, faute de temps, l’activité photographique outre-Manche. On surveille toutefois assez souvent si Mark Power n’a pas ajouté une nouvelle série à son site. Ce dernier nous a d’ailleurs servi de modèle quand il s’est agi avec l’ami Jim de reconstruire le nôtre durant la pandémie de Covid-19. Parmi les membres anglais en activité de la coopérative photo Magnum, on avoue avoir un petit faible pour lui.
Pour ce qui est des autres Britanniques que l’on suit ou que l’on a suivis (comme Simon Norfolk et Andrew Testa qui est de l’agence Panos citée plus haut, ou encore Peter Dench et Toby Smith de l’agence Getty Reportage), il y a bien sûr John Davies. Son travail sur les paysages urbains et ruraux nous paraît d’une grande qualité.
Enfin, ces derniers temps, grâce au concours de Martin Parr (encore lui), nous a été révélé la très belle œuvre de Chris Killip.
Pour conclure, nous dirons que la Grande-Bretagne, à l’instar de la France, possède une grande histoire avec la photographie. Inutile de préciser que c’est dans ces deux pays qu’est né ce médium, dans la première moitié du XIXe siècle.
Espérons que durant notre futur voyage là-bas, les cyclistes photographes que nous sommes trouveront un bon accueil pour notre tente et que les gens nous permettront de faire des photos assez facilement.
Sur ce dernier point, nous sommes plutôt confiants. Lors de notre reportage à la COP 26 de Glasgow, pratiquement personne ne nous a posé de problèmes quand nous photographiions, pas comme en France ou dans d’autres pays que nous avons parcourus.
Bonne quinzaine à vous,
Hélène et Thomas
PS : À la relecture de ce post on s'est rendu compte que, à une exception près, il n'y avait pas de femmes photographes dans cette liste. Si vous avez des idées pour la compléter, Merci bien de nous les transmettre. On sera contents de découvrir d'autres travaux en vue de notre prochain périple.
Des pèlerins sud-coréens et espagnols sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Castille-et-León. Espagne - Décembre 2023.
Bonjour,
C’est le week-end de Pâques, on va continuer à se la jouer cool ! Avant-hier, nous avons été voir l’expo d’une amie, demain il y a la famille.
Comme ces derniers temps, on a eu notre compte question écriture, on ne va pas faire trop de zèle pour le post d'aujourd’hui. Légender 600 images de façon assez précise, ce n’est pas du gâteau. Bien sûr, rien à voir avec nos pèlerins de Santiago "en Santiags". Nous ne finissons pas le soir dans des dortoirs avec des ampoules aux pieds, mais quand-même !
Quand tu as tous les jours un quota costaud de légendes à rédiger qui nécessite parfois des recherches assez poussées, passé 3 ou 4 jours d’affilée à un bon rythme, tu commences toi aussi à te fouetter pour avancer et ne pas lâcher l’affaire.
Pour se distraire un peu, on a continué l’entraînement à vélo (cf post précédent - record descendu maintenant à 50 minutes !), on est allés chercher des « responchous » (pour les étrangers, plante similaire à des asperges sauvages), on a fait des semis et puis surtout, avec l’ami Jim de Vancouver, on a préparé les fondations du nouveau site internet que l’on projette de sortir fin 2024 ou début 2025.
C’est un gros chantier, vu le nombre de galeries, de photos et de textes déjà en ligne, alors il vaut mieux partir dans la bonne direction dès le début ! Ensuite, suivre les panneaux peut aider pour ne pas trop s’égarer dans la pampa numérique.
Bien que dernièrement nous n’ayons pas pu faire notre petite veille informationnelle habituelle, faute de temps, voici quelques liens pour terminer.
Musicaux d’abord, avec des Irlandais contemporains que l’on a découverts récemment en préparant notre voyage pour le Royaume-Uni et l’Irlande (là là là !).
Puis dans le champs des idées, avec Heinz Wisman (philosophe) et Tim Jackson (économiste).
Et enfin un débat sur "le mur de la dette" et "la transition écologique".
Bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
Barrage de Sau sur le fleuve Ter. Vilanova de Sau. Catalogne. Espagne - Septembre 2023.
Bonjour,
C’est assez rare pour être signalé : nous avions programmé début janvier qu’à la mi-mars, tous les diptyques de la dernière campagne photographique dans la péninsule ibérique devaient être choisis et montés. Aujourd’hui le 14, nous pouvons dire comme nombre de nos contemporains : « Ça, c’est fait ! ».
Dès demain, nous allons accélérer le train de la rédaction des légendes pour pouvoir partir autour du 15 mai pour le Royaume-Uni. Nous aurons ainsi "liquidé" tous les dossiers de la première étape du tour d’Europe que l’on envisage.
Au final, ce sera environ 700 images qu’il faudra ajouter au nouveau site le moment venu. Nouveau site !? Ah oui, depuis notre retour, avec Jim et Elwynn (un nouvel acolyte) nous réfléchissons à rendre le site actuel plus simple d’usage pour nous. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’alimenter ce blog ou mettre en ligne de nouvelles galeries de photos. C’est un gros chantier qui occupe bien nos esprits.
Il est vrai que ces derniers temps, on s’est beaucoup réfugiés dans le travail car on a trop de retard. On pense aux milliers de photos du tour de France toujours en attente sur notre bureau. Il y a aussi les projets de tour d’Europe et de tour du monde qu’on rêve de faire ! Mais, il faut être honnête, c’est également pour se protéger de l’air ambiant qui n’incite pas vraiment à l’insouciance et au « carpe diem » tant vanté partout.
Les nouvelles qui arrivent de Gaza, d’Ukraine, de Russie, des États-Unis, de Haïti, etc. ont de quoi plonger n’importe quelle majorette du monde en catatonie si jamais elle y prêtait vraiment attention.
On ne va pas aller plus avant sur ces terrains car ce n’est pas l’objet de ce blog qui concerne notre travail documentaire. Mais quand même ! Tous ces "dossiers" ont-ils été "gérés" dans la durée avec tout le sérieux et l’implication qu’ils auraient dû nécessiter par nos dirigeants respectifs et la communauté internationale, ou du moins ce qu’il en reste ? Dans une moindre mesure, nous-mêmes, société civile, avons-nous manifesté assez de pression pour qu’il en soit ainsi ?
Lors des vœux du nouvel an, nous avons été en contact avec des amis environnementalistes qui avaient, pour la plupart d’entre eux, le moral dans les chaussettes. La cause du climat et de la biodiversité, qui devrait être le dossier mis en haut de la pile, risque de passer au second plan du fait de toutes ces tragédies, au moment même où nous devrions être pressés d’agir fortement comme ne cesse de nous le marteler les scientifiques.
À cela s’ajoute, pour la France, la faiblesse structurelle de son économie qui pourrait, selon les choix faits, limiter énormément nos possibilités d’adaptations aux changements climatiques. Ici une émission radio sur le nouveau rapport public annuel de la cour des comptes sur le sujet.
Dernièrement, nous avons lu dans une étude qui vient de sortir que « L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement ». Le diptyque qui illustre le post a été réalisé au barrage espagnol de Sau. La couleur verte témoigne de l'eutrophisation de l'eau.
Cette retenue d’eau est très souvent médiatisée car le village de Sant Romà de Sau, qui a été englouti lors de la construction du barrage en 1962, possédait une église qui apparaît et disparaît selon le niveau d’eau. Celle-ci est devenue un des symboles de la sécheresse que connaît l’Espagne depuis 3 ans maintenant.
Dans un média, il est raconté qu’à Barcelone des catholiques ont organisé il y a peu une procession pour implorer la venue de la pluie. Et son cheminement dans la cité a dû être parfois interrompu, du fait d’averses !
Blague à part si on peut dire, après un mois de janvier particulièrement chaud, les autorités catalanes ont dû décréter l’état d’urgence sécheresse et renforcer les mesures de restriction d’eau déjà en cours.
Bon pour terminer sur un thème moins plombant, depuis un mois environ, on a repris nos valeureuses bicyclettes afin de retrouver la forme presque olympique que nous avions fin décembre à notre retour de voyage.
Dans sa jeunesse, Toto croit se rappeler avoir lu, dans le magazine Tennis de France auquel il était abonné, que Connors et Lendl (cela ne nous rajeunit pas !) avaient des méthodes assez particulières d’entraînement. Jimmy racontait que faire 5 minutes de saut à la corde par jour lui suffisait pour rester au top niveau, et pour Ivan, c’était une heure de vélo à fond la caisse autour de chez lui.
Même s’il y avait peut-être de l’exagération des deux côtés, c’était une tout autre époque où la performance physique des champions n’était pas aussi poussée qu’aujourd’hui.
Alors, une fois tous les 2 jours, nous nous sommes mis au régime Lendl. De chez nous, nous pouvons faire une boucle avec des descentes dans les bois, rouler sur un plateau qui offre une belle vue et grimper une côte costaude de presque 3 km. Quand nous sommes en mode sportif, nous réussissons à la faire en 54 minutes (record à battre !) et sinon en plus d’une heure en mode contemplatif.
Quand il fera meilleur, on va essayer de passer à une fréquence quotidienne. Le vélo a ceci de bon qu’il fait autant de bien au corps qu’à l’âme. Repartir sur les routes au mois de mai avec la patate serait une bonne chose !
Bonne quinzaine à vous,
Hélène et Thomas
Cloche et banderole brandies lors de la manifestation de millier d’agriculteurs européens devant les locaux de la Commission européenne à Bruxelles en 2015. Bruxelles. Belgique - 7 Septembre 2015.
Ici se sont joints à la mobilisation des agriculteurs de la Coordination rurale, syndicat agricole français qui sera très actif dans la révolte agricole que connaît la France en ce début d’année 2024.
Voici un article de presse à propos de cette manifestation à Bruxelles où les agriculteurs s’était rendus en nombre pour faire entendre leur colère, déjà.
Bonjour,
On imagine que nul n’ignore la "révolte" agricole que connaît l’Europe et la France actuellement. Beaucoup de temps médiatique (combien de bennes de fumier déversé auront été filmées ?) et politique y a été consacré (alors que, soit dit en passant, la crise sévère que connaît le secteur depuis des années passe généralement bien en dessous des radars).
En urgence, le gouvernement a apporté des réponses qui n’ont pas ramené le calme (c’est le moins qu’on puisse dire) dans le monde agricole avant l’ouverture du Salon International de l’Agriculture (SIA), à Paris Expo Porte de Versailles. Elles n’ont pas vraiment convaincu et soulèvent même beaucoup d’inquiétudes, notamment environnementales, comme vous pouvez le lire ici et là par exemple.
Dans cette ambiance sombre et très tendue, avec Marine Le Pen et Jordan Bardella du RN qui se tiennent plus qu'en embuscade semble-t-il, c’est avec plaisir que nous avons revu dernièrement, dans une émission TV de grande écoute, Marc Dufumier (agronome et enseignant-chercheur spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution).
Nous l’avions rencontré en 2011 à Labège, près de Toulouse. Après avoir documenté durant une année entière le travail dans une petite exploitation laitière familiale, et être allés pour la première fois au Salon de l’Agriculture (où plusieurs centaines de producteurs laitiers européens s’étaient rassemblés pour une « Marche funèbre » à l’appel de l’APLI et de l’EMB) avec un éleveur de notre région (voir le sujet sur notre site), nous nous préparions, à l’époque, à réaliser un tour de France à vélo avec en tête l’idée de faire des reportages, principalement sur l’énergie et l’agriculture.
Alors bien entendu, quand nous avions appris qu’une conférence était organisée à Labège avec Pierre Rabhi, Lydia et Claude Bourguignon, Guy Kastler et Marc Dufumier, nous n’avions pas hésité longtemps avant de nous y rendre pour assouvir notre curiosité.
Sûrement, comme les 1 400 autres personnes qui s’y étaient rendues (les organisateurs s’attendaient à 500 personnes environ !), les talents de conteur de Rabhi (qui avait pris la parole en premier) nous avait cueillis, puis nous avions été très intéressés par les interventions des autres orateurs.
Ici une conférence assez récente de Marc Dufumier sur l’agro-écologie scientifique et là une autre intervention de lui, toujours récente mais plus courte.
En 2016, toto était revenu au Salon de l’Agriculture et il avait été stupéfait d’avoir à photographier le stand du Ministère de l’Agriculture (qui promouvait l’agro-écologie et l’agro-foresterie) sous haute surveillance ; il avait été détruit le matin même de l’ouverture du Salon par des membres du syndicat de la FNSEA. Vers la fin de son mandat, le 13 février 2017, le Ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll revient sur son action et sur ce moment particulier.
Si nous relatons cet incident, c’est que nous sommes bien conscients que l’agro-écologie peut provoquer de fortes réactions chez certains ! Cependant c’est une vision à long terme de l’agriculture française et aussi mondiale qui est posée sur la table depuis des années alors qu’en ce moment, à la radio, TV et sur internet, on entend très souvent des personnes déplorer l’absence de plans pour l’agriculture.
À notre humble avis, si c’est encore possible et audible de nos jours, cette proposition d’agro-écologie scientifique (qui dans la décennie précédente faisait se déplacer les foules pour assister aux conférences) mérite d’être prise en considération à nouveau. Elle pourrait être une des sources d’inspiration pour inventer un nouveau modèle plus viable pour les agriculteurs, plus soutenable pour l’environnement et plus adapté aux effets du changement climatique.
Ici la dernière tribune de Marc Dufumier parue dans Le Monde pour être discutée et débattue sérieusement.
Pour terminer, voici une série d’émission radio qui fait le tour des révoltes agricoles européennes et une autre série qui retrace une histoire de l’évolution de l’agriculture en Europe, de la Rome antique à nos jours !
Une bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
Greta Thunberg, venue soutenir les oposants à l'A69, lors de l'interview par les médias des défenseurs du climat de la délégation internationale. Ça se passe juste après la conférence de presse dont ils étaient les derniers intervenants, après 5 habitants de la ZAD Crem'Arbres et le collectif La Voie est libre qui résistent contre ce projet d'autoroute entre Toulouse et Castres. Premier jour du week-end de mobilisation « La Cabanade contre l’A69 ». Saïx, Département du Tarn, Région Occitanie. France - 10 Février 2024.
Bonjour,
Cette quinzaine, il était prévu de vous parler dans ce blog de l’Espagne et du Chili. Mais une visite, samedi 10 février, a bouleversé nos plans. Nous ne pouvons ignorer la venue de Greta Thunberg, accompagnée d’une délégation internationale d’activistes climatiques, sur le chantier de la construction de l’autoroute A69 à Saïx, près de Castres, dans le Tarn.
C’est vrai que, pour cette lutte, nous n’avons pas pu nous investir pour la documenter (faute de temps et de moyens) comme nous l’avions fait à Sivens (voir ici les reportages) il y a presque dix ans maintenant, toujours dans le Tarn. Tout juste avons nous documenté la manifestation qui avait réuni entre 4 500 et 8 000 opposants au projet de l'autoroute Toulouse-Castres le 22 Avril 2023 (cf Post du 30 avril 2023 sur notre blog). Toutefois, bien sûr, nous suivons attentivement via la presse le développement de cette histoire.
Donc samedi matin, Toto, dans la petite revue de presse qu’il fait généralement accompagné de son premier café, a appris que Greta était annoncée à Saïx ce jour même.
Était-il possible de l’avoir photographiée à Katowice en 2018 (COP 24) alors qu’elle commençait à peine à être connue, puis à Madrid en 2019 (COP 25) alors qu’elle était devenue une icône mondiale, et enfin l’année suivante à Glasgow (COP 26) et de ne pas se rendre à une cinquantaine de kilomètres de notre camp de base ? À chaque fois, pour ce que nous avons vu, nous avons trouvé son comportement impeccable. À notre humble avis, quoi qu'on en dise elle restera comme une personnalité marquante de ce nouveau millénaire dans les livres d’histoire.
Mais comment faire ? Y aller à vélo risque de nous faire arriver trop tard. Après quelques coups de téléphone, la solution trouvée est la voiture des voisins (Merci à eux !). Alors, c'est le branle-bas de combat. Même s'il pleut des cordes, une poignée de céréales est ajoutée aux bols en plus des tartines, un demi pain est glissé dans le sac avec une bouteille d'eau et nous voilà partis.
C’est un peu avant midi que nous approchons du lieu. De loin déjà on sent l'odeur des gaz lacrymogènes et la présence des gendarmes nous confirme que nous sommes bien sur le bon chemin.
D'après les nouvelles, la conférence de presse a été retardée à cause de barrages de gendarmes qui bloquaient les routes. Ces derniers surveillent la route et la voie ferrée dont la circulation entre Toulouse et Mazamet a été interrompue pour le week-end, durée de la mobilisation baptisée « La Cabanade contre l’A69 » (construction de cabanes). Elle est interdite par la préfecture qui précise qu'elle est autorisée sur un terrain privé avec l'accord du propriétaire ; ce qui est le cas ici dans cette ferme.
C'est à midi et quart que nous atteignons le "hangar vert", sans gaz et protégeant de la pluie. Une bande rouge et blanche (rubalise) sépare les outils agricoles et le fourrage de la zone de réunion. Sur cette délimitation, un drapeau jaune de la Confédération paysanne et plus tard on aperçoit celui d'Extinction Rebellion avec son sablier sur fond vert perché sur l'épaule d'une manifestante. Quelques personnes mordent dans leur sandwich ou mangent dans leur tupperware en écoutant la conférence de presse qui a commencé.
Sur une remorque-estrade, 5 habitants de la ZAD aux visages masqués (pour raison de sécurité et pour éviter la personnalisation du mouvement qui se veut horizontal, expliquent-ils) donnent des nouvelles de la lutte et répondent aux questions. Ils sont encadrés de sculptures en papier mâché (c'est la période de Carnaval) : un écureuil symbole de la lutte à gauche et de l'effigie du président Emmanuel Macron à droite.
Ils nous parlent des militant qui ont été arrêtés et qui sont sous contrôle judiciaire car les procès ont été reportés. Il n'y a pas de procureur nommé à Castres ce qui empêche et ralentit les procédures. Avec leurs masques en carton (certains à l'image d'animaux), ils sont parfois presque inaudibles sauf celui qui glisse le micro dessous. L'un nous fait rire car les trous pour les yeux sont mal positionnés et il n'arrive pas à lire le texte sur son ordinateur qu'il tient en l'air à bout de bras.
Les intervenant suivants sont ceux de "La Voie est libre" avec gilets verts imprimé d'un poing levé. Nous apprenons que 4 recours n'ont pas été jugés. Une nationale c'est 8 000 voitures par jour, une autoroute 25 000. Ce n'est pas un milliard que coûterait l'aménagement de la voie ferrée, c'est une dizaine de millions. Large de 6 mètres, on peut la doubler pour que les trains puissent se croiser.
Puis c'est le tour de la délégation internationale : un Espagnol au tee-shirt "futur végétal", une Belge qui nous raconte que dans son petit pays ils ont réussi à construire 150 000 km de routes, soit de quoi faire 4 fois le tour de la Terre, un Suédois, une Suédoise, Greta Thunberg qui reste silencieuse sur scène (dans son blouson rose et avec un keffieh palestinien autour du cou), sa seule présence étant un soutien de poids.
Lorsqu'ils descendent de scène, les caméras et micros se précipitent sur eux et les entourent alors que la fanfare se met à jouer. Un garçon d'un dizaine d'années grimpe sur les tables et se met à rapper au micro avec ce refrain : « Aaaaa 69, on n'lâchera rien, on n'en veut pas, c'est pas du bluff. »
Malgré un environnement bruyant, les interviews se terminent. Greta Thunberg dont la parole est guettée s'est exprimée face aux caméras, qualifiant de « folie » ce projet d'autoroute.
Pour illustrer ce post, nous avons choisi de présenter ce diptyque où Greta et la délégation internationale sont assaillis par les tv, radio, photographes (dont nous !) et curieux armés de smartphones. La photo de gauche, elle regarde la pancarte brandie par Jean-Baptiste Reddé dit Voltuan, très souvent présent dans les luttes sociales et environnementales et maintes fois photographiée par le passé en France comme à l'étranger. La photo de droite montre le caractéristique attroupement stressant autour de Greta ainsi que Voltuan de dos, en blanc, qui brandit sa pancarte au lettrage multicolore qui fait sa signature. Il a fait un jeu de mot avec Delga et dégâts. (Delga, le nom de la Présidente du conseil régional d’Occitanie qui soutient le projet d’autoroute) ; l’autre côté de son panneau était écrit : « Stop à L'A69 ! ».
Dehors, une grande tente blanche propose (contre un don à déposer dans une boîte en fer blanc) une assiette garnie : tartine d'houmous, semoule, légumes et pois chiches. Dans la tente verte voisine, on lave soi-même son assiette vidée et sa cuillère. À l'arrière de ces tentes, 5 toilettes sèches et plus loin dans le champ, une quarantaine de tentes de campeurs sont installées. Au bout du champ vers lequel tout le monde se dirige, on entend les cris et chants des manifestants et on aperçoit les silhouettes des gendarmes.
En se rapprochant, on voit les cabanes perchées dans les arbres jouxtant la voie ferrée. La fanfare joue à deux reprises "Les rois des platanes", l'emblématique chanson de cette lutte tandis que des personnes vêtues de noir et munies pour certaines de raquettes de tennis se tiennent à une dizaine de mètres des gendarmes positionnés près de la voie ferrée.
Il y a un panneau planté indiquant qu’il est interdit de photographier : « On est un lieu de vie Merci de le respecter. Pas de photo » et un couple de retraités a dû effacer les photos ou la vidéo qu’il venait de prendre à la demande d’un jeune homme cagoulé. Alors nous n’insistons pas. Du fait de la venue de Greta, beaucoup de photographes, de vidéastes, d’équipes de télévisions (TF1, Quotidien…) ont fait le déplacement alors qu’allons nous ajouter de plus ? S’attacher à bien photographier la conférence de presse et les prises de parole ensuite, comme celle de Thomas Brail devant les caméras, suffira pour nos archives.
De retour sous le "hangar vert", au pied de l'estrade, on défait des palettes et on construit des structures de cabanes ou de barricades ? Sur la table du fond, on propose des crêpes contre des dons, à une autre table des productions artistiques, et bien sûr à l'entrée se trouve l'habituelle table des livres, revues, magazines, dossiers hors-série et prospectus (les uns expliquant la lutte actuelle, les autres différentes luttes et les prochains événements à venir).
Un grand carton appuyé sur l'estrade indique :
- Propose ton activité :
Je viens d'arriver avec 30 planches et du câble
- Prioritaire
Construction de barricade à l'entrée de la ZAD / faire une jolie vigi
- À 16h
Cuisine pour découverte de plantes comestibles avec Grenouille Volante (le didgiridoo annoncera le rassemblement pour cette animation)
- 15h :
Chantier de dépalettage
Atelier Théâtre d'impro
Table ronde
Discussion sur le soin
Nous quittons les lieux vers 16h (ce soir, comme le samedi précédent nous sommes invités à manger et nous avons prévu de préparer un dessert !). Sur le trajet, nous croisons une dizaine de personnes qui arrivent avec des paquets de planches dans les bras, sur l'épaule, sur des diables. La « Cabanade » va encore se poursuivre demain.
Le lendemain Greta et la délégation internationale sont attendues à Bordeaux pour participer à une manifestation contre le projet de huit nouveaux forage de puits de pétrole dans la forêt de La Teste-de-Buch, près d’Arcachon en Gironde.
Pour aller plus loin, quelques liens :
- Le site des opposants "La voie est libre" au projet d’autoroute Castres-Toulouse.
- Ici et là, deux résumés de la journée.
- La réaction de Christophe Ramond, Président du Conseil départemental du Tarn, dans une interview de Sud RADIO.
- La polémique lancée par un député sur le moyen de transport employé par Greta Thunberg pour venir à Toulouse.
- Et la dernière tribune en date contre l’A69, signée par plus de 500 soignants.
Bonne quinzaine à vous !
Hélène et Thomas
Manifestation et prise de parole lors d'une mobilisation nationale pour faire pression avant la décision du Conseil constitutionnel sur la loi immigration. « Une OQTF pour Darmanin ». Une OQTF (l'obligation de quitter le territoire français) est une mesure administrative délivrée par la préfecture et Gérald Darmanin est l'actuel ministre de l'intérieur qui a défendu ce projet de loi. Devant la préfecture d'Albi, Tarn. France - 21 Janvier 2024.
À notre retour d’Espagne fin décembre, de passage à Toulouse nous avons eu le temps de saluer deux amis qui travaillent dans le centre-ville.
L’un d’eux, copain d’adolescence, nous a apostrophés ainsi en nous retrouvant place Arnaud Bernard :
- Vous êtes au courant que vous êtes revenus dans un autre pays que celui que vous avez laissé en partant ?
- Euh, non, tu sais, cela fait presque deux semaines que l’on circule à l’ancienne, sans connexion internet.
- Je suis bien content de vous revoir, en direct comme on dit, avec vos vélos et sacoches.
En nous guidant vers un bar du quartier, il s’est empressé de nous faire le topo des derniers événements politiques relatifs à la loi immigration. Le vote de cette loi avec les voix du RN venait juste d’avoir lieu.
Bienvenue en France ! Depuis quatre mois environ nous n’avions pratiquement pas eu de discussions politiques sur l’actualité et, pour être honnêtes, on ne peut pas dire que cela nous avait manqué.
Les jours qui ont suivi, comme à chaque fois après un retour de voyage, on a pris le temps de regarder tout ce qui s’est passé en France, dans le monde, dans la vie culturelle. Donc la guerre en Ukraine, la guerre Israël-Hamas, la guerre économique mondiale, etc. et puis la loi immigration votée dans des conditions préoccupantes pour ne dire que cela.
Le dimanche 21 janvier au matin, nous avons décidé de prendre une après-midi off dans notre travail de tri des photos de la péninsule ibérique. Nous tenons à aller documenter la manifestation qui a lieu à Albi, lors d’une mobilisation nationale pour faire pression avant la décision du Conseil constitutionnel sur cette triste loi, le jeudi 25.
Depuis des années maintenant (2012), nous avons entamé un travail sur le FN (devenu RN). Suivre cette manifestation est un continuum de ce sujet.
Pour ceux qui comme nous auraient manqué des épisodes de cette histoire de loi immigration : Ici un résumé. Là la décision du Conseil constitutionnel et enfin un débat TV et un débat radio après le rendu de la décision.
Enfin, sur un autre thème qui concerne notre travail, nous avons été attentifs aux interventions médiatiques de Jean-Baptiste Fressoz. Depuis des années nous suivons, entre autres chercheurs, cet historien des sciences, des techniques et de l’environnement qui vient de sortir un nouveau livre. Voici la dernière interview de lui que nous venons d’écouter et elle nous donne du grain à moudre.
Bonne quinzaine à vous,
Hélène et Thomas
PS : Ce début janvier a aussi été marqué en France (comme dans beaucoup de pays en Europe) par la mobilisation des agriculteurs. Pour l'instant, nous avons décidé de ne pas la documenter, faute de moyens et de temps pour faire un travail un tantinet sérieux. Nous en avons déjà photographiées à maintes reprise par le passé, en France et même une fois devant les locaux de la Commission européenne à Bruxelles en 2015 où des affrontements avaient eu lieu.
Bonjour,
Le retour à notre vie française s’est bien passé.
Habituellement, c’est au moment où l’on retrouve nos pénates que nous tombons malades, mais ça n’a pas été le cas cette fois-ci. Dormir à nouveau au chaud dans un lit et surtout ne pas avoir à changer de lieu tous les jours fut bien agréable. Comme toujours, rallumer le poêle, mettre en marche la chaîne hi-fi et ressortir les instruments de cuisine est un grand plaisir.
Billie, notre voisine féline, nous a fait la fête et depuis nous colle assurément. Au début, on ne pouvait pas sortir dehors sans l’avoir dans nos pattes ! Elle ne manquait pas de nous accompagner lorsque nous allions scier du bois ou chercher des légumes dans le jardin comme des choux (rouges ou verts), des poireaux, du céleri, des blettes, de l’oseille, du brocolis.
Côté jardin encore, récemment nous avons planté la dizaine de boutures de cassissiers qu’un jardinier nous a offert. Et dans quelques semaines, nous sèmerons des graines que nous avons ramenées du Portugal.
Bien entendu, on n’a pas trop traîné pour attaquer le tri des dernières photos. Le premier jour, on n’a pas fait plus d’une heure « d’éditing » avant que la concentration nous quitte et que nos yeux se mettent à clignoter.
Maintenant c’est bon, on a retrouvé un bon rythme de croisière. En plus, on a même pu ouvrir les livres que l’on vous présente aujourd’hui pour illustrer ce post. Durant les quelques mois qui nous séparent d’un nouveau départ, normalement pour le Royaume-Uni, on s’est dit qu’on allait préparer le voyage en lisant.
Si vous avez des idées pour augmenter la petite bibliographie, n’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions !
Bonne quinzaine à vous,
Hélène et Thomas
Bonjour,
Pour accompagner nos vœux cette année, nous avons choisi de laisser tranquille la Billie (Ze cat) et de vous présenter à la place notre "butin" d’Espagne et du Portugal.
Ce sont les cadeaux que nos hôtes ont tenu à nous offrir, bien souvent le matin, juste avant que nous reprenions la route. Nous en avons seulement refusé un : un almanach de pompiers des plus volumineux contenant probablement les photos de toutes celles et ceux ayant un jour appartenu à la brigade !
Blague à part, encore une fois un grand Merci à toutes les personnes qui ont facilité notre périple dans la péninsule ibérique.
Une belle et bonne année à tout le monde !
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
Hélène sur le chemin du retour à Roncevaux et près de Logroño. Espagne - Décembre 2023.
Bonjour,
Le périple en Espagne et au Portugal, première étape du tour d’Europe que nous comptons faire, est terminé. Nous sommes revenus à la casa en temps voulu, c’est à dire suffisamment tôt pour passer les fêtes en famille et par là même ne pas se faire engueuler par les Mamas !
Le dernier tronçon, à partir de de Reinosa, nous l’avons parcouru à l’ancienne. Comme l’écran de notre téléphone a lâché, nous avons ressorti de nos sacoches la carte IGN de la péninsule ibérique pour ne pas se diriger à l’aveugle. À vrai dire, c’était plutôt agréable et cela nous a fait gagner du temps. Le seul inconvénient était de ne plus pouvoir communiquer bien sûr mais aussi pour se renseigner. Par exemple afin de savoir quels étaient les refuges de pèlerins encore ouverts en cette saison.
Les journées furent souvent super ensoleillées mais très fraîches. Les températures ont rarement dépassé les 12 degrés et la nuit nous étions parfois largement en dessous de zéro. Le matin, lorsque nous nous faisions éjecter des « dormitorios » (dortoirs) des auberges, généralement dès les 8 heures, une fois sur nos vélos, le gel piquait dur à travers nos gants. Il faut dire que Reinosa est considérée comme la deuxième ville la plus froide d’Espagne après Teruel et qu’à Logroño, au bord du fleuve Èbre, il caille vraiment.
Dans ces deux villes ou pas très loin, nous avons fait deux merveilleuses rencontres.
- La première, fut pas très loin des lacs artificiels de Alsa et de Mediajo. Nous nous étions déroutés là pour documenter le système hydraulique hyper compliqué (même un ingénieur pourrait y perdre son latin !) qui permet notamment de transférer à la demande de l’eau du barrage Èbre à la région côtière de Cantabria, très fréquentée l’été.
La veille, nous avions vu le barrage de l’Èbre et Rosa, notre hôte d’Arroyo, nous avait indiqué ce système de « bitrasvase » (système qui permet d’envoyer de l’eau aussi bien dans un sens que dans l’autre, contrairement au canal Tajo-Segura) à photographier, de l’autre côté du barrage, à 9 km sur la carte et qui devenaient 27 km par la route, avec à nouveau un passage à Reinosa.
Nous pensions en avoir fini en début d’après-midi mais un rendez-vous manqué à une cabane (et le temps perdu à se retrouver) a fait que nous étions encore sur place vers les 16 heures. Pas le temps de remonter la côte très pentue jusqu’à Reinosa, il faut se décider à passer la nuit sur place. Nous nous dirigeons vers le tout petit village de San Miguel de Aguayo qui est tout proche.
Un couple promène son chien le long du ruisseau. Sans grand espoir, nous nous présentons et leur demandons où nous pourrions dormir à l’abri du vent avec notre tente. Bruno et Naomi nous répondent : « Chez nous si vous voulez, nous avons une chambre avec des lits. » Quoi ! Nous sommes éberlués, avons-nous bien entendu ? Ce genre de réponse fut tellement rare en Espagne.
Les bonnes surprises ne s’arrêtent pas là. Nous les suivons et pour nous aider dans notre travail, Bruno nous propose de nous monter en voiture au dessus du lac et de nous montrer en haut du village le tunnel qui amène l’eau du barrage de l’Èbre. Rentrés à la tombée de la nuit et après une douche et le linge qui tourne dans la machine à laver (la dernière fois était à Tordesillas nous semble-t-il) puis dans le séchoir, nous mangeons avec la famille.
Les enfants vont rapidement au lit car il y a école le lendemain. La maison regorge de livres, ils nous montrent ceux qu’ils aiment et qui sont en relation avec le voyage, nous parlons d’écrivains voyageurs, de leur travail, du nôtre et de notre prochain projet de reportage au Royaume-Uni l’année suivante.
Le soir, avant d’éteindre, Toto regarde le portable pour avoir le plaisir de lire la traduction que Jim a fait de notre dernier post. Et là patatras ! l’écran s’éteint d’un coup. Entre l’énervement du début de journée et ça, la nuit est difficile malgré l’accueil de rêve que nous avons reçu.
Au matin, Bruno cherche un moment une solution pour réparer ou remplacer le téléphone portable tout en préparant le petit déjeuner. Puis, très réactif, il nous imprime la carte du trajet qu’il nous reste à parcourir avec des étapes de 70 km environ.
Une copie d’écran de notre itinéraire est envoyée à Jim pour un prochain post, qui expliquera, sur notre blog, que nous n’avons plus de téléphone portable et donc plus de connexion internet ni de possibilité de communiquer.
- La seconde bonne rencontre fut à Logroño.
Pour Toto, c’était son troisième passage dans cette ville ouvrière du nord du pays et, hormis la rencontre de la jeune Canadienne il y a deux mois environ (cf post du 28 octobre), nous n’en gardions pas de souvenir impérissable. Comme la nuit s’annonçait glaciale (- 4 ou moins encore), nous nous sommes dit que retourner au camping du bord de fleuve comme la dernière fois n’était sûrement pas une idée des plus brillantes. Essayer cette fois-ci les "dormitorios" de pèlerins (maintenant que nous y somme habitués) ne serait peut-être pas du temps perdu.
Dring ! « Bonjour, nous souhaiterions dormir chez vous, mais nous voudrions savoir à combien est la nuitée car c’est la fin du voyage et nous n’avons plus trop de sous. »
Étonnement en face : - « Mais… c’est gratuit. »
Ici, on inscrit soi-même son nom, prénom et numéro de carte d’identité sur le registre et pour le coup de tampon sur le livret ? « On verra ça plus tard. » Et tout comme à Zamora et Ricobayo, on donne ce qu’on veut d’euros pour la nuit passée. Par contre, Roberto nous demande si on veut bien partager un repas avec eux à 20 heures (nous avons vu le panneau qui interdit de manger dans le dortoir) et nous cochons la case "dîner" avec enthousiasme.
Le temps de déplier le drap et la taie du pèlerin, d’ouvrir notre sac de couchage, préparer nos affaires de douche et de nuit (crème de massage pour les muscles et articulations) et de nous présenter à notre voisin de lit, un Sud-Coréen ! Ils sont étonnamment très nombreux sur le Chemin de Compostelle, à cause, nous a t-on dit, d’une journaliste du pays qui a partagé son expérience positive sur le Camino de Santiago.
Notre pèlerin asiatique souffre d’une blessure sévère à un orteil, probablement due aux frottements lors de la marche et à des chaussures trop petites. Le marcheur allemand qui nous rejoint et qui a une grande pratique du Camino lui conseille de faire une pause d’un jour et d’aller en consultation médicale pour se faire soigner. Mais notre boîteux ne veut pas en entendre parler, pas question de s’arrêter. Il faudra l’intervention d’une "Hospitalero" (personne qui aide bénévolement à l’accueil), infirmière de profession, pour le faire changer d’avis après un bain de pied au bicarbonate de soude qui le soulage un peu.
À 20 heures, Roberto vient nous chercher et nous nous jetons sur la salade verte composée, enfin une salade ! Une cocotte de lentille suivra avec du vin rouge et des biscuits. Puis surprise ! La Confrérie de Notre Dame de l’Espérance (une église que nous avions photographiée la dernière fois, lorsque nous arrivions du Delta de l’Èbre) déboule avec une énorme gamelle de chocolat chaud crémeux qu’ils transportent à deux : cadeau pour les pèlerins !
Après le repas très agréable au cours duquel nous avons enfin appris le Chant du Pèlerin : « Ultreia, Ultreia, Et suseia, Deus, adjuva nos ! », c’est le moment du "sello" (coup de tampon sur notre livret de marcheur). À l’église où nous nous rendons, guidés par notre hôte dans un dédale, Roberto nous enseigne entre autres choses comment se lit un retable (verticalement et non horizontalement).
Nous retrouvons là la Confrérie de tout à l’heure, en effervescence à la veille de la fête de demain. On décore des supports d’œillets rouges et blancs, on lustre au chiffon la statue de la Vierge à l’enfant qui sera promenée, déjà positionnée sur une sorte de brancard. Dans les rues, il y a des bandas et des groupes de gens qui chantent.
Durant cette halte, grâce à Roberto, nous avons pu nous approcher de l’esprit "old school" du Camino, loin de celui que nous avons parfois trouvé dans les "Albergues de peregrinos" (plutôt des auberges de jeunesse 2.0) avec des pèlerins modernes (en fait de simples randonneurs souvent friqués avec un téléphone portable greffé à la main).
Dans les jours qui viennent, nous allons nous reposer, mais pas trop ! Si on veut repartir sur la route au mois de mai pour la deuxième étape du tour d’Europe, cette fois-ci au Royaume-Uni, il ne va pas falloir chômer. D’abord, trier toutes les photos que nous avons collectées ces presque 4 derniers mois et les organiser pour monter les reportages. Et puis aussi, réfléchir un peu à ce que l’on va bien pouvoir documenter chez les sujets de sa majesté Charles III. D’ailleurs, si vous avez des idées ou des adresses, nous sommes preneurs.
« Muchas gracias », « Obrigado » à toutes les personnes qui nous ont donné la main durant les 11 000 km que nous avons parcourus ces deux dernières années dans la péninsule ibérique.
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
PS : Le titre du post nous a été donné par une chanson du très regretté JLM, qui nous a quittés cette année.
Thomas et Hélène ont perdu leur téléphone, ou plutôt il est cassé. Cela signifie qu'il n'y aura plus de messages sur ce blog jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux.
Ils me demandent de poster ce message et d'exprimer leurs regrets à ceux qui suivent leur périple.
À ma connaissance, ils sont en bonne santé et devraient arriver chez eux pour Noël.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous ceux qui sont attentifs aux pérégrinations de nos photographes.
Jim Latteier (gestionnaire du site)
Statue de la Vierge sur le lieu de naissance de l’Èbre. Elle a été offerte par des cyclotouristes qui ont fait le même trajet que nous (mais dans l’autre sens), en suivant le fleuve de sa source ici jusqu’à son embouchure dans le Delta de l’Èbre. « En hommage à la Vierge du Pilar, le groupe cyclotouriste Sidenor (Reinosa) organise sa première randonnée Fontibre - Deltebre. Août 1998 » Fontibre. Municipalité de Hermandad de Campoo de Souso, Province de Cantabrie, Communauté autonome de Cantabrie. Espagne - 9 Décembre 2023.
Holà,
C’en est fini des odeurs des olives mûres dans les champs et provenant des camions qui nous doublent ainsi que de celle du vin qui fermente lorsque nous passons devant les caves, des kakis qui flamboient dans les jardins, des orangers qui deviennent de plus en plus oranges, des citronniers au parfum de tarte au citron et des camionnettes aux remorques chargées à ras bords des récoltes d’olives familiales. Grand merci à Francisco, Gina et Guida au Portugal qui, pour notre pause de midi, nous ont fait déguster leurs olives et vin faits maison accompagnés d’une grosse tranche de pain.
Depuis, nous avons retrouvé les forêts d’eucalyptus, puis énormément de maïs dans la province de Zamora (Espagne). Les températures ont bien baissé aussi et nous sortent d’une semaine avec des -2, -3 degrés. Les problèmes dûs aux mains et pieds mouillés sont revenus mais nous nous préservons au maximum et gardons le moral.
Lors de notre journée de visite de Porto, et surtout de l'embouchure du Douro, nous avons eu l'agréable surprise de faire la rencontre de 3 jeunes Bretons, 2 garçons et une fille. Partis de Vannes 4 jours plus tôt, avec dans l'idée de rejoindre l'Amérique du Sud, ils étaient venus amarrer leur petit voilier au quai où l'on trouve plus facilement des rabelos, ces fameux bateaux qui acheminaient jadis les barriques de vin de Porto et qui maintenant transportent des grappes de touristes.
" Normalement c'est interdit mais on a lu qu'au pire la police nous demandera de partir, alors on est là, on profite de la très belle vue avant de filer demain vers l'île de Madère."
Parler avec eux, les regarder de loin tout absorbés par la lecture du Comte de Monte-Cristo nous a rappelé nous, plus jeunes. Voyager un peu dans le sillage de gens comme Bernard Moitessier était notre rêve, jusqu'à ce que Toto fasse une expérience, de 3 semaines de mer par temps difficile, qui lui a fait réaliser qu'il ne serait jamais tout à fait un marin. Il a aussi compris qu'en plus de coûter cher (achat, réparation, frais portuaire), avec un voilier il était quand même assez difficile lorsqu’on est à l'étranger de partir librement visiter le pays. Naviguer sur les bateaux des autres lui a paru alors une bien meilleure option.
Pour la petite histoire, c'est peu après cette croisière des plus exigeante que, grâce à Thierry, un ami cycliste belge qui venait de traverser le continent américain (de l'Alaska à la Terre de Feu), nous avons envisagé des périples à vélo, puis toujours grâce lui que nous en avons achetés et donné nos premiers coups de pédales comme cyclo-touristes en Floride
Rencontrer, même brièvement, ces jeunes gens nous a fait du bien. En prenant de l'âge, il se peut que nous nous ramollissions, ou du moins que l'on trouve plus dur des choses que nous faisions sans rechigner par le passé. Eux partaient pour une grande traversée. Nous aussi, nous allons concevoir notre retour à la maison un peu pareil.
Après tout, il y a bien des similitudes entre le cyclisme et la navigation. L’importance d’avoir le vent avec soi, de se fixer un cap (avec parfois la nécessité de se dérouter), la résilience nécessaire face aux intempéries comme les gros grains, la frustration quand ça n’avance pas et le plaisir quand tout roule, l’absence de beaucoup de confort, des menus pas vraiment gastronomiques, la gestion de la fatigue et du matériel même si sur ce point c'est tout de même un brin plus facile à réparer et bien moins onéreux qu'un démâtage !
Dernièrement, la miss a explosé sa roue arrière : un décollement de la jante, du jamais vu ! Ça s’est passé entre Ferreira et Barrosos au nord du Portugal. Les freins faisaient boum là où le métal s’était soulevé. Pascal et Paõlo ont bien essayé de nous aider. Mais la roue que Paolo avait dans son atelier n’était pas compatible avec la cassette. Dirigés vers Barrosas puis vers "Unibike", nous avons dû rouler jusqu’à Amarante pour trouver enfin, nous déroutant ainsi au sud, zut ! La difficulté était que nos roues sont d’un diamètre classique de 26 pouces, de plus en plus obsolète.
L’an passé déjà, en Espagne nous avions galéré pour dégoter un pneu de bonne qualité de cette taille. Maintenant on trouve plus facilement du matériel pour des roues de 27,5 ou 29 paraît-il. C’est pourquoi un vendeur nous a suggéré récemment de songer à changer de bicyclette !
Par contre, parmi les choses qui diffèrent beaucoup on peut dire que sur un bateau on a généralement beaucoup de temps pour lire. Circuler à vélo comme nous le faisons, avec en plus le souci de faire des reportages photos, ne nous laisse guère le temps ou l'énergie de nous cultiver. Déjà écrire ces petites notes pour le blog, c'est parfois compliqué.
Depuis l’avarie de la roue nous avons bien avancé. Débarrassés de tout objectif à visée photographique (il n’y avait pas de fleuve à suivre sur cette portion de trajet) nous avons pu rouler plus chaque journée, d’abord sur la Nationale 2 au Portugal, ensuite un peu à travers la Galice puis la Castille-et-Léon pour atteindre finalement Fontibre dans la province de Cantabria.
Bonne nouvelle : le physique a tenu, pas d’énième tendinite à l’horizon.
Sur le parcours, nous bénéficions de quelques encouragements bienvenus, comme Ruth et Alberto qui nous invitent à nous réchauffer d’un café au lait avec "tostadas con aceite" alors que nous prenions une photo devant leur maison.
Une fois à l’intérieur, nous faisons la connaissance du reste de la famille et nous sommes autorisés à photographier l’origine de la chaleur qui règne : « la gloria », un système de chauffage par le sol alimenté par un feu de bois "souterrain". L’invention serait romaine et eux ont toujours vu leurs ancêtres procéder ainsi. Les maisons de la région de Palencia seraient pareillement équipées.
Maintenant, il ne nous reste plus qu’à suivre l’Èbre jusqu’à Logroño (la ville où nous l’avions laissé il y a un mois et demi environ) puis franchir pour la dernière fois les Pyrénées. Si la météo le permet, le plus court sera de passer par Pampelune et Saint-Jean-Pied-de-Port. Sinon il faudra aller à Irun ce qui nous rallonge de pas mal le chemin vers nos pénates. "A Ver" (voyons) donc si nous allons avoir de la chance !
Suerte à vous aussi,
Hélène et Thomas
Hélène dans les rues de Porto. Portugal - 26 Novembre 2023.
Bom dia,
Ce samedi 25 novembre, c'est sous un soleil voilé que nous avons atteint Porto, la capitale de la région nord du Portugal. C’est le week-end et la ville est à "topé" de touristes qui manifestent une certaine euphorie à déambuler ici. Il semblerait que ce soit "the place to be". Ils sont légion les selfies et les petits sacs contenant le fameux achat : le porto.
Beaucoup de Portugais que nous avons rencontrés sont très fiers de cet afflux de touristes venus de partout. Dans leurs propos, ils mettent souvent en avant l'absence notoire de problème de sécurité, la gentillesse de la population et des prix attractifs.
Après Valladolid, on va dire que la deuxième partie de la descente du fleuve Duero (Douro au Portugal) a été bien plus agréable car le beau temps était de la partie. Pendant un bon moment, on a été à cheval entre l'Espagne et le Portugal (un peu désorientés par le décalage horaire d’une heure entre ces deux voisins) car le Douro est une frontière naturelle.
Du coup, on a sauté d'un pays à l'autre en fonction des choses à voir comme des grands barrages qui nous ont parfois donné le vertige : celui d'Almendra ou celui d'Aldeadávila vu d'une étroite passerelle, encastré dans les canyons de Las Arribes. Près de ce dernier, les locaux nous ont indiqué qu'ici ont été tournées des scènes des films du Docteur Jivago (à nouveau !), de Fast and Furious, de Terminator et d'un James Bond.
Ensuite, à partir de Barca d'Alva, on a entamé la descente vers Porto en empruntant la Nationale 222 (considérée par certains comme la plus belle route du monde) puis, sur la fin, la Nationale 108. Toutes deux ne s'éloignent pas souvent du fleuve, serpentent parmi les célèbres vignobles du Haut Douro classés au Patrimoine mondial qui produisent "vinho verde" et Porto. Nous avons pu ainsi voir quelques unes des écluses qui assurent la navigation sur le fleuve Douro, dont celle de Carrapatelo présentée comme la plus haute d'Europe avec 36 mètres de dénivelé.
Pour autant, ce ne fut pas toujours une partie de plaisir du fait du parcours plus que vallonné.
Le soir heureusement, nous avons pu bien nous protéger de l'humidité et nous reposer dans les casernes des pompiers. Ici, comme au Chili, les unités fonctionnent avec des professionnels et des volontaires. Du coup, ils sont habitués à recevoir du monde et ils disposent de locaux appropriés. Lorsqu’on nous a appris qu'il y avait une très forte collaboration entre ces deux pays, notamment dans le pilotage des hélicoptères pour combattre les incendies nous n'avons pas été surpris.
À notre avis, ce mix entre volontaires et pro est une bonne idée. Cela crée des liens sociaux et une bonne implantation locale. On se souvient qu'un soir à Antofagasta, au Chili, alors qu'il y avait des troubles (émeutes, barricades), les gens nous avaient dirigés vers la caserne des pompiers : "Là-bas vous serez tranquilles ; les manifestants ne s'en prendront jamais à eux."
Aussi, pour avoir des conseils sur les choses à voir en relation avec notre travail et sur quelle route suivre : c'est top ! Merci à Rui, Sonia, Filipe, Rui, Clotilde, Vera, Pedro, João, Octávio, Leonardo, Dinis, Miguel, Eduardo, Sílvia, Tiago, Domingos, Vitor, Jorge, Antonio et à tous les commandants .
Sinon, on n'a jamais vu autant de voitures Tesla (communes et laides) que sur la N222, dans les vignobles des vins de Porto. Pourtant, on dirait que son patron Elon Musk ne gaze pas trop en ce moment et oncle Neil a dû se fâcher !
Allez, on vous laisse pour ce soir. La fatigue est là après les 3 300 km que l'on vient de se taper. Demain, on va prendre la journée pour découvrir un peu Porto en restant près de l'embouchure du fleuve.
Et lundi si tout va bien, on met les bouts. Direction le nord du pays, puis Fontibre en Espagne où se trouve la source du fleuve Èbre, et enfin retour au bercail. Espérons que le vent nous poussera un peu !
Bonne continuation à vous,
Helena e Tomás
Peinture murale sur le Traité de Tordesillas dans une rue du centre-ville. Voici un mot sur cette œuvre trouvé sur le Parcours d’art urbain de Tordesillas : « LA RÉPARTITION de Sandra Estarrona et Oier Quesada, Vitoria (2013). Pachamama, déesse indigène de la terre, pleure la division des territoires découverts. Emplacement : rue Santa María ».
Hélène devant le Musée du Traité de Tordesillas. À l’entrée, une plaquette intitulée « Tordesillas un lieu privilégié » et distribuée par l’Office du Tourisme de la ville, nous apprend ceci à propos du traité : « Le 7 juin 1494, dans la ville de Tordesillas, un accord a été signé entre les royaumes de Castille et du Portugal qui établissait les limites correspondant à chaque couronne des terres américaines déjà découvertes ou à découvrir. L'accord, connu sous le nom de traité de Tordesillas, trace une ligne imaginaire divisant l'Atlantique, d'un pôle à l'autre, à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert, laissant l'hémisphère occidental à la Castille et l'hémisphère oriental au Portugal.
Ainsi, grâce à la médiation du pape Alexandre VI, les Rois Catholiques et le roi Jean II du Portugal sont parvenus à un accord sur les conquêtes que chacun de leurs États pourrait faire sur le monde nouvellement découvert. Cet accord a permis d'éviter un conflit et de faire avancer l'appel à la fraternité péninsulaire. Le traité de Tordesillas a été inscrit en 2007 par l'UNESCO au Registre de la mémoire du monde, à la demande des deux pays ibériques. »
Holà,
C'est de Tordesillas, municipalité à l'histoire chargée, que nous écrivons cette note. Nous aurions bien aimé avancer plus cet après-midi mais une pluie inattendue et continue nous a stoppés dans notre élan.
Heureusement pour le moral, la matinée a été assez productive grâce aux photos réalisées à la jonction du Rio Duero avec un de ses affluents majeurs, le Rio Pisuerga, en pleine cambrousse près de Simancas (petite ville inhospitalière à 14 km de Valladolid).
Depuis le Pico de Urbión (cf post précédent), cela n'a pas été toujours évident il faut le dire. Nous avons dû faire face aux intempéries : d'abord des pluies diluviennes qui ont provoqué des inondations comme à Molinos del Duero et Salduero où nous venions de passer, ensuite beaucoup de vent de face avec des rafales allant parfois à 90 km/heure (dû à la tempête Ciarán) et puis maintenant le froid.
Il y eu des petites avaries (des crevaisons toujours provoquées par des "abrojos" (épines) et des déraillements à répétition), des petits bobos comme un début de panaris au pied pour la miss (qu'il a fallu traiter avec des antibiotiques par voie locale et générale) ou des engelures aux mains et aux pieds pour Toto (ici ils appellent ça : sabañones).
Nous avons aussi eu droit à des comportements pas toujours "cyclos-friendly" venant de maires ou d'un ”albergue” pour pèlerins (sacré Arturo !) que nous garderons pour nous.
Mieux vaut parler de :
- José-Antonio (collègue cycliste) et Carmen à Soria qui nous ont appris à préparer la véritable tortilla espagnole et nous ont régalés d'énormes toasts tartinés de beurre, la spécialité locale (la Mantequilla de Soria).
- Soledad qui nous a préparé un Thermos de café et nous a permis de prendre de bonnes photos du ravitaillement en eau potable d’un village. Avec la sécheresse, les nitrates présents dans les sols (du fait de l’agriculture intensive) ne sont plus dilués et se retrouvent dans l’eau du robinet.
- Carlos, Dominique et Luís qui ont assuré une visite guidée nocturne rien que pour nous à la découverte du "lagar" (le pressoir espagnol) ainsi que de caves souterraines.
- Carlos, le maire, avec tout le village qui nous a aidés. On ne nous avait jamais autant proposé de cafés au lait. Tout le monde voulait nous payer un coup à boire.
- Eleuteria, Luís Mariano, Santi, Conchi, Luís, qui après nous avoir protégés du froid de la nuit nous ont dirigés vers une école Montessori où nous étions attendus pour parler aux enfants de notre voyage et leur montrer nos vélos chargés.
- Pepe, qui après plusieurs coups de fil passés nous a dit de le suivre vers un hébergement possible à « 50 pour 100 » nous a-t-il dit avec un clin d'œil. « 100 pour 100 » a-t-il ajouté plus tard en nous guidant vers la "bodega" au fond du jardin où il s'est empressé d'allumer un grand feu de cheminée. En nous quittant, il nous glisse avec théâtralité : « Maintenant, il vous faut faire “El Amor”. »
- Mame, Dani, Lola et Marta qui ont été de patients modèles pour Toto lorsqu'ils regardaient un match TV…
Il y a aussi eu Paz et Cristina qui nous ont invités à nous réchauffer au bar d’un "café con leche" avant de nous accompagner au logement proposé par Raúl, Maria Olvido, Nuria et Teodora avec sa visite guidée du Musée ethnologique, Cesar, Jorge, Juan Antonio et ses collègues au jeu de cartes du bar local, Maria et Pablo guide improvisé d’une forteresse, Alejandro, Ivan et Lourdes nous logeant dans une magnifique bodega, Angel qui nous a accompagnés sous la pluie, voir le maire, puis l’adjoint au maire et Rosa, eux tous qui, d’une façon ou d’une autre durant cette quinzaine, nous ont rendu la vie un peu moins dure.
À la lecture de cette petite note, vous comprendrez sûrement que, bien que nous ne soyons pas des cyclistes très heureux par temps froid (on préfère nettement les canicules de l'an passé), on ne lâche pas l'affaire. Ce qui nous vaut souvent ce commentaire : « Son valientes ! » (Ils sont vaillants).
D'ici peu, nous allons quitter l'Espagne "vacía" (vide), du fait du très petit nombre d'habitants qui vivent dans les provinces de Soria et Valladolid, mais aussi bien "fría" (froide) en cette saison pour passer au Portugal. Espérons que nous aurons meilleur temps là-bas !
Hasta Luego !
Elena y Tomas
« Sentier naturel du Chemin du Douro. Étape 1. Source du Duero-Vinuesa km 0. GR-86-1 Sentier Ibérique de Soria
"Fleuve Duero, Fleuve Duero, personne ne descend pour t'accompagner, personne ne s'arrête pour écouter ton éternelle strophe d'eau." Gerardo Diego
C'est ici, au pied du pic d'Urbión, dans la commune de Duruelo de la Sierra, à 2 160 m d'altitude, que commence le périple du fleuve Duero qui, après 897 km, se jette dans l'océan Atlantique, dans la ville de Porto.
Patrimoine naturel de Castilla y León. Réseau d'espaces naturels de Castilla y Léon. Junta de Castilla y León »
Picos de Urbión. Duruelo de la Sierra, Province de Soria, Castille-et-León. Espagne - 23 Octobre 2023.
Holà,
Sous une pluie battante, nous sommes arrivés en temps voulu à Logroño, « où le fleuve Èbre ne fait que passer » dixit les habitants. Le camping bien que fermé aux tentes depuis le 15 octobre (pour cause de parcelles inondées) nous a quand même acceptés.
Il y avait pourtant un "alberg" pour pèlerins pas très cher (style auberge de jeunesse à l'ancienne) ; on avait même l'impression qu'il n'y avait que des "hostals" pour pèlerins (plus classieux) dans cette ville carrefour des différents Chemins de Compostelle. Mais passer la nuit dans un dortoir de 24 lits superposés, déjà plein à craquer, ne nous a franchement pas emballés. C'était l'assurance de ne pas pouvoir trouver le sommeil de la nuit. C'est peut-être à ça qu'on voit qu'on vieillit.
À Logroño, nous avons pu photographier une jeune Canadienne qui avait commencé le Camino de Santiago à Saint-Jean-Pied-de-Port et nous avons été étonnés d'apprendre que c'était à cause du changement climatique. Pour elle, c'est une occasion de décompresser de ce qu'elle a vécu cet été, durant les gigantesques incendies qui ont frappé le Canada et spécifiquement sa région. Elle était d'ailleurs très impliquée dans la lutte contre les mégafeux, chargée d'assurer les communications entre les différents intervenants avec des journées de 12 voire 16 heures de travail. Ceci cumulé avec un investissement de 6 ans dans les mouvements des "Jeunes pour le Climat", une pause était la bienvenue avant un épuisement (souvent observé chez les militants et ceux qui essayent d'agir).
Sa rencontre nous a touchés et nous avons pensé à elle bien longtemps après l'avoir quittée.
Ensuite, nous avons passé une nuit plutôt fraîche, toujours sous la tente (la bâche qui protège les vélos était couverte de givre au matin), un peu avant el puerto de Santa Inès (le col) qui culmine à 1 755 mètres. Dans ce camping d'altitude, nous avons fait la connaissance de Carlos, un soleil chilien qui nous a bien réchauffés.
Après, on vous passe les détails mais il nous a fallu grimper une piste forestale de 21 km de montée (avec 1 000 m de dénivelé) pour atteindre le "nacimiento" (lieu de naissance) du fleuve Duero, situé à plus de 2 000 m. Un autre chemin plus court aurait été possible en passant par Duruelo mais, comme le temps était mauvais, il aurait été dangereux d'emprunter ce sentier, avec le manque de visibilité.
L'ascension fut bien sûr dure et la redescente épique. Sur le chemin nous avons dépassé plusieurs « refugio », tout beaux pour s’abriter et reprendre des forces, seulement ils étaient tous fermés. 10 contre 1 qu’il ne sont ouverts que l’été, durant la saison touristique.
À trois kilomètres du Pico Urbión, la piste devient encore plus sableuse et avec des pierres plus glissantes et nous découragent de poursuivre à vélo. C'est à pied que Toto part faire les photos tandis que la miss, à court d'énergie, se goinfre de pain, cacahuètes salées et biscuits secs et fait les cent pas pour ne pas se refroidir.
Il y aura une brève éclaircie avec un soleil brillant mais "las nieblas" (brumes) reviennent immédiatement et on n'y voit pas à 10 mètres. Lorsque nous réenfourchons nos montures, c'est une pluie neigeuse qui tombe et nos pèlerines tendues sur les guidons se remplissent de cristaux.
Malgré les très mauvaises conditions, le compteur affiche très souvent 25 km/h dans la descente. Problème, nous ne pouvons pas lâcher les freins de temps en temps comme nous le faisons d'habitude. Résultat, que se passe-t-il avec toute l'eau de la pluie, le sable et les roues des vélos !!? Avons-nous usé toute la gomme des patins ? Les freins ne répondent plus !
Dans la dernière ligne droite avant le village de Covaleda, à l'entrée du "polígono" (zone industrielle), au lieu de diminuer, la vitesse augmente et passe à 28km/h. Pour la miss, crier : « Je ne peux plus m'arrêter ! » et une option : profiter des crampons de ses nouvelles chaussures achetées à Saragosse pour freiner du pied gauche, bien à plat sur la route. Ouf ! Plus de peur que de mal.
Un peu plus tard, juste à l'arrivée du camping "une pincha" (une crevaison) au pneu avant de Toto viendra couronner la journée. Avec nous, deux couples dans des camping-car et camionette aménagée (Montse y Adolfo et Dora y Tony) supporteront le mauvais temps en allant chercher aux alentours des champignons (níscalos : lactaires délicieux) et en nous les faisant déguster, simplement cuits avec de l’ail, du persil, de l’huile d’olive et du sel.
Maintenant, comme d'habitude, nous essayons de passer entre les gouttes, sans véritable succès vu qu'il pleut quasiment en continu. Depuis trois soirs, on dort au sec dans les "salón" (sorte de salle de spectacle et de réunion) des villages qu’on traverse. C’est l’alcaldesa de Duruelo de la Sierra (premier village sur le parcours du Duero), très sympathique mairesse qui a ouvert le bal.
Après plus de 2 000 km depuis notre départ le 2 septembre, le physique est quand même un peu entamé par les conditions difficiles de ces derniers jours. Et pour booster son moral, Toto se demande quand est-ce qu'il pourra remettre le short. Il y aura sûrement des occasions d'ici Porto, ville portugaise où se trouve l’embouchure du fleuve Duero.
Bises glacées de la Sierra de Urbión !
Elena y Tomas
PS : Suite à la publication de la photo de notre post d'Arguedas, l'ami Sergio nous a envoyé un lien fort intéressant.
Donc, selon Arte TV, nous aurions intuitivement fait les bons choix : la miss de face, un cadrage qui dévoile le dispositif "Instagrammable", une lumière dégueulasse, la non diffusion de l'image sur les réseaux sociaux, les marques de vêtements communes, etc.
Cheminée de fée Castil de Tierra. Dans ce paysage de Far West, ce jour-là des tourbillons de poussière ; le vent souffle à 39km/h et il faut bien appuyer sur les freins le temps de la photo. Parc Naturel de Las Bardenas Reales. Communauté forale de Navarre, Province de Navarre, Navarre. Espagne - 17 Octobre 2023.
Buenos días,
Bloqués sous la tente de bon matin par des averses à répétition, nous décidons de combler notre retard en rédaction de post pour ce blog.
Nous sommes posés au pied des troglodytes entre le cimetière et le parking pour "auto-caravanas" et nous avons comme voisins des retraités du Finistère et des Hollandais d'Extinction Rebellion.
Ces derniers jours ont été encore bien chargés. Nous avons essayé d'accélérer le rythme en nombre de kilomètres parcourus et puis il y avait aussi beaucoup de choses à documenter.
En résumé :
La journée, nous courons photographier le Canal Impérial, la Fontaine des Incrédules et la Torre del Agua (la Tour de l'Eau) sur le site de l’Expo 2008 à Saragosse où une multitude d'enfants profitent d'animations à l'occasion de la fête. Nous n'oublions pas bien sûr la montagne de fleurs déposées devant Notre Dame du Pilar et la vision de la basilique au bord du fleuve dans le soleil couchant.
Au sud de la ville, Arcosur (un grand projet immobilier de logements avec ce qui devait être le plus grand parc de Saragosse et qui avait été interrompu par la crise de 2008) a l’air de reprendre vie avec de nombreuses grues, des familles qui promènent des chiens et même un grand repas organisé entre voisins, dehors sur des tables pliantes.
Demain, nous devrions atteindre Logroño, la capitale de La Rioja. De là, nous bifurquerons au sud.
Que le vayan bien.
Hasta luego.
Elena y Tomas de France et de Navarre
Panneau du « Gouvernement d’Aragon et de la Fédération aragonaise de pêche et de pêche au lancer » (apparemment très prisée des pêcheurs allemands qui sont légion ici). Il indique : « Mer d’Aragon - Terrain de pêche sportive ». Cachant le A, le visage du Che sur l’autocollant d’un "extraordinaire" club de football allemand. À la tête du barrage de Mequinenza. Province de Saragosse, Aragon. Espagne - 8 Octobre 2023.
Holà,
Vamos a la playa… (Allons à la plage) …mais pas vraiment ! Nous on a encore une quarantaine de kilomètres à vélo à faire sous le cagnard si on veut atteindre Caspe ce soir.
Tout à l'heure, quand on a demandé à un bar de remplir l'une de nos gourdes (la fontaine ne marchait pas dans cette étrange bourgade de Mequinenza où tout semble tourner autour de la pêche) la serveuse nous a confirmé que d'ici à Caspe il y aurait des côtes à gravir et, que surtout, on ne trouverait sur le chemin ni maison, ni station service.
Du coup bien sûr, on n'a pas le temps de pratiquer le farniente ! Et puis c'est dimanche, alors on ne va pas non plus trop écrire.
Juste vous raconter que dans le même bar, un vieux accoudé au comptoir nous a indiqué que comme nous suivions le fleuve Èbre, il n'y avait pas de problème pour avoir de l'eau. Il suffisait, par exemple, de se servir dans la réserve du barrage de Mequinenza à la sortie de la cité. Quand nous rétorquons que l'eau du robinet, elle, a quand même été traitée, lui et la serveuse sont d'accord pour affirmer : « poco » c'est à dire "à peine" selon eux. Difficile à croire étant donné le goût qu'elle a et les sacs de chlore que nous avons vus déverser dans les réservoirs qui alimentent les agglomérations. Gloups !
Et puis Plouf ! au pied de la forteresse qui domine la jonction de l’affluent Sègre avec l'Èbre : de la pêche au gros !
Lorsque nous passons, un bruit de grelots, de l'agitation, des grands mouvements de bras. Un des pêcheurs du petit groupe d'Anglais « du ghetto de Londres » encouragé par des Espagnols, bataille depuis 20 minutes pour sortir un silure de 1,91 m de l'eau. Il lui faudra encore 10 minutes supplémentaires avant de pouvoir poser triomphalement devant la prise qu'il remet ensuite à l'eau. « C'est juste pour le plaisir du sport» nous disent-ils.
Les panneaux « Mar de Aragón - Coto deportivo de pesca » (Mer d'Aragon - Terrain de pêche sportive) n'en finissent d'ailleurs pas de se succéder au bord de la route. La Mer d'Aragon est l'autre nom donné à la seule retenue d'eau du barrage de Mequinenza, d'une superficie de presque 8 000 km2.
L'an dernier, en suivant le fleuve Tage, nous avions vu la Mer de Castille, constituée, elle, de l'ensemble des barrages de Almoguera, Bolarque, Buendía, Entrepeñas, Estremera y Zorita. Depuis, des barrages on en a vu "un montón" (énormément) que ce soit en Espagne ou au Portugal.
Il y a peu, en Catalogne nous avons fait un détour pour voir celui de Sau, largement médiatisé car, du fait de la sécheresse qui touche la péninsule ibérique, l’église de Sant Romà souvent submergée par les eaux est réapparue.
Aujourd'hui est encore une journée bien chaude avec plus de 30 degrés.
Venga ! Vamonos !
Hasta Luego !
Elena y Tomas
PS : Notre carrière de pèlerins s'est achevée aussi rapidement qu'elle avait commencé. Soit les lieux sont soit-disant pleins (bien que nous n'ayons croisé aucun autre pèlerin) ou fermés le dimanche, soit transformés en refuges de luxe à 50 euros la nuit. Heureusement, nous avons continué à faire des bonnes rencontres, comme encore hier soir.
Carnets de pèlerins du chemin de Saint Jacques de Compostelle, appelé "Camí de Sant Jaume" en catalan. À "l'Alberg dels pelegrins" (Auberge des pèlerins). Amposta. Province de Tarragone, Catalogne. Espagne - 29 Septembre 2023.
Holà,
C'est à Amposta que nous avons eu nos carnets de pèlerins et notre premier tampon d’une ville dessus.
L'occasion s'est présentée lorsque, après avoir essuyé plusieurs refus des autochtones de nous laisser poser notre tente sur leur terrain, un bibliothécaire nous a parlé de l'Auberge pour Pèlerins.
Parce que nous allons suivre (ainsi que fait le chemin de Saint Jacques en grande partie) le fleuve Èbre, nous ne nous sentons pas du tout comme des horribles opportunistes.
Ces deux ou 3 derniers jours, nous n'avons pas chômé dans le delta de l'Èbre.
Comme pour les embouchures du Tage, du Guadalquivir et du Segura, nous avons parcouru les environs de celle de l’Èbre. C'est le moment de la récolte du riz et bien sûr nous nous sommes attachés à la documenter, malgré la chaleur et l’absence d’ombre sur le site.
Nous avons aussi photographié des "chantiers de sable". Le delta de l'Èbre qui s'enfonce dans la mer est considéré comme un des lieux témoin du changement climatique.
Près d'Ampolla, sur la Plage de la Marquesa, la mer a déjà gagné 2 km sur le littoral nous disent les gens sur place. Des murs de pierres et de sable ont été construits pour freiner le phénomène. Cela nous rappelle le reportage que nous avions réalisé sur "La bande de filaos" au Sénégal. Mais ici, la dune s'érode déjà avant d'avoir été stabilisée par la végétation.
Des panneaux nous indiquent que les gens de la zone luttent: « Sauvons le delta—Si le Delta est perdu, nous perdons tout » et qu'un projet pilote (Ebro-Admiclim) financé par l'Union européenne y « mesure l'atténuation et l'adaptation au changement climatique. »
Sur la Plage du Trabucador, des camions déversent des bennes de sable pour reconstruire et stabiliser le bras de terre qui relie à la Péninsule de la Banya où sont situées les Salines de la Trinitat.
À l’entrée de cette même plage, des futurs mariés se font photographier en robe et en costard, les pieds dans l’eau, sur fond de coucher de soleil et voiles de kitesurfers pas toujours très doués !
En revenant vers la Tancada, des postes d’observation permettent d’admirer les oiseaux. Nous y retrouvons la colonie de 3 à 400 flamands roses que nous avions vus décoller le matin ; ils avaient en effet choisi le même camping que nous et nous trouvions que les canards du voisin étaient bien bruyants !
L’occasion pour nous de prendre au 35 mm (qui ouvre à f2) les photographes animaliers qui peuvent avoir des zooms de 800 mm (qui ouvrent à f5,6), avec du matériel genre camouflage militaire.
Ce soir, nous apprécions être dans les locaux tout neufs de "l'alberg", situé dans dans l'ancien poste de contrôle du fleuve, entre 2 ponts dont le pont "Penjant" (pont suspendu) aussi appelé le petit pont de Brooklyn. Étonnamment, il n’y a aucun signe religieux dans le bâtiment et il semble même avoir été équipé pour des pèlerins 2.0.
La promiscuité, de jour comme de nuit, avec les innombrables moustiques du delta ne nous manque pas du tout. Faudra penser la prochaine fois, quand on va dans ces types de lieux, à acheter du "repellente" (spray répulsif) contre ces insectes des plus envahissants.
Adeou,
Helena i Tomàs
"Terres de l'Ebre : destino cicloturista" (traduit du catalan, "Terres de l’Èbre : destination cyclotouristique"). Castelldefels. Province de Barcelone, Catalogne. Espagne - 20 Septembre 2023.
Buenas,
Cette image illustre bien l'idée que se font les Espagnols du cyclotourisme. À fond, à fond, à fond (souvent en peloton, ils prennent même des photos tout en roulant) et puis retour à l'hôtel ou dans leurs pénates le soir. Et à midi, ou plutôt vers les 2 ou 3 heures ici : pause resto. Des cyclotouristes du pays avec sacoches et matériel de camping sont rares voire inexistants.
Pour l'instant, comme cyclos classiques, nous avons croisé des Français, Allemands, Anglais, Australiens, Suédois... avec assez souvent des projets de rejoindre, du Cap le plus au nord de l'Europe en Suède, le point le plus au sud du continent, au Portugal. Ou alors, aller au Maroc, avec pour l'un l'intention d'atteindre l'Afrique du Sud en un an !
Cette année, et jusqu'à il y a deux jours, nous n'avons pas rencontré beaucoup de problèmes pour nous poser le soir. Peut-être l'effet des sacoches neuves.
Nous avons fait de belles rencontres : un couple de musiciens, chanteur-compositeurs, qui nous a fait profiter d'un petit récital de chansons de type folk catalan, un maire qui nous a proposé une chambre dans sa maison plutôt que de nous donner l’autorisation de planter notre tente, une famille pakistanaise originaire du Cachemire qui nous a régalés de recettes typiques avec chapatis, chaï et des épis de maïs grillés, un agent de la police locale (le cousin ibérique de Roberto Benigni) qui nous a installés aux petits oignons dans l'office du tourisme : "Vous allez voir, notre mairesse c'est la meilleure mairesse du monde.“, des hôtes qui nous ont fait déguster un plat très similaire à la paella, des vins de La Rioja et un délicieux ratafia fait maison il nous semble…
Mais avant-hier, ce fut assez chaud pour trouver un hôte.
Un gars du complexe sportif nous a demandé de revenir le voir munis d’un document tamponné et signé par le maire qui nous autoriserait à passer la nuit dans la cité. Une requête tout à fait nouvelle pour nous qui voyageons en Espagne depuis six mois.
À la mairie, l'employé municipal nous a dit : "Je vais vous rendre un service. Allez à l'hôtel." Peut-être avait-il vu lui aussi la publicité de "sb hotels".
Il nous a donc fallu monter sur les hauteurs de Barcelone pour tomber sur Manuel. Vivant en appartement, il a préféré nous présenter à ses voisins qui cultivent un jardin où ils font aussi pousser des plantes médicinales.
Avec l’huile de Millepertuis (réparatrice pour les muscles des sportifs) que nous a offert Joan ce matin, nous devrions pouvoir accélérer le rythme afin d'atteindre dans des délais acceptables le lieu de départ de notre prochain reportage : le delta de l'Èbre.
Comme ils disent ici : "Que disfrutéis !" (Profitez-en !).
Helena i Tomàs
Coll de Condreu, 1 010 m. Nous quittons la région de La Garrotxa, une zone volcanique dans les pré-Pyrénées. Nous pénétrons dans La Selva (la forêt) que Francisco, notre hôte de la nuit précédente, nous a décrite comme lieu autrefois de banditisme (avec demande de rançon pour passer) et de culture de plantes plus ou moins licite. Province de Gérone, Catalogne, Espagne - 12 Septembre 2023.
Holà Buenas,
Sur la route depuis un peu plus d'une semaine, tout se passe bien avec nos nouvelles sacoches flambant neuves. Nous avons juste subi une petite crevaison (due à un morceau de verre minuscule), vite réparée d'un collage de rustine, sans même avoir à démonter entièrement le pneu. Et le câble du dérailleur qui ne tenait plus que par un fil depuis Mazamet a été changé à Lézignan-Corbière.
En 2000, à nos tout débuts dans le cyclotourisme, devant la poste de Tallahassee (en Floride), nous avions rencontré Scott, un équipier de Lance Armstrong. Après nous avoir accostés (Vous savez où vous allez dormir ce soir ?), il nous avait invités à venir séjourner chez lui, nous acceptant comme des collègues.
Le matin d'une course à laquelle il comptait participer, il nous avait énormément surpris en quittant la maison directement sur son vélo (de mémoire il y avait quand même une soixantaine de kilomètres aller-retour). Il nous expliqua : "Je ne prends pas la voiture, je suis cycliste moi. Je vais sur la ligne de départ à vélo et je reviens à vélo."
Nous avons toujours gardé cette attitude en exemple. C'est pourquoi nous aussi maintenant, quand il faut se rendre sur un lieu de reportage, nous essayons d'y aller "comme des champions".
Le récent article du Monde nous a confortés dans cette idée. Presque chaque fois que nous avons embarqué nos vélos chargés pour voyager en train, cela s'est mal passé. Survenait des accrochages avec des contrôleurs ou des engueulades avec les autres voyageurs. L'un d'eux nous a même hurlé dessus : "Ici, avec vos vélos, vous êtes tolérés ! Compris ?" Inutile de lui dire que nous avions payé un supplément pour nos bicyclettes...
Depuis notre départ, nous avons parcouru environ 500 km avec (toujours sans voir le bleu de la mer Méditerranée !) et avec 8 cols qui nous ont défiés: Col de La Croix du Jubilé, Col d‘Extrême, Col de la Dona, Col du Perthus, Coll d'Uria, Coll de Condreu, Coll du Buc et Coll de Ravell. Récemment, nous rencontrons énormément de cyclistes. Un barman, qui nous ravitaille en eau à Esponellà, nous apprend que Lance Armstrong (encore lui !) a fait de Gérone un lieu d'entraînement. Depuis il y a des "disciples" sur les nombreux circuits dans la région. C'est peut-être pour cela que nous voyons tous ces coureurs bien affûtés et en tenue et vélo de pro.
Gérone, c'est notre prochaine destination. Nous avons prévu d'y retrouver une amie d'école de la miss. Ensuite, nous poursuivrons vers Barcelone et au sud, l'endroit où débute le cœur de notre reportage.
Vous l'avez compris, le moral est bon et le physique pas trop mal. Allez, on reprend la route. Nous allons peut-être croiser Scott au détour d'un virage.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Hasta pronto !
Abrazos y suerte
Elena y Tomas
Billie sur le porte-bagage. France - 29 Août 2023.
Holà !
Billie, notre voisine, semble avoir bien compris que le nouveau départ pour l’Espagne et le Portugal était pour demain.
C’est peut-être pour cela que depuis quelques jours, la miss n’hésite plus à escalader nos vélos. Voudrait-elle nous signifier qu’elle aimerait cette fois-ci faire partie du voyage ?
Normalement on devrait être sur les routes jusqu’au mois de décembre. Environ 4 000 km nous attendent ! Pour l’itinéraire, on n’en dira rien pour vous laisser le plaisir de l’imaginer.
Par contre, comme l’an dernier, on prendra le temps de bloguer régulièrement pour que, en quelque sorte, vous puissiez vous aussi être sur le porte-bagage !
Bien à vous,
HTC
PS : Pour les personnes qui sont intéressées par les liens que l’on laisse post après post. Cette quinzaine, en travaillant toujours aux tri des images du tour de France, nous avons écouté plusieurs émissions : la première sur l’homo numericus, les suivantes sur l’homo economicus.
Daniel Cohen était une voix familière pour les homo radiophonicus que nous sommes et nous avons été curieux de lire les hommages que lui ont rendu Esther Duflo et Julia Cagé suite à sa disparition soudaine.
Karl Polanyi, lui, nous ne le connaissions que de nom. En écoutant les émissions que France Culture lui a consacré cet été, nous nous sommes dit que lire son livre « La Grande Transformation » pour préparer notre futur voyage au Royaume-Uni ne semble pas du tout idiot, bien au contraire.
Enfin, une interview de Christophe Cassou (cf notre post "En trois points") nous a autant intéressés qu’attristés.
Maintenance des éoliennes avec le sourire à Montdidier. Dans cette commune, quatre éoliennes produisent plus de la moitié de la consommation d'électricité. Créé il y a 12 ans, c'est le premier et le seul parc éolien public de France*. Montdidier. Somme, Hauts-de-France. France - 26 Mars 2013.
*https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/energie-une-ville-picarde-produit-sa-propre-electricite_5746505.html
Bonjour,
En illustration du post de cette quinzaine, nous aurions pu vous mettre des images en lien avec les incendies qui sont à nouveau en train de ravager des forêts en Espagne (Estrémadure) et au Portugal (Algarve). L’an dernier, à peu près à la même époque, nous étions passés à vélo par ces régions et nous avions documenté la sécheresse extrême des lieux qui rendrait inévitablement tout incendie difficile à contrôler.
Mais bon, vous êtes peut-être saturés de voir des images de feux et de catastrophes qui tournent en boucle sur les écrans. Alors, à ce sujet, on a préféré vous mettre une interview écoutée récemment à la radio, celle de la philosophe Joëlle Zask, sur les mégafeux. Le propos est sensible et réaliste.
Le diptyque que nous vous présentons à la place est issu de notre travail sur les énergies en France que nous sommes en train de monter. De 2012 à 2018, nous avons parcouru l’hexagone avec en tête l’idée de faire des reportages sur l'énergie ou l’agriculture notamment. Pour l’histoire de la photo, voici un extrait du journal de bord (tiré de la vingtaine de cahiers de brouillon) que nous avons tenu pendant ce périple :
« Mardi 26 mars 2013, Montdidier. Après un petit café avec mes hôtes je suis retourné voir les éoliennes de la veille. Une équipe du constructeur (Vesta) est chargée de la maintenance du parc cette semaine. Comme il m’a été impossible de monter avec eux pour les photographier, je leur ai passé mon appareil à photo pour qu’ils me prennent des photos d’en haut, du village, de leur boulot. "Faites comme vous voulez, soyez créatifs." leur ai-je dit. Ils m’ont ramené 18 photos : surprises au développement ! A 16 heures 30 je me suis pointé à la mairie […] »
Mentionner la sécheresse, les incendies, les problématiques énergétiques ou agricoles nous fait penser à un article intéressant paru dans Le Monde sur la nouvelle stratégie électorale du RN (Rassemblement National) en terme d’écologie. Pour avoir vu comment cela se passe en Espagne avec le parti d’extrême droite Vox, cela promet une bonne mise en tension de la société française dans les mois qui viennent et bien entendu aucune avancée notoire sur ces sujets, pourtant primordiaux. À nos tubes de paracétamol donc !
Sur le thème de prédilection de l’extrême droite, l’immigration, les nouvelles sont toujours dramatiques avec les derniers naufrages au large des côtes de la Tunisie ou du Pas-de-Calais. À la radio, un matin, nous avons suivi l’interview de Vincent Delecroix, philosophe et écrivain, qui va sortir son roman "Naufrage" inspiré du drame choquant vécu par un bateau de migrants dans la Manche en 2021.
Durant le travail de mise en forme des images du tour de France, quand nous avons des tâches qui ne demandent pas trop de concentration (telles qu’enlever les poussières des scans ou assembler les diptyques), nous avons pu écouter à loisir les grilles d’été des radios. Les feuilletons musicaux de l'écrivain François Bon sur Dylan, les Stones et Led Zeppelin étaient plaisants et nous avons bien apprécié les grandes traversées proposées aussi par France Culture, comme celle sur Jean Moulin.
On a aussi aimé suivre les itinéraires de Joseph Kessel, journaliste-écrivain et de Günther Anders, philosophe-moraliste, qui ont tous deux traversé le 20ème siècle (comme le racontent ces émissions ici et là). Bien qu’énormément de choses dans leur vie et dans leurs œuvres les séparent, peut-être qu’ils sont les deux faces d’une même pièce, celle de l’attention au monde.
Côté préparatifs en vue de notre prochain départ pour la péninsule ibérique, on a repris l’entraînement vélo et la commande pour les sacoches a été passée hier. Il n’y avait plus de noir (classique) et l’orange (bien visible de loin) était aussi épuisé, il a fallu choisir d’autres couleurs. Dorénavant, nous aurons tous les deux des sacoches avant en plus de celles à l’arrière mais interdiction d’emporter plus de choses : il faudra répartir !
Allez, on vous laisse avec le lien d’une radio musicale qu’on vient juste de découvrir et qui devrait vachement ambiancer notre fin du mois : La Radio Meuh!
HTC
Rond-point à Lacq. Sur le derrick une plaque indique : « 1957 - 2007 - 50 ans de production - TOTAL E&P FRANCE ». Pyrénées-Atlantiques, Nouvelle-Aquitaine. France - 2018.
Hello les Loulous,
L’été avance et avec lui le tri des images de notre tour de France à vélo (de 2012 à 2018) et les légendes des photos ibériques. Les diptyques concernant les sujets sur les énergies solaires, éoliennes, géothermiques, pétrolières, gazières et de biomasse sont montés. Manque maintenant le gros du travail sur le nucléaire et puis aussi tout ce qui concerne l’agriculture. Normalement, cela sera pour 2024.
Dans l’actualité de la quinzaine qui s'achève, il y a eu les élections législatives en Espagne. Bien entendu, nous les avons suivies avec attention. À l’écoute des résultats nous est revenu une expression que nous avons beaucoup entendue lors des discussions que nous avons eues l’an dernier avec les gens du pays : « Aquí es complicado. » (Ici c'est compliqué) !
Voyons maintenant comment les choses vont tourner. Si de nouvelles élections sont convoquées avant la fin de l’année, nous essayerons de faire un petit travail à ce sujet lors de notre prochain nouveau séjour dans la péninsule.
Ici, un lien qui rend compte des résultats des dernières élections en Espagne ainsi que de la situation des travailleurs sans papier en Floride. En vue des primaires, le gouverneur de Floride Ron DeSantis prend des mesures contre l’immigration clandestine qui mettent en danger l’économie de l’État, dans des secteurs comme le tourisme, l’agriculture et la construction. Sur notre site vous pouvez retrouver tous les reportages réalisés sur deux de ces thèmes en Floride et en Géorgie.
Là, un débat de fond sur la situation politique espagnole après ce vote. Aujourd’hui 31 juillet, le décompte des voix des électeurs de l’étranger, achevé le 29 juillet, fait perdre un siège au socialiste et complique encore plus les choses.
En France aussi, en lien avec notre travail, il s’est passé des choses importantes qui ont attiré notre attention, comme les nouvelles tensions entre la Police et la Justice suite à des violences subies début juillet par un jeune homme à Marseille. Ici une chronologie précise de cette dernière crise.
Dans le monde, l'étude scientifique du World Weather Attribution (WWA) « établit un lien direct entre les températures extrêmes enregistrées sur la planète ces dernières semaines et les émissions de gaz à effet de serre produites par l'homme. » Ce qui en soit, si on est optimiste, est plutôt une bonne nouvelle car ne tient qu’à nous de…
Dans le journal Le Monde, un article revient sur les vagues de chaleur extrêmes qui touchent le bassin méditerranéen provoquant d’immenses incendies. Et il y a aussi un un édito sur la question intitulé « Réchauffement climatique : que faut-il de plus pour agir ? ».
De notre côté, la disparition soudaine du "Chaman de Chamablanc" continue à nous secouer. Voici une version en concert d'un de ses morceaux auquel nous avons pensé quand il s’est agi de trouver un titre à ce post : « Noyé dans la gazoline - Qui nous a fait ça ».
Tout récemment, durant le Tour de France, le peloton est passé devant chez lui, dans le Puy-de-Dôme. Des "Muratiens" avaient écrit son nom sur la route mais, petite déception, à la téloche, les commentateurs n’en ont fait aucune mention. Pourtant, si on le lançait, le Loulou ne manquait pas une occasion de parler de sa passion pour le cyclisme et la grande boucle.
Comme devoir de vacances, cette fois-ci nous avons regardé de nouvelles vidéos d’Eugene Richards comme celle-là. C’est un immense photographe américain dont le travail et la personnalité nous impressionnent beaucoup. Dernièrement, il a lancé une campagne d’aide au financement pour produire un nouveau livre intitulé : « In This Brief Life ».
Lors des premiers voyages en Espagne (en 2007-2008), Toto dormait dans sa GS (Citroën de collection de 1973) en compagnie de deux ou trois livres photos dont « The Fat Baby » de Mr Richards.
« Ça c’est rollin’ » !
H&T
Des adolescents du coin jouent sur la plage Loon-Plage, à proximité du chantier du terminal méthanier en construction (commencé en 2011 et mis en service en 2017). Ces deux images font partie des reportages du tour de France à vélo que nous avons réalisé en ayant des thèmes comme : l’énergie et l'agriculture en France. Dunkerque, Hauts-de-France - 2012.
Bonjour,
À vrai dire, dans notre cas, il est difficile de séparer les congés du travail. Les gens qui nous connaissent de loin nous croient tous les jours en vacances et les plus proches nous voient comme des personnes qui courent toujours après le temps.
Voyager à vélo et avec une tente pendant des mois pour faire des reportages non rémunérés : c’est plutôt des vacances ou un taf que personne ou presque n’accepterait de faire ? Passer des mois ensuite, derrière un ordinateur, à mettre en forme nos récoltes photographiques, un hobby ou une tâche assommante ?
Nous, à la longue, on a tranché que c’était du boulot ; voilà pourquoi vous pouvez retrouver tous nos reportages dans la rubrique appelée « Travaux » (et non dans « Galeries, Images, Histoires, etc. ») sur ce site.
Dans les quelques semaines qui nous séparent de notre prochain départ pour la péninsule ibérique, on doit :
- Terminer toutes les légendes et les textes de notre périple de l’an dernier.
- Continuer d’avancer dans le montage des reportages du tour de France (au final il devrait y en avoir une trentaine au lieu des six que vous trouvez présentement sur le site).
- Démarrer notre jardin d’hiver. Dernièrement, on a ramené du marché 150 plants de poireaux, une vingtaine de choux de toutes sortes et du céleri-branche. Ajouté à toutes les courges que l’on a semées, cela devrait nous permettre de faire de bonnes économies. Peut-être même de quoi rembourser les 8 sacoches vélo que l’on doit acheter avant de partir ; les nôtres n’étant plus du tout présentables, voire dangereuses si on considère leur état et leur proximité avec les rayons de la roue. Mais alors, il va falloir pousser la brouette, manier la faux, la fourche, la houe et la bêche !
Durant nos heures studieuses au bureau, triant les photos ou faisant la chromie des images, on a pu écouter entre autres :
- Un podcast sur René Dumont, le premier candidat écologiste à l'élection présidentielle de 1974 en France. Témoin et acteur du 20e siècle, il est intéressant de revenir sur le travail et les engagements de l'illustre agronome dans son pays et dans le monde.
- Des conférences universitaires comme celle-ci de Fabien Jobard (que nous avons déjà mentionné sur ce blog) et celle-là de Christophe Bonneuil (directeur de recherche au CNRS en histoire environnementale et histoire des sciences et des techniques et enseigne à l'EHESS -l'École des hautes études en sciences sociales-). À notre avis, les contributions argumentées des chercheurs devraient être beaucoup plus considérées qu’elles ne le sont. Collectivement, ça ne nous ferait pas de mal.
- Une émission de télévision de grande écoute intitulée « "Super El Niño" : l'alerte de l'ONU » nous a semblé utile pour faire avancer le débat et les choses.
- Pour terminer, un texte de Christian Salmon à propos de la mort de Milan Kundera à Paris, le 11 juillet 2023. France Culture à remis en avant une série d’émissions consacrées à l’écrivain. Nous allons les écouter prochainement : à mettre en haut de la liste de nos devoirs de vacances ! Relire certains de ses livres ou découvrir les autres pourrait être une judicieuse idée pour accompagner le tour d’Europe que nous avons projeté.
Bien à vous !
H&T
Cascade avec touristes près de l’Ermitage de Peralejos de las Truchas. Province de Guadalajara, Castilla-La-Mancha. Espagne - 4 Août 2022.
Baigneur près du Salto de Poveda, une cascade sur le Fleuve Tage. En contrebas de la Laguna de Taravilla. Parc naturel du Haut-Tage. Province de Guadalajara, Castilla-La-Mancha. Espagne - 5 Août 2022.
Bonjour,
Avec l'été, il se peut qu’avant notre futur départ pour la péninsule ibérique (toujours prévu mi-août), on soit un peu moins bavards sur ce blog. La fin de l’écriture des légendes des reportages de l’année dernière, en Espagne et au Portugal, nous suffira. Après tout, on n’est pas des écrivains, nous, hein !
Voici tout de même une petite revue de presse sur des sujets qui touchent directement ou indirectement notre travail :
• La situation continue de se dégrader dans les CRA (Centre de Rétention Administrative). Un rapport dénonce des conditions de rétention « gravement attentatoires à la dignité et aux droits fondamentaux ».
• L'analyse de Sebastian Roché (politologue, spécialiste des questions de police) suite à la mort du jeune Nahel tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin ; un drame qui embrase le pays avec des scènes de violences urbaines et de pillages.
Une interview de Fabien Jobard (directeur de recherche au CNRS - Centre national de la recherche scientifique) après la mort le 4 juin d’une jeune femme, passagère d'un véhicule qui refusait d'obtempérer lors d'un contrôle de police, et qui avait là aussi été abattue. Comme Sebastian Roché, il parle de la loi du 28 février 2017 qui "est venue mettre de la confusion dans des textes très clairs" sur la légitime défense.
Une chronique de Pascal Riché (journaliste) qui réagit au communiqué des syndicats Alliance et Unsa-Police.
• L’analyse de Clément Viktorovitch (politologue et sémiologue) sur la dissolution des Soulèvements de la Terre, qui pose la question d'une "criminalisation des luttes écologistes ».
• L’appel du Haut Conseil pour le climat.
Pour terminer, vous pouvez lire la publication qu’a faite l’agence photo Magnum sur son site pour la sortie du dernier livre de l’Australien Trent Parke : Monument to Life.
Bien que notre travail soit sur bien des aspects aux antipodes du sien, nous avons toujours été intéressés par ce photographe très discret. L’exposition « Minutes to Midnight » que nous avions vue, il y a bien 15 ans maintenant à la Galerie du Château d’eau à Toulouse, ne nous avait pas déçus, bien au contraire. Ces derniers temps, on a remarqué que des photographes semblent s’inspirer de lui (du moins en France) mais, à notre humble avis, sa démarche reste unique.
Un bon été à vous !
H&T
PS - 1 : Nous ajoutons à la petite revue de presse une émission de radio datée du 2 juillet qui permet à différentes sensibilités de s’exprimer sur la mort de Nahel M. et sur ce qui s’ensuit dans le pays.
PS - 2 : Une autre émission avec les interventions de deux maires et d’un sociologue, qui éclaire sur les événements de ces derniers jours en France.
À gauche : Paysage de savane en quittant le lieu des Dolmen de Guadalperal, des monuments qui resurgissent de sous l’eau du lac de barrage de Valdecañas dont le niveau baisse. El Gordo, Cáceres, Extremadura, Espagne - 31 Août 2022.
À droite : Notre campement au bord du Tage, à une cinquantaine de mètres de "Las Juntas de los dos ríos", là où l’affluent Hoz Seca se joint au fleuve Tage. Parque natural Alto Tajo, Guadalajara, Castilla-La Mancha, Espagne - 3 Août 2022.
Bonjour,
Ça y est ! On a fini d'éditer les photos du dernier voyage en Espagne et au Portugal de 2022. Photos choisies, diptyques montés et chromie (contraste, luminosité) à 80% faite. Manque plus qu’à écrire les textes d’introduction et terminer les légendes. Il y aura un peu plus de 800 images (sans compter que chaque diptyque contient par définition deux photos).
Dans la foulée, la semaine prochaine on va reprendre les plus de 4 000 images du Tour de France, réalisées entre 2012 et 2019, que l’on a laissées en chantier sur notre bureau depuis des années. L’idée étant de bien avancer dans le montage des galeries de photos avant notre départ à vélo (à nouveau pour l’Espagne et le Portugal) prévu fin août pour une durée de 3 mois environ. Le jour (espérons en 2024 !) où toutes les images du Tour seront sur le site sera un grand jour pour nous.
À part ça, cette dernière quinzaine, on a réglé quelques petits problèmes de santé, photographié la 14ème Journée de mobilisation contre la réforme des retraites, répondu présents à une invitation d’amis d’enfance, repris l'entraînement à vélo et étoffé notre jardin avec des courgettes, poivrons, concombres et potirons.
Dans l’actualité en lien avec notre travail, notre attention a été retenue par beaucoup de choses. Bien sûr les résultats des élections municipales en Espagne qui ne nous ont pas vraiment surpris (comme ici à Tolède), les troubles au Sénégal, les dernières nouvelles de Sivens... Et puis, il y a les inquiétantes dernières études à propos du changement climatique.
Récemment, au Collège des Bernardins à Paris, s’est tenu un colloque à ce sujet intitulé : « Pour une économie de guerre climatique ? ». Si vous avez 3 heures 44 minutes devant vous, vous pourrez entendre ici des spécialistes, un syndicaliste, un militaire, un maire et des députés.
Toujours à ce sujet, nous avons lu avec intérêt la dernière chronique de l’historien des sciences, des techniques et de l’environnement, Jean-Baptiste Fressoz, portant comme titre : « Les pays industriels ont "choisi" la croissance et le réchauffement climatique, et s'en sont remis à l’adaptation ». Et puis aussi on a découvert la lettre Mansholt. Si nous avons un peu de temps avant notre départ pour l’Espagne, nous achèterons le livre.
Allons-nous réagir et comment ? Que retiendront de cette époque les historiens du futur ?
Enfin, sur le front documentaire, le site de la bibliothèque de France à mis en ligne le résultat de la « grande commande photographique » initiée par l’État : Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire.
Bien à vous,
Hélène et Thomas
PS : Cette petite note a été écrite avec en fond sonore le dernier morceau (le premier depuis 7 ans) que le groupe islandais Sigur Rós vient de mettre en ligne.
Capture d'écran d'un article sur Jean-Louis Murat dans le journal L'Humanité. La photo a été réalisée par Frank Loriou. France - 26 Mai 2023.
Bonjour,
Le décès soudain de Jean-Louis Murat survenu le 25 mai nous a coupé la chique.
C’est certainement le musicien français que l’on a le plus écouté depuis la sortie de Cheyenne Autumn en 1989—le disque qui lui a fait rencontrer le grand public—et l’artiste qu’on a le plus vu en concert, à égalité avec Bashung.
Pas mal de choses ont été dites sur lui depuis sa mort d’une embolie pulmonaire, alors on ne va pas ramener notre fraise. De toute façon, les mots nous manquent. « La mort est dégueulasse » chantait-il.
Prendre de l’âge va malheureusement de pair avec voir partir les gens que l’on admire.
Créé en 2009, le blog de Pierrot, archiviste Muratien que nous lisons depuis, a courageusement entrepris de répertorier les pensées et les commentaires exprimés à l'occasion de sa disparition. Merci à lui et à ceux qui l’ont aidé durant toutes ces années.
Dans ce même blog, vous trouverez un texte écrit par Florence, une fan, qui a relevé dans l'œuvre de Jean-Louis Murat "les liens" qu’il entretenait avec la mort.
Ici, une interview du photographe Frank Loriou. Il a signé quelques unes des pochettes de disques et photos promotionnelles du chanteur. Ça nous rappelle cette affiche récupérée à Montauban lors d’une date de concert. Elle trônait dans notre cuisine à côté d’une de « Dylan and his band »—lui aussi passé dans le Tarn-et-Garonne—ce voisinage aurait sûrement plu à JLM !
MERCI Jean-Louis. Savoir que quelqu’un comme lui existait nous faisait du bien. Sa liberté, sa créativité et son intelligence rare vont nous manquer.
Les sorties de ses nouveaux albums que l’on écoutait toujours compulsivement rythmaient nos vies. On espère que la tristesse ne nous empêchera pas de continuer à jouer ses disques. Gageons qu'ils garderont toutes leurs vertus consolatrices.
Pour ceux qui seraient peut-être passés à côté de son œuvre prolifique ou pour les amis étrangers, un BEST OF (à écouter ici) est sorti (lire là), coïncidence, le lendemain de son départ.
Nos pensées vont à sa famille et à ses proches ainsi qu'à son public trop peu nombreux mais fidèle, à toutes les personnes qui ont eu le cœur et la gorge serrés ces derniers jours.
Hélène et Thomas
Au cours du défilé du 1er Mai pour la journée internationale des travailleurs. Une affiche du Parti Communiste souvent remarquée dans les médias lors des manifestations. Durant la prise de vue, un témoin de la scène s’est esclaffé : "Ben là (sur l'affiche), vous l’avez pas loupé Macron hein", puis ensuite a fusé du petit groupe : "Faut dire qu’il l’a bien cherché non ?". Toulouse. France - 1er Mai 2023.
Vente de fleurs de muguet le 1er Mai, jour de la Fête du Travail. Toulouse. France - 1er Mai 2023.
Bonjour,
Bien évidemment, nous aurions pu dans ce nouveau diptyque présenter des images des violences comme vous avez dû en voir énormément après cette manifestation du 1er mai, jour de la Fête des Travailleurs. Les médias nationaux évoquent souvent Paris, Rennes, Nantes et Lyon mais Toulouse pourrait aussi figurer sur la liste.
Ce n'est pas quelque chose que j'aime documenter : voir des gens se taper dessus, être menacé, respirer les gaz lacrymo, être arrosé par les canons à eau…, je m’en passerai bien. Seulement, depuis l'activation de l'article 49-3 pour faire adopter la loi sur la réforme des retraites, qu'on le veuille ou non, cela fait partie de l'histoire.
Peut-être, faudrait-il que je m’achète, comme certains de mes collègues, du matériel de protection tels que casque (souvent accroché au sac à dos), masque à gaz, pares-tibias, lunettes de plongée, etc. Mais cet accoutrement me met mal à l’aise et je m’y refuse pour l’instant.
Se présenter ainsi à une manif me paraît problématique. À mon sens, cela participe à une théâtralité de la violence vraiment préoccupante. Du coup, je préfère ne pas me déguiser, faire attention et parfois rester en retrait. Tant pis si je me limite dans mes possibilités de prises de vue (comme en plus je n’utilise pas de téléobjectif).
Sinon cette dernière quinzaine, on s’est occupés de nos vélos. On a fait changer les pignons à l’arrière afin d’avoir des développements plus petits car dans les côtes dépassant les 10% on souffrait trop. Maintenant, il nous sera possible de mouliner davantage.
Et puis, on a remis en route notre potager. Comme on a un peu reculé notre voyage à vélo de cette année (on partirait fin août ou début septembre), autant qu’on se fasse plaisir en jardinant et qu’on se nourrisse cet été à pas cher et avec de bons produits. Salades, tomates, épinards, artichauts, blettes et persil sont en place ; les haricots verts viennent d'être semés et notre fournisseur habituel nous prépare les prochains plants de courgettes, concombres, poivrons et aubergines.
Nous avons subi quelques pertes du fait de notre absence et de la sécheresse l'été dernier : il ne reste plus qu'un framboisier sur dix, trois groseillers sur six. Les fraises des bois et la consoude ont disparu. Mais l'oseille, la ciboulette, le thym et le romarin sont toujours là et les fraisiers (aux deux tiers désherbés) sont en fleurs. Aussi, cette année, on devrait avoir beaucoup de fruits car le gel n'a pas causé trop de dommages.
On voudrait terminer cette petite note par deux liens :
Le premier vous permettra de voir ou revoir le fameux reportage d’HCB réalisé à Londres lors du couronnement du roi en 1937. Un écho au tout récent couronnement de Charles III.
Le second concerne le Chili. Depuis notre voyage dans ce pays en 2020 (voir les reportages ici), nous sommes intéressés par son actualité (cf posts précédents) et le moins que l’on puisse dire, c’est que les derniers déroulements sont troublants. Nous allons continuer à suivre tout cela avec attention.
Bien à vous,
Hélène et Thomas
Prise de parole de Christophe Cassou (co-auteur du 6ème rapport du GIEC) juste avant le départ de la marche de protestation contre le projet d'autoroute Toulouse-Castres. Saïx, Tarn. France - 22 Avril 2023.
« Non à l'A69 - Macadam Massacre - Bifurquons sur les chemins de traverse ». Course de bolides artisanaux lors de la manifestation qui a réuni entre 4 500 et 8 000 opposants au projet de l'autoroute Toulouse-Castres. Saïx, Tarn. France - 22 Avril 2023.
Bonjour,
Comme pour le post précédent, nous n’avons pas en tête la première phrase qui nous aide généralement à démarrer nos petites bafouilles bi-mensuelles.
Alors, pour quand même avancer sans y passer trop de temps, on s’est fait un plan en 3 points :
• A69 : Samedi dernier (le 22 avril), Toto s’est pointé au grand rassemblement à Saïx contre le projet autoroutier entre Castres et Toulouse. Là, entre 4 500 (selon la préfecture) et 8 000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé à l’appel des collectifs et associations : la Voie est libre, les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion Toulouse et la Confédération paysanne. Contrairement à ce qui s'est passé le mois dernier à Sainte-Soline et que l'on a craint cette fois encore, il n’y a pas eu d'affrontements avec la police.
Ici vous trouverez un compte rendu imagé de la journée, là des « réactions et perspectives » au niveau local ou national des opposants et des défenseurs de ce projet, et là une courte analyse philosophique.
Sur son compte Twitter, Christophe Cassou (cf photo de gauche du diptyque) a publié le texte qu’il a lu à l’occasion des prises de parole, juste avant le départ de la marche de protestation. ; pour découvrir cet écrit, il vous faut descendre jusqu'au 24 avril 2023. Cassou est climatologue, directeur de recherche au CNRS et au CERFACS (Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique) et l'un des auteurs du 6ème rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat).
• 1/05 : La semaine passée, Toto a aussi été à une casserolade. C'était le 24 avril, exactement un an après la réélection d'Emmanuel Macron, et il était prévu des casserolades dans tout le pays. Comme on ne savait pas s’il y en avait une de prévue à Albi, il s’est d’abord rendu sur le parking du Decathlon où nous avions vu (sur Facebook) que le syndicat « SUD Solidaires Tarn » avait donné RDV.
En réalité, c’était le point de départ, pour une vingtaine de personnes, d’une action sonore dans les rayons de la (très) grande surface Leclerc du Séquestre, à l’entrée d’Albi. C’est ainsi que Toto s’est retrouvé à déambuler dans les rayons, appareil photo à l’épaule, pour documenter ces moments de casserolade de supermarché. « On est là ! On est là ! Même si Macron le veut pas, nous on est là ! ».
Comme après ils ont dit qu’ils se rendaient à celle de 20 heures sur la Place du Vigan, il les a suivis, abandonnant l’idée d’aller Place du capitole à Toulouse. Notre bilan carbone appréciera ! Là, il a photographié (si l’on peut dire) le tintamarre généré par une cinquantaine de personnes. Elles ont déambulé pendant une heure, sous surveillance discrète de la police municipale, dans les rues du vieil Albi (en passant par la mairie, la préfecture et la cathédrale). Un des manifestants avait écrit sur son ustensile de cuisine « Dispositif sonore portatif pour l’emmerder ! », référence à l'arrêté préfectoral, publié dans l’Hérault après le mauvais accueil réservé au président de la République lors de son déplacement en Alsace.
Demain, Toto va documenter le défilé du 1er Mai à Toulouse. C’est une date attendue qui comptera dans cette lutte contre la loi sur la réforme des retraites. Beaucoup de médias se demandent si ce sera un baroud d’honneur ou bien une étape de plus dans cette lutte. Le lendemain, il ira sûrement prendre des photos devant le tribunal d’Albi où doit être rendu la décision concernant les personnes jugées pour des faits de “dégradations” du bien d’autrui lors du rassemblement spontané devant la préfecture, le soir du 49-3.
Et le surlendemain, il y aura l'avis du Conseil constitutionnel concernant la deuxième demande de RIP (référendum d'initiative partagée) visant à interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans. Il a été déposé par députés et sénateurs de gauche afin de se donner une chance supplémentaire de contrer la réforme des retraites.
• IA : Bon, on imagine que tout le monde a entendu parler des logiciels d’intelligence artificielle qui ont défrayé la chronique, comme le désormais fameux ChatGPT (Chat Generative Pre-trained Transformer : Transformateur génératif pré-entraîné de conversation).
Il en existe aussi pour la photographie. Dernièrement, le photographe Michael Christopher Brown a utilisé l’IA pour son projet intitulé « 90 miles », travail sur la vie à Cuba et les raisons qui poussent les gens à traverser l’océan pour rejoindre les côtes de la Floride. Inutile de dire que l'IA pose des questions abyssales (les philosophes diraient d’ordre ontologique et épistémologique).
Notre première réaction en découvrant cette « expérience post-photographique d’illustration de reportages générée par intelligence artificielle (IA) » a été, comme le chantait jadis le regretté Alain Bashung : « C’est comment qu’on freine ? ».
Évidemment, nous allons suivre tout cela avec attention. Il y a peu déjà, on vous avait parlé de « The Book of Veles », le reportage fabriqué de toutes pièces par le photographe de l’agence Magnum, Jonas Bendiksen, qui avait bien trompé son monde, jusqu’au festival du photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan. Et dernièrement, le photographe allemand, Boris Eldagsen, a refusé son prix au Sony World Photography Awards en révélant que son image avait été générée par l’IA.
Allez, on vous laisse pour cette quinzaine. Aujourd’hui encore, on voudrait bien avancer dans le montage des diptyques des reportages d’Espagne et dans l’écriture des légendes. Ce travail que nous avons commencé en 2022 résonne malheureusement avec les dernières nouvelles que nous avons du pays.
D’ailleurs, depuis deux ou trois jours, on se demande si on ne va pas décaler d’un an notre voyage à vélo au Royaume-Uni. Il se pourrait que nous retournions, une fois de plus, dans la péninsule ibérique cet été ou à l’automne. C’est une idée qui offre, comme souvent, pas mal d’avantages et quelques frustrations. On vous en reparlera prochainement si au final on la valide.
Bien à vous,
H&T
PS : Malgré son apparence plutôt PowerPoint, cette note n’a pas été générée par ChatGPT ! C’est plutôt l’immersion politico-médiatique que l’on s’inflige depuis le début de la contestation de la réforme des retraites qu’il faut blâmer !
Devant les grilles de la Préfecture d’Albi, le soir de l'activation à l'Assemblée nationale de l'article 49-3 pour faire adopter la loi sur la réforme des retraites. Cette loi allongera de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite. Ce feu de poubelles, allumé en signe de protestation, entraînera quelques jours plus tard des arrestations et des comparutions immédiates au Tribunal judiciaire d’Albi (cf post précédent). Albi. France - 16 Mars 2023.
À la fin de la 10ème journée de mobilisation à Albi, des manifestants sont allés déposer devant la porte de la mairie une ganivelle accompagnée d’un message : « Pour Mme la maire d'Albi. Merci d'avoir clarifié votre position sur la question des retraites. » (signé : L’Intersyndicale). Il faut dire que lors de l'incendie de poubelles devant les grilles de la préfecture d’Albi, des personnes en avaient jeté une au feu, ce qui avait provoqué une plainte de la Mairie. Albi. France - 6 Avril 2023.
Bonjour,
D’habitude, pour écrire ces petites notes, on a toujours la première phrase qui nous vient facilement. Mais là, ce matin : Nada ! En ce moment, on est un peu débordés par le travail de montage des reportages d’Espagne, le suivi des manifestations et des rendez-vous médicaux, pour nous et notre famille.
Alors, on va faire bref. L'actualité, largement médiatisée en France et à l'étranger, est la décision du Conseil constitutionnel, le vendredi 14, de valider la loi sur la réforme des retraites et sa promulgation dans la foulée, par le président, le samedi 15. Notre blog n'ayant pas vocation à être dans le commentaire et l'analyse, nous n'allons pas en parler beaucoup. Juste en faire mention, car cela fera date, et ajouter que nous sommes inquiets pour l'état d'un pays divisé et fatigué suffit.
Voyons maintenant où tout cela va nous mener. Dans la mesure de nos moyens, nous pensons que nous allons continuer à suivre la mobilisation contre la réforme. Du moins jusqu’à la prochaine date donnée par l’intersyndicale, celle du 1er mai (jour de la Fête du Travail) et la nouvelle décision du Conseil constitutionnel concernant la seconde demande de RIP (référendum d'initiative partagée) attendue le 3 mai.
Ah ! Hier, nous avons lu avec intérêt la tribune de Philippe Descola (anthropologue - Professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d'Anthropologie de la nature) à propos du mouvement « les Soulèvements de la Terre » et aussi l’intervention de Valérie Masson-Delmotte (paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC depuis 2015) sur ce même sujet. Deux personnes que nous avons souvent été amenés à lire pour nos recherches.
Ce week-end, une grande manifestation contre le projet d'autoroute A 69 aura lieu dans le Tarn, entre Castres et Toulouse. Elle est organisée par 4 collectifs d'opposants dont les Soulèvements de la Terre. Ici, à partir de la 41eme minute de l’émission, un reportage sur les lieux puis une interview.
Là, vous trouverez une interview vidéo instructive de Fabien Jobard (docteur en science politique et directeur de recherches au CNRS) intitulée : « Le spectacle de la violence, toujours à l'avantage du pouvoir ». Il y revient notamment sur l'histoire des politiques et des pratiques du maintien de l'ordre "à la française", évoque celles que l'on voit actuellement dans les rues des grandes villes depuis l'activation du 49-3 et termine par la gestion politique des conflits à Sainte-Soline et à Sivens.
Pour terminer, voici le dernier album de Rogê que nous écoutons en boucle : "Curyman", qui, tout comme sa discographie, fait du bien à l’âme et au corps. Le musicien, surnommé "prince de la scène nocturne de Rio", a fui la violence du Brésil de Jair Bolsonaro en 2019 pour la Californie et y a enregistré ce disque.
Bien à vous,
Hélène et Thomas
Entre 200 et 300 personnes sont venues soutenir 3 syndicalistes et deux militants, devant le palais de justice d’Albi, pour des faits de “dégradations” du bien d’autrui lors du rassemblement spontané devant la préfecture de la ville le 16 mars dernier. Albi. France - 31 Mars 2023.
Finalement, nous n’avons pas arrêté de documenter la lutte sociale contre la réforme des retraites (contrairement à ce que nous laissions entendre dans notre post précédent). Nous avons décidé de continuer à photographier les journées de manifestations nationales de l’intersyndicale, que ce soit à Albi, Castres ou Toulouse, et de nous en tenir là. Suivre les différentes actions en dehors (grèves, tractages, blocages, réunions publiques, etc.) aurait bien sûr un intérêt mais le temps et les moyens nous manquent.
La seule entorse que nous avons faite à cette règle a eu lieu le 16 mars, le jour du 49-3, où nous avons documenté la mobilisation « spontanée » Place du Vigan et devant la préfecture d’Albi, après l’activation de cet article de la constitution. Le journal Le Tarn libre a fait un bon récit de cette soirée que vous pouvez lire ici.
Les dégradations ce jour-là, devant les grilles de la préfecture, ont eu pour conséquences des interpellations jeudi 30 mars, suivies de gardes à vue de 24 heures (lire ici les réactions « pointant une stratégie de la tension ») et une comparution immédiate le lendemain devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de la ville. Nous avons donc documenté les rassemblements de soutien devant l’hôtel de police puis devant le tribunal.
Depuis le 49-3, comme c’était prévisible, le pays a plongé (en plus de la crise sociale) dans une crise politique énormément commentée en France et à l’étranger.
Christian Salmon, souvent surprenant dans ses chroniques sur notre époque, a écrit un article à propos des feux de poubelles qu’il voit comme l’« emblème de la révolte contre la réforme des retraites ».
De temps en temps, au cours de la dizaine de manifestations que nous avons suivies, il nous est arrivé de croiser des gens rencontrés à l’époque de Sivens.
Nos échanges pointaient, avec tristesse, certaines similitudes dans les deux situations (projet discutable, absence de dialogue, conflits de légitimité, passage en force, violences et instrumentalisation des violences, etc). Cela nous faisait craindre à tous le pire, comme ce qu’il vient de se passer le week-end dernier autour des bassines de Sainte-Soline. Aussi, la manifestation à Toulouse (celle du 28/03) nous a paru à beaucoup de points de vue inquiétante.
Comment, après Sivens, peut-on encore en arriver là, franchement ?
La synthèse du 6e rapport du Giec (passée largement à la trappe, du moins en France, du fait du contexte explosif que vit le pays) vient d’être publiée ce 20 mars et elle porte sur les solutions. Pour être constructif, ne serait-il pas possible par exemple de décider qu’elle pourrait être mise en haut de la pile des dossiers à traiter sérieusement (avec aussi celui de l'IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques sur la biodiversité) ?
Bien à vous,
HTC
PS : Pour les lecteurs étrangers qui ne connaîtraient pas les raisons de l’opposition à la réforme des retraites, voici une interview de Laurent Berger, président de la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail) et président de la confédération européenne des syndicats, sur la question.
Pour finir, voici la fiche wikipédia de Jean Jaurès, célèbre homme politique du Tarn (il est né à Castres en 1859), qui semble nous avoir rendu visite (cf photo de gauche du diptyque) !
Mobilisation organisée par l’intersyndicale, qui réunit entre 5 000 et 8 000 manifestants à Castres, contre le projet de réforme des retraites (dont la principale mesure est le passage à 64 ans de l’âge légal pour la retraite). La signature sous la photo de Jean Jaurès est celle de Philippe Martinez. La pancarte a été dédicacée par le leader de la CGT lors de la grande manifestation du 16 février à Albi. Castres. France - 7 Mars 2023.
Fin de la manifestation qui a réuni 300 manifestant(e)s lors de la Journée internationale des droits des femmes. C’était aussi l’occasion de poursuivre le mouvement contre la réforme des retraites. Albi. France - 8 Mars 2023.
Holà,
Hier, nous sommes sortis d’un long tunnel. Pour y parvenir, il nous a fallu faire deux passages permettant d’écrémer au maximum toutes les images récoltées durant notre périple en Espagne et au Portugal. Nous commençons à présent à sélectionner les photos qui resteront dans les reportages du tour de la péninsule ibérique.
Maintenant débute le côté créatif du travail d’éditing consistant à réfléchir à des diptyques, à l’ordre des images et au rythme de l’ensemble. Après la partie prise de vue sur le terrain, c’est l’étape la plus intéressante dans la réalisation d’un reportage car c’est le moment où tout prend forme. Ce n’est pas toujours facile mais quand on arrive à des séquences qui (pour nous) fonctionnent c’est cool.
Ensuite, il faudra se lancer dans la réalisation ; soit deux autres long tunnels pour faire la chromie des images et monter les diptyques puis légender le tout.
C’est encore beaucoup de travail qui reste sur notre bureau avant un départ à vélo (au printemps si possible) pour le Royaume-Uni, deuxième étape de notre tour d’Europe. Alors on se demande si, après la prochaine journée de mobilisation contre le projet de reforme des retraites le 15 mars (la 8ème que nous photographierons), on ne va pas « décrocher » des manifestations, faute de temps.
Le 16, le texte devrait être voté à l’Assemblée nationale (avec l’appui des parlementaires LR) ou être adopté par un 49-3 (adoption d'un texte sans vote) et ce sera une autre histoire qui commence…
Dernièrement à la radio, nous avons entendu une interview de Bruno Palier, directeur de recherche au CNRS qui a résumé assez simplement ce que l'on est en train de vivre sur le front social. Et ce matin, Jérôme Fourquet (directeur du département Opinion Publique à l’IFOP) a formulé ce qu’était d’après lui l’état d’esprit des Français en ce début de semaine déterminante.
À notre avis, il n’est pas inutile de mentionner ces deux courtes interventions, afin de garder une trace précise de ce moment de la vie du pays.
Pour terminer, on vous met quelques autres liens, cette fois-ci poétiques et musicaux.
La semaine passée, on a été contents d’entendre le bel hommage rendu au maître Leonard Cohen par Pascal Bouaziz (musicien dont on vous a déjà parlé dans ce blog), Gilles Tordjman et Lou à la Maison de la Poésie de Paris. Nous ne savions pas que ce lieu mettait en ligne de tels moments (là et là) et nous en regarderons certainement d’autres.
La poésie va bien sûr avec la musique mais aussi avec la photographie documentaire, comme nous l’a enseigné Eugène Atget, « inventeur de la photographie moderne ».
Bien à vous,
H&T
PS : On vous rajoute une autre courte interview de Bruno Palier écoutée sur le chemin pour aller à la manif de Toulouse. Il parle notamment des conséquences politiques possibles de ce projet de réforme contestée des retraites.
Manifestation organisée par l’intersyndicale et ses leaders contre le projet de réforme des retraites (dont la principale mesure est le passage à 64 ans de l’âge légal pour la retraite). Albi. France - 16 Février 2023.
C’est un peu énervé que je me rends à vélo à Albi le jeudi 16 février 2023. Pour différentes raisons, les organisations syndicales ont fait le choix de défiler ce jour-là dans la préfecture du Tarn, vue comme un symbole des villes moyennes qui se mobilisent fortement contre la réforme des retraites.
La veille, nous avions lu dans la presse locale qu’il fallait demander une accréditation pour s’approcher des représentants syndicaux nationaux lors de cette nouvelle manifestation unitaire. Le problème, c’était qu’il n’était pas mentionné à qui s’adresser ; et puis surtout, étant indépendants et sans carte de presse, nous savions par avance que cela ne le ferait pas.
Du coup, notre espoir, comme je l’ai dit à mon oncle croisé sur le chemin vers le lieu du départ de la marche, c’est que : « Avec un peu de chance, je vais trouver quelqu’un que je connais qui m’aidera à passer et puis à la fin je lui payerai un demi au Pontier ! » (pour les non-Albigeois, c’est une grande brasserie située Place du Vigan sur laquelle doit se terminer la manif).
Près du rond point du Séquestre où ça va démarrer, il y a déjà beaucoup de monde. Sans trop m’attarder à prendre des photos, je remonte la longue file des manifestants qui se préparent. À la tête du cortège, c’est bondé et les leaders sont déjà en place derrière leur banderole. Problème : il n’est pas possible de les approcher car il y a un carré réservé, protégé par une corde tenue par des militants.
Ce dispositif ne m’est pas inconnu ; déjà, à la COP 26 de Glasgow, j’avais rencontré ce même obstacle lorsqu’il s’était agi de photographier Greta Thunberg par exemple. Pendant une heure environ, le cortège reste immobile. Les équipes syndicales font d’abord entrer dans le « carré VIP » les télévisions, les radios, la presse écrite (je ne me rappelle plus dans quel ordre) pour aller faire des interviews. Et ensuite, il est permis aux photographes de s’avancer à 6-7 mètres, mais pas longtemps, pour immortaliser le cortège de tête avant qu’il s’élance, toujours protégé par le cordon.
Durant toute cette attente, je fais des photos en hauteur en montant sur une murette, discute avec un collègue photographe rencontré à l’époque de Sivens et puis surtout, tente de défendre tant bien que mal ma cause auprès des organisateurs. « Non, c’est vrai, je n’ai pas de carte de presse, mais cela fait longtemps maintenant que je suis photographe. Vous savez, j’ai mon site internet, vous pouvez y jeter un oeil, vous verrez que je ne vous raconte pas d’histoires, etc. ».
À un moment, quand ce fut le tour de la presse écrite de pouvoir s’approcher des représentants, une dame compréhensive qui tenait la corde m’a laissé passer dessous en disant à ses collègues : « Bon, faut pas exagérer quand même, qu’il passe pour faire son travail. » Merci à elle !
Laurent Berger (CFDT- Confédération française démocratique du travail) et Philippe Martinez (CGT - Confédération générale du travail) ne sont pas visibles tellement l’attroupement autour d’eux est dense. Alors, je vais photographier les leaders de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens), Cyril Chabanier et de la CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres), François Hommeril. Ils semblent bien contents que nous soyons quelques uns à s'intéresser à eux et répondent gentiment à mon hochement de tête en guise de salutation.
Malheureusement, je n’ai pas pu rester plus de 2 minutes avant d’être rattrapé par la patrouille qui me reconduit derrière la corde, en me promettant cependant que je pourrai passer plus tard avec les autres photographes.
La photo de gauche du dyptique a donc été réalisée après, avec le reste de la profession, avant que je décroche du carré VIP pour partir photographier l’ensemble du cortège. Nous l’avons bien recadrée car, ne possédant pas de longue focale, les photos montrant la banderole en entier avec tous ses participants ne seraient pas trop lisibles, présentées comme cela en dyptique et en petit.
La photo de droite de Philippe Martinez posant avec un jeune militant fut prise, elle, pas loin de la fin du parcours. C’était quand je suis remonté dare-dare de la queue de la manif, en espérant que cela serait un peu plus décontracté en tête et que je pourrais mieux travailler.
Je me retrouve encore derrière la corde, mais maintenant celle-ci est moins éloignée de la banderole et il n’y a plus autant de personnes entre. Je fais alors d’autres photos, moins formatées, avec Philippe Martinez de la CGT mais je n’ai pas réussi avec les autres leaders. Laurent Berger avait quitté la tête du cortège (peut-être pour aller discuter plus discrètement et prendre le pouls des manifestants ?).
Les deux photos présentées nous plaisent pas mal au final. Elles donnent à voir l’ambiance bon enfant des 5 journées de manifestations que nous avons suivies. Bien affaiblis ces dernières années, il est manifeste que les syndicalistes savourent le succès de leurs mobilisations (55 000 manifestants à Albi pour celle-ci, 10 000 selon la préfecture), avec un « nombre de nouvelles adhésions qui décolle ».
Voyons maintenant ce que réserve le mois de mars, et notamment la journée du 7 où l’intersyndicale appelle à une grève reconductible.
À part ça, sur le front de la fastidieuse sélection des images ibériques de notre dernier périple (qui sont en lien avec la sécheresse historique que connaît la péninsule), on avance !
Bien à vous,
HTC
Manifestations organisées contre le projet de réforme des retraites dont la principale mesure est le passage à 64 ans de l’âge légal pour la retraite. Albi et Toulouse. France - 11 Février 2023.
Salut !
On n’a pas vu passer la quinzaine tellement on est occupés. Après notre dernier périple en Espagne et au Portugal et avant celui au Royaume-Uni, notre souhait de se mettre au vert n’a pas été exaucé. C’est plutôt dans le rouge que l’on se retrouve, avec la montagne de photos ibériques à trier et aussi les manifestations contre la réforme des retraites à documenter.
Cette semaine, Toto s’est cogné à vélo plus de 100 km, avec beaucoup de côtes, pour se rendre aux 2 dernières manifs. La bonne chose c’est qu’ainsi, avec en plus la coupe du bois de chauffe qu’il ne faut pas négliger, il garde la forme.
Jeudi 16 février, à Albi, les différents leaders syndicaux (Laurent Berger de la CFDT, Philippe Martinez de la CGT, Frédéric Souillot de FO…) vont se joindre à la future manifestation. Ils se sont tous unis (ce qui est rare) pour contrecarrer les plans du gouvernement. Ils ont choisi la préfecture du Tarn comme symbole des villes « petites et moyennes » qui se mobilisent beaucoup dans toute la France contre la réforme des retraites. C’est une chance pour le reportage qu'ils viennent ici, on n’aura pas à aller très loin pour avoir l’opportunité de les photographier !
Comme il y a les vacances de février, la date de la prochaine grande journée de mobilisation est prévue le 7 mars. Les syndicats ont posé un "ultimatum" au gouvernement, avec la menace de durcir le mouvement et mettre la France à l’arrêt, si le projet n'est pas retiré. On va essayer de profiter de ce laps de temps pour avancer au max dans l’éditing des reportages espagnols et portugais ; car la priorité pour nous est de repartir au printemps avec tous les reportages montés.
Que vous dire de plus ? Ah, il y a quelques jours est sorti le 17ème volume des fameux bootlegs de Dylan (contenant les sessions d’enregistrements de l’album paru en 1997 : « Time Out of Mind »). Le morceau « Not Dark Yet » est accompagné d’une vidéo contenant 79 images des archives de la grande agence Magnum Photos.
Si vous aimez le principe de la rencontre d’une chanson avec des photos, vous pouvez aussi cliquer sur ce lien. Il s’agit d’un montage photo amateur trouvé sur le net de la belle idée de Jean-Louis Murat (sortie à l’occasion d’un CD offert aux lecteurs de Télérama en 1997). Dans cette composition, à l’origine pour Michel Delpech, JLM y célèbre l'œuvre de HCB (Henri Cartier Bresson, l'un des fondateurs de l'agence de presse photographique Magnum Photos).
Pour finir, on vous met un lien pour écouter un autre titre de Bobby, issu de l’album « Modern Times » paru en 2006. Nous trouvons que cette ballade poignante résonne bien avec ce que l’on peut voir et entendre dans les rues de nos jours, les jours de manifestations notamment …
Bonne écoute et bon visionnage !
Hélène et Thomas
Manifestation organisée contre le projet de réforme des retraites dont la principale mesure est le passage à 64 ans de l’âge légal pour la retraite. Toulouse. France - 19 Janvier 2023.
Bonjour,
Voilà, on vient juste de finir de regarder toutes les images réalisées l’année dernière en Espagne et au Portugal. Cette première étape du processus d’éditing est comme toujours assez fastidieuse. Il s’agit de trier les photos et d’essayer de repérer celles qui resteront à la fin pour monter le reportage, ou du moins celles qui ont des chances de l’être.
Cela demande de la concentration afin de ne pas laisser passer entre les mailles du filet trop de photos, peut-être moins évidentes au premier coup d’œil, mais qui pourraient être utiles au final. On a quelques déceptions avec des photos de paysages qui ne rendent pas toujours aussi bien qu’on aimerait. Il va donc falloir se pencher sur l’achat d’un objectif de plus longue focale et de meilleure qualité.
Étant habitués à travailler en argentique (avec des péloches ou des diapos), pendant le reportage on a tendance à ne pas prêter beaucoup d’attention aux images collectées. Mais, comme depuis trois ans nous sommes passés au numérique, il serait bien de se poser pour faire ce premier écrémage une fois par semaine ou tous les 15 jours. Cela nous permettrait de faire une pause dans les kilomètres à vélo et de s’avancer un peu dans la sélection des images. Ceci dit, ce n’est pas sûr que cela puisse se produire durant le tour d’Europe que nous projetons car, au vu de nos expériences lors de notre périple dans la péninsule ibérique (cf posts précédents) : trouver un spot pour un soir seulement n’était pas des plus faciles !
Sinon, ce mois-ci encore, Toto est allé à Toulouse photographier la manifestation du 19 janvier contre la nouvelle réforme des retraites du gouvernement. Souvent, dans nos échanges avec les Espagnols et les Portugais revenait, avec une certaine admiration, la faculté qu’a le peuple français de se mobiliser dans la rue contre des réformes qu’il juge inacceptables.
Avant la date du 19 janvier, on lisait dans les médias que le gouvernement pariait sur plus de résignation que de mobilisation, du fait de la grande fatigue des Français après les années Covid et maintenant de la guerre en Ukraine, l’inflation… Ben c’est raté ! Entre 1 et 2 millions de personnes ont défilé dans toute la France ce jour-là.
Avec les nombreux sujets que nous avons sur notre bureau (le dernier voyage en Espagne et au Portugal plus le tour de France), on s’est posé la question de suivre photographiquement cette histoire. Et puis on s’est dit qu’on ne pouvait pas en faire l’impasse.
C’est un moment important pour le pays, et cela renvoie directement au travail réalisé sous les 3 dernières présidences et, indirectement, à celui au long cours que nous menons sur le FN-RN. Alors, même si nous sommes déjà bien occupés et qu’il nous est plus difficile de nous rendre sur les lieux de manifestations depuis que nous habitons à la campagne, nous ferons quelque chose dans les semaines qui viennent. Mardi 31 janvier, Toto partira à vélo documenter à nouveau la prochaine journée de manifestations (cortèges et grèves) organisée par l’intersyndicale, unie pour l'instant ; unité que l'on n'avait pas vue depuis des lustres.
Nous n’avons pas encore décidé s’il retournerait à Toulouse, Albi (préfecture) ou Castres (sous-préfecture). En effet, une caractéristique de ce mouvement est qu’il y a eu une grande mobilisation dans toute la France avec environ 200 points de manifestations le 19 janvier.
Bien à vous,
H&T
Billie, cheffe de chantier, accompagne souvent Toto qui va scier du bois le matin. France - 1er Janvier 2023.
Bonjour, Bonjour !
Depuis plus d’une semaine maintenant nous sommes de retour au bercail. Nous avons commencé le tri des photos de nos reportages en Espagne et au Portugal. C’est un deuxième voyage, cette fois-ci assis dans un fauteuil du bureau, près du poêle ! Dans les semaines qui viennent, nous posterons sur ce blog des images et des commentaires au fur et à mesure de notre avancée dans les innombrables dossiers.
Nous avons bien retrouvé Billie le chat (qui malgré notre longue absence a pris beaucoup de poids) et dans le jardin l’oseille perpétuelle et la ciboulette.
Comme il nous a été offert à Noël un livre de cuisine d’Ottolenghi, nous nous régalons bien en essayant les différentes recettes. On ne devrait cependant pas trop s’empâter ; car la résolution du nouvel an est que, contrairement à notre mauvaise habitude, nous n’allons pas délaisser nos valeureuses bicyclettes en attendant un nouveau départ. En effet, les années passant, c’est chaque fois plus difficile de se relancer.
Selon nos plans, l’année 2023 nous verra sillonner le Royaume-Uni et l’Irlande. En Espagne, l’idée de suivre les fleuves Tage, Guadalquivir et Segura s’est avérée bien fructueuse. Si vous avez des idées quant à un itinéraire outre-Manche, on est preneurs.
Même si, sur bien des aspects, le cru 2022 ne nous porte pas trop vers un optimisme béat, nous vous souhaitons une très Bonne Année 2023 à vous et vos proches.
À Montauban, notre ancienne voisine bouddhiste nous parlait souvent de « Confiance et Joie » lorsqu’elle nous trouvait accablés. Si on peut se permettre, nous ajouterions bien à ce mantra : Énergie !
Bien à vous,
Hélène et Thomas
Petit déjeuner sur la plage après une nuit passée à l'aéroport d'Alicante. Playa de Agua Amarga, Alicante capitale, Province d'Alicante, Valence. Espagne - 19 Décembre 2022.
À la tombée de la nuit, décorations de Noël au Camping Bon Sol. El Campello, Province d'Alicante, Valence. Espagne - 20 Décembre 2022.
Ya esta ! (Ça y est !)
C'est la fin de la première étape du tour d'Europe à vélo que nous allons essayer de faire.
Le parcours final à vélo s'est bien déroulé : de Murcia jusqu'à Alicante, avec un détour par la Mar Menor et un arrêt prolongé à Guardamar, à l'embouchure du Río Segura, l'ultime fleuve de notre liste.
Nous avons encore dormi dans des Polideportivos (gymnases), dans des campings quand leurs prix n'étaient pas exhorbitants (certains ne font pas de différence entre deux vélos et une petite tente et un immense camping-car qui transporte une voiture dans sa soute) et même "chez l'habitant" ! comme on pouvait dire avant. Merci à Juan Pedro et Natalia, Cathy et Antonio ainsi qu'à Manolo et Magda.
Par contre, à Alicante on s'est bien pris la tête. D'abord à la gare routière où (contrairement à ce que beaucoup de gens nous avaient dit) le chef de gare nous a informés qu'il nous serait impossible de rentrer à la maison avec nos valeureuses bicyclettes par ce moyen de transport.
Puis à la gare ferroviaire, là encore, on a eu beaucoup de déconvenues. Le train Alicante-Montpellier, s’arrêtant un peu partout qu'on nous avait indiqué, ne circule plus. Et les deux autres options (train longues distances ou petites distances) comportaient tellement de complications pour nos vélos que Toto a lancé à nos interlocuteurs que, si c'était comme que ça, il allait rentrer en France en pédalant !
Résultat, nous avons passé la soirée et la nuit à l'aéroport d'Alicante. Là, on a essayé de voir si on ne pouvait pas louer une voiture pour rentrer et le "muchacho", à son guichet, nous a conseillé d'oublier : le prix quand on passe une frontière est d'environ 1 500 euros !!!
Au bureau Informations de l'aéroport, un autre "chico" sympathique, à qui nous exposions la problématique, a dans un premier temps pensé à BlablaCar (mais les vélos ?), puis à commencé à chercher un vol avec les différentes compagnies. Après en avoir trouvé deux à des prix incroyables, il nous a laissés nous dépatouiller avec notre mobile car aller faire la réservation au guichet aurait gonflé exagérément la facture. Ce n'est que vers 4h du mat que nous avons réussi à booker des places encore disponibles pour Toulouse, dans deux jours.
Bien entendu, la solution trouvée nous contrarie énormément. Normalement, sur le chemin du retour, il était prévu de longue date de faire escale chez une amie de lycée de la miss, pas très loin de Gérone, au nord de Barcelone. Il y a bien longtemps qu'elles ne se sont pas vues et cela aurait dû être une occasion en or. Aussi, bien sûr, pour des raisons écologiques, nous aurions préféré voyager par le rail où la route.
Nous ne devrions pas conclure ainsi ce périple de 6 mois et 6 000 km parcourus dans la péninsule ibérique. Mais ce soir, très fatigués après la nuit blanche à l'aéroport, et malgré une alternative peu onéreuse pour retrouver les mamans et la famille qui nous attendent pour Noël (et aussi Billie Ze Cat), malheureusement nous n'avons que cela en tête.
« Venga ! No pasa nada. » (Allez, ce n'est pas grave.) Gageons qu'une fois la frustration passée, nous aurons des choses plus positives à partager avec vous.
En attendant, une bonne fin d'année à vous et encore un grand Merci à toutes les personnes qui nous ont donné la main (echar una mano) en Espagne et au Portugal ces derniers mois.
À bientôt !
Elena y Tomas!
Sur la carte : indication touristique et localisation de la fin de la rivière Le Mundo, un affluent du fleuve Segura. Capture d’écran du téléphone portable. Espagne - 4 Décembre 2022.
Sur le terrain : Las Juntas (L'union). Le lieu où l'affluent du Segura, le Río Mundo (à droite), se joint au fleuve Segura (à gauche). En arrière-plan, des parcelles de riz déjà récoltées. Las Juntas, près de Las Minas, Province d'Albacete, Castilla-La-Mancha. Espagne - 4 Décembre 2022.
Holà, holà,
Bientôt la fin de ce voyage !
Ce soir, nous ne sommes pas loin de Murcia et bientôt, de l'embouchure du fleuve Segura qui est située à Guardamar del Segura, au bord de la Mer Méditerranée. Avant, nous irons faire un tour à la Mar Menor qui se trouve plus au sud. Puis, nous pensons prendre un train ou un bus pour rentrer au bercail.
Comme d'habitude, les derniers kilomètres sont toujours plus difficiles. Bien sûr, il y a de la fatigue accumulée ; mais il y a surtout une sorte de relâchement ou de démobilisation qui n'aide pas à pédaler, faire des photos ou écrire.
Ces derniers jours ont tout de même été plutôt fructueux sur le plan photographique. Nous avons pu faire des images intéressantes (nous pensons !) dans les montagnes et puis après. Grâce à une bienvenue super aide locale, nous nous en sommes bien sortis quand il s'est agit de photographier l'arrivée du Trasvase Tajo-Segura dans le barrage de Talave.
La petite blague fut que pour atteindre le lieu qui est proche de Liétor, à Elche de la Sierra on a vu le panneau Létur et on a tourné. Du coup on est partis dans la direction opposée, ce qui nous a valu le lendemain de revenir en arrière ! Soit 60 km pour rien quand même. Il paraît qu'on n'est pas les seuls à qui cette mésaventure est arrivée. Une fois, des musiciens de flamenco qui étaient attendus pour animer une fête à Létur se sont pointés, eux, à Liétor.
Aujourd'hui, on a photographié entre autres choses le début du canal qui amène de l'eau du Trasvase Tajo-Segura à la région d'Almeria. Ces images feront sûrement le lien avec le travail réalisé en 2007 en Andalousie notamment.
On aurait pu vous parler de bien d'autres choses dans cette note si nos yeux n'étaient pas si lourds ce soir :
- Une soirée grillades baptisée "cholestérol pur" par notre hôtesse Maria Angel.
- Un tracteur vibreur qui déplie une sorte de parapluie à l’envers autour du tronc des oliviers pour récolter les olives sans qu'elles tombent au sol.
- Une rencontre aussi chaleureuse que riche avec un adepte de la permaculture.
- Des peintres en bâtiment qui nous préparent un espace à l'abri dans un village de montagne déserté en hiver.
- Deux rencontres avec deux artistes peintres.
- Des terrasses irriguées avec un système à l'ancienne de petits canaux.
- Des grande roues (norias) pour amener de l'eau dans ces canaux.
- Quand nous pédalons, l'odeur des olives mûres et cette semaine celle des citrons.
- etc.
Venga ! Peut-être que la prochaine fois qu'on vous écrira nous aurons passé la ligne d'arrivée ou du moins, que nous en serons proches.
Une bonne fin de semaine à vous y Hasta luego (À plus tard) !
Elena y Tomas
Pique-nique à quelques mètres de la naissance du Guadalquivir, « seco, seco seco ! Es una Pena. (C'est sec, sec, sec ! Quelle tristesse.) » disent-ils ici. Sur la piste qui nous a amenés là, nous avons trouvé des renards qui "mendient" de la nourriture et des gens qui (malgré les panneaux d'interdiction de donner à manger aux animaux sauvages) leur en offrent. À 1 400m d'altitude, Sierra de Cazorla, Province de Jaén, Andalousie. Espagne - 20 Novembre 2022.
Naissance du Segura, « con poco agua. Una pena ! (avec peu d'eau. Quelle tristesse !) ». À 1 413 m d'altitude, Sierra de Segura, Province de Jaén, Andalousie. Espagne - 25 Novembre 2022.
Buenas días,
Voilà c'est fait, les deux naissances des fleuves Guadalquivir et Segura sont dans la boîte (comme on disait jadis en photographie argentique).
Pour cela, il nous a fallu franchir deux cols (le Puerto de Las Palomas et celui de Pontones) et même, redescendre à Úbeda chercher un nouveau pneu. Celui que nous avions acheté, il y a deux semaines environ à la boutique de vélos justement nommée Sube y Baja Bikes (Vélos Monte et Descend), a fumé complètement près du lac de montagne très touristique El Tranco de Beas.
Ce jour-là fut particulièrement chargé en émotions. Après avoir essuyé, dans un camping, une nuit ventée et pluvieuse (il est tombé 12 mm en moins de 12 heures nous a t-on dit le lendemain) puis s'être réchauffés et séchés près d'une énorme cheminée à la réception, bavardé un peu sur la route avec un jeune couple de cyclos de Chambéry qui descendait à Séville (prendre un bateau qui les mèneraient aux Îles Canaries où les attendrait un voilier se rendant au Brésil—peut-être le début d'un tour du monde?), photographié le barrage très bas (qui serait seulement rempli à 23%), nous avons fait la rencontre de Maribel dans des conditions très particulières.
Alors que la nuit commençait à tomber et que nous nous demandions s'il valait mieux s'arrêter et camper près de la source trouvée sur le chemin, Maribel stoppa son 4x4.
« - Vous faites quoi ?
- Heu !
- Je suis la gérante du camping que vous venez de passer.
- On l'a vu mais il était fermé !
- Allez suivez-moi, je vais vous aider. »
Une première ou presque !
Dans la précipitation, nous nous sommes élancés en oubliant les gants d'hiver de Toto qui, simplement posés sur le porte-bagage, sont tombés sur la route. Un cri de la Miss, un freinage trop sec sur le macadam mouillé et le pneu neuf s’est retrouvé avec un trou de la taille d’une pièce de deux euros accompagné de l'explosion sonore de la chambre à air. Bingo ! Tout cela en haute montagne, à une semaine de vélo environ de la première boutique de cycles.
Heureusement, Maribel a bien pris les choses : « Ma mère disait que la seule chose grave c'est de perdre la vie. » Elle devait aller à Úbeda le lendemain pour des papiers. Nous l’y avons accompagnée et nous en avons profité pour acheter aussi des chaussures imperméables pour Toto, des grosses chaussettes et de nouveaux gants pour la miss.
Cette mésaventure nous a encore plus retardés mais, pour regarder les choses de façon positive, elle nous aura permis de nous reposer un peu, de s'équiper et de faire la rencontre de Maribel.
Maintenant nous allons attaquer le dernier tronçon du périple prévu. Comme le physique va un peu mieux, on peut envisager d'aller au bout de notre plan. Soit : suivre le Segura jusqu'à son embouchure dans la Méditerranée, au sud d'Alicante. Logiquement cela devrait descendre et les températures elles devraient remonter. Ici est annoncé pour demain des nuits sous zéro degré !
Lors de notre dernière note, on vous disait que l'on essaierait de suivre ce qui s'est passé à la COP 27 de Charm el-Cheikh. Voici une synthèse ici, une synthèse là et un édito.
En Espagne, personne ne nous en a parlé spontanément et nous n'avons eu aucune discussion dans les détails sur la conférence elle-même. Beaucoup de gens semblent préoccupés par la sécheresse qui touche le pays mais ne s'étendent pas trop sur la question. Comme en France, il est bien plus facile d'aborder des sujets comme l'inflation par exemple.
Venga ! On vous laisse, on a un nouveau fleuve à suivre.
Elena y Tomas
Après une matinée malheureuse, avec coup sur coup : une crevaison due à une agraphe et une soudaine explosion du pneu arrière (qui nous a obligés à en acheter un nouveau), "un muchacho" fort sympathique nous a proposé un exceptionnel lift pour les 9 derniers kilomètres de côte. Province de Jaén, Andalousie. Espagne - 16 Novembre 2022.
Holà,
Comme prévu, le jeudi 10 novembre, nous avons redémarré notre périple. La reprise fut des plus pénible car, malgré la pause de quelques jours sur la terrasse del Señor Paco, l’état de la jambe n'était pas revenu à la normale.
Plier le genou était à nouveau possible mais cela tirait quand même beaucoup, et puis d'autres douleurs sont apparues, dans le mollet notamment. Du coup, bien sûr, "lou moral" n'était pas au beau fixe.
Par crainte de se reblesser, nous avons beaucoup plus marché à côté du vélo que pédalé, ce qui n'a pas vraiment débloqué le compteur kilométrique. Avant d'arriver à Andújar, il y a une longue ligne droite ; hé bien, il nous a fallu au moins 30 minutes pour rattraper puis dépasser un Portugais peu causant qui voyageait à pied (avec toutes ses affaires dans une brouette), c'est pour vous dire !
Un soir que cela n'allait pas du tout, on a pensé à appeler un ami d'enfance, grand sportif devant l'éternel et champion lui pour de vrai. Son diagnostic : les signes cliniques pencheraient plus vers une vulgaire contracture que vers une nouvelle tendinite qui, elle, aurait signé la fin de notre parcours dans la péninsule ibérique.
Les deux ou trois jours qui ont suivi lui ont donné raison et, même si on ne pédale pas encore à plein régime, on doit presque être revenus à notre moyenne habituelle. Ce qui tombe bien car demain, on va arriver aux choses sérieuses : les contreforts de la Sierra de Cazorla.
Évidemment, nous sommes bien contents de ce dénouement côté physique ; par contre, avoir pris autant de retard ne nous réjouit pas vraiment. Normalement, nous aurions dû photographier les sources du Guadalquivir et du Segura sous le soleil et dans une relative chaleur alors que là, la pluie et du froid sont annoncés. Aussi, on se demande s'il ne faudra pas réduire nos ambitions au niveau de l'itinéraire, ce qui ne manquera pas de nous frustrer.
Mais bon, chaque chose en son temps. Pour l'instant, on est plutôt dans le soulagement. Et pour la suite... à lire sur ce blog !
Bonne fin de semaine,
H&T
Petit déjeuner et lessive près de l’olivier durant un arrêt maladie. Montoro, Province de Cordoue, Andalousie. Espagne - 7 Novembre 2022.
Buenos días,
Demain, on va reprendre la route après 6 jours de repos forcé suite à une blessure à l'ischio-jambier droit de Toto. Elle lui donnait des douleurs quand la pédale du vélo remontait.
À priori, ce serait plus une petite lésion musculaire qu'une tendinite et on croise les doigts pour que cela soit le cas. C'est arrivé quand on s'y attendait le moins. Avec 4 mois de voyage et 4 500 km au compteur, sans souci majeur question santé, on se croyait un peu à l'abri de ce côté-là. Il a suffi d'une contrariété pour nous faire forcer en fin de journée plus que la normale.
Depuis, c'est bandage et anti-inflammatoire en comprimé et en pommade afin de se donner une chance de poursuivre tant bien que mal notre périple.
Les deux premières nuits, nous les avons passées au pied du barrage de Martín Gonzalo (qui comme presque tous les autres trouvés sur notre route est dramatiquement bas avec un remplissage à 13%). Puis nous avons atterri sur la terrasse du toit d'un "cortijo" (maison de campagne) d'un proche voisin.
Notre hôte, producteur d'olives sur 14 hectares se prépare pour les récoltes qui seront maigres (« Une ruina ! » - car les olives toutes petites ne donneront que très peu d'huile). Et il attend la pluie comme nous la guérison complète. Voici un article sur la situation des producteurs d'olives en Andalousie.
Dans les deux cas, rien ne sert de s'énerver et il vaut mieux accepter la situation. Même si elles ne sont pas comparables, c’est évidemment plus facile à dire qu'à faire.
Aujourd'hui il pleut ! et il n'y a plus de douleurs au niveau de la supposée lésion. Alors demain, nous allons reprendre la route très doucement et si besoin, nous marcherons à côté des vélos dans les côtes.
Nous aurions bien aimé vous poster une note plus dynamique mais bon, les blessures font partie de la vie des cyclos. Le défi pour nous maintenant est d'essayer de surmonter le "mal" et de reprendre le cours du voyage.
Une bonne semaine à tous !
Hélène et Thomas
À la sortie de Cordoue, près de la Nacional IV, les premières cigognes que nous apercevons. Au Portugal comme en Espagne, on a souvent vu leurs nids vides sur notre chemin et personne n'a jamais pu nous dire exactement à quel moment elles allaient se pointer. Apparemment c'est début novembre et elles iraient, à l'inverse de nous. Cordoue, Andalousie, Province de Córdoba. Espagne - 1er Novembre 2022.
Buenas,
Finalement le vent escompté dans la précédente note n'a pas été au rendez-vous. Depuis l’embouchure du Guadalquivir, dans les marais et en compagnie d'une multitude de petits moustiques, il nous a fallu faire sans ou plutôt contre. La Marisma (marais) del Guadalquivir, que l'on a traversée pour atteindre Séville, n'est pas vraiment intéressante d'un point de vue touristique, d'ailleurs on n'y a croisé aucun vacancier. Mais si l'on veut avoir une idée de ce qu'est la culture irriguée c'est "the place to be" en Espagne nous a-t-on dit avec fierté.
Ici, les années où il y a de l'eau dans les barrages en amont, est produit de façon intensive : choux, brocolis, oignons, carottes, etc. surtout des tomates et même du coton ! Lors de notre passage, ce n'était pas ni vert ni rouge du tout, vous vous en doutez, et les cannaux d'irrigation étaient bien vides.
Les exploitants agricoles ont préparé les sols et maintenant ils attendent avec angoisse les prochaines pluies pour semer. Peut-être pas des tomates, comme cet été où cette culture a été déprogrammée par manque d'eau ; ce qui génère bien entendu de nombreux problèmes vus les volumes qui étaient produits ici (6 millions de kilos par jour paraît-il).
À Séville et Cordoue, nous ne sommes pas restés très longtemps car dans les grandes villes le souci du logement se pose toujours de façon plus aiguë ; il faudra qu'on prévoit un budget camping, qui est de plus en plus chers soit dit en passant. Juste le temps de faire des photos en lien avec notre travail : une grande écluse pour les gros bateaux à l'entrée du port de Séville, le pont roman avec les pieds de ses piliers au sec à Cordoue par exemple.
Petite anecdote : pour atteindre à la nuit le camping le plus proche de Cordoue, dans la Sierra de Córdoba, il y une grande côte sur des kilomètres avec un tronçon pourvu d'une pente à 14 %. Hé bien ce matin à notre départ, des clients qui nous avaient vus en plein effort la veille nous ont félicités : « Le Tour d'Espagne passe souvent par là, avec en plus tous vos bagages vous êtes des champions !». Si c'est eux qui le disent ... Et on a même été applaudis au moment où on s'élançait pour partir ! Muchas gracias !
Sinon, le 6 novembre, va débuter la 27e Conférence pour le climat (COP27) à Charm el-Cheikh, au bord de la mer rouge. Ce sera la première COP, depuis la COP21 à Paris, où la HTC Entreprise ne sera pas présente. La décision de ne pas se rendre en Égypte cette année n'a pas été facile à prendre (lire le "Post de champions ou presque ! " du 16 mai). Seulement, en plus d’autres raisons (comme d'ordre politique ou géo-politique avec le début de la guerre en Ukraine notamment) nous ne pouvions pas autofinancer notre périple dans la péninsule ibérique et aussi un voyage là-bas. Maintenant, d'Espagne, nous allons suivre autant que possible ce qu'il s'y passe. Pour le moment, nous avons vu que Greta Thunberg annonce qu’elle ne s’y rendra pas. Il est fort probable malheureusement que les activistes pour le climat d'Extinction Rébellion que nous avions photographiés l'an dernier à Glasgow aient vu juste : « COP 27 Futile » Mais sait-on jamais !
Abrazos y Suerte,
HTC
Premières lueurs du jour dans le Parc National de Doñana. Ce matin-là, nous sommes partis de Matalascañas après une très courte nuit. Nous avons roulé sur la plage dès 6 heures afin de profiter de la marée basse et ainsi être en mesure de prendre le bateau qui fait la navette sur le Guadalquivir jusqu'à Sanlúcar de Barrameda de l'autre côté. Sans cela, comme il n’y a pas de pont, nous aurions dû renoncer à voir l’embouchure du fleuve ou alors monter jusqu'à Séville dans un premier temps pour redescendre ensuite jusqu’ici. Soit bien 200 km, la blague ! Municipalité d’Almonte, province de Huelva, Andalousie. Espagne - 22 Octobre 2022.
Aujourd’hui, dimanche 23 octobre, commence notre traversée du pays pour rentrer à la maison. D’abord le long du Guadalquivir jusqu’à sa source, dans la Sierra de Cazorla, et puis ensuite on devrait rouler vers Murcia. Comme nous avons plus d'un mois de retard sur nos prévisions, on va essayer de mettre les bouchées doubles pour réaliser une belle "remontada" !
Rejoindre l'embouchure du fleuve à Sanlúcar de Barrameda ne fut pas une chose aisée, c’est le moins qu’on puisse dire. Il nous a fallu faire avec l’accueil des andalous toujours aussi “complicado” en nocturne que dans les autres provinces : interdiction de faire du camping sauvage, aucune solution ou presque de rechange, etc. Il fallait composer aussi avec le mauvais temps : averses, pluies, orages.
Et puis, il y a ces 30 km de plage qui furent une aventure en soi. Réveil à 5 heures du mat, départ dans la nuit vers 6 heures de la Playa del Coto à Matalascañas, seulement éclairés par le croissant de lune (car on ne voulait pas être vus par les "guarda parque" même si on nous a dit que cela serait toléré).
Sur le sable mouillé, essayer de rouler sans à coup et sans trop tourner le guidon, aux endroits les plus solides car avec le poids on s'enfonce, passer les bateaux abandonnés par les migrants et les narco-trafiquants, descendre et pousser les vélos dans la partie si justement appelée "Malandar", etc. Parvenus à Sanlúcar de Barrameda, "hyper centre de l’univers" (selon Ana qui nous a bien aidés ces dernières 36 heures), à un club nautique trouvé sur le chemin, nous nous sommes dépêchés d’arroser les vélos au jet d'eau, eau de mer et sable n'étant pas très conseillés pour eux.
Lorsque nous étions à proximité ou à l’intérieur du Parc national de Doñana, nous nous sommes efforcés de documenter l’extrême sécheresse de la zone humide. En septembre de cette année, nous avions lu dans la presse que la dernière lagune du parc était devenue sèche.
Par contre, nous n’avons pas vraiment tenté de refaire le même travail qu’en 2007 (comme par exemple documenter les puits illégaux) car les quelques contacts que nous avons pu avoir nous en ont dissuadés, pour des raisons de sécurité évidentes. Voici un article qui donne les éléments du contexte.
Venga, Vamonos ! Aujourd’hui, le long du fleuve, cela devrait être une piste pas toujours en bon état mais avec un bon vent dans le dos. Qu’il nous porte au moins jusqu’à Sévilla et plus encore, jusqu’à Córdoba au moins !
Abrazos y Suerte,
Elena y Tomas
Du bateau, sur le fleuve Guadiana qui marque la séparation entre les deux pays. À l’horizon, Ayamonte, première ville espagnole vers laquelle notre embarcation se dirige. Frontière Portugal-Espagne - 14 Octobre 2022.
Ya estamos de nuevo a España ! Pour cela, il nous a fallu prendre un petit bateau afin de traverser le rio Guadiana, à Vila Real de Santo António, tout au sud du Portugal, dans la région de l'Algarve.
En ce qui concerne notre plan de dorénavant tracer la route en ligne droite, nous n'avons que moyennement réussi. Il y a du mieux mais avec quand même pas mal de rechutes. Là pour aller voir le barrage de Pomarão (voisin d’un ancien port d’où l’entreprise anglaise Masson & Barry emportait les minerais -or, cuivre, argent, nous a-t-on dit- qu’elle extrayait de la Mine São Domingos) près du Rio Guadiana puis revenir en arrière, ici pour photographier des plantations récentes d'avocats entre Odeleite et Tavira dans l’idée de faire un lien avec notre reportage au Chili, etc.
Nous garderons un bon souvenir du Portugal même si nous n'y avons pas fait beaucoup de rencontres. Par exemple, sur plus d'un mois dans le pays, nous n’avons été accueillis qu’une fois chez l’habitant (et encore.., nos hôtes avaient passé plus de 40 ans en France dont plusieurs au service des Rothschild !). Mais nous n'avons jamais connu de problèmes pour poser notre tente dans les villes ou villages. Les gens nous ont pris pour ce que nous sommes : des voyageurs. Et non des voleurs de poules ! Assez souvent, la solution proposée était d'aller voir (si ce n’était pas la mairie) "os bombeiros" (les pompiers) qu'on tient à saluer chaleureusement. Jamais ces derniers ne nous ont envoyés promener lorsque parfois nous nous y sommes pointés.
Même si cela n'est pas la même chose que d'être reçu par des habitants, des familles (car on ne partage pas la même intimité), on a pu se faire conseiller pour la route à prendre le lendemain ; et puis cela nous a permis de nous "refaire" après la traversée plutôt difficile de l'Espagne le long du Tage cet été. Maintenant, il va falloir qu'on se remobilise pour la suite du voyage.
Les Portugais sont plus calmes, un peu sur le même voltage que les Francais, pas du tout celui fréquemment expérimenté en Andalousie lors de nos précédents passages. Il y aura plus de prises de bec et plus de fous rires. Et aussi des nuits plus courtes. À nous de nous adapter, de se couler dans le flot andalou afin d'y vivre de nouvelles aventures.
Ce soir, pour faire comme un sas d'acclimatation nous sommes allés au camping qui, une première ! nous a fait payer pour les bicyclettes. À vrai dire, Toto était déjà passé par ici et il y avait vu des choses assez dures au cours d’un travail réalisé il y a une quinzaine d'années. II n'a pas trop voulu se confronter d’entrée aux mêmes situations, surtout quand le temps manque. Demain peut-être, sûrement.
Pour rappel, l'objectif des prochains jours est de rejoindre l'embouchure du fleuve Guadalquivir puis de le remonter jusqu'à sa source pour tenter de documenter au mieux la grande sécheresse que connaît la région.
Venga ! Hasta Luego ! (Premiers mots si connus que nous avons entendus lorsque nous avons posé le pied à Ayamonte).
Elena y Tomas
Sur le Tage, Pont Vasco de Gama (2e plus grand pont d’Europe, long de plus de 17 km) et cabines du téléphérique. Portugal - 1er Octobre 2022.
Tudo bem,
Nous avons passé trois jours à Lisbonne dont un sous une pluie battante... Celui-ci a été l'occasion de se consacrer aux achats pour la deuxième partie du voyage. Par chance ? Le Decathlon (ainsi qu'Auchan, Ikea, Leroy Merlin, etc.) était situé juste en face du Camping Lisboa où nous avons planté notre tente, en bordure d’autoroute, dans le grand parc écologique ou Parc Floral Monsanto !
On a dû faire chauffer la carte bleue pour se procurer un pneu neuf, un duvet pour le froid, des patins de freins, une chemise à carreaux à la Neil Young pour la Miss, une pélerine pour la pluie et un autre pantalon pour Toto qui remplacera le multi-déchiré (pour l'instant il joue au boy-scout avec son short).
Il y a eu une prise de tête avec le vendeur-réparateur de cycles qui ne voulait pas corriger la roue voilée, sous prétexte que le vélo n'est pas de leur marque et qu'il ne peut pas prendre la responsabilité de faire la réparation. L'explication finale serait donc la crainte d'un procès en cas d'accident.
De Lisbonne, nous avons vu surtout le "bord de mer" puisque nous sommes restés concentrés sur le Tage : le pont Vasco de Gama et le téléphérique, l'immense Place du Commerce, un gigantesque paquebot MSC Croisières à quai de nuit et un autre en partance pour le grand large le surlendemain, le Pont du 25 Avril (date de la Révolution des Œillets -pont anciennement nommé Salazar-), la Tour de Belém, la statue de Cristo Rei, le Fort de São Julião da Barra (impressionnant fort de style Vauban) sur l’estuaire du Tage, au niveau du Phare de Bugio situé sur un îlot. Ce phare signale l’entrée du port de Lisbonne et sert de démarcation entre le fleuve Tage et l’Océan Atlantique.
Impossible de "tourismer" tranquilou par contre. Chaque soir, de retour au camping dans la nuit, à notre grande surprise on avait plus de 50 bornes dans les jambes. Pour échanger un peu, on a pris l'habitude de discuter avec le gardien du lieu, qui adorable nous recharge nos batteries en tout genre. Nous avons pu confirmer nos impressions. Ici au Portugal, la majorité des gens sont très concentrés car il courent beaucoup après le travail. Le smic étant de 705 euros pour 40 heures de taff par semaine, il n'est pas rare que les gens cumulent deux boulots pour s'en sortir (d'autant que les prix sont quand même hauts pour tout, comme les loyers -6 à 700 euros pour un T2 par exemple-) et cela ne pousse pas vraiment à la fantaisie.
Après cette mi-temps à la capitale, nous allons poursuivre notre périple. C'est un peu un nouveau voyage qui commence pour nous. Nous allons mettre le cap au sud-est, rejoindre l'embouchure du fleuve Guadalquivir en Andalousie puis remonter jusqu'à sa source, dans la Sierra de Cazorla. Donc Séville, Cordoue, etc. Après on devrait poursuivre vers la région de Murcie.
Mais cette fois-ci, nous ne ferons pas les moustiques et tracerons notre chemin "en ligne droite". On a prévu de mettre la gomme pour essayer de rentrer au mois de décembre. Voyons si on va réussir !
Até à próxima.
Helena e Tomás
Campement dans un club de foot. Portugal - 18 Septembre 2022.
Campement au pied d’un « Palácio » du XIX siècle. Portugal - 25 Septembre 2022.
Olá !
3 000 km au compteur ce matin ! Et plus que 130 à vol d'oiseau pour atteindre Lisbonne. On va dire, si l'on se remémore l'état physique de Toto d'il y a quelques années (suite à des tendinites à répétition), que c'est joli. On est bien contents !
C'était pas gagné d'avance avec les grosses chaleurs et puis toutes les bosses que l'on a trouvées sur notre chemin après les Pyrénées. Nos organismes ont quand même été soumis à rude épreuve. Notre dernier hôte de Torres Novas nous informe que pour arriver à Lisbonne c'est tout plat. Cela sera bien les 100 premiers kilomètres sans relief depuis le 3 juillet, date du départ.
Question photo, on pense que l'on est pas mal non plus et que le nouveau reportage (si on continue comme cela) ne devrait pas trop souffrir de la comparaison avec le travail réalisé il y a quelques années en Andalousie et ailleurs en Espagne. C’était notre premier ”grand reportage", du coup on a tendance à le considérer comme notre top mais vous jugerez peut-être que d'autres sont plus aboutis.
À l'époque, il avait été facile de fraterniser avec beaucoup plus de personnes. Avec des travailleurs saisonniers bien sûr mais pas seulement. Un certain nombre d'Espagnols avaient aussi permis que l’on rentre dans leurs bulles, bien plus que cette fois-ci, alors que normalement notre mode de voyage à vélo devrait favoriser les rencontres.
Il se passe la même chose à présent au Portugal. Nous recevons de l’aide pour le voyage question informations et il est facile de trouver un spot pour notre tente, mais pour ce qui est d’un moment de convivialité c’est plus compliqué. Serait-ce l’effet Covid ? Celui de la globalisation ou plus simplement avec les années nous sommes devenus des êtres fort peu recommandables ?
Ici, nous sommes quand même très impressionnés par les rues vides et les maisons silencieuses. Pas un gamin dehors, que des voitures qui circulent. Ça rappelle un peu la traversée de la France à vélo avec ses villages bien souvent déserts de jour comme de nuit.
À propos de notre hexagone justement, deux nouveaux sujets ont été ajoutés à la galerie "Tour de France" : Les vieilles charrues et Terrains à bâtir. Ce dernier montre une grande différence dans l’aménagement du territoire d’avec l’Espagne où la population vit plutôt regroupée dans les villes et villages, même les agriculteurs n’habitent presque jamais près de leur ferme.
Pour “Les vieilles charrues”, dans le texte de présentation du sujet, nous avions écrit que l’exposition de tant de charrues devant les maisons nous paraissait une particularité française. Et bien non ! Au Portugal aussi, certains décorent ainsi la pelouse. Notre hypothèse du soir (qui nous arrange bien car elle nous permettrait un peu de retomber sur nos pattes) est que les Portugais expatriés en France ont peut-être ramené cela au pays ! Mais il est probable que nous avons tout faux et le tour Europe que nous venons de commencer avec la péninsule ibérique nous contredira amplement.
C’est tout pour aujourd’hui ! Il nous faut maintenant monter le camp dans le bureau du ”président“ (le maire super enthousiaste qui nous en a très gentiment ouvert les portes et nous a parlé de déjeuner ensemble demain—l’exception qui confirme la règle jusqu'à présent), manger un bout et puis se mettre à l’horizontale.
Le prochain post sera sûrement de Lisbonne, capitale qui marque la fin de la première partie du voyage. Nous vous parlerons de la suite du programme à ce moment-là !
Boa noite !
Hélène et Thomas
Bom dia,
Tudo bem. On est passés au Portugal le 9 septembre par le village de Segura. À part quelques exceptions, l'image que l'on se faisait du pays et de ses habitants colle bien à la réalité que nous avons trouvée.
On a pu se reposer avec un accueil généreux et chaleureux. Mention spéciale à Juan-Manuel de Rosmaninhal et Edelino de Lentiscais qui, tous deux alors que nous faisions la pause pique-nique sur un banc près de la fontaine du village joliment décorée (qui fonctionnent toutes ici !), se sont pointés avec : l’un du chorizo maison, du pain et un litre de soda à l’orange bien frais et le second avec un grand sac d’olives maison noires et vertes, des gâteaux et un litre de soda à l’ananas toujours bien frais.
On dirait que les Portugais souhaitent rivaliser avec les Turcs pour ce qui est de l’accueil des cyclo-voyageurs. Peut-être cela sera différent lorsqu'on atteindra le littoral alors on en profite en commençant timidement à parler portugais. Les efforts de la miss cet hiver pour apprendre les rudiments de la langue portent leurs fruits et Toto joue très bien au perroquet.
Question travail, comme en Espagne il est facile de photographier les gens ; pour l’instant personne ne nous a refusé l’autorisation de faire des photos ou nous a demandé ce qu’on comptait en faire. Dans la liste de celles utiles à notre reportage, on peut dire que celle des Vigilants du feu observant le paysage pour intervenir au plus vite au départ d’incendie ou celle des messages de protestations devant une barrière (installée par un grand propriétaire terrien) qui coupe l’accès des villageois au fleuve Tage (nommé Tejo au Portugal) compteront au moment où, de retour à la maison, nous ferons la sélection finale.
Depuis hier, il nous est plus difficile d'avancer du fait d’orage violent et d’averses drues contrecarrant notre petit rythme d'une cinquantaine de kilomètres quotidiens. Ça ne devrait durer que trois jours, on ne va pas se plaindre car c'est bon pour le pays. Espérons que les pluies ne s'arrêtent pas à la frontière et qu'elles iront arroser aussi les terres d'Extremadura et de Castilla-La Mancha qui en ont bien besoin.
Une grosse averse vient de passer et le soleil commence déjà à sécher nos chemises, on vous laisse pour essayer d'avancer un peu aujourd'hui. Si cela dure, on se mettra à la mode écossaise apprise à la COP de Glasgow : "même pas mouillés" !
Une nouvelle galerie de notre "tour de France" a été récemment ajoutée au site sur le sujet de la lutte contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Obrigado pour votre attention,
Helena e Tomaso
Dolmen de Guadalperal, El Gordo, Cáceres, Extremadura, Espagne - 31 Août 2022.
Holà guapas y guapos,
Depuis notre post de Sacedón, nous avons fait des photos amusantes à Aranjuez en plus de celle de la jonction avec le Tage d’un autre affluent, le Jarama qui passe auparavant à l’est de Madrid.
À Tolède, un couple adorable nous a invités pour deux nuits et chaque soir ils nous emmenaient au « meilleur restaurant » : le point de vue en haut de Tolède avec le Tage à ses pieds. Nous dînions face à la ville s’éclairant de mille lumières pour la nuit. Installés sur les chaises et table pliantes qu’ils sortaient de leur voiture, nous dégustions la cuisine de la maison (tortilla, tortilla à l’aubergine, salade de tomates, melon vert et pastèque rouge) arrosée de Tinto del verano, sabor limón (une sangria mais avec du citron).
À Tolède toujours, nous avons entre autres photographié la statue du champion cycliste espagnol Bahamontes (l’Águila de Toledo) et celle de Cervantes.
À Talavera de la Reina, devant le Parque del Prado, nous avons rencontré Marité et Javier qui nous ont dirigés vers l’auberge des pèlerins du Camino Real de Guadalupe. Comme à Tolède nous avons pris des photos des ponts de la ville dont El Puente Castilla-La Mancha, le plus haut d’Espagne et le deuxième plus haut d’Europe.
Pour ce qui est des paysages, dernièrement, nous avons encore traversé de gigantesques champs d’oliviers et vu beaucoup de ray-grass et de maïs avec divers systèmes d’arrosage, il y a à nouveau de nombreuses plantations de jeunes amandiers et une dame nous a confirmé que les tiges métalliques dans les champs de blé fauchés avaient bien servi à l’irriguer lui aussi.
Dimanche 28, nous avons quitté le pays de Don Quijote, Castilla-La Mancha et avons franchi la frontière de la Comunidad de Extremadura, Provincia de Cáceres. On se rapproche du Portugal, il va falloir songer à réviser le vocabulaire de la contrée suivante.
En ce moment, les gens nous recommandent les monuments qui surgissent de sous l’eau des barrages dont le niveau baisse : des villages avec leur église, des "balnearios", des dolmens ! Ces derniers nous ont coûté en efforts car nous y sommes allés par nos propres moyens puisque le "chaval" qui nous a t-on dit venait de promener la BBC, Al Jazeera, Reuters, l’AFP, AP, etc. a annulé la visite prévue en bateau (prétextant, sans rire, une hauteur de vague dangereuse générée par le vent qui se serait levé).
Après, on n’a pas de regrets car le paysage, avec en arrière-plan la Sierra de Gredos, était très beau dans le soleil couchant. On se serait crus dans la savane africaine : un troupeau de moutons a détalé à l’approche des vélos faisant s’envoler une nuée de pique-bœufs blancs ainsi que s’enfuir des groupes de chevreuils qui faisaient penser à des gazelles. Dommage, nous n’avons pas pensé à faire des photos avec le téléphone portable pour les besoins du blog.
Ici un lien vers un article que nous avions lu au moment de sa sortie et qui nous avait le premier informés de ce site mégalithique, le « Stonehenge » du pays. Malheureusement, nous n’avons pu rester sur le site lui-même que très peu de temps, en raison d’une arrivée tardive suite à la réparation d’un pneu crevé ainsi qu’à l’absence totale de signalisation du lieu.
Il y a trois jours, nous avons passé les 2 000 km en presque deux mois. Dans la série des avaries, nous pouvons compter trois crevaisons, un câble de vitesse et des chaussures remplacés et un matelas qui a l’air de se dégonfler au cours de la nuit ce qui nous gonfle !
Nous dormons toujours rien qu’avec la sous-tente en moustiquaire intégrale afin de profiter de la fraîcheur nocturne, un privilège dont ne bénéficient pas les gens dans les maisons, d’où peut-être leur présence dans la rue jusqu’à pas d’heure. Par contre, il nous est plus difficile de profiter de la sieste entre 14 et 17 heures et les journées sont très longues pour nous.
Malgré la fatigue, la santé est bonne (nous sommes bien affûtés à présent) même si le rythme est très soutenu. Il n’y a presque pas le temps de manger pour la miss et on s’abstient de pédaler dans les descentes car c’est le seul moment où l’on peut se reposer sans rien faire du tout.
Nous allons maintenant rouler en direction de Cáceres. Il fait toujours chaud, l’eau de nos gourdes l’est aussi. Avant hier, pour la première fois nous avons acheté des bouteilles d’eau : nous n’en pouvions plus des traitements au chlore. Hier, nous avons bu sans aucune appréhension l’eau du village dont le maire nous informe qu’elle contient de l’arsenic. Nous découvrons que nous sommes immortels.
Venga, on vous laisse ; notre hôte, Carmen, nous offre du gaspacho fait maison, de la bonne énergie pour la suite.
Hasta luego, sí hombre !
Hélène et Thomas
Camping de Sacedón, Guadalajara, Castilla-La Mancha, Espagne - 13 Août 2022.
Ce matin au réveil, en voyant le temps maussade par la moustiquaire de la tente, nous nous sommes dit qu'il serait bon de prendre notre premier jour de vacances au camping de Sacedón. Déjà la veille, chez Gloria et Pepino à qui nous avions demandé un endroit pour passer la nuit et qui nous en avaient proposé trois, nous avions plus qu'hésité à reprendre la route. D'autant que nous étions invités à rester une journée supplémentaire (ce qui ne nous était jamais arrivé en Espagne jusqu'à présent !) et qu'une chaleur s'élevant à 39 degrés n'encourageait pas à se remettre en selle.
Mais ce matin donc, avec la lumière terne qui s'annonçait, avec des "tormentas", des orages prévus, il nous a semblé que ce n'était peut-être pas la peine de s'agiter partout dans Sacedón ; une ville (à une centaine de kilomètres à l’est de Madrid) inscrite depuis le début dans notre "Road book" car c'est de là ou presque (de l’Embalse de Bolarque) que part le canal de déviation d'eau "el Tajo - Segura" vers la région de Murcia.
Bon, comme c'est un "day off", on ne va pas en mettre une tartine pour ce post. D'expérience, nous savons que c'est toujours le jour où l'on s'arrête qu'on ressent le plus la fatigue. Après avoir pris des photos faciles, utiles au reportage (comme par exemple la banderole "Tajo - Segura : Ni una gota más" -Pas une goutte de plus pour le Canal de Transfert Tajo Segura- sur la façade de la mairie) et pour la miss être allée chercher des churros et donné des conseils "de vieux cons" à la chica Marta qui se prépare avec son chico à aller en Chine à vélo, aujourd'hui on va faire comme de nombreux Espagnols. L'air circule bien dans le camping, les pins procurent une ombre bienvenue, alors : À la sieste !
Si vous voulez, on vous propose de regarder les nouvelles galeries que Jim a mises en ligne dernièrement. En plus du reportage principal sur la COP26 à Glasgow, il en a ajouté deux petits qui sont complémentaires : l’un consacré aux Marches Climat qui ont eu lieu à Glasgow, l’autre à notre veille informatique sur place. Aussi, il a mis en ligne le reportage réalisé à l'UICN de Marseille que nous vous avions narré sur ce blog et puis aussi une "compil" de trois Marches pour le Climat à Toulouse qui eurent lieu entre 2021 et 2022.
Encore un grand Merci à lui et bon visionnage à vous !
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
À gauche : Las Juntas de los dos ríos (la Hoz Seca à gauche et le Tage à droite)
À droite : Notre campement au bord du Tage, à une cinquantaine de mètres de Las Juntas.
Parque natural Alto Tajo, Guadalajara, Castilla-La Mancha, Espagne - 3 Août 2022.
C'est Maria-Jesús et Raúl qui nous ont parlé pour la première fois de Las Juntas de los dos ríos, là où le premier affluent du Tage, "la Hoz Seca" se joint aux eaux du Tage. Ils sont un couple de bergers qui possède deux troupeaux de moutons. Durant six mois de l'année, ils les font paître dans le coin et les six autres mois en Andalousie, à Córdoba. Lors de la rencontre, Raúl demande à Toto qui est en train de photographier le troupeau dans le río à sec : « Alors, tu cherches un travail de "pastor" (berger) ? »
La conversation s'engage donc sur le ton de la blague mais devient rapidement sérieuse lorsqu'ils nous apprennent qu'à cause du manque de pluie, depuis un mois environ, ils doivent nourrir leurs bêtes au maïs. Ils font aussi tourner le groupe électrogène pour tirer l'eau du puits afin de donner à boire à leurs animaux. C'est la première fois que ça leur arrive ; et les deux orages qui nous ont surpris ces derniers jours en nous trempant de la tête aux pieds ne vont pas suffire à changer la donne.
Bon, après on vous passe les détails mais nous avons dormi, au bord du fleuve, dans un camping hors de prix tenu par de jeunes tatoués (27 euros pour prendre une douche chaude !). Le jour suivant, malgré les indications d'Abel, nous nous sommes un peu perdus et avons beaucoup douté avant de bien galérer sur la piste finale en mauvais état et très caillouteuse qu'on nous avait signalée. À flanc de ravin, il a fallu que l'on s'entraide pour pousser à deux chaque vélo, l’un après l'autre, dans les nombreuses pentes raides où le sable et les cailloux se dérobaient sous nos pieds.
Mais la chance a souri au cyclo-photographe car nous avons pu pendre une photo de Javier et Pepe, deux pêcheurs à la mouche accompagnés de leur chien Roco, pile-poil à la jonction des deux fleuves ; le Tage de la taille d'un ruisseau apportant une eau jaune fraîche et la Hoz Seca beaucoup plus grosse, une eau bleue verte glaciale s'unissent à cet endroit. Nous avons planté la tente en amont, au bord du Tage, et nous n'avons plus vu personne jusqu'au lendemain sur la piste à nouveau où nous avons croisé Abel (qui s'inquiétait peut-être pour nous) dans son vieux 4x4 rouge avec ses deux grands chiens.
De retour à Peralejos de las Truchas, le premier village que longe le Tage, Manuel et Maria (tout en nous offrant le petit déjeuner) nous ont permis de recharger les batteries de tout notre petit matériel électronique ; car en plus d'être sans réseau dans la montagne, nous étions à cours de munitions pour continuer à travailler. Et Manuel, qui nous a amenés faire des photos à la cascade près de l'ermitage, nous a enseigné le proverbe qui dit : « La Hoz Seca lleva el agua y el Tajo lleva la fama. » (La Hoz Seca amène l'eau et le Tage amène la célébrité.).
Au final, même si cela nous a coûté physiquement, nous sommes bien contents d'avoir suivi les conseils de Raúl et Maria-Jesús. À un moment, on se serait presque pris pour des photographes du National Geographic mais sans le matériel, sinon nous aurions pu photographier les chevreuils aperçus et les nombreux rapaces qui planaient dans le ciel au dessus de nous. Vivre ce genre de petite aventure nous rajeunit. Ça nous a rappelé l'expérience pas simple de l'expédition pour voir le tepuy Roraima, au Venezuela, lors d'un voyage au siècle précédent.
"Vale", on aurait pu vous parler dans ce post d'autres rencontres mais avec la canicule actuelle dont beaucoup souffrent, on s'est dit que ces histoires de ríos pouvaient être rafraîchissantes.
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
« Nacimiento del Tajo » Lieu symbolique de la naissance du Tage avec le Padre Tajo dont la barbe évoque une cascade. En réalité, le fleuve naîtrait un peu plus loin, de la Fuente García indique un panneau. Mais l'accès y est "privado" ; un particulier « qui élève des taureaux de corrida (ganado bravo) a clôturé le lieu » nous a-t-on dit à plusieurs reprises. Sierra de Albarracín, Aragón, Espagne - 30 Juillet 2022.
Ya está !
Nous sommes arrivés dans la Sierra de Albarracín. Ces statues (très laides !) sont le point de départ du voyage que nous avons projeté en Espagne. Pour y parvenir, nous avons dû gravir de nouveaux cols, appelés "puertos" dans le coin, comme celui d'hier : el Puerto de Las Banderas, de 3e catégorie, qui culmine à 1 562 m d'altitude.
Ici naît le fleuve Tage, "el Río Tajo", et notre idée est de le suivre autant que possible jusqu'à son embouchure à Lisbonne, au Portugal. Nous ne savons pas ce qui nous attend car apparemment il n'y a pas une "Route du Tage", comme la Via Rhôna (qui suit le Rhône) que nous avions empruntée un temps à la fin de notre Tour de France à vélo. Une fois là-bas, il ne nous restera plus qu'à revenir à la casa. Ce sera la deuxième partie du trajet, dans deux mois environ.
Hier, nous avons passé les 1 000 premiers kilomètres parcourus depuis notre départ le 3 juillet. Un peu plus de mille par mois, c'est globalement notre rythme de voyage habituel. Pas de chute, de crevaison à signaler, ni de douleurs tendineuses trop importantes ; par contre deux tiques, une paire de lunettes de soleil perdue et une autre cassée, un pantalon et une chemise déchirés et quelques bonnes photos dans notre besace on pense.
L'accueil en Espagne n'est pas au top pour l'instant, que ce soit en Catalogne ou en Aragon. Le camping sauvage y est interdit et sanctionné par une amende (de 300 euros paraît-il chez les Catalans). Et dans les villages, les gens ne se battent pas pour nous autoriser à poser notre tente sur un petit coin de leur parcelle. Dans la journée, ils sont très joviaux avec nous. Mais, quand vient le moment de nous arrêter (on ne peut pas faire du vélo jour et nuit !), les choses se corsent. Ce n'est pas tous les jours que l'on tombe sur des Señora Lola qui, en deux temps trois mouvements après un coup de fil au maire, a fait ouvrir "l'albergue" située dans une ancienne gare retapée « para descansarse bien » (pour que vous vous reposiez bien).
Au début, on pensait qu'il y aurait un problème à cause du Covid, mais non. Car dans la journée, il semble que tout le monde ou presque s'en cogne et ne prend aucune précautions avec nous. Ce serait plutôt lié à la culture, l'histoire, l'économie ou l'aménagement du territoire et le type de structure familiale ou le tout conjugué, ou quelque chose de cet ordre qui a fait dire à l’un de nos hôtes du soir : « Les Catalans sont fermés, ils n'ont rien compris ! ». Eux évoquent souvent un problème de confiance et la « basura » (les poubelles) que les campeurs laissent derrière.
On a quand même fait de très bonnes rencontres durant ce premier mois de voyage et il se peut que cela soit plus simple en descendant au sud, à commencer par la prochaine région : Castilla-La Mancha.
Ah ! Jim, notre webmaster, a mis sur le site le reportage principal de la COP26 de Glasgow. Ça représente beaucoup de boulot pour nous ainsi que pour lui, car mettre en ligne autant d'images et de texte ne se fait pas en deux clics de souris. Alors, encore et toujours, un grand Merci à lui. Le mieux, si vous pouvez, c'est de le regarder sur un écran d'ordinateur (même si nous avons fait le nécessaire pour que l'ensemble de notre travail puisse être visible sur un téléphone portable). Inutile de dire qu'avec les canicules, incendies et autres fléaux provoqués par le changement climatique, ce reportage est fortement d'actualité. Deux autres petites galeries de Glasgow viendront, après que Jim aura pris quelques vacances bien méritées.
Bon visionnage et Hasta luego !
Hélène et Thomas
P.S : Ce message a été écrit le 29 juillet mais sera mis en ligne plus tard par Jim, faute de réseau en haute montagne.
Holà,
Depuis nos débuts de blogueurs, nous écrivons un post par quinzaine mais, Bueno puisqu’on nous le demande, nous allons essayer de passer à un rythme hebdomadaire.
Les efforts dans les cimes pyrénéennes ne nous ont pas trop profité car, une fois descendus, un vent chaud et de face nous attendait. Peu après Berga, la pharmacie de Puig-reig nous indiquait qu’il faisait 56 degrés au soleil et 34 à l’ombre. Du coup, on a dû y aller "tranquillo" afin de ne pas se mettre dans le rouge et surtout ne pas réveiller les vilaines tendinites.
Hier, nous étions de passage à Llerida où Toto avait réalisé un reportage ici en 2007, dans le cadre d’un travail mené dans toute l’Espagne sur le thème de l’agriculture intensive. Bien entendu, nous n’allons pas essayer de refaire la même chose dans la mesure où nous estimons que le travail de l’époque est parfait (l’autosatisfaction de temps en temps ne peut pas faire de mal, n'est-ce pas ?).
Toto pense souvent à cette période qui marque nos premiers pas dans la photographie documentaire. Que sont devenues toutes les personnes rencontrées alors ? Où êtes-vous Jean, Lamine, Henri, Mocktar et les autres ? Espérons que vous avez pu réaliser vos projets et que vous êtes moins hantés par la traumatique traversée de la mer et l’acquisition des papiers.
Pendant que la miss attendait dans le parc à la française : Camps Elisis qui est juste derrière la peinture murale de Aka Modesto, photographiée pour ce post, je suis revenu sur les hauteurs de Llerida. Là où j’avais laissé les personnes il y quinze ans maintenant, j’en ai retrouvé d’autres, parfois allongées sur des cartons, certaines avec des valises. Je suis allé parler avec elles mais elles ont refusé que je prenne des photos.
J'ai eu droit au discours sur la colonisation, le rôle négatif de la France en Afrique de l’Ouest, les espoirs d’un renouveau africain avec notamment l’action bénéfique de Poutine comme au Mali, etc. Bref, j’aurais pu rester des plombes qu'il m'aurait été impossible de faire une photo de ces jeunes, même de dos !
Au cours de la conversation, j’ai appris que les choses avaient un peu changé pour eux ici. Les salaires étaient meilleurs depuis quelques années et si on avait des papiers il était plus facile de trouver un emploi, dans l’industrie de la viande par exemple.
Par contre, ce qui n’a pas changé c’est que ce sont toujours les ouvriers agricoles étrangers qui font la majeure partie du travail dans les champs. Actuellement à Llérida, la campagne ne bat pas son plein. Cette année, il y a eu très peu de brugnons et de pêches à cause du gel suivi de fortes chaleurs et les récoltes de poires ne commenceront que le mois prochain et ensuite les pommes.
Bon, on imagine que durant notre nouveau périple, nous aurons l’occasion d’en savoir plus sur la situation des travailleurs étrangers dans le pays. Cette petite expérience à Llérida valide qu’il est inutile pour nous de "relever les compteurs" à tous les endroits où Toto était passé autrefois. Il faudrait faire preuve à nouveau d’une patience infinie, voire plus encore même, car il n’est pas question pour nous de voler des photos.
Quelques heures après ce retour dans le passé toujours très actuel (la seule différence notable est que maintenant ils ont presque tous un smartphone à la main), Bouna et N’Dyaye nous ont montré que la "téranga" (hospitalité sénégalaise) existait aussi en terre catalane. Nous les avons rencontrés après avoir affronté (comme depuis une semaine) un chaud vent contraire qui nous mettait presque à l'arrêt, ne nous autorisant que du 6-8 km/h péniblement sur le plateau et du 13 à l'heure dans les descentes.
Venga, nous allons reprendre la route vers le sud et la Sierra d'Albarrracín. Là commencera vraiment notre voyage photographique. Dans les semaines qui viennent, nous voulons réaliser en Espagne et au Portugal notre nouvelle idée de reportage, lors de cette première étape de notre Tour d’Europe (voir posts précédents). Nous vous en reparlerons bientôt !
Abrazos y Suerte,
Helena y Thomas
Joder ! Nous pensions en avoir fini pour ce qui est de grimper la montagne. Mais voilà que le tunnel de Cadí (interdit aux vélos) nous oblige à nous cogner l’ascension de deux autres cols!
D’abord la Collada de Toses nous fait traverser des forêts de sapins, puis le Coll de la Creueta (le plus beau et le plus sauvage des trois que nous avons franchi ces dernières heures) nous fait serpenter dans les alpages.
Au lieu des "hourra!" et des applaudissements des spectateurs le long de la route comme pour le Tour de France, les encouragements nous viennent des chevaux qui hennissent et du son des cloches des troupeaux de vaches à l’estive.
Entre les deux cols, nous avons trouvé refuge près de deux magnifiques chalets en bois à la station de ski de La Molina. Leurs charmants propriétaires nous ont invités à profiter du lieu en nous promettant de ne pas nous mettre à l’amende (300 euros quand même !) comme il est indiqué un peu partout à ceux qui s’aventureraient à faire du camping sauvage. Le point de vue sur le massif pyrénéen était splendide au coucher du soleil comme au lever.
Nous essayons d’envisager cette série de cols à gravir comme une opportunité. Les grands sportifs ne vont-ils pas s’entraîner en altitude ? Cela augmenterait le nombre de globules rouges dans le sang et donc amènerait davantage d’oxygène aux muscles. Ainsi, "naturellement dopés", les kilomètres des prochains jours devraient être de la rigolade pour nous. Quand on vous disait qu’on était presque des champions !
Présentement, nous pique-niquons près d’une chapelle. Face à nous une fontaine à sec ( 2e déception, celle du col de Toses aussi était sans eau, et nos bouteilles à remplir alors !) que Thomas va photographier avant de continuer à descendre vers Pablo de Lillet, puis Baga afin de retomber sur la route initialement prévue.
Logiquement, dans les jours qui viennent, nous ne devrions plus avoir de photos de cols à partager sur ce blog !
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
¡ Ya estamos !
Après une petite semaine à petite vitesse, comme prévu nous nous apprêtons à passer en Espagne.
Hier, nous avons eu tous les deux quelques douleurs à nos genoux fragiles (chacun le sien : gauche pour la miss, droit pour Toto) que nous avons traitées comme il se doit par le mépris (et quelques granules d’Arnica).
Après le Col de Puymorens franchi avec les honneurs (on n’a pas posé pied à terre), nous allons maintenant mettre le cap sur Madrid puis Lisbonne, puis Séville.
L’adaptation aux conditions du voyage à la dure (vélo, tente, douche au seau d’eau froide, moustiques au souper, nuit fraîche à 4 degrés en montagne, etc.) n’est pas encore totale mais le plaisir du voyage a bien pris le dessus.
Retrouver bientôt les Espagnols "nos encanta" et nous avons hâte de découvrir le Portugal. Chaque fois que nous avons rencontré des Portugais, ça a été l’occasion de relations très agréables.
Allez on vous laisse, une belle descente en lacets nous attend. Encore un dernier cookie au chocolat, en regardant les cimes, avant de filer dans la vallée. Ça nous fait penser à la chanson de "Bobby dit l’âme" : « One more cup of coffee before I go to the valley below ».
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
À gauche : Billie Ze Cat au repos. France - 29 juin 2022.
À droite : La Miss à l’entraînement dans des lacets non loin de chez nous. France - 29 juin 2022.
Ça y est, la date de départ du tour d’Europe à vélo que nous envisageons (voir posts précédents) se précise. Samedi ou dimanche, nous nous élancerons de notre "sweet home" pour passer les Pyrénées puis nous roulerons en Espagne et au Portugal. Le retour (si rien ne vient contrarier nos plans comme en Bolivie en 2020 -voir le reportage "Le Chili après la COP"-) est fixé à la fin de l’automne ou au début de l’hiver.
Ces derniers jours, nous les avons consacrés :
- à finaliser des reportages ; ainsi, durant notre périple, l’Ami Jim pourra alimenter le site avec de nouveaux sujets comme ceux de la COP 26,
- à dire Adios à la famille et aux amis.
Il reste encore beaucoup de choses à mettre en ordre alors vous comprendrez que pour ce post, nous serons brefs. Nous tâcherons comme d’habitude de vous faire suivre le voyage, non plus via sms ou mails groupés mais par posts. Avec Jim, nous nous sommes donnés du mal pour construire ce blog : alors qu’il serve !
Hasta pronto !
Abrazos y Suerte,
Hélène et Thomas
PS : On vous exempte cette fois-ci de la petite revue de presse habituelle. Avec les résultats des législatives, l’inflation, etc, vous devez être las. On vous met juste les doléances que nous découvrons de Matt Jacob, un photographe français qui a souhaité partager son vécu du métier.
La démarche nous a fait penser à Bruno Latour (Philosophe et sociologue des sciences très en vue mondialement) dont on vous a déjà parlé sur ce blog. D'ailleurs, nous venons de terminer son dernier livre : "Mémo sur la nouvelle classe écologique" que vous lirez peut-être cet été, à moins que vous préfériez, comme la Billie, profiter des heures caniculaires pour buller un max.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Ces derniers jours, nous avons mis les bouchées doubles pour finaliser les nouveaux reportages que nous voudrions boucler avant de repartir sur les routes. Ils sont une dizaine, que Jim ajoutera durant l’été petit à petit, à la centaine de galeries déjà présentes sur le site.
En plus de la Cop de Glasgow (déjà évoquée sur ce blog), il y aura d’autres sujets sur le climat et le social et puis 3 ou 4 séries photo extraites du travail au long cours du tour de France que nous avons en chantier. Hélène a relu et traduit les textes et légendes des sujets tandis que Thomas, lui, a continué à assembler les diptyques, nettoyer les poussières des scans (pour les photos en noir et blanc), fait des réglages de base comme le contraste, l'exposition, la netteté.
Durant ce boulot fastidieux, il s’est mis à écouter les matchs de la seconde semaine de Roland Garros (et parfois y jeter un oeil). Il faut dire que le tennis a été une grande passion de jeunesse et qu’il lui arrive même encore de rêver qu’il est en train de disputer une partie. C’est comme cela qu'on a suivi en direct l’intervention de la jeune activiste pour le Climat, Alizé. Vêtue d’un tee-shirt où il était inscrit « We have 1028 days left » (il nous reste 1028 jours), elle s’est enchaînée par le cou au filet du court central Philippe Chatrier lors d’une demi-finale messieurs. À ce moment-là justement, Toto était en train de monter les diptyques d’un sujet réalisé avec des photos des 3 Marches Climat que nous avons documentées à Toulouse entre 2021 et 2022.
Découvrir dans la presse locale le message posté sur Twitter par la jeune activiste de la campagne « Dernière Rénovation » nous a fait drôle si on peut dire. « "Désolée d'avoir interrompu votre jeu a-t-elle commenté sur le compte Twitter de Dernière Rénovation. Mais tous les regards sont aujourd’hui portés sur Roland-Garros, et nous devons tirer la sonnette d’alarme." Poursuivant : "Personne n’en a rien à foutre quand on fait des marches pour le climat, alors qu’on va tous crever donc c’est ici qu’on a choisi d’agir." »
Plus tard encore, nous sommes tombés sur une interview d’elle dans une émission radio où elle explique son geste. À noter qu’au moment de mettre en ligne ce post, nous apprenons que le collectif Dernière Rénovation a fait une nouvelle action en bloquant un pont à Neuilly le 11 juin.
Pour info, le diptyque que nous vous proposons est issu de ce nouveau travail documentaire qui fut préparé avec en fond sonore les « han ! » des joueuses et joueurs de tennis qui s’affrontaient sur la terre battue.
- La photo de droite a été prise en mars 2021 lors d’une « Marche pour une vraie loi climat » à Toulouse. Elle montre des militants de la France insoumise réclamant une « planification écologique ». Idée longtemps moquée (car vue comme soviétique) avant d’être reprise dans l’entre-deux tours des élections présidentielles par E-Macron ! Ici, un épisode d’un podcast (intitulé : Climat : Macron ou Mélenchon, quelle planification ?) du journal Le Monde dans lequel Aurélie Trouvé (LFI) et Pascal Canfin (LREM) « débattent de leurs méthodes pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ».
- La photo de gauche, elle, nous fait immédiatement penser au livre d’Hélène Tordjman (économiste, maîtresse de conférences à l'université Sorbonne Paris-Nord et membre du Centre de recherche en économie de Paris-Nord) que Toto se dépêche de finir de lire avant notre départ. Son titre : La croissance verte contre la nature - Critique de l'écologie marchande. Ses recherches impressionnantes nous alertent sur ce qui se prépare depuis une vingtaine d’années du point de vue des sciences, de la finance et des technologies.
C’est un bouquin que l'on recommande car il est extrêmement documenté et bien écrit sur des sujets que nous ne connaissions que de très loin et qui assurément devraient être portés au débat. Vous avez déjà entendu parler de la convergence NBIC ? (NBIC pour Nanotechnologie, Biotechnologie, technologie de l'Information et sciences Cognitives). Mais si vous n’avez pas le temps de lire les plus de 300 pages, vous pouvez entendre Hélène Tordjman à la radio dans une intervention plutôt courte ici et bien plus longue là en conférence pour une université populaire à Marseille.
Question préparation physique avant notre départ, nous ne sommes pas trop mal. On roule presque tous les jours et on profite de nos balades pour continuer notre série sur Marine Le Pen commencée il y a 10 ans maintenant (on vous en a déjà parlé sur ce blog). En fin de semaine, nous devrions avoir passé les 500 km au compteur et surtout, nous ne rechignons plus (même par grande chaleur) à attaquer les côtes nombreuses que nous avons par chez nous. Il nous faudra bien ça si nous voulons franchir la barrière des Pyrénées pour passer en Espagne.
Normalement, après les deux ou trois rendez-vous chez le dentiste pour la miss, nous devrions être aptes à nous élancer pour le tour de la péninsule ibérique que nous avons vaguement planifié ! et que nous vous ferons partager sur ce blog.
Hasta la próxima entonces !
HTC
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Pesticides :
Dans notre précédent post, nous vous faisions part d’études sur les pesticides. Depuis, elles furent contestées et le journal Le Monde a publié un article pour maintenir ses informations.
Aussi, nous avons appris que le journaliste du Monde, Stéphane Foucart (son travail a parfois alimenté la partie revue de presse de notre blog) est accusé depuis longtemps de « liaisons troubles » qu’il entretiendrait « avec les militants écologistes ». Ici, ses explications pour nous convaincantes.
Ici enfin, réalisé d’après le livre « Et le monde devint silencieux » de Stéphane Foucart, vous trouverez le documentaire de Miyuki Droz Aramaki, Sylvain Lepetit et Sébastien Séga : Insecticide - Comment l’agrochimie a tué les insectes qui vient de gagner le Prix spécial du jury du FIGRA (Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société).
Photographie :
Pour ceux qui se demandent pourquoi nous ne sommes pas sur les réseaux sociaux, voici un article sur la dernière évolution d’Instagram.
À propos de la photo iconique de Nick Ut lors de la guerre du Vietnam, une vidéo nous explique pourquoi elle ne fut pas décisive dans l’arrêt de la guerre comme on a tendance à le croire.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Coquelicots dans un champ d’orge et sur le bitume pas très loin de chez nous. France - Mai 2022.
Ce qu'il y a de cool avec le vélo, en plus de te faire retomber en enfance dès que tu montes dessus (pour ceux qui ont pratiqué la petite reine minot), c’est qu'on a le temps de réfléchir et de bien observer le paysage. Et si tu es en période de rodage, comme nous actuellement, ben tu as même le loisir de contempler toutes les fleurs du chemin (tellement il faut y aller mollo pour ne pas réveiller les foutues tendinites qui nous pourriraient à nouveau la vie).
Il fut une époque où, avant de se lancer dans un périple, on pouvait se payer le luxe de ne pas s’entraîner. La première semaine était un peu difficile car il fallait se réhabituer à être en selle pendant des heures et à dormir dehors sous la tente mais il n’y avait pas de casse. Le Tour de France que nous avons réalisé a changé la donne pour Toto et à présent, c’est avec de l’appréhension que l’on se prépare. De la soixantaine de kilomètres indiquée dans notre dernier post, nous avons maintenant plus de 300 bornes dans les jambes. Les douleurs ressenties au départ s’estompent peu à peu alors le moral est bon.
Les coquelicots au bord ou carrément au milieu de la route nous ont fait penser à Fabrice Nicolino et son compère François Veillerette avec leur manifeste : « Nous voulons des coquelicots ». On se rappelle que l'« Appel des coquelicots » avait été lancé juste à la fin de notre tour de France en 2018. Une association du même nom est aussi créée qui réclame l'interdiction de tous les pesticides.
Il est proposé de se rassembler chaque premier vendredi du mois, devant les mairies ou sur des places emblématiques de grandes villes pour exiger des gouvernants l'interdiction de tous les pesticides. Et le coquelicot deviendrait un signe de ralliement pour les personnes intéressées par cette lutte. Dans leur bouquin, ils expliquent pourquoi ils ont choisi le coquelicot : « On trouvait cette fleur dans tous les champs de blé d'avant l'agrochimie. Les pesticides en ont tué des milliards et des milliards. Le coquelicot est donc fragile, et rare désormais ». Après quelques recherches, nous avons constaté que l’association est toujours active sur Facebook (même si la dernière publication sur leur site internet date de 2020).
On ne sait pas si vous avez suivi mais cette dernière quinzaine, les pesticides ont été beaucoup mentionnés dans la presse. Il y a eu d’abord une étude, des rapports (ici et là), des mobilisations et dernièrement l’embauche problématique par le principal lobby des entreprises agrochimiques de l’ancienne cheffe de cabinet du nouveau ministre de l’agriculture Marc Fesneau.
Il y a une dizaine d'années, on avait trouvé à la médiathèque de Montauban un livre très documenté sur les pesticides qui raconte l’histoire de l'introduction après-guerre des pesticides sur le sol français. L'auteur ? à nouveau Fabrice Nicolino et François Veillerette.
Allez, on va arrêter de ramener notre fraise (bio !) avec nos lectures et on repart s'entraîner ! Ah en parlant de fraise, c’est la saison : ceux qui viendront nous voir à vélo seront gratifiés d’un plein saladier du jardin !
Bien à vous,
Hélène et Thomas, les « Monet » du dimanche !
PS : Si vous voulez réentendre la chanson « Gentil coquelicot » il en existe foule de versions sur le net. Après en avoir regardé quelques-unes, allant des plus parodiques (comme la version des Inconnus) aux plus anciennes, nous avons choisi celle accompagnée d’une photo de la chanteuse Marcelle Bordas réalisée par le célèbre studio de photographie Harcourt.
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Vanuatu :
À la COP26, Simon Kofe, Ministre des affaires étrangères de Tuvalu, avait attiré l'attention sur la situation des îles (dont son pays, l’archipel de Tuvalu) et des côtes menacées de submersion par le réchauffement climatique. Il s'était adressé aux participants du sommet mondial pour le climat en costume avec de l'eau jusqu'à mi-cuisse. Ce vendredi 27 mai, son voisin dans l’Océan Pacifique, le Premier ministre Bob Loughman, a déclaré l'état d’urgence climatique pour son pays : l’archipel du Vanuatu.
Chili :
- Des préconisations de l’ONU (Organisation des Nations Unies) pour pallier au manque d’eau potable : ici un article avec l’hydrologue Emma Haziza (beaucoup vue dans les médias mainstream et alternatifs ces derniers jours). L’image d’illustration nous a rappelé notre voyage au Chili où nous avions photographié des attrapes-nuages à Chañaral dans le désert d'Atacama.
- Depuis notre périple à vélo de 2 000 km au Chili, nous sommes toujours vigilants par rapport à ce qui se passe dans ce pays. Dans cette petite revue de presse que nous tenons quinzaine après quinzaine, nous vous avons déjà parlé de la sécheresse et des difficultés d’approvisionnement en eau (comme dernièrement à Santiago), de l’élaboration de la nouvelle constitution et de l'élection présidentielle qui a vu arriver au pouvoir Gabriel Boric. Ici un article sur les premières critiques à l’endroit du nouveau président.
- L’armée est de retour dans le sud du pays où la population indigène mapuche exige la restitution de terres ancestrales.
Edgar Morin :
Nous avons à plusieurs reprises mentionné Edgar Morin sur notre site (notamment dans le texte d'introduction au sujet de "La Bataille de Sivens"). Récemment il a publié une tribune au sujet de l'Ukraine.
Total :
Suite à la COP21, nous avions photographié une mobilisation à Pau contre Total, puis une action à Paris contre 4 sociétés polluantes dont Total. Ce 25 mai, 250 activistes écologiques ont bloquent l’assemblée générale de Total. Ils protestent ainsi contre les projets « climaticides » de TotalÉnergies qui poursuit expansion et exploitation des énergies fossiles en Afrique et dans le Golfe du Mexique. Ils exigent également son retrait de la Russie.
COP15 Bilan :
Dans notre dernier post, nous vous parlions de la COP15 (une COP consacrée à la désertification) qui avait lieu à Abidjan en Côte d'Ivoire. Voici deux articles (ici et là) sur ce qui s'est passé là-bas.
Photographie :
Depuis que nous avons vu à la galerie du Château d'eau de Toulouse l'exposition « Minutes to Midnight » de Trent Park, nous sommes toujours attentifs à son travail. Il vient de sortir un nouveau livre : Cue the Sun. Ici une présentation de son projet photographique en Inde assortie de réflexions et là une vidéo de la bluffante mise en page de son ouvrage.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Une des 2 tasses « cadeau de Noël » qui seront dans nos sacoches vélo lors de notre futur départ. Sous le regard d’une de nos voisines, le coureur cycliste qui gravit la côte porte le maillot jaune. France - Mai 2022.
Il y a quelques temps, nous vous parlions d’un certain « brainstorming » dans un post intitulé « Grosse Fatigue ! » :
« … Prochainement, nous devrions vous faire part d'un brainstorming (grand remue-méninges) lié à des crises de nerfs successives qui nous ont amenés à réfléchir à un nouvel itinéraire photographique et vélocipède pour les prochaines années. Nous avions plusieurs options sur la table et, si on ne se dégonfle pas, vous verrez que nous avons décidé de ne pas ménager notre peine ! On vous en reparlera sûrement. »
Voici en quelques lignes la nouvelle feuille de route :
- Après avoir découvert le plaisir des longs périples durant notre voyage initiatique à vélo qui nous a menés en Inde.
- Après avoir expérimenté la photographie de reportage, en Allemagne, en Espagne, aux USA et en Afrique de l’Ouest.
- Après avoir documenté pendant un an la vie dans une ferme laitière, puis des luttes sociales et environnementales près de chez nous.
- Après avoir suivi les COPs pendant 5 ans à partir des accords de Paris et avoir été pour cela au Maroc ou au Chili (pour ne citer que deux des reportages).
- Après avoir réalisé un tour de France de plus de 20 000 km afin de documenter des questions relatives à l’énergie ou à l’agriculture, entre autres sujets.
Nous nous sommes dit que nous pourrions maintenant essayer de réaliser un tour d’Europe à vélo d’environ 4 ans. La première étape Espagne-Portugal serait pour tout bientôt.
On voyagerait du printemps à l’automne. Durant la saison hivernale, on finaliserait près du poêle les reportages du tour de France que nous avons toujours sur le métier, en plus de mettre en forme ceux du tour d’Europe.
Enfin, une fois notre virée européenne terminée, on aimerait se lancer dans un tour du monde à vélo. Rêve que nous nourrissons depuis le voyage en Inde et en vue duquel nous avons essayé de nous organiser au mieux cette dernière décennie.
C’est pourquoi il y a peu nous sommes remontés sur nos valeureuses bicyclettes dans le but de se roder ; en quelques jours nous avons parcouru non sans douleur une soixantaine de kilomètres. Quand nous vous disions en titre que c’était un post de presque champions !
Voilà exposé brièvement notre plan pour les prochaines années si des complications de tout ordre ne viennent pas nous mettre des bâtons dans les roues.
Abrazos y Suerte !
HTC
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Gated community ou enclave résidentielle :
En Floride, j’avais eu le privilège de documenter le travail de Frankie, chef sécurité d’une gated community. Une émission à la radio sur ce phénomène qui s’implante en France nous a rappelé ce bon souvenir.
COP15 :
Une autre COP, différente de celles consacrées au climat que nous suivons. La quinzième COP sur la lutte contre la désertification, elle aussi organisée par les Nations-Unies, a commencé ce 9 mai à Abidjan.
Ici et là, deux articles de presse sur cette menace majeure pour l’humanité à l’heure où l’ONU estime que 40 % des terres sont dégradées dans le monde.
Dans le deuxième lien une interview de Patrice Burger, le président de l’association de solidarité internationale Cari. Au sud du Maroc, pays très touché par la désertification, nous avions photographié une ferme pilote soutenue par cette association (voir le reportage "Le Maroc après la COP").
Jour du dépassement :
« Le 5 mai 2022, la France a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut lui fournir en un an ».
Arno :
Le 23 avril a été marqué par la disparition de l’artiste belge Arno. Nous l’avions vu en concert à Carmaux au siècle dernier. Durant le tour de France à vélo, j’avais passé une nuit chez un de ses grands fans : voir la photo 151 du reportage "Hôtes de France". Ici une version live de son hymne européen décalé qu’il avait créé avec son groupe de l’époque TC Matic. Pas sûr que l’on retrouve le même enthousiasme lors de notre tour d’Europe !
Photographie :
Comment la firme Kodak nous a fait sourire. Une très courte "émission" radio nous l’explique.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
À gauche : Lors d'une manifestation, en tout début de mandat, pour protester contre la politique du nouveau président Emmanuel Macron. Toulouse, France - 2017.
À droite : Affiches électorales de Marine Le Pen dans l'entre-deux-tours présidentiel. Sa campagne était beaucoup axée sur le « pouvoir d'achat ». Brive la Gaillarde, France - 2022.
Et voilà ! Le Covid s’est introduit dans nos boîtes crâniennes. Par chance, le virus nous a touchés avec un petit décalage, ce qui fait que l’on a pu s’occuper l’un de l’autre. Il faut dire que c’est quand même bien désagréable, surtout quand tu crains que cela débouche vers une otite carabinée. Et puis la productivité dans le travail en prend un sérieux coup.
Ces derniers jours, nous nous sommes rendus à une fête familiale et puis nous avons circulé durant la période d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle pour poursuivre notre série en cours sur l’extrême-droite en France commencée il y a dix ans. À cet effet, un samedi, nous avons photographié Place du Vigan à Albi la centaine de personnes qui s’étaient donné rdv pour « Lutter contre le racisme et organiser la solidarité ». Nous sommes aussi allés deux fois à Toulouse pour documenter une manifestation « ni Macron ni Lepen » de plus de 100 personnes ainsi qu'un « grand rassemblement » au Bikini organisée par Carole Delga (Présidente de la Région Occitanie), qui a débuté par la prise de parole vidéo d’Edgar Morin. Cette soirée réunissant 1 400 personnes pour « faire barrage » au Rassemblement National avait lieu 20 ans jour pour jour après la qualification au second tour de Jean-Marie Le Pen face à Jacques Chirac.
Enfin, nous sommes allés dans le Carmausin et dans le Graulhetois où les scores lepénistes étaient élevés. Pour l'anecdote, à la cité minière de Saint Benoît de Carmaux, nous avons un peu été les protagonistes d’une scène digne d'un polar poisseux. Sous une pluie fine, alors que je photographiais une affiche électorale de Marine Le Pen (sur laquelle quelqu’un avait collé à la place de son visage un portrait en noir et blanc de Jean Jaurès), je vois arriver en trombe deux retraités (vêtus de sortes de treillis si j’ai bien vu) dans un 4x4 vieillot, avec tout le matériel de collage à l’arrière :
- Vous faites quoi ?
- Ben, comme vous voyez, je suis en train de photographier l’affiche électorale. Pourquoi ?
- Y a une folle, elle passe son temps à nous les arracher !
- Ah, moi c’est à cause du portrait de Jaurès que je me suis arrêté.
Blanc et fin de la conversation.
Cinq minutes après les avoir laissés, nous sommes repassés au même endroit ; les deux papis du RN n’étaient plus là et une nouvelle Le Pen avait été collée sur la précédente pour cacher le portrait de l’illustre socialiste. Sûrement qu’ils étaient partis dare-dare changer les portraits qui avaient étés "Jaurèsisés", comme celui près de l’école que nous venions juste de prendre en photo.
Le lendemain des résultats de l'élection présidentielle, nous avons lu dans la presse que pour la première fois Carmaux, fief historique de la gauche, a voté majoritairement à l’extrême-droite. Pour info, dans le Tarn, Emmanuel Macron est arrivé en tête mais de peu (avec 53 % contre 47% pour Le Pen) et dans le Tarn-et-Garonne (notre ancien département dans lequel nous avons vécu une douzaine d'années), c'est Marine Le Pen qui est arrivée première (avec 52% contre 48% pour Macron).
En ce qui concerne la première image du diptyque, elle est issue d’un travail dont on ne se souvenait absolument plus et que nous sommes en train de rendre visible. C’est en parcourant, en début de mois, plusieurs disques durs pour essayer de libérer de la place que nous sommes tombés sur des images scannées en très basse définition stockées dans des disques différents. Après les avoir réunies dans un même dossier, nous nous sommes vite aperçus que cela constituait un corpus d’images homogène et que, si on lui donnait un titre tel que : « La Lutte sociale dans la rue sous Macron av. G.-J. (avant les Gilets Jaunes) », le sujet fonctionnait. Il assurerait un prolongement en bien plus détaillé du travail que l’on avait mené "sous" Hollande lors de la Loi travail dite aussi Loi El Khomri (voir le sujet « On ne capitolera pas »).
On s’est dit que si l’on ne s’en occupait pas maintenant, il était fort probable que l’on n’y revienne jamais (tellement on a de retard avec les photos du tour de France). Du coup, nous avons ressorti notre bon vieux Nikon (réparé de multiples fois par l’Ami Sergio) et nous avons scanné puis nettoyé les poussières des 293 images finalement sélectionnées.
Il semble à Toto que le brouillard créé par le Covid correspond plutôt bien à l’état d’esprit qu’il avait au moment des prises de vue. C’était une période pénible faisant suite à l’histoire de Sivens qui avait pas mal déprimé son monde. Et puis son tour de France à vélo était suspendu à cause de problèmes de santé physique des plus tenaces. À cette époque, il se demandait très souvent s’il n’allait pas abandonner la photographie. Alors pas étonnant que l’on ait complètement oublié ces images.
Actuellement, il est en train de créer des diptyques comme nous avons l’habitude d’en proposer, mais à un rythme moins soutenu. Normalement, il peut en monter une cinquantaine par journée de travail et là, il en a à peine fait quarante depuis quatre jours. Gageons que la qualité sera, elle, au rendez-vous !
On ne sait pas si vous avez vu, mais Jim a installé une nouvelle version du logiciel qui permet de visualiser les photos et les légendes du site. À ce sujet, il a écrit un très bon post que l’on vous conseille de lire (voir post précédent). Merci encore à lui, et pour le logiciel qui améliore la navigation sur le site et pour le post !
Sa lecture nous a fait penser au regretté philosophe Bernard Stiegler et à tout son travail sur l’économie de la contribution. Toto avait assisté à une de ses brillantes conférences (en 2005 s’il se souvient bien) lors de sa seule visite au célèbre festival des Rencontres de la Photographie d’Arles. Depuis un moment, nous cherchions une occasion de lui rendre hommage dans notre modeste blog : l’ami Jim avec qui nous parlions souvent de Mr Stiegler nous la donne. Beaucoup de très bonnes vidéos le concernant circulent sur le net. Toujours choqués par sa disparition, nous ne pouvons pas encore les regarder sans être affectés. C’est pourquoi nous ne partagerons pas de liens ici pour l’instant.
Une fois n'est pas coutume, nous vous conseillons un album de musique sorti il y a peu qui aurait peut-être plu à Bernard Stiegler « fou de jazz » et qui s’écoute très bien quand on est covidé. Il a été composé par deux musiciens, Jean-Marc Foltz et Stéphan Oliva, et il propose une relecture délicate des standards de Duke Ellington, sans "big bang" (heu big band !) cela va de soi. À noter : la pochette d'Emmanuel Guibert, l'auteur avec Didier Lefèvre de la bande dessinée Le Photographe !
Bien à vous,
HTC
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Chili :
En 2020, nous avons voyagé au Chili pour documenter la « méga-sécheresse » qui touche le pays. Voici les derniers développements très inquiétants dans la capitale.
Allemagne :
Un article de presse nous apprend qu’un autre village est menacé de disparition par l’agrandissement d’une mine de charbon. Au moment de la COP23 à Bonn, nous avions photographié le village de Manheim déplacé pour la même raison.
Actions XR et autres luttes :
Entre les deux tours des présidentielles, le mouvement "Extinction Rebellion" que l’on documente depuis la COP24 de Katowice en Pologne a mené une action à Paris. Après l’élection présidentielle, ici une autre action dans la France entière contre l’artificialisation des terres. Durant notre tour de France, nous avons travaillé sur cette problématique.
Homo Confort :
Enfin, le lien d’un livre qu’on essaiera d’avoir sous la main un de ces jours.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Ce blog s'intéresse à la photographie et principalement à son rapport avec les questions environnementales et sociales en France et dans le monde. Mais je souhaite attirer l'attention dans ce post sur ce qui se passe en coulisses, sur le logiciel et le travail nécessaires pour présenter ces photographies sur l'internet.
Le logiciel qui soutient ce site est produit par des bénévoles. À l'exception d'une petite redevance annuelle pour l'hébergement, il est entièrement gratuit. C'est remarquable quand on y pense. Ce site web comporte de nombreuses couches de complexité, sa construction nécessite plusieurs milliers d'heures de travail hautement spécialisé par de nombreuses personnes, toutes non rémunérées.
Mon travail de développeur est gratuit parce que je suis bénévole. Et pour l'être il faut que les logiciels que j'utilise, qui sont nombreux, soient également gratuits. Linux, Chromium, Jinja, ImageMagick, Masonry, Git, pour n'en citer que quelques-uns.
Il est certain que l'internet est devenu chaque année plus commercial. C'est difficile d'imaginer un objet ou un tendance qui ne s'est pas encore frayé un chemin sur la toile en espérant gagner de l'argent. Mais miraculeusement, cela n'a pas chassé la tradition, initiée dès les premiers jours, des logiciels libres réalisés uniquement pour le plaisir de voir le code que l'on a écrit prendre vie.
Les logiciels libres sont gratuits dans deux sens : ils peuvent être téléchargés gratuitement et il n'y a pas de redevances ou de restrictions de droits d'auteur. La seule exigence est de mentionner la source lors de la copie. S'il devient très répandu, comme Chromium, il peut se transformer en entreprise ou attirer des sponsors, mais il reste toutefois libre de modification et de distribution.
On peut penser que les logiciels libres n'occupent qu'une petite niche, mais ce n'est pas le cas. Le système d'exploitation Linux équipe la plupart des ordinateurs les plus avancés du monde. La majorité des ordinateurs qui hébergent les sites web du monde entier s'appuient sur des programmes à code source ouvert tels qu'Apache et Nginx. Et on ne peut imaginer l'internet moderne sans le langage de programmation libre Python ou le système de contrôle de version Git.
Il n'existe aucun autre secteur productif (à l'exception peut-être de l'art et de la littérature) qui exige autant de travail non rémunéré.
Je tiens à mentionner un logiciel particulier utilisé par ce site, Photoswipe. Il est responsable du diaporama et de ses légendes : tout ce qui se passe lorsqu'on clique sur une petite image dans l'une des galeries de photos. Il est particulièrement bien adapté à l'utilisation des petits écrans. Photoswipe a dix ans et est utilisé par de nombreux sites de photos importants. Il est écrit principalement par une personne, Dmytro Semenov, qui vit à Kiev, en Ukraine.
L'Ukraine, comme vous le savez, est actuellement attaquée. Dmytro n'a pas fui, alors même que sa ville était assiégée, il a remarquablement réussi à publier une nouvelle version (la version 5 que je viens d'installer sur le site). Il a lancé un appel à l'aide sur Github dans le cadre de l'initiative "Come Back Alive". Vous pouvez consulter les sites Web de Dmytro ici et ici.
Jim Latteier est développeur et mainteneur de ce site web. Il vit à Vancouver, Canada.
À droite : Prise lors de la campagne 2017, une photo issue de notre série en cours sur l'extrême droite que l'on mène depuis 10 ans maintenant. Sur ces deux affiches déchirées on reconnaît le visage de Marine Le Pen et celui d'Emmanuel Macron, tous deux finalistes du premier tour à l'élection présidentielle. France - 2017.
À gauche : Devant l'entrée de la COP26 (26e Conférence annuelle des Nations Unies sur le changement climatique). Alors qu'une dame distribue des sacs en tissu imprimé « Soyez végan - Faites la paix », ces manifestants munis de leur banderole veulent rappeler l'urgence qu'il y a à ne pas oublier l'engagement de la COP21 de Paris : maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C. Glasgow, Écosse, Royaume-Uni - Novembre 2021.
Dans ce blog, depuis le début ou presque, nous vous parlons en filigrane de la campagne présidentielle qui nous attriste autant qu'elle nous énerve et nous inquiète. Nous ne nous étendrons donc pas sur les résultats du premier tour déjà beaucoup commentés, bien que cela soit en rapport avec notre travail, afin de s'accorder un petit break avant les manifestations d’entre-deux-tours que nous prévoyons d'aller photographier ce week-end.
Par contre, s'il y a eu un éléphant dans la pièce de cette période pré-électorale c'est bien la question du climat et de la biodiversité comme l’a montré une étude récente : ces deux derniers mois, moins de 4 % du temps médiatique a été consacré au climat. Malgré la sortie depuis le mois d’août 2021 de trois importants rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la campagne s’est déroulée sans soulever à leur endroit ni la curiosité ni les débats attendus et nécessaires.
C’est pourquoi on tient à vous transmettre dans ce post quelques liens au sujet du dernier rapport du GIEC qui examine des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sorti ce 4 avril, il pointe que nous n'avons plus que très peu de temps si l'on veut rester dans les clous des accords de Paris de la COP21 -maintenir à 1,5°C le réchauffement climatique depuis l'ère préindustrielle- première des 6 COP que nous avons documentées successivement (voir les reportages "De COP en COP").
Tout d’abord le constat : il ne resterait plus que trois ans pour inverser la courbe croissante des émissions de gaz à effet de serre et contenir ainsi l'augmentation des températures.
Ensuite, sur les enjeux, une interview radiophonique de la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte (membre du GIEC) toujours très claire et pédagogue. Elle y explique notamment l'élaboration des rapports du Giec constitués d’un résumé technique des scientifiques et d’une synthèse pour les décideurs et évoque la précarité énergétique, les pertes et dommages liés au changement climatique, l'équité et le juste partage des efforts, l'artificialisation des terres et la qualité des sols qui devrait être davantage répertoriée, les limites aux capacités d'adaptation, la lucidité pour comprendre, la santé mentale, la jeunesse sur laquelle « il ne faut pas faire peser le poids de l'action », nos énergies qui financent des régimes autoritaires et posent un problème de démocratie (exemple la guerre en Ukraine), la différence entre le mot français : "sobriété" et sa traduction en anglais : "sufficiency" qui signifie : « ce qui permet de vivre dignement », etc.
Enfin, une émission radio, écoutée juste à la sortie du rapport, illustre 3 positions : celle de la jeunesse avec Camille Étienne, une jeune activiste pour la justice sociale et climatique, celle de l'historien Jean-Baptiste Fressoz, chercheur au CNRS, ses travaux portent sur l’histoire environnementale et des savoirs climatiques ainsi que sur l’anthropocène et celle du scientifique Franck Lecoq, coauteur du nouveau rapport du Giec, spécialiste d'économie du changement climatique et enseignant-chercheur d'AgroParisTech et directeur de l'UMR CIRED.
À ce jour, notre penchant pour l'histoire nous pousse à aller du côté des analyses de Jean-Baptiste Fressoz. Cependant, il est vital de montrer la plus grande curiosité pour ce rapport et tout notre soutien et notre énergie aux nouvelles générations et aux pays déjà très impactés par les changements climatiques. Car, même si l’objectif des 1,5°C semble maintenant être compliqué à atteindre, ce n’est pas impossible si on s’en réfère à cette autre étude qui redonne un peu d’espoir. Tous les efforts comptent et seront cruciaux pour « l’habitabilité » de notre planète dans le futur.
Prochainement, nous devrions vous faire part d'un brainstorming (grand remue-méninges) lié à des crises de nerfs successives qui nous ont amenés à réfléchir à un nouvel itinéraire photographique et vélocipède pour les prochaines années. Nous avions plusieurs options sur la table et, si on ne se dégonfle pas, vous verrez que nous avons décidé de ne pas ménager notre peine ! On vous en reparlera sûrement.
Bien à vous !
Hélène et Thomas
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Marches Climat :
Dans notre avant-dernier post, nous vous racontions comment le 12 mars, nous avions été documenter à Toulouse la Marche "Look Up !" qui réclamait que le climat soit au coeur des débats de la campagne électorale ; 135 « marches pour le climat » avaient rassemblé 80 000 personnes à travers le pays.
Le 9 avril, la veille de l'élection présidentielle, ils ont été 60 000 manifestants à participer à ces « marches pour le futur » dans 80 villes françaises avec comme mot d’ordre du jour : l’union. L'objectif : faire des cinq prochaines années « celles de la justice, du climat, de l’égalité et de la paix ».
Photographie :
Voici un article sur les banques d'images qui pratiquent la vente de photos "à prix cassés" grâce à leurs stocks énormes. Cela nous rappelle le conseil (qui nous avait laissés pantois) que nous avait donné le responsable photo d'un grand magazine hebdomadaire lors d'un festival de photojournalisme auquel nous participions : « Le plus important c'est le référencement. Grâce aux bons mots clés, une photo se doit d'être très bien référencée dans les banques d'images. Vous savez, même le plus beau site photo du monde fait par le meilleur photographe au monde, je n'irai pas le regarder. »
Journalisme :
Nous suivons toujours les témoignages sur la liberté d'informer et nous lisons que, le soir du 1er tour de l'élection présidentielle, à Paris, une journaliste s'est faite verbaliser par la police pour avoir interviewé des « gilets jaunes » dans la rue.
Mali :
Nous vous parlions précédemment de l'inquiétante présence du groupe paramilitaire russe Wagner assistant l'armée malienne. Les exactions augmentent dans le pays et l'ONG Human Rights Watch (organisation non gouvernementale internationale qui défend les droits de l'homme) parle, après le massacre à Moura, du « pire épisode d’atrocités » constatées ici depuis dix ans.
Burkina Faso :
Dans ce blog, on vous a déjà parlé du Burkina Faso et du procès historique concernant l'assassinat de Thomas Sankara. Le verdict vient de tomber ce 6 avril.
Voici aussi un article sur la sœur de Thomas Sankara, Blandine Sankara qui veut sensibiliser à la souveraineté alimentaire et fait de l'agroécologie près de Ouagadougou. À l'époque du voyage à vélo en Afrique de l'Ouest en 2010 (voir les reportages "Afrique de l'Ouest"), cette ferme n'existait pas encore, ce qui nous évite le regret de ne pas l'avoir photographiée !
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
À gauche : Ponton sur le lac d'Aculéo asséché. Aculeo, considéré comme la Riviera du Chili, était très apprécié comme lieu de villégiature par les habitants du pays. Chili - Janvier 2020.
À droite : En Afrique de l'Ouest. Après de fortes précipitations en début de la saison des pluies, une éleveuse peul ramène chez elle du tourteau d'arachide (qu'elle vient d'acheter dans un village situé à bien 2 km de chez elle). Elle va ainsi pouvoir alimenter son bétail, très affamé par la sécheresse précédant la saison des pluies, et affaibli maintenant par le froid et l'humidité de ces derniers jours. Près de Diandioly, Sénégal - 13 juillet 2010.
Après le long post de la quinzaine dernière, cette fois-ci on va essayer d’y aller mollo en nombre de caractères. On vous propose de vous replonger (ou de vous plonger !) dans 2 de nos reportages réalisés à vélo ces dernières années : "Quel avenir pour le monde rural en Afrique de l'Ouest ?" et "Le Chili après la COP ". Depuis le lancement de ce blog, nous vous tenons au courant dans notre petite revue de presse (en bas de post) des situations politiques contrastées au Mali et au Chili, le premier pays vivant une sorte de descente aux enfers et le second un rebond démocratique.
À la lecture de nombreux "papiers", on se disait : on voit pour le contexte général mais qu’en est-il réellement pour les gens que nous avions rencontrés ? Dans les villages et les campagnes, ont-ils assez d’eau pour les cultures et la vie quotidienne tout simplement ?
Voici deux articles parus récemment qui nous donnent des réponses, pas nécessairement réjouissantes concernant les difficultés des paysans confrontés aux effets des dérèglements climatiques, et qui évoquent les problématiques (de stress hydrique notamment) que nous avions documentées lors de nos voyage au Mali et au Chili.
Oui, on sait, l’actualité n’est pas rose en ce moment avec : les élections présidentielles françaises qui nous ont valu hier ce commentaire désabusé d’un passant (alors que Toto photographiait un panneau des affiches électorales pour une série sur l'extrême droite commencée il y a 10 ans maintenant) : « Ce n’est pas glorieux hein ? », la tragique guerre en Ukraine qui a débuté il y a plus d’un mois, l'annonce (vite passée aux oubliettes) du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui « s’alarme des conséquences vertigineuses d’un monde toujours plus chaud » et les cas de Covid-19 qui se multiplient autour de nous.
Alors vous nous direz peut-être que ce n’est pas la peine de se miner davantage le moral avec le Chili et le Mali. Mais il nous semble que, pour avoir la moindre chance que l’avenir ne soit pas encore plus bouché, il vaut peut-être mieux regarder le monde des « deux yeux » afin de tenter de le comprendre et (allez, soyons fous !) de le « réparer » (comme on dit de nos jours) tant qu’il est encore temps ; on aurait pu dire aussi pour le remettre à l’endroit !
L'expression « des deux yeux » découle d’une conversation avec Eva, une Andalouse adorable qui, avec son conjoint Pelayo, vivait à deux pas du Parc national de Cabo de Gata, pas très loin d’Almeria. En 2006-2007, Toto y réalisait alors des prises de vue pour notre premier "grand reportage" documentant dans toute l’Espagne le lien entre le modèle de l’agriculture intensive et son besoin en main d’oeuvre immigrée vivant dans des conditions catastrophiques : "Le Jardin de l’Europe ou le troisième monde". Souvent, il garait sa voiture à l’ombre dans leur petite rue pour aller se changer un peu les idées à la bibliothèque située tout près de leur maison de village. Et le véhicule de collection (la vieille GS citroën de sa grand-mère dans laquelle il dormait) avait attiré leur attention. Ils avaient fait connaissance et gentiment ils lui gardaient les pellicules photos en sécurité et au frais en plus de le régaler de généreux petits apéros improvisés.
Bref, il se souvient de ce qu’elle lui avait dit alors qu’il leur racontait ce qu’il avait vu dans la journée auprès des travailleurs agricoles sub-sahariens employés au jour le jour dans les serres alentour ; (de mémoire) : « Tu sais Thomas, nous on est ici car on aime la nature. Et tout nous pousse à ne regarder les choses que d’un oeil pour continuer à profiter de la vie. Mais on comprend que ce que tu fais est essentiel ». Depuis ce temps, nous nous sommes un peu écrit puis nous avons perdu le contact (leur boîte mail ne fonctionne plus). Alors, ce petit post est une occasion de leur envoyer un Abrazos y Suerte muy Fuerte.
Bon visionnage et bonne continuation à vous,
Hélène et Thomas
* Eyes wide open! , clin d'oeil (c'est le cas de le dire) au film 'Eyes wide shut' de Stanley Kubrick.
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
Marche Climat :
De nouvelles "Marches Climat" ont eu lieu le 25 mars lors d’une journée internationale de grève, à l’appel du mouvement Youth for Climate (la Jeunesse pour le Climat) ou Fridays for Future de Greta Thunberg. Pour la France, ici un compte-rendu à Toulouse où des centaines de manifestants ont défilé et là un compte-rendu à Paris où des milliers de manifestants ont défilé. La grève s'est poursuivie le lendemain et il y a aussi eu des Marches climat le 26 mars.
Antarctique :
La vague de chaleur exceptionnelle qui touche l'Antarctique inquiète les scientifiques.
Rachel Carson :
La dernière fois, nous vous avions parlé du rapport Meadows qui a fêté ses 50 ans au mois de mars. Dans la même veine, cette année 2022 marque le 60ème anniversaire de la sortie du célèbre livre de Rachel Carson : "Printemps silencieux" qui s'étonnait et a étudié le pourquoi des disparitions des chants d'oiseaux. Cette biologiste américaine a été la première à donner l'alerte sur l'impact des pesticides sur l'environnement.
Marc Dufumier :
La dernière fois encore, nous mentionnions le lancement du Podcast "Dernières limites" dans le prolongement du fameux rapport Meadows. Depuis, a été ajouté en ligne un entretien avec Marc Dufumier (toujours aussi clair et passionné) intitulé « Comment nourrir le monde ». Cet agronome est professeur honoraire à AgroParisTech, expert auprès de la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et spécialiste de l’agroécologie. Nous avons assisté à deux de ses conférences, une fois juste après les reportages d’Espagne et l’autre après la bataille de Sivens.
Enfin sur les mêmes thèmes qu’abordés dans cet entretien voici la tribune d'un collectif de scientifiques parue hier dans le journal Le Monde.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Peut-être, pour illustrer la deuxième partie du titre de ce post (speak around), nous pourrions mentionner le fameux rapport Meadows qui a 50 ans. Les limites à la croissance est plus connu en tant que Rapport Meadows du nom de son co-auteur Dennis Meadows. Il avait été commandé à des scientifiques du MIT (Institut de technologie du Massachusetts) aux États-Unis par le Club de Rome (groupe de réflexion international créé en 1968 et composé d'économistes, de hauts fonctionnaires et de scientifiques). En 1972, c'était le premier rapport à alerter sur les conséquences destructrices pour la planète de la croissance sans limite. Il a fait beaucoup de bruit au moment de sa sortie mais n'a pas amené de changements dans la société au grand étonnement de ceux qui l'avaient rédigé.
Ce 50ème anniversaire a donné lieu à des articles dans la presse et à des émissions dont une à la radio dans laquelle s'exprime Dennis Meadows. Il était le superviseur du rapport et les 3 autres coauteurs étaient son épouse Donella Meadows, Jorgen Randers et le Norvégien William Behrens.
Âgé aujourd'hui de 79 ans, il y parle de façon apaisée du Giec, de la décroissance, des jeunes générations qui luttent pour la préservation du climat, de la différence entre l’universel et les problèmes mondiaux, de la croissance verte, de l’importance de l’éducation, des scientifiques, de la désinformation, etc. et aussi de jardinage ! Dans un article de Télérama, illustré par une célèbre photo de René Burri, on peut lire ses conseils aux jeunes et sur l'action locale, ainsi que « l’incroyable histoire des quatre chercheurs qui avaient déjà tout prévu », leur "méthodologie de travail " pour ce rapport et leur "parcours" de vie.
Plusieurs fois actualisé, la dernière version du rapport Les Limites à la croissance (dans un monde fini) aux éditions Rue de l’échiquier est sorti ce 3 mars en librairie.
Dernière minute : On vient de prendre connaissance du lancement d’une série de podcasts d’Audrey Boehly intitulée « Dernières limites » dédiés au rapport Meadows. Nous avons écouté deux interviews qui y sont proposées, une de Dennis Meadows et l’autre de Gaël Giraud, et nous serons attentifs à la suite.
Bien à vous !
Hélène et Thomas
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
- Olivier Dubois :
Des nouvelles du journaliste français Olivier Dubois, otage au Mali.
- Sazy :
Nous sommes contents de lire de bonnes nouvelles de la famille que nous avions suivie lors de notre reportage au Salon de l'agriculture à Paris en 2010.
- Chili :
Les dernières nouvelles du Chili avec la cérémonie d’investiture, forte en symboles, de Gabriel Boric à la présidence du pays.
Samedi 12 mars, nous sommes dans le train qui nous amène à Toulouse. Nous partons photographier une nouvelle Marche Climat organisée au niveau national ; nous les suivons depuis quelques années (voir les reportages sur ce site regroupés dans la galerie "Autour des COPs"). Cette fois-ci, nous avons un peu hésité entre la Marche d'aujourd'hui et le Die-in de demain qui aura lieu Place du Capitole, parce que nous ne voulons faire le trajet qu'une fois. Réalisant que dans le post précédent nous avions déjà mis une photo d'un die-in à Glasgow nous optons pour la manifestation. Et puis sur le programme, nous lisons qu'elle s'appelle : "Grande marche Look Up", raccord avec l'effervescence autour du récent film sur Netflix d'Adam McKay "Don't Look Up : Déni cosmique" dont nous vous parlions dans un autre post. Cette comédie dramatique américaine, sur une comète qui va entrer en collision avec la Terre et deux scientifiques qui essayent en vain d'en alerter la population, les médias, les politiques, serait une métaphore de ce que nous vivons avec le réchauffement climatique. Bon choix car le jour suivant le die-in sera annulé pour cause de mauvais temps.
Du train, nous voyons des champs détrempés, il pleut beaucoup, on se croirait de retour en Écosse. Il y a aussi des champs de panneaux solaires, on ne se rappelait pas qu'il y en avait autant. On sent que le printemps est proche avec les premiers arbres en fleurs, blancs ou roses et le jaune des forsythias et des mimosas. À Toulouse, nous arrivons avec une heure et demie d'avance par rapport au rendez-vous fixé à 14 heures pour le départ. Nous décidons de traverser le centre-ville et de nous rendre à la librairie Ombres Blanches pour jeter un oeil aux livres photos. Aussi nous allons saluer dans son magasin une amie de collège.
En chemin, nous en profitons pour observer les changements. Le dealer de mangas préféré de la miss a déménagé Rue de Rémusat, un poster sur la vitrine lui apprend que Naruto a vingt ans et elle traîne un peu le pas. Place du Capitole, une grande banderole blanche avec un liseré noir est déployée sur la façade de l'Hôtel de ville avec ces mots « Mars 2012, Toulouse se souvient », en référence aux attaques terroristes de Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban. Ces tristes événements coïncidaient avec le début du tour de France à vélo que Toto venait juste d’entamer.
À la grande librairie toulousaine, l’un monte à l'étage photo tandis que l'autre récupère un livre au sujet de l'Europe repéré dans les nouveautés. Un futur outil pour de futurs projets de reportages ? Place Wilson, devant le cinéma Gaumont, il y a des "guide-files" qui annoncent que le passe sanitaire sera exigé à l'entrée. Ah oui, c'est vrai l'obligation ne prendra fin que lundi. Par contre, l'UGC, incroyable ! est vierge de toute affiche de cinéma et un grand panneau annonce "Caso patrimoine - Achat Location". Nous pensons qu’il a été victime de la pandémie de Covid-19 qui aurait vidé les salles de ses spectateurs, que nenni ! Nous lirons plus tard qu'il avait déjà fermé en juillet 2019.
Dans la ville rose, du 5 au 13 mars se tient une grande semaine du climat : "CliMars Attaque" (clin d'oeil au film "Mars Attacks" de Tim Burton) avec à la manoeuvre une dizaine d'associations et de collectifs. L'affiche reprend le graphisme de celle de la COP26 à Glasgow, en Écosse : sur fond bleu, une planète stylisée avec des tourbillons et ici ces mots « Climat déréglé et alors ? ». Une semaine entière d'actions est prévue pour « relayer les alertes des scientifiques, discuter des transformations sociales nécessaires qui devraient être au coeur du débat politique, demander aux élu-es et candidat-es à la présidentielle de prendre de réels changements. »
En effet, à un mois des élections présidentielles, des ONG nous informent que les enjeux climatiques occupent moins de 3 % des débats de la campagne présidentielle. Il y a pourtant eu la 26e COP (Conférences annuelle des Nations Unies sur les changement climatiques) précédée en août et suivie ce 28 février de deux rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Mais le sujet de l'environnement a toujours du mal à s'imposer dans l'actualité, et il semblerait maintenant totalement éclipsé par le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a des répercussions dans le monde entier avec les enjeux énergétiques et de sécurité alimentaire.
En haut des Allées Jean Jaurès, les manifestants se rassemblent au pied de la statue de Pierre-Paul Riquet. Ils sont seulement quelques centaines lorsque nous les rejoignons, ils atteindront le millier au moment du départ de la marche Look Up. Chance, la pluie s'est arrêtée. Nous avons vu au fur et à mesure que nous photographions des Marches Climat que le nombre des manifestants qui les composent tend à diminuer. À Montauban où nous habitions auparavant, nous apprendrons qu'ils ne sont qu'une cinquantaine de personnes à s'être retrouvés devant la préfecture avant de défiler dans les rues. La dynamique de ces manifestations qui réunissait des milliers de personnes avant la pandémie de Covid-19 a souffert du confinement. Il y aussi la fatigue et le découragement devant l'immobilisme des politiques et la lenteur de la population à être convaincue. En mutation après ces deux années "sous covid", le mouvement des militants pour le climat se pose des questions sur les tactiques à adopter. De nombreux activistes font des burn out et de même qu'à la COP26, ils en témoignent ici. Il existerait même une association "Métamorphose" pour les aider.
Tout comme à Glasgow, nous photographions des participants scientifiques, ici de l’Atelier d’écologie politique (Atécopol), avec leur tee-shirt "scientifique en panique" (arborant quatre vagues de grandeur croissante : "Covid 19, Récession, Changement climatique, Chute de la biodiversité" qui vont s’écraser sur une ville côtière surmontée d’une bulle qui dit « Lavez-vous bien les mains et tout ira bien. »). Nous retrouvons des membres d’Extinction Rebellion, cette fois en tunique blanche avec une couronne de papier sur la tête mentionnant : « Je consomme donc je suis ». En tête du cortège dirigé par des jeunes de Youth for Climate (la jeunesse pour le climat), une banderole mentionne les associations et collectifs locaux qui participent : Alternatiba Toulouse, ANVCOP21, Greenpeace, Attac, L214, FNE Midi-Pyrénées, etc. Derrière, au son de la « Manifanfare », les organisations politiques aussi vont défiler : EELV, l'Union populaire (anciennement La France Insoumise), le Parti animaliste…
En plus des habituels dessins et slogans sur la planète et les dérèglements du climat, il y a de nombreux messages de soutien pour l'Ukraine et son drapeau jaune et bleu orne quelques pancartes. Deux femmes drapées l'une dans un drapeau arc-en-ciel avec « PAIX » en grosses lettres blanches et la seconde dans un drapeau bleu sur lequel est écrit « Empêchons les guerres, Cultivons la paix » distribuent des tracts "Le mouvement de la paix". Dans le défilé s'affiche la solidarité avec l'Ukraine avec ce slogan qui est crié : « Paix, climat, même combat ! »
Cela fait maintenant un peu plus de deux semaines que l'armée russe de Vladimir Poutine attaque l'Ukraine qui résiste avec à sa tête son Président Volodymyr Zelensky. Trois millions d'habitants ont fui le pays et sont pour l'instant bien accueillis par les pays voisins et européens de l'ouest. Il y a même un étonnement sur l'utilisation du mot réfugiés dont on les qualifie au lieu du mot migrants qui avait prévalu avant pour ceux qui fuyaient la Syrie ou l’Afghanistan (pour ne parler que des exemples les plus récents).
À la manif, organisateurs et participants sont bien conscients que « les crises sont interdépendantes". « Le régime criminel de Vladimir Poutine se finance aussi par cette dépendance aux énergies fossiles. Sortir des énergies fossiles est nécessaire pour le climat et pour un monde plus stable", explique ainsi Lorette Philippot, des Amis de la Terre France » à l’AFP.
Le cortège avance jusqu'à la Place Wilson avec ses slogans et chants habituels :
« On est plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat ! »
« Et 1 et 2 et 3 degrés ! C'est un crime contre l'humanité ! »
« 1 pas en avant, 3 pas en arrière, C'est la politique du gouvernement ! »
Il y a aussi de la nouveauté avec : « Des gaz à effet de serre, Du plastique dans nos mers, Toute cette société-là on n'en veut pas ! »
Au carrefour, à la sortie du métro Jean Jaurès, un autre groupe de 200 personnes environ "Ago Rap" "Non au pass sanitaire" hésite à les suivre mais part finalement dans l'autre sens, au regret de leur orateur qui aimerait que les luttes s'unissent.
Puis la marche Look Up repart vers le Monument aux morts, avec d'autre slogans « Nous sommes forts, Nous sommes fiers, Écologiste et radical et en colère ! » « Travaille, consomme et ferme ta gueule, C'est ça le message qu'on donne aux jeunes ! » Étonnamment, nous remarquons qu’il y a peu de slogans liés au mot d’ordre de cette marche « dénoncer l'absence de l'urgence climatique et sociale dans les débats des présidentielles » et les pancartes sont bien souvent les mêmes que d’habitude.
Elle atteint les Allées Jules Guesde, derrière le Grand Rond où elle va prendre fin. Là, les différentes organisations qui ont participé prennent la parole et annonce leurs prochaines actions et rendez-vous pour continuer les luttes. Elles préviennent qu'il y a des projets de jonctions de rocades entre elles, de constructions d'énormes bassines agricoles ; elles invitent à venir en bus manifester à la centrale de Golfech déplorant le manque de débat sur le nucléaire...
C'est la fin de la manifestation qui a duré deux heures. Il est proposé de faire la ‘’Danse de la planète’’ qui serait pratiquée dans 65 pays du monde : autour de musiciens, les marcheurs se placent en 3 cercles concentriques qui tournent dans des sens différents, celui du centre marche, celui du milieu trottine et à l'extérieur on court. Puis la majorité des manifestants se disperse petit à petit tandis que d'autres restent à bavarder encore un peu devant le Quai des savoirs.
Toto discute un peu avec ses collègues photographes. Il leur parle de jardinage et se fait conseiller le travail d'une collègue : « tu tapes sur internet "un village et photo" et tu verras c'est magnifique ». Il lui est aussi recommandé de boire du Picon bière pour se détendre.
Devant les portes de l’entrée principale de la COP26, les artistes du collectif "Red Rebels" (créé par les XR : le mouvement Extinction Rebellion*), le dernier jour de la Conférence mondiale sur les changements climatiques.
Une "Red Rebel" en tête de la procession funèbre représentant les COPs. Vêtues de noir, elles portent chacune une pierre tombale en carton avec leur nom inscrit dessus (COP1, COP2, … jusqu'à la COP25). La scénographie est la suivante : au son de la cornemuse d’un Écossais en kilt vert et aux cheveux teints de toutes les couleurs (il ferme la marche avec des "Blue Rebels"), elles vont mimer leurs propres funérailles. Guidées par les "Red Rebels" qui vont se mettre sur le côté, les 25 personnes vont s’allonger sur le sol, devant leur pierre tombale en carton, simulant ainsi un cimetière de COPs.
Puis, la 26e, qui était en fin de cortège derrière les "Blue Rebels", va venir à son tour s’allonger près des autres. À sa tête, la "pierre tombale" numéro 26, qui comme les autres, porte la mention : « A échoué ». Les "rebelles en bleu" s'agenouillent alors pour l'entourer et la pleurer. À côté d'elles, une tombe vide attend, signalée par un panneau intitulé : « COP27 Futile ».
Finnieston street, Glasgow, Écosse, Royaume-Uni - Samedi 13 Novembre 2021.
À la lecture de la légende très descriptive des images en timbre-post(e) que nous vous présentons, peut-être que les plus impatients d'entre vous se sont demandés : mais pourquoi diable ce titre Piero ?
C’est que, depuis plusieurs jours, nous sommes énervés et fatigués par la vie politique française, énervés aussi et très inquiets des événements au Mali et en Ukraine. Sensiblisés par la situation des pays d'Afrique de l'Ouest (suite au voyage à vélo effectué là-bas en 2010, voir les reportages "Afrique de l’Ouest") et alertés par la présence récente au Mali de "Wagner" (la société militaire russe qui emploie des mercenaires - ici le lien d’un documentaire glaçant sur ce groupe), nous prenions au sérieux les annonces des Anglo-Saxons, Biden en tête, sur la possibilité et l'imminence d'une attaque de l'Ukraine par l'armée russe de Vladimir Poutine.
Alors, pour tenter de chasser un peu les idées noires, nous avons repéré et écouté à la radio un programme captivant sur le peintre Piero della Francesca. Il y a déjà quelques années, Thomas avait ramené de la bibliothèque municipale des livres sur cet immense peintre, mathématicien et artiste italien du temps de la Première Renaissance, le Quattrocento.
S’il se souvient bien, il avait noté dans la biographie de Pierre Assouline consacrée à HCB (Henri Cartier Bresson) que Piero della Francesca était une référence majeure pour ce grand maître de la photographie. Des nuits durant, une fois le travail diurne de scan des images d’Espagne terminé, Toto a beaucoup aimé découvrir l'univers, le travail et les recherches de Piero.
À l’écoute de cette passionnante émission qui "résout" l’énigme d’un célèbre tableau du génie, vous devriez comprendre (par des associations d'idées libres) pourquoi nous avons choisi de vous présenter dans le post ces photos de la dernière COP. À notre humble avis, dire et redire (comme beaucoup d’autres personnes avant nous) que les arts et la nature devraient être davantage pris en considération ne peut pas faire de mal. Nous pourrions même parler de possible bouée de sauvetage ou de "portes" de sortie.
Espérons que les derniers et graves événements de l’actualité internationale ne viendront pas confirmer les intuitions que les activistes pour le climat ont mis en scène devant les portes de la COP écossaise pour nous réveiller.
Cette fois encore, on vous passe la revue de presse.
Aujourd'hui même, il y a une alerte du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui « s’alarme des conséquences vertigineuses d'un monde toujours plus chaud », comme le titre l’article de Audrey Garric dans le journal Le Monde. Le GIEC sort un nouveau document : le « 2e volet de son sixième rapport d'évaluation » étudiant « les impacts, les vulnérabilités et l'adaptation à la crise climatique », c'est-à-dire les risques à venir pour les différentes régions du monde ; « l’instance onusienne [...] publiera ensuite un 3e volet en avril, consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, avant une synthèse prévue pour septembre. […] ».
Arrivederci !
HTC
PS : Notre "work in progress" a été bien chamboulé par ces énervements et coups de fatigue et nous ne pourrons pas tenir le planning que nous nous étions fixés pour la fin du mois. Les textes de présentation pour les reportages de Glasgow sont faits, presque toutes les images en dytiques montées, mais pour les légendes : nous sommes charrette !
*Extinction Rebellion : né au Royaume-Uni, mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l'effondrement écologique et le dérèglement climatique (déjà largement documenté dans le reportage sur la COP25 à Madrid).
Photos de stockage du bois, prises en 2012, presque au début de notre tour de France qui nous a conduit à travailler notamment sur le thème de l’énergie dans l’hexagone.
Oups ! Avec ce post, nous voulons rattraper un oubli de blogueur débutant. En effet, nous avons remarqué qu’en fin d’année, dans les blogs photo, on y trouve souvent une sélection personnelle de livres découverts ou appréciés.
Dans le vaste monde de la photographie, il y a quelques noms qui attirent automatiquement toute notre attention, celui de Gilles Peress par exemple. Ses livres ont toujours été de grandes références.
Bien sûr, nous n’avons pas essayé d’emprunter les mêmes chemins que lui (comme d’aller dans des zones de guerre) et nous n’avons pas le même talent. Mais son travail est un repère des plus solides quand les doutes nous assaillent et nous conduiraient presque à l’inaction.
C’est par cet article paru dans le journal Le Monde, que nous avons appris qu'en juin 2021, Mr Peress publiait son travail sur le conflit du « Nord de l’Irlande » en trois volumes. Ici un autre article en accès libre pour découvrir ce « monument visuel et littéraire » intitulé : “Whatever You Say, Say Nothing” (“Quoi que vous disiez, ne dites rien”).
À l’occasion de ce post, nous nous sommes replongés dans une interview qu’il avait donnée à l’Université de Berkeley en Californie, en 1997. Passé l'aspect vieillot du générique du début, on y a retrouvé la qualité de l’échange teinté d’humour que notre souvenir en avait gardé, sans parler de l’intelligence et de la profondeur du propos. Même sentiment pour la vidéo avec son éditeur Gerhard Steidl, mise en ligne pour la sortie de ce grand et gros livre (une oeuvre de 14 kg tout de même !).
Dans ces deux vidéos, Mr Peress expose ses réflexions sur son travail, la photographie, le fossé entre langage et réalité, l’histoire, le temps, la vie, etc. Les deux documents ne sont malheureusement pas disponibles en français (bien qu'il soit franco-américain !), mais pour les non-anglophones, la traduction autogénérée par la plateforme devrait vous permettre de suivre. Quelqu'un qui réfléchit honnêtement à son travail, à ce qu'il a essayé de faire et qui l'exprime clairement : c'est rare !
Même s'il est dit que lors de la fabrication du livre, avec l'excellente maison d’édition Steidl, ils ont eu le souci constant du prix de vente, il est clair que nous n'aurons pas de sitôt l’ouvrage entre nos mains, sauf si la galerie du Château d’Eau à Toulouse en a fait l’acquisition ! On dit cela pour les habitants de la région. En plus de monter des expositions, le lieu (fondé en 1974 par le photographe toulousain Jean Dieuzaide) propose un très important fonds photographique ouvert au public. Vous pouvez y consulter des livres photos dans le plus grand calme, comme nous. Pour nous, c’était autant un plaisir qu’un lieu d’apprentissage.
Enfin, pour avoir un aperçu du livre (qui fonctionne beaucoup par diptyques apparemment !), on vous conseille la deuxième partie de cette vidéo d’Alec Soth (un collègue de Gilles Peress à l’agence Magnum). Il y fait un commentaire sur la place des images et des textes. Et un dernier lien bref et ludique qui met en valeur l’art de la composition de Gilles Peress.
Pas de revue de presse cette quinzaine. Les liens que nous vous proposons devraient vous rassasier. Pas la peine d'en rajouter !
Bonne continuation,
Hélène et Thomas
PS : Notre travail de sélection des images de Glasgow ne se passe pas trop mal. On n’est pas loin de tenir notre planning que nous évoquions dans le post précédent. Espérons que nous ne nous effondrerons pas sur la fin !
Premiers et derniers rayons de soleil du fond du jardin (des choux et des poireaux couverts de givre) - Janvier 2022 - France.
C’est peut-être différent ailleurs mais en France, la photographie est souvent présentée comme de « l’écriture avec la lumière ». Cette définition s’appuie sur les deux racines d’origine grecque du mot : photos = lumière, clarté et graphein = peindre, dessiner, écrire.
Pour ce post, nous avons joué à vous « peindre » un diptyque avec comme matière première la lumière naturelle qui borde les belles et fraîches journées hivernales que nous avons eues en cette fin janvier dans le sud-ouest de la France.
Si nous avions voulu « l’écrire » avec des lumières artificielles, cela aurait été plus difficile (sauf à faire du Soulages !) car créchant à la campagne, nous n'en fréquentons que très peu, si ce n’est celles de nos ordinateurs en plus des lampes led au plafond de notre « open space ».
À signaler que depuis quelques jours, nous avons un écran opérationnel de plus. L’ami Sergio nous a fait parvenir par la poste un petit câble nous permettant de relier l’ordi portable (acheté en Floride il y a plus de 10 ans, du temps des reportages sur l’agriculture intensive et la crise des subprimes - voir la galerie USA sur ce site) à un moniteur, récupéré il y a peu dans la cave de la Maman de Toto.
Il sera maintenant bien plus confortable pour la miss de travailler les légendes, les textes de présentation et autres écritures avec un écran plus grand (sans impacts ni rayures).
De Glasgow, nous aurons trois galeries au final : une principale et deux plus petites, composées pour l'une de photos de Marches climat et pour l'autre d'images de veille informatique que nous avons faite sur place. La sélection pour le gros sujet n'est pas encore terminée ; on avance avec la torche frontale dans notre stock photographique écossais, lentement mais sûrement en essayant de ne pas faire trop d'erreurs de tri. On a déjà entendu dire, dans le milieu, que les photographes étaient parfois des catastrophes quand il s’agit de faire « l’editing » de leurs propres images par manque de recul sur leur travail (espérons que nous ne sommes pas des adeptes de l’auto-sabordage involontaire !). C’est pourquoi les éditeurs photos (iconographes), qui tendent à disparaître de nos jours avec l’évolution du métier, étaient des plus utiles.
Ceci dit, comme les reportages sur les COPs sont les moins consultés du site, ça nous enlève la pression ! Chacun est libre de regarder ou pas, mais il nous semble, qu’à bien des égards, ce manque d’attention est un signe des temps. Aussi on pense que pour qu'un blog ait quelques chances d'être un tant soit peu intéressant, il est préférable que le propos soit franc, sans storytelling excessif (tout en évitant bien sûr la parole en roue libre voire déchaînée comme sur les réseaux sociaux ou dans les commentaires d’articles de presse).
Assez souvent ces temps-ci, on se demande si on va aller à la prochaine COP. Pour nous, comme pour beaucoup d’observateurs, la COP 26 était la fin d’un cycle entamé par les accords de Paris (COP21). Là-bas, un rendez-vous avait été pris pour dans 5 ans, au cours duquel chaque pays devrait présenter sa feuille de route pour atteindre les objectifs (maintenir le réchauffement climatique à 1,5 degré). À vrai dire, il y a beaucoup de pour et de contre dans nos têtes, alors on va attendre que ça se décante un peu avant de prendre une décision. La 27ème COP aura lieu normalement en novembre 2022 à Charm el-Cheikh. Ah ! Si des lecteurs ont des contacts en Égypte, nous sommes preneurs !
Le mois qui vient va être destiné à monter les sujets de Glasgow. Il serait bien que nous arrivions à la fin février avec les trois sujets bien avancés : chromie, diptyque, textes et peut-être même une bonne partie des légendes.
Ainsi, en mars nous pourrions reprendre les reportages du Tour de France que nous avons depuis si longtemps en attente. C’est peut-être ce que nous avons fait de mieux en photographie. Être enfin ! en mesure de vous les proposer serait cool.
Bonne continuation à vous !
HTC
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
- Photographie :
Cette quinzaine, nous avons appris la disparition de deux photographes.
La première est celle du photographe américain Steve Shapiro, célèbre pour ses photos pour la lutte des droits civiques et sur les studios de tournages hollywoodiens.
La seconde est celle, dans des conditions effroyables il faut le dire, de René Robert connu lui pour ses photos sur le Flamenco.
- Journalisme :
Franchement, c’est quoi cette tendance délétère de menacer les gens de mort, qu’ils soient, comme dernièrement, femmes et hommes politiques ou journalistes tels une équipe de l’agence AFP et une présentatrice de M6 (ainsi qu’un témoin) ?
Comme nous l’écrivions déjà sur le blog il y a peu, suite à l’agression d’une équipe de France Télévisions et de la journaliste indépendante qui lui servait de guide, attention à la banalisation des menaces et des actes. Sans réactions claires de la part de tous, un ou des drames sont malheureusement en suspens. Sans parler de l’instrumentalisation du travail journalistique qui pose bien des questions à la profession.
- Burkina Faso :
Depuis que nous tenons ce blog, nous vous parlons fréquemment de la situation inquiétante en Afrique de l’Ouest. Voici une émission radio qui fait le point, presque à chaud, sur le dernier coup d’état au Burkina Faso.
- Environnement :
En septembre, comme on l’a relaté sur ce blog, nous sommes allés à Marseille pour documenter le Congrès mondial de la nature (UICN). Ici une interview avec Gilles Boeuf (biologiste, ancien président du muséum d’histoire naturelle de la biodiversité, entre autres fonctions) portant comme titre : « Biodiversité, La plus grave et la plus ignorée des crises ».
Un rapport scientifique paru ce mois-ci nous alerte que, en raison de l’énorme quantité de produits chimiques fabriqués par l’homme, nous venons de franchir la 5ème des 9 limites planétaires. Pour en savoir plus c’est par exemple là.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
Face aux portes d’entrée de la COP 26, réalisation d’un autotest (antigénique rapide) à la Covid-19 qui autorisera l’accès au sommet pour la journée des personnes disposant d’une accréditation. Glasgow, novembre 2021.
Hello !
Pas grand-chose à raconter cette quinzaine.
Bien sûr, comme pour nombre de personnes, la situation politique et sanitaire actuelle nous prend bien le chou et même nous inquiète, disons-le. Mais ce n’est pas l’objet de ce blog de développer plus avant.
Sur le ou la Covid comme vous voulez, nous nous sommes contentés de documenter la première manifestation des soignants au printemps 2020 (le 16 juin, juste après le premier confinement) et la première manifestation anti-pass sanitaire de cet été.
En fait, en tant qu’ex-professionnels de Santé, nous avions bien des idées de reportages (notamment dans le monde de la psychiatrie qui nous paraît être dramatiquement oublié et sous documenté). Seulement, démunis de carte de presse et sans commande, nous aurions sûrement de gros problèmes d’accès.
En 2006 déjà, un projet, en lien avec les engagements professionnels de Thomas (infirmier de rue pour le dire vite) dans les Pyrénées-Orientales, avait presque failli aboutir. Après constitution d’un dossier plus réunions préparatoires et alors que sur le terrain les gens étaient ravis, nous avions été obligés d’abandonner à cause de blocages administratifs. Il avait fallu passer à autre chose : à savoir la Coupe du monde de Football en Allemagne et les reportages en Espagne.
Concernant la campagne présidentielle pour le moins compliquée, nous n’avons fait que le minimum syndical : documenter une manifestation contre l’extrême droite (dans le cadre d’un travail de documentation entamé depuis une dizaine d’années sur le FN puis RN de Marine Le Pen) en plus de toutes les manifs climat (qui se raréfient soit dit en passant).
À noter que depuis que nous habitons à la campagne, sans automobile, il nous est bien plus difficile d’être suffisamment présents sur « la place publique » pour tenter de faire plus que de l’illustration.
Étant encore englués dans le tri des photos de Glasgow, on a choisi de ne pas trop se disperser. Sur notre bureau, nous avons toujours plus de 4 000 images du Tour de France à traiter sur des sujets tout à fait d’actualité comme l’habitat, l’énergie, l’agriculture, etc. Alors on se dit qu’il est préférable de rester dans notre tunnel et continuer à creuser, même si par moment on sature vraiment.
De la COP (26) écossaise, nous avons à peu près 2 500 images qui nous paraissent intéressantes (car il s’est passé beaucoup de choses là-bas) et il va falloir qu’on y aille à la hache dans les jours qui viennent pour être en mesure de vous présenter un travail honnête.
Keep on working donc !
Bonne continuation à vous !
H-T-C
Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :
- Photographie, environnement et journalisme :
La Colombie-Britannique (la région canadienne où vit l’ami Jim qui travaille avec nous sur ce site) a subi par deux fois les effets du dérèglement climatique en 2021. Zied Ben Romdhane les a documentés.
Ici une conversation zoom à propos de l’indépendance des médias et du journalisme environnemental avec notamment l’économiste Julia Cagé et le journaliste du Monde Stéphane Foucart.
Là, un des derniers articles de ce journaliste, sur le barrage de Caussade (qui peut être lu avec l’histoire de La Bataille de Sivens en tête, voir notre reportage sur ce sujet).
Enfin une tribune pour que les enjeux environnementaux soient mieux couverts par les médias de manière générale et d’autant plus en cette période électorale.
Chili :
Des nouvelles de la rédaction de la nouvelle Constitution après les dernières élections présidentielles.
Mali :
Une émission radio faisant le point sur le contexte politique très compliqué du pays après que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé un embargo commercial et financier en réaction à la non-tenue des élections présidentielles prévues en février. La situation risque de devenir encore plus difficile pour les populations du Mali et pour celles des pays environnants.
Ici le site de soutien à Olivier Dubois, journaliste otage au Mali depuis le 8 avril 2021.
Immigration et marché de l’emploi :
Une émission radio avec l’économiste Esther Duflo (Prix Nobel d'économie en 2019 et professeur en économie du développement au MIT) sur l’impact fantasmé et en réalité « très modeste » de l’immigration sur le marché du travail.
Bruno Latour :
Une nuit, dans l’aérogare de Manchester, nous évoquions dans ce blog les critiques de Frédéric Lordon sur le travail de Bruno Latour. Ce mois-ci, ce dernier vient de sortir un nouveau livre qu’assurément nous lirons cette année.
Voici la première intervention radio que nous avons entendue pour ce nouvel ouvrage. Dans cette interview il est un peu question du film « Dont’ look up » très médiatisé et très commenté, et à propos duquel vous en savez sans doute davantage que nous qui ne sommes pas abonnés à Netflix.
Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !
« Autoportrait au chat » comme on disait en peinture ou « Selfie avec Billie Ze Cat » - 31 Décembre 2021, France.
Dis Billie, tu vois quoi photographiquement parlant pour nous en 2022 ? À nouveau un voyage à vélo de quelques mois ou alors encore de longues heures de travail pour trier et mettre en forme tous les reportages du tour de France que nous avons en chantier ?
Tu dis rien, tu sais pas, tu as raison, les temps sont trop incertains pour se prononcer. L’an dernier, nous avions annoncé dans nos vœux à la famille et aux amis des projets qui sont vite restés en carafe.
Bon si on se relance cette année, on essayera de mettre à profit les leçons que tu nous donnes depuis que tu as choisi de nous squatter : Voyager et photographier comme un chat, avec souplesse, élégance, curiosité, tout en se ménageant des moments cools.
Allez, c'était le dernier post de l'année des blogueurs débutants. Nos meilleurs vœux pour 2022 !
Les Cha(t)ssinovitchs
Revue de Presse :
- Photographie
Mort de deux « Grandes Dames » de la photographie. Même si, à tort ou à raison, elles ne font pas vraiment partie de notre petit panthéon personnel des photographes voici quelques liens pour découvrir ou redécouvrir leur travail. Sabine Weiss et Françoise Nunez. Ici pour écouter une émission radio avec Madame Weiss.
Sinon, le père Noël est passé pour la photographie française ! Putain, 5,5 millions d’euros au total, 22 000 euros pour chacun des 100 élus de la première fournée ! Ici et là des informations sur cette commande d’État. Bon on ne va pas commenter le casting (ça a déjà été fait sur les réseaux sociaux) car le fond du problème n’est pas là. Comme beaucoup, on se demande simplement en quoi ce saupoudrage va résoudre les nombreuses difficultés structurelles de la profession ?
- Chili
Les élections présidentielles au Chili ont vu le candidat de gauche Gabriel Boric, un jeune homme de 35 ans, accéder au pouvoir face à son adversaire d’extrême droite, Juan Antonio Kast. Ici une émission de radio sur les défis auxquels il va être confronté.
- Collège de France
Voici de quoi retenir se cultiver durant le fastidieux labeur de nettoyage (des images scannées -rayures, poussières- du tour de France) qui nous attend encore, si cette année on ne bouge pas trop.
- Wikipédia
Souvent, pour la rédaction des textes d’introduction des reportages ou des légendes des images nous avons recours à Wikipédia. Ici une émission radio intéressante sur l’encyclopédie libre.
- Politique Française
Pour ceux qui comme nous s’intéressent (encore) à la politique et à l’élection présidentielle. En plus des analyses de Clément Viktorovitch, celles de Christian Salmon.
Aussi une émission de radio concernant la politique française en Afrique de l’Ouest (traversée en partie à vélo - voir les reportages sur ce site), région qui se trouve dans une situation qui nous inquiète beaucoup.
- Changement climatique
Et, LAST BUT NOT LEAST, des nouvelles pas réjouissantes mais très importantes : Les premières concernent les pôles arctique et antarctique et, les secondes sont au sujet des oiseaux migrateurs.
Les photos de Glasgow ne sont pas trop mal !
Depuis que nous sommes rentrés d’Écosse nous nous sommes attelés au premier tri des photos faites durant la Cop 26.
En gros cela consiste à jeter à la corbeille les photos loupées, à repérer les images qui nous semblent les plus fortes ou les plus intéressantes et mettre de côté celles que l’on veut garder en archive.
Cette première étape est aussi excitante (car on revit le reportage) que frustrante quand on tombe sur des photos qui auraient pu être bien mais finalement non pour telle ou telle raison.
Une des raisons bien énervante et plus récurrente que d’habitude est le flou non désiré à l’instar de cette photo de la manifestation des jeunes pour le climat, le vendredi 5 novembre 2021.
Le cadrage est propre, la situation est intéressante avec Greta Thunberg parmi les manifestants (tout comme à Madrid elle fut une superstar, cette fois-ci qualifiant la COP26 de « Bla-bla-bla », expression reprise partout depuis). Elle semble nous sourire spécialement (on ne s’est pas retourné pour voir si c’était pour quelqu’un derrière nous !). Cela change des photos qu’on nous présente souvent d'elle faisant la gueule ou la grimace, mais la netteté n’est pas tout à fait bonne sur son visage. L’autofocus a été inopportunément se fixer sur le jeune homme à sa droite qui porte un masque et a une oreillette.
Dommage ! Pour le reportage il faudra en sélectionner une autre.
Avec mon précédent appareil de l’époque argentique, la mise au point télémétrique était manuelle ; je la faisais instinctivement, me concentrant seulement sur la situation. Soit dit en passant, mon placement et le cadre n'étaient pas faciles à ce moment-ci tellement il y avait de monde, de bousculades et de barrage de la part des jeunes pour protéger la jeune militante suédoise de la « horde » de photographes professionnels ou amateurs (voir le reportage de la COP25 à Madrid).
Bon, il va falloir que je me retape à nouveau les 345 pages du manuel du fabricant (Fuji) duquel je ne retiens presque rien tellement il y a de possibilités de programmes et de réglages ; à moins qu’une âme charitable ait une méthode simple et efficace (même rudimentaire !) à me refiler pour maîtriser ce foutu autofocus.
Sinon (comme on nous l’a souvent demandé), à notre retour on a retrouvé le chat, la Billie qui avait même pris du poids et de la fourrure. Elle nous a marqués à la culotte pendant deux jours, avant de peut-être comprendre (en nous observant reprendre notre routine des derniers mois) que l’on ne repartirait pas de sitôt à Glasgow.
Le matin c’est un peu la petite maison dans la prairie. Il faut aller chercher du bois mort, principalement de châtaignier, de chêne, de frêne et le scier. Billie nous accompagne moins, elle ne s’est pas trop mise à la mode écossaise qui consiste à sortir en tongs même quand il pleut des cordes. Aussi on s'occupe dans le jardin : désherber, amender le sol. Nous avons été contents de constater que les betteraves, choux, poireaux, blettes, brocolis, mâche, et roquette n’avaient pas souffert en notre absence.
L’après-midi et les soirées c’est généralement travail dans l’open space chauffé par notre bon vieux poêle.
Ah, vous avez peut-être remarqué que le site a été perturbé pendant une petite semaine. Désolés ! L’ami Jim travaille toujours sur notre site et a essayé d’installer une nouvelle version de la boîte multimédia (Photoswipe) pour les reportages ; nous avons alors fait face à beaucoup de problèmes notamment pour proposer correctement les longues légendes que, on imagine, personne ne lit !
Sans solutions satisfaisantes pour le moment, on a fait machine arrière et on bosse sur une version 2.0 du site dans un espace dédié. Jim pense qu’il va falloir ajouter des lignes de code. On va faire cela petit à petit. Vous verrez le résultat courant 2022, si jamais nous arrivons à bon port.
Vous trouverez à la fin de ce post une revue de presse au sujet de la Cop 26 et d'autres actualités.
Bonne fin d’année à vous.
Bien cordialement,
HTC
Revue de presse réduite car, après les deux semaines intenses de Glasgow, on avoue avoir préféré écouter de la musique et lire d’autres choses que de nous replonger directement dans cette COP26.
On y reviendra quand, après avoir choisi définitivement les photos et monté les diptyques que nous proposons souvent, il nous faudra écrire un texte d’introduction au reportage et des légendes aux images.
- COP26 :
- Un article du journal Le Monde qui fait le bilan de la 26ème Conférence des Parties cite Inger Anderson (la directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement lors de cette COP) parlant de « Montagne qui a accouché d’une souris » ; image que nous avions nous-mêmes utilisée lors de notre précédent Post. Ce qui laisserait penser que nous ne sommes pas tout à fait à côté de la plaque.
- Une vidéo de Blast intitulée « COP26 : Dans les coulisses d’une trahison » où accessoirement vous pourrez voir brièvement Toto le photographe en plein travail.
- Une interview de Blast toujours sur l'histoire des négociations climatiques avec Amy Dahan, « historienne des sciences, chercheuse au CNRS et spécialiste des négociations climatiques sur l’histoire des COPs et leur évolution ».
- Deux émissions radiophoniques de France culture :
La première faisant le bilan assez précis et moins négatif que d’habitude de la Cop 26 et la seconde organisant une discussion sur la question de solidarité internationale comme notamment celles du Fond pour « les pertes et dommages ».
- Et enfin la réaction de Fabrice Nicolino à la COP26 et à l’avènement de la voiture électrique dans son imposant Blog.
Chili :
En lien avec notre travail, voici une enquête sur l’extraction du lithium dans le désert d’Atacama. On y retrouve des photos proches de celles que nous avions faites lors de notre voyage à vélo dans le pays (voir le reportage Chili - Extraction du lithium).
Paludisme :
Aussi un article déprimant faisant le point sur la lutte contre le paludisme dans le monde. La photo d’illustration est très proche d’une de celles que j’avais pu faire à l’époque (voir le reportage Quel avenir pour le monde rural en Afrique de l'Ouest ?).
Sivens :
Les dernières actualités à lire ici concernant la condamnation de l'État à indemniser la famille de Rémi Fraisse et là au sujet de la nomination de deux nouveaux experts.
Agriculture :
Une émission faisant le point sur le dernier recensement agricole en France. Ce court programme est en lien avec le travail sur l’agriculture en France que nous avons mené durant notre tour de France à vélo. Si tout va bien, en début d’année on va terminer le tri des photos et vous devriez pouvoir les voir courant 2022.
Comme vous le savez sûrement la COP 26 s'est achevée samedi 13 novembre, avec un jour de retard. Chez les activistes que nous avons suivis, tels ceux d'Extinction Rebellion, l'ambiance était bien lourde à la fin. Vendredi et samedi nous avons documenté des actions plutôt morbides (mais salutaires à nos yeux car la société civile doit continuer à pousser et ne pas se résigner) qui ont eu lieu devant les grilles (qui protégeaient l’accès à la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) et à la nécropole sur les hauteurs de Glasgow (un cimetière de style victorien, l'un des plus beaux d'Europe a-t-on lu). Peut-être en avez-vous vu des photos dans la presse (par exemple ici) : la cérémonie funéraire de cette COP (ainsi que des 25 précédentes et même de la prochaine !) accompagnée seulement du son d’une cornemuse (et sans aucun discours) était « poignante » comme nous a dit un spectateur, d'ailleurs même les "acteurs" étaient très émus.
Après on n'a pas eu trop le temps de faire le tour des réactions des uns et des autres puisque sitôt la COP terminée, nous sommes allés rendre visite (brièvement mais c’est mieux que rien !) à une amie qui vit dans la Région des Lacs, en Angleterre. Cela nous a permis de changer d’avis à propos des gares routières qui sont finalement moins glauques qu’en France et au sujet de la qualité du fromage britannique car (pris chez le bon fournisseur) nous avons dégusté grâce à elle du Cheddar mature et du Cheddar Vintage « organic » ainsi que de l’Appleby Dub blue et du Wensleydale pas dégueu du tout.
Pour en revenir à la COP26, nous pensons quand même avoir compris qu'encore une fois la montagne a accouché d'une souris par rapport à ce que prévoyait l'Accord de Paris (dont l'objectif principal on le rappelle était de limiter le réchauffement climatique depuis l'ère industrielle à 1,5 degré) et la feuille de route de chaque pays qui devait en découler cinq ans plus tard.
Arrêter le soutien aux énergies fossiles et commencer à sortir du charbon a seulement été envisagé. Toujours pas de calendrier ni de contraintes pour l'instant et refus par les pays qui ont émis le plus de CO2 de verser des indemnités aux pays qui subissent déjà des dégâts irréversibles dus aux dérèglements climatiques. Sûrement dans un prochain post nous reviendrons plus en détail sur tout cela.
Le diptyque conçu à la va-vite pour les besoins de ce blog reflète pas trop mal nous semble-t-il le ressenti de beaucoup de gens qui se sont mobilisés durant cette quinzaine : cynisme et inconséquence des puissants, tristesse, déception, colère, avec une vision sombre de l'avenir qui se dessine pour les autres. La photo de gauche a été prise dans le centre-ville de Glasgow (Royal Bank Place) et celle de droite devant l'entrée principale de la COP.
Samedi ou dimanche on va commencer à regarder et trier les photos afin de proposer un travail sérieux. Normalement cela devrait être au niveau si ce n'est au « top!! » (comme nous l’a écrit notre ami andalou au lancement du site).
This is the end "from Scotland" pour ces écritures qui nous occupent un peu durant cette longue nuit d'attente à l’aéroport d’Édimbourg. Nous tombons de fatigue alors on va se mettre au repos maintenant. Demain notre vol qui nous rapprochera du bercail. Billie, Billie, Billie !
Cheers !
H-T-C
Article mentionné :
Le Monde avec AFP, « La COP26 joue des prolongations laborieuses, alors que l’Inde défend le droit à « un usage responsable » des énergies fossiles », Le Monde, 13 novembre 2021. [en ligne] Disponible sur :
Hi Guys !
Pour que nous vous rendions compte un peu de ce qui se passe à Glasgow, voici le récit rapide de la journée d’hier car là on est vraiment naze et qu’on retourne faire des photos sous peu. Levés à 7 heures, calcul pour aller à la salle de bain, car notre « colocataire » un délégué vietnamien de la COP qui lui aussi s’est levé tôt est pressé, puis petit déj : œufs au plat et boîte de haricots grains à la sauce tomate, radis, kiwis et mandarines.
À 8 heures départ au galop car à 9 heures il est prévu une action de l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (APIB), d’XR (Extinction Rebellion) et ainsi que d’Amazonie Rébellion devant l’entrée de la Cop. À mi-chemin Toto passe le sac à dos à la miss car ses lombaires le lâchent.
À 9 heures passées de pas grand-chose nous arrivons sur les lieux ; l’action a commencé depuis pas longtemps (ici il ne faut pas compter sur le quart d’heure toulousain !). Toto se frite avec un photographe indélicat, pour ceux qui connaissent ça rappelle parfois le Salon de l’Agriculture de Paris.
Des robes rouges sur des cintres ou découpées dans du carton sont accrochées aux grillages ceinturant le lieu de la Conférence mondiale sur les changements climatiques. Elles symbolisent les disparitions et les violences que subissent les femmes des peuples autochtones en Amérique latine et au Canada dues aux pressions exercées par le productivisme et l'extractivisme. « Avec la permission des gouvernements et sans l'autorisation des populations, les entreprises agro-alimentaires (déforestation pour élevage ou culture intensive de soja), minières (or, diamants, gaz) accaparent les terres et déplacent leurs habitants. »
Les prises de paroles se succèdent au micro : « Nous faisons partie du processus de la défense de l'environnement, 80% de la biodiversité est sauvée par nous, plus de communautés et moins de Cops, moins de cops (flics) aussi dans les Cops (provoque l'hilarité des spectateurs), arrêtez de vouloir nous développer et de venir faire chez nous des énergies vertes (champs d'éoliennes et de panneaux solaires), stoppez les extractions qui détruisent et polluent nos territoires et le tourisme de masse qui esclavagise nos gens dans les hôtels pour les basses besognes, les projets tel qu'un train maya. Demarcação ! » (Démarcation ! Ils réclament une délimitation de leurs terres et que celle-ci soit respectée.)
Des larmes dans la voix d’une oratrice, des larmes dans le public et un extraordinaire moment de communion et de beauté grâce au chant d’une Colombienne seule et sans instrument à la fin de son discours. Une spectatrice très émue nous demande l’enregistrement pour pouvoir réécouter cette intervention mais nous ne faisons que de la photo.
À midi moins le quart il y a un rendez-vous de Vigie inter-religieuse avec des Quakers. Nous optons pour rester là où maintenant des musiciens écossais font tourbillonner les spectateurs en leur enseignant les figures des différentes danses au fur et à mesure. Le Sommet des Peuples a commencé avant-hier avec profusion de conférences et de débats. Au stand d’Extinction Rebellion, quelqu’une nous tuyaute sur une info que nous n’avions pas : à 16 heures une nouvelle action d’XR va avoir lieu (à nouveau) devant la banque J.P. Morgan (JP Morgan Chase) qu'il qualifie "Numéro 1 mondial des investisseurs dans les énergies fossiles destructrices".
Sur place, entre deux banderoles qui dénoncent le greenwashing de la banque une pancarte indique que la « Vigil » va durer 24h ! Les policiers semblent bien déstabilisés par l’initiative et un des organisateurs de l’action m’explique rigolard que c’est le jeu du chat et de la souris (cat and mouse). Billie !
At tea time, nous grignotons toujours des biscuits mais sans le thé. Il nous faut tenir la distance car tous les jours nous parcourons une vingtaine de kilomètres à pied.
En rentrant (après être repassé à la COP pour grapiller quelques autres photos et voir s'il ne se passait rien de nouveau) comme chaque soir, arrêt au Tesco pour quelques provisions avec un œil au stand journaux où nous consultons la presse papier. Dans notre chambre, décharger les cartes mémoires sur l’ordi et les sécuriser sur disques durs externes ; nous regardons aussi Sky News pour suivre ce qui s’est passé à l’intérieur de la Cop officielle.
La sélection de photos pour le Blog se fait à toute vitesse et après une soupe, salade de betteraves, pain presque grillé (sinon on fait sonner le détecteur de fumée !), kiwis, mandarines, fromage (hier du Blue Stilton, pas mieux que le Cheddar blanc ou orange que nous avons goûtés -sans saveur ils s’émiettent tous sous le couteau comme s’ils avaient passé l’année au congélateur) c’est l’extinction des feux à minuit passé.
Le matin, à six heures nous mettons les pieds au mur pour essayer de détendre les muscles qui protestent et nous repartons pour une nouvelle journée après un autre petit déj œufs au plat et beans (haricots) en sauce, radis, pain semi-grillé, mandarines, kiwis.
Aujourd’hui est prévue l’arrivée de Storm, la « Déesse de la mer », une poupée géante alertant sur la crise que subissent les océans et les côtes.
Best regards,
Helen and Tom
Hello, Hello !
Good News : nos tests covid que nous avons dû faire deux jours après notre arrivée sont négatifs ; si on reste en santé nous n’aurons pas les autorités sanitaires sur le dos.
Bad news : La Green Zone de la COP26, ouverte au public, était hier matin dès son ouverture « Sold out » pour toute la durée de la Cop! Donc nous aurons tout le loisir de rester dehors, avec les activistes (qui pour beaucoup, soit dit en passant, ont des accréditations pour la Blue Zone, celle des officiels). Pour nous c’est embêtant car on essaye de voir le maximum des choses qui sont accessibles au plus grand nombre (même si là apparemment c’était très restreint) ; et puis on n’aura pas de plan B pour se protéger de la pluie annoncée pour cette fin de semaine et la semaine prochaine.
Après vous nous connaissez, même si on geint parfois on ne va pas se laisser abattre. On va continuer à documenter autant que l’on peut les mouvements. Et que l’on ne nous accuse pas de faire du COP bashing primaire ! Même si l’image de gauche du diptyque pourrait prêter à la critique.
Si nous avons sélectionné cette photo prise devant l'entrée du sommet c’est qu’elle était au début d’une carte mémoire, qu’elle nous a fait marrer et que surtout nous n’avons pas pris le temps de jeter un coup d’œil à ce que nous avons fait. Peut-être une habitude de la photographie argentique où il fallait attendre de révéler les films ; au retour, on avait ainsi le plaisir de revivre le voyage ou le reportage lors de la découverte des images.
Il se peut que l’on n’écrive plus trop dans les prochains jours puisqu’il va y avoir des manifestations et des actions que l’on va suivre mais peut-être que l’on ne va pas vous faire suivre, car le soir après des km et des km de marche on fatigue un peu.
Côté VIP, le pape et la reine se sont finalement faits porter pâle, nous avons vu Macron-Biden-Johnson and co rue de l’espoir (Hope street) sur l'écran de TV d’un cabinet d’avocats (que toto a photographié après autorisation du gardien, ce qui lui a quand même valu un contrôle d’identité de la police), et Greta Thunberg se trouvait dans le parc de Govan le soir où nous traversions celui de Kelvingrove où des XRebellionistes faisaient une pause casse-dalle.
Ils venaient d'essayer de bloquer ou de se signaler au convoi des personnalités qui quittaient la conférence : après des bus de badgés, des motards et enfin des véhicules enfin militaire nous a-t-il semblé (très bizarres, noirs, ronds et opaques), nous avons vu passer à toute berzingue une grande « limousine » noire avec un drapeau américain et un drapeau anglais sur le capot. Serait-ce Biden et Jonhson qui eux aussi allaient casser la croûte à la fin de la journée ? Ce qui était impressionnant c’est que l’avenue était protégée par des barrières des deux côtés sur au moins un km, et que derrière elles à peu près tous les 2 mètres des policiers étaient positionnés qui te regardaient avec attention.
Comme pour le renard, c’est une photo un peu inattendue qui te redonne un coup de peps. On l’a montrée au policier sur la photo qui se demandait si on avait eu quelque chose ! Il a été bien amusé par le résultat.
Allez, il est minuit, on envoie le post à Jim et on file au lit, on est crevé !
Helen and Tom
PS : Nous avons vu aujourd’hui qu’une photo proche de la nôtre avait fait la une du Scottish Daily Mail (mais en moins bien hé! hé ! Dans la nôtre on voit bien le drapeau d’XR)
Cherchez le renard dans la photo timbre post ! En arrière-plan le Sciences Centre qui hébergera la Zone Verte de la Cop (zone dédiée au public). Un petit indice : la composition respecte parfaitement la règle des tiers. *
Hello !
Yesterday , nous avons assuré ou du moins on a essayé ! Comme il pleuvait en fin de matinée on s’est dit que nous pourrions aller visiter et photographier le musée des transports de Glasgow (Riverside Museum of Transport and Travel) qui paraît-il est amazing ! (C’est l'architecte Zaha Hadid qui a designé l’audacieux bâtiment.) Cette idée avait l’avantage de nous tenir au sec et de nous permettre de faire un petit reportage, comme nous l’avions fait en Pologne dans une mine de charbon transformée en musée (voir le sujet "Pologne - Guido Mine" dans la rubrique Autour des COPs).
Seulement après avoir tourné pendant bien plus d’une heure sous la flotte (à tous les coins de rue tu as des hommes avec des vestes jaunes qui te bloquent, « security reason » à cause de la COP26 bien sûr), nous n’avons jamais trouvé le lieu qui lirons nous plus tard est d’ailleurs fermé depuis le 23 octobre et pour toute la durée de la Cop ! Quand le mal de jambes a commencé à venir, nous avons jugé préférable de se rabattre sur le SEC (Scottish Event Campus) où se déroulera le sommet à partir de dimanche.
Là, nous avons vu que les grilles qui ceinturent la place ont été montées et que les gens viennent chercher leur accréditation. En plus du badge que beaucoup mettent direct à leur cou on leur donne cette année un « Kit Hygiène » sûrement en lien avec la pandémie de covid-19. Evidemment nous avons documenté cette nouveauté mais surtout, après nous être mis à l’écart pour se donner un break nous avons fait une rencontre qui nous a un peu euphorisés.
De l’autre côté de la River Clyde (en face du SEC donc) et tout près du building de la BBC il y a un terrain vague.
Alors que Thomas essayait de photographier un graffiti au-dessus d’une murette, la miss a vu un renard approcher et a crié (Un renard !), ce qui bien sûr a mis l’animal en fuite. Heureusement, n’entendant plus aucun autre bruit il est revenu presque aussitôt, et s’avançant à une vingtaine de mètres il nous a fixés un moment avant de choisir de s'enfuir à nouveau. Faut croire qu’il avait décidé de donner un coup de main aux frenchies, qui avaient un peu fait chou blanc aujourd’hui.
En fin de journée nous aurons encore l’occasion de faire des photos pour le moins inattendues.
À notre retour au Airbnbercail nous avons trouvé notre hôte et son copain déguisés de la tête aux pieds en mode Halloween. Elle nous a expliqué que c'était une première pour elle même si étant mexicaine cette fête lui est très importante. Ah ! Avant de rentrer nous avions fait quelques emplettes au Tesco pas loin, on s’est lancé dans les beans-saucisses. Voyons combien de temps on va résister avant de passer aux œufs Bacon !
That's all folks pour aujourd’hui.
Si vous souhaitez lire quelque chose de plus consistant, voici une interview de François Gemenne au sujet des COPs et de leurs pouvoirs.
* https://www.tiyana.net/fr/les-principes/nombre-dor/
Comme nous a dit une fois le grand Chef, l’ami de Rabat qui nous a beaucoup aidés durant la Cop 22 à Marrakech puis pour le périple de plus de deux mois dans le pays qui a suivi (cf le reportage « Le Maroc après la Cop » dont nous sommes plutôt fiers avec le recul) : « Ici on pense que le voyage est une partie de l’enfer. » Bien sûr, nous n’irons pas jusque-là pour qualifier le trajet qui nous a conduits de notre Home Sweet Home chez notre « super host » mexicaine de Glasgow, mais quand même !
Le ou la Covid, comme vous voulez, complique bien les choses et nous amène à penser nos vies en mode dégradé, si l’épidémie se chronicise, et surtout du fait de notre impréparation au changement climatique et aux effets de ses dérèglements qui nous frappent déjà. Complications administratives en tous genres (on a vu de braves touristes -avec carrément une chemise à élastique initialement étiquetée CAF- stressés comme jamais de ne pas avoir bien rempli toutes les cases) ; injonctions sanitaires incessantes et débilitantes (à l’aéroport de Manchester nous avons eu droit, tous les quart d’heure et jour et nuit, à un message vocal indiquant le port du masque obligatoire) ; contrôles policiers plus ou moins marqués (faits peut-être pour « encourager » les gens qui n’ont pas les moyens ou l’envie de voyager avec standing ou « All inclusive », à rester dans leurs terriers s’ils en ont un) ; exaspération voire agressivité de tous envers tous et misère humaine à tous les étages.
Des trains qui nous ont amenés à l’aéroport (hé oui n’est pas Greta qui veut ! Y aller totalement par le rail voire en bateau aurait été pour nous de la folie du point de vue de nos finances), aux aérogares où nous avons bien passé plus de 20 heures en transit, puis à la gare routière (déprimante comme toutes) et enfin dans le bus, nous avons pris sur nous ! Annulation, retards, inconfort, applications et plateformes informatiques pour faire les réservations qui te rendent dingue, car apparemment il n’y a plus (ou presque !) un guichet d’ouvert en UK, traitements sans égard réservés aux plus fragiles comme les sans-papiers.
Après une bonne nuit de repos au chaud sous de moelleuses couvertures violettes et un petit déj fenêtres ouvertes (notre hôte fait comme cela, épidémie oblige), nous allons voir comment expédier à qui de droit les autotests nasaux-pharyngés à Jour + 2 (par rapport à notre entrée dans le pays) que nous nous sommes infligés ce matin pour ne pas avoir de gros soucis avec les autorités. Ensuite, si mission accomplie avec succès, nous irons peut-être dans le centre-ville humer l’ambiance.
Malgré le ton geignard de ce petit post, l’énergie est là et nous allons faire notre possible pour documenter au mieux la COP. Après on imagine que vous n’apprécieriez pas trop que l’on joue à chaque fois aux ravis de la crèche ! Mais c’est vrai qu’aujourd’hui nous sommes excédés par tous les obstacles coûteux en temps et en argent auxquels tu dois faire face si tu veux circuler (du moins au Royaume Uni) et dont Billie (cf post précédent) n’a probablement pas la moindre idée. Il est loin le temps où au poste-frontière on regardait à peine ton passeport et même on t'invitait à boire le thé !
Sur le chemin pour faire les courses à un kilomètre, nous avons pris notre première douche écossaise. En plus du beurre de cacahuète et autre marmelade à l’orange la miss a craqué et a acheté des bottes en caoutchouc noires. Thomas a décidé d’adopter le comportement stoïque des autochtones (même pas froid, même pas mouillé !). On verra s’il va tenir…
Demain on pense aller traîner au SEC (Scottish Event Campus) où se tiendra la COP. Mais s’il tombe à nouveau des cordes peut-être qu’on se rabattra sur le musée de l’automobile.
D’autres nouvelles dans quelques jours sauf si le temps s’accélère et que l’on ne sache plus où donner de la tête tellement il se passe des choses, comme à la COP de Paris.
Bien à vous !
Helen and Tom Mac Chasssaing !
Documents que nous avons consultés durant notre voyage qui pourrait vous intéresser :
-Les prix des logements explosent à Glasgow pour les personnes qui viennent à la COP.
-Plus d’argent pour se protéger des migrants que pour aider « les pays pauvres » à s’adapter aux dérèglements climatiques .
- L’Onu déplore un nouveau record d’émissions de gaz à effet de serre malgré un arrêt d’activité dû à la pandémie.
-Suite de notre post « UICN à Marseille » concernant les actualités sur les chasses aux oiseaux.
- Enfin si vous avez un moment lire l’attaque en règle (et sans nuances ?) de Bruno Latour par Frédéric Lordon. À lire ici et là.
(Même si avec Jim nous sommes des lecteurs de Latour, nous pensons que la critique n’est pas inutile.)
(Liens consultés le 26 Octobre 2021)
Billie, qui est venue se confiner avec nous et est restée depuis, garde la récolte du jour : butternuts, noix, châtaignes, pommes et bois mort pour le poêle.
De notre côté, nous sommes toujours très occupés par le tri des photos du Tour de France (de plus de 12 000 nous sommes passés à environ 4 700 au dernier recensement) et les préparatifs pour Glasgow. Aussi, mettre une partie du potager en hivernage, faire le grand ménage et quelques courses pour remplir les placards serait bien. Documenter les COPs est toujours une tâche épuisante, alors autant ne pas se retrouver dans le boxon à notre retour !
Dans l’actualité ces derniers temps, quelques sujets en lien avec le contenu de ce site ont attiré notre attention :
- Chili :
En janvier 2020, nous étions sur place au moment du 3e mois de crise sociale lorsque nous nous sommes rendus à Santiago après la COP25 de Madrid (COP qui devait se tenir dans le pays et qui avait été déplacée en Espagne en raison des événements), voir les reportages réalisés au Chili.
Lors de la grande Marche Climat dans la capitale espagnole et brandi par les manifestants (qui dénonçaient un État défaillant dans les domaines de la santé, de l'éducation et des retraites ainsi qu'une violente répression policière et militaire et exigeaient la fin de la privatisation de l'eau et une nouvelle constitution) Plaza Italia à Santiago, nous avons vu de nombreuses fois le drapeau mapuche. Le référendum d'octobre dernier a permis d'obtenir la création d'une Assemblée constituante dont la présidente élue cet été est d’ailleurs Elisa Loncon Antileo, une Amérindienne mapuche. (1) Un peuple autochtone qui ne renonce pas à demander la reconnaissance de ses terres et de sa culture et est considérée comme terroriste par le pouvoir au Chili et en Argentine. (2)
Un an plus tard, nous apprenons que le président chilien Sebastián Piñera envoie l'armée et « décrète l'état d'urgence dans deux régions du sud [l'Araucania et le Biobio] où le peuple Mapuche réclame plus d'autonomie. » (3) Peut-être une façon de faire diversion pour ce chef d'État qui est « menacé de destitution » (4) suite aux révélations de l'enquête internationale des "Pandora Papers" sur la fraude et l'évasion fiscale, à un mois de l'élection présidentielle.
Lundi18 octobre, des milliers de personnes se sont retrouvées pour de nombreuses marches dans le pays afin de commémorer les deux ans du soulèvement. La journée s’est achevée par des saccages, des pillages, des affrontements avec la police et la mort de deux personnes.
Ces derniers événements coïncident avec le début de la rédaction de la nouvelle constitution en plus de la campagne présidentielle. On a pu lire enfin que ces violences pourraient favoriser le candidat d’extrême droite José Antonio Kast. (5)
Durant notre voyage à vélo de deux mois au Chili, nous avons rencontré des personnes témoignant de l'espoir qu'elles mettaient dans la création d’une Assemblée constituante qui permettrait de changer la Constitution héritée de Pinochet. Nous allons continuer à suivre l'actualité du pays pour voir à quoi cela va aboutir.
- Burkina Faso :
Lors de mon presque "Tour du Faso" (6) à vélo dans le pays en 2010, bien souvent le soir dans les villages burkinabès, nous en venions à parler de Thomas Sankara (président de 1983 à 1987 du Burkina Faso -anciennement République de Haute-volta-) ; du fait de mon prénom bien sûr mais surtout du vide immense que son assassinat, le 15 octobre 1987, laissa dans le pays et le cœur de beaucoup de gens.
Nous allons suivre avec beaucoup d’intérêt le procès :
Ici vous trouverez un portrait bien fait de lui.
- Liban :
Notre pause de bien un mois à Beyrouth lors de notre périple à vélo jusqu’en Inde en 2001 fait que nous avons toujours une oreille attentive à ce qui se passe au Liban. À l'époque, nous avions logé dans un magasin fermé du Papa de Nadia (une artiste peintre) que nous avions rencontré (quelle chance !) dès notre arrivée dans la capitale. Notre campement donnait juste sur la ligne verte dont parle cette émission de radio au lendemain de « scènes de guerre » qu’a connu Beyrouth ce 14 octobre.
Même si on était alors dans l’euphorie financière de la reconstruction (par exemple nous avions été impressionnés par le centre-ville flambant neuf - qui apparemment, d’après les cartes, a été en partie soufflé par l’explosion du port en août 2020) les stigmates de la guerre civile étaient encore bien visibles partout.
Passant tous les jours ou presque des quartiers musulmans aux quartiers chrétiens, on se souvient avoir fait beaucoup de diapositives.
Comme nous l’avons lu dans cet article il serait vraiment nécessaire que la communauté internationale vienne sérieusement au chevet des Libanais et des réfugiés syriens (sans oublier les réfugiés palestiniens) qui morflent depuis tant d’années maintenant.
- VISA - Maroc - Algérie - Tunisie :
« La France va diminuer drastiquement le nombre de visas accordés à trois pays du Maghreb, et ce quels que soient les motifs du voyage. Les visas octroyés à l'Algérie et au Maroc vont être divisés par deux, tandis que ceux délivrés à la Tunisie vont diminuer de 30 %. La France dit ainsi répondre à l'immobilisme de ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants vivant illégalement en France. Cette restriction remet-elle en cause les relations entre la France et ces pays du Maghreb ? »
Ci-dessus le texte introductif d’une émission TV que nous avons trouvée intéressante. Souvent durant les reportages au Maroc, Sénégal, Mali et Burkina Faso on m’a parlé de la difficulté à obtenir des visas. Dans ce débat télévisé, les positions prises par les uns et les autres expriment bien le moment dans lequel nous sommes, les (faibles) résultats que l’on peut escompter et les conséquences à court et moyen terme de ces mesures. Aussi, la lecture de ce compte-rendu nous a bien donné l’envie de lire le livre de Catherine Wihtol de Wenden, intervenante dans l’émission citée précédemment.
Ici une conférence TED courte et très claire de la Dame.
À noter que notre site propose un travail documentaire sur les Centres de Rétention Administrative en France métropolitaine.
- Interview de Greta Thunberg :
De la COP 24 en Pologne où nous l’avions photographiée pour la première fois sans aucune difficulté à la COP 25 où là ce fut de la folie pure du fait des groupies (pensez un jour à nous demander comment on s’est retrouvé avec elle dans une des loges du centre social et culturel madrilène où avec d’autres jeunes activistes pour le climat elle donnait une conférence de presse) on n’ose imaginer comment va se passer le rendez-vous de la COP 26 à Glasgow pour elle. Au printemps, elle avait menacé de boycotter l'événement (7) en raison de l'injustice que constituerait l'absence très probable des pays qui ont eu du mal à avoir accès à la vaccination et qui sont d'ailleurs aussi ceux qui sont déjà le plus gravement touchés par les dérèglements climatiques.
Autre activiste pour le climat, Extinction Rebellion, ce mouvement né en Angleterre prône la désobéissance civile non violente contre l'inaction des gouvernements contre le dérèglement climatique. Très présent à la COP25 de Madrid, nous sommes curieux de voir ce qu'ils vont faire lorsqu'ils "jouent à domicile".
Voici une interview que la jeune activiste phénomène a donné récemment et que vous pouvez lire (en partie) ici en français.
- Les suites de l’Affaire du siècle :
Le samedi 16 mars 2019 nous avions documenté à Caen la Marche du siècle (voir sur ce site le reportage "Marche Climat - Affaire du siècle"). Pour rappel le 14 mars de la même année, 4 ONG (Oxfam France, Greenpeace, Notre Affaire à Tous et (FNH) la fondation Nicolas Hulot) avaient déposé un recours en justice contre l’État pour non-respect de ses engagements climatiques, une campagne née en 2018 au lendemain de la COP24 : « L’affaire du siècle » avec une pétition du même nom. En février 2021, première victoire : condamnation de l'État, "responsable" de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et ce jeudi 14 octobre 2021 le tribunal administratif de Paris a ordonné à l’État de prendre des mesures, d’ici la fin de l’année 2022, pour réparer le préjudice écologique causé par le non-respect de ses objectifs en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre entre 2015 et 2018. Sur le site de l’association nous pouvons lire entre autres ceci :
« Cette décision marque une nouvelle ère pour les politiques climatiques de la France : plus aucun.e Président.e ne pourra s’exonérer d’agir pour le climat sous peine de mettre l’Etat hors la loi. » l’Affaire du siècle
Si vous voulez mieux comprendre les contours de cette action en justice et de celle menée par la commune de Grande-Synthe (8) et leurs implications réelles vous pouvez regarder cette interview explicative avec Fabien Raynaud, président de la 6e chambre du contentieux du Conseil d’État en charge de l’environnement.
- Total :
Au moment de la "clôture" de l’écriture de ce post, nous prenons connaissance de l’étude menée par des historiens qui montrent que Total et Elf étaient au courant de l'impact de leurs activités sur le changement climatique dès 1971 et comment ces entreprises se sont appliquées à semer le doute sur cette réalité.
Aussi nous lisons que la député Delphine Batho (qui a fini troisième à la primaire des écologistes et ancienne ministre de l’écologie) réclame la création d’une commission d’enquête parlementaire à l’assemblée nationale. (9)
Demande bien accueillie par un avocat spécialiste de l’environnement comme vous pouvez le lire ici. À noter que suite aux accords de Paris de la COP 21 nous avions documenté une action menée par des associations au Congrès MCEDD du pétrole off-shore accueilli à Pau par le pétrolier Total. Voir sur ce site le reportage "France - Stop MCEDD".
- Journalisme :
« Journalistes agressés : « Chez certains gros agriculteurs, le sentiment d’impunité est très fort » titre un article à lire ici.
- À titre personnel, durant mon tour de France à vélo (où je reçus un très bon accueil dans le monde agricole) j’ai vécu deux ou trois situations "chaudes", notamment quand il s’est agi de photographier les algues vertes en Bretagne.
Je dois préciser que cela ne m’est jamais arrivé en Espagne et aux USA une seule fois (lorsque j'ai photographié les travailleurs migrants haïtiens - Lisez l'histoire et voir le reportage en Floride et Géorgie) alors que j’y avais réalisé des travaux bien plus importants sur le thème de l’agriculture intensive.
D’une manière plus générale, en France l’agressivité envers les journalistes sur le terrain est très préoccupante et nous ne sommes malheureusement pas à l’abri de drames à l’avenir s'il n’y a pas un ressaisissement à tous les niveaux.
Notre salut à tous les journalistes mentionnés dans cet article.
- Photographie :
Il y a un mois environ, par le site de l’agence Magnum nous avions appris cette histoire (plus ou moins bien accueillie dans le milieu du Photo-reportage). Et étonnamment, car on ne parle plus très souvent de photographie de nos jours, nous l’avons retrouvée pour un temps en tête des programmes les plus consultés du site de France Culture :
D’immenses questions se posent pour le métier qui seront peut-être abordées à l’avenir. Si c’est le cas nous les suivrons attentivement.
En découvrant la « performance et / ou la supercherie » du photographe Jonas Bendiksen, nous avons, à titre personnel regretté de ne plus être en mesure de photographier en argentique (avec des pellicules) comme nous l'avions fait pour le Tour de France, Sivens et d’autres sujets ; mais nous nous sommes quand même félicités de continuer « à nous la péter, à se prendre pour des artistes » (comme une fois on nous l’avait fait sentir à Paris !) en « shootant » toujours avec l’option fichier brut et non jpeg seulement (même si cela « encombre » des disques durs entiers !), ce qui permet d’ avoir des fichiers originaux (qui d’une certaine façon peuvent être considérés comme des négatifs).
C’est sûr que cela ne résoudra pas tout, car comme nous le constatons souvent sur le terrain (cf paragraphe précédent) la défiance envers les images et les faiseurs d’images est devenue quasi générale, mais c’est une solution à notre petit niveau.
- Musique :
Bon ce blog n’a pas vocation à parler zique (sinon on ne va pas s’en sortir !) mais hier nous avons été sonnés par la nouvelle :
Le groupe Mendelson, aussi grand qu’ignoré, vient de tirer sa révérence en beauté avec la sortie de leur magnifique disque (le 7ième) intitulé « Le Dernier Album ». Une foule d'images nous reviennent à la pelle, comme les routes de montagnes des PO (Pyrénées Orientales) où nous vivions alors quand leur premier disque est sorti en 97 (un ami m’avait envoyé une cassette par la poste -dans le colis il y avait aussi deux autres nouveautés : le groupe Buena Vista Social Club et Jay-Jay Johanson) et que nous l'écoutions souvent en voiture ; ou alors le petit balcon de Montauban où par une belle après-midi ensoleillée je faisais découvrir ce groupe à notre voisin et ami musicien (noventa), impressionné par le son, le talent d’écriture de Pascal Bouaziz et la cohérence de l’ensemble.
Il y aurait des tonnes de choses à dire sur leur discographie impeccable, alors on va en rester à ces souvenirs d’amitiés et de paysages qui à notre humble avis sont tout à fait raccord avec l’œuvre terriblement humaine de Mendelson.
PS : Si vous ne les connaissez pas voici une chronique parue récemment et l’adresse de leur site.
Pour écouter le dernier album le mieux est de l’acheter (Merci pour eux et le label Ici d’ailleurs) mais vous pouvez aussi le trouver ici.
Enfin si vous voulez vous plonger dans l’intégrale, peut-être prévoir un tube de Paracétamol avant mais ça vaut vraiment la peine.
Info de dernière minute : un ami « fin limier » vient de nous apprendre que Pascal Bouaziz avait annoncé récemment le début de l’enregistrement du troisième disque de Bruit Noir, son autre vie musicale qu’il mène avec Michel Piriès. Donc, s'il ne se trompe pas, tout n’est pas fini comme nous avions pu le penser, il y aura quand même une suite…
Bonne Journée, Bonne aprèm, Bonne soirée ou Bonne nuit à vous !
Les « Chassaing - cueilleur - blogger » et Billie (qui souvent nous accompagne dans les bois et a gentiment posé pour nous ce matin !)
(1) https://www.lesoir.be/383935/article/2021-07-14/une-autochtone-mapuche-pour-changer-lhistoire-du-chili
(2) https://www.humanite.fr/histoire-et-actualite-du-peuple-mapuche-en-araucanie-patagonie-un-peuple-en-lutte-pour-sa-liberte-et?amp
(3) https://www.franceculture.fr/emissions/la-revue-de-presse-internationale/la-revue-de-presse-internationale-du-mercredi-13-octobre-2021
(4) https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/12/pandora-papers-le-president-chilien-menace-de-destitution_6098035_3210.html
(5) https://www.courrierinternational.com/article/mobilisation-au-chili-des-marches-ponctuees-de-violences-deux-ans-apres-la-revolte-sociale
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_du_Faso
(7) https://www.huffingtonpost.fr/entry/pourquoi-greta-thunberg-menace-de-boycotter-la-cop26_fr_60702f76c5b6a74b3bd9766c
(8) https://www.franceinter.fr/environnement/neuf-mois-pour-reagir-l-ultimatum-du-conseil-d-etat-sur-l-inaction-climatique
(9) https://www.liberation.fr/environnement/delphine-batho-sur-total-et-le-changement-climatique-les-faits-qui-sont-reveles-posent-la-question-de-la-responsabilite-de-letat-20211020_OVGI7TPJGFF5NFRC6DAP3KEFEM/?utm_medium=Social&xtor=CS7-51-&utm_source=Twitter#Echobox=1634756143-1
(Tous ces liens ont été consultés le 22 Octobre 2021)
Peu avant le lancement de ce site nous avons beaucoup hésité (principalement à cause des frais que cela allait engendrer) à nous rendre au Congrès mondial de la nature qui se tient pour la première fois en France (initialement programmé en juin 2020 et reporté du 3 au 11 septembre 2021 en raison de la pandémie de covid-19). Après avoir dit à tout notre entourage que nous n’irions pas, presque au dernier moment nous décidons que finalement si ! On y va pour quelques jours alors que le président français Emmanuel Macron qui était sur place a quitté les lieux après avoir fait un discours inaugural qui a déçu (1) et que l'acteur américain Harrison Ford ! a aussi pris la parole pour pousser un coup de gueule lors de la cérémonie d'ouverture du Congrès. (2)
Avant de partir à Marseille, nous checkons la tente qui va nous abriter et pas le reste du matériel étonnamment. Résultat, durant les 4 nuits de notre séjour, nos matelas gonflables ayant un problème de fuite, nous allons dormir sur les cailloux du camping d'Aubagne (très bien au demeurant) : "Le Garlaban" (du nom du massif rendu célèbre par l'œuvre de Marcel Pagnol).
Le repos ne sera pas idéal mais nous serons quand même suffisamment éveillés pour voir ce qui se passe au pied du vélodrome où se tient le sommet. Le prix des inscriptions étant stratosphériques : 780 euros l'entrée du forum et 130 euros pour suivre ce qui s’y déroule par internet, nous nous contenterons donc de l'espace ouvert au public, comme lors de certaines COPs.
C'est d'ailleurs la première fois que quelques chose est prévu pour accueillir le grand public lors de cet événement organisé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ; « tous les quatre ans, le Congrès permet aux 1 400 organisations Membre de l'UICN, dont des États, la société civile et les peuples autochtones, de déterminer de façon démocratique les questions les plus urgentes en matière de conservation de la nature, ainsi que les actions à entreprendre pour y répondre. » (3)
Comme le peu de monde présent sur place, nous déambulons donc parmi les différents stands, snacks, expos photos, volière à papillons à l'extérieur et dans le "Palais Phocéen" (Hall 3) et le "Palais de la Méditerranée" (Hall 2) au milieu des groupes scolaires en semaine et des familles le samedi et apercevons et photographions quelques personnalités : un chef cacique avec sa coiffe de plumes, Benoît Payan (maire de Marseille), Roxana Maracineanu (ministre des Sports), Bérangère Abba (Secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité), Cédric Villani (mathématicien, député et porte-parole de Delphine Batho alors candidate à la primaire des écologistes en vue de la présidentielle), France Gamerre (Présidente d'honneur de Génération Ecologie) …
Notre fréquentation des COPs nous a habitués à ce que les derniers jours soient toujours les plus intenses. Le jeudi, fatigués que nous sommes par le voyage et notre 1ère nuit façon fakir, nous nous concentrons sur le Hall 2 qui accueille l'Espace Générations Nature (4) et le vendredi, dès notre arrivée nous courrons vers le "Palais Phocéen" que nous trouvons fermé ! Un monsieur du monde associatif nous dit amer : « Le fait que les officiels soient partis témoigne que c'était vraiment de l'entre-soi et c'est dommage. C'est peut-être la seule fois de notre vie où on aura la chance d’être à un tel sommet ».
Conjointement nous voyons sur les réseaux sociaux que des activistes que nous suivons d’habitude, comme Extinction Rebellion (XR), ANV-COP21 et d’autres, organisent des actions de désobéissance civile à l’aéroport de Marignane ou au Mucem (Le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) par exemple et même un « contre-sommet » dans un parc mais l'info nous est parvenue trop tard. Voici ce qui a été posté le vendredi 10 au soir sur le compte facebook d'XR de Marseille :
« Cet événement organisé avec ANV-COP21 Marseille ainsi qu'avec des intervenant-e-s de Notre Affaire à Tous, Pollinis ou Aix-Marseille Université a été l'occasion d'explorer d'autres moyens pour vraiment peser dans la lutte pour la préservation du Vivant. En effet, nous considérons que les actes proposés par l'UICNl sont insuffisants face à l'urgence actuelle. Les crimes contre le vivant peuvent être qualifiés d’écocide. La multiplication des congrès, COP et déclarations d’intention ne suffiront jamais sans de réelles mesures contraignantes et bouleversant ce système mortifère au service des intérêts privés » (5)
Dépités, nous partons dans les Calanques dont la photo illustrait l'affiche du Congrès mondial de la nature 2020 (2021). Surfréquenté, nous apprenons que ce parc national des Calanques est en péril (6). Puis nous nous rendons dans le Var où fin août un "méga-feu" (7) qui a duré plus de 10 jours « a brûlé plus de 7000 hectares de forêt, causé la mort de deux personnes et provoqué l'évacuation de milliers de résidents. » (8) « La réserve naturelle de la plaine des Maures est à moitié détruite. Le site abritait 250 espèces protégées. C'est le plus grave incendie en France depuis 2003, mais aussi un désastre écologique » sous-titre les infos nationales. (9) Parmi les nombreuses espèces protégées souvent est mentionnée « l’emblématique tortue d’Hermann […] , qui ne vit plus que dans ce massif et en Corse. […] Vestige de la préhistoire, elle aurait survécu 35 millions d’années. » (10)
Même si l’origine de l’incendie est humaine le lien avec le changement climatique a été fait par les spécialistes et le chef de l’État. Lu dans la presse par exemple à propos de cette catastrophe naturelle :
« Pour le directeur adjoint défense de la forêt contre les incendies, le réchauffement climatique "allonge la durée des saisons à risques". Il donne ainsi l’exemple de l’Aude et des Pyrénées Orientales où il n’y a "plus de pluies depuis le mois de mai" et "une augmentation du nombre de feux en octobre sur les dix dernières années". De plus, pour Rémi Savazzi, ces risques ne sont plus cantonnés au sud-est et au sud-ouest. "On commence à avoir des feux un peu partout en France. Notamment en 2019 et 2020, lorsque l’on a eu des sécheresses exceptionnelles sur l’ensemble du pays", s’alarme-t-il. » (11)
Durant un été marqué par des événements climatiques extrêmes partout dans le monde (Canada, États-Unis, Turquie, Grèce, Italie, Sibérie, Algérie, Maroc, etc.), au début de ce même mois d’août, le groupe-1 du Giec vient de publier son rapport dans le cadre de la préparation du 6ème rapport global :
« Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) conclut, dans son rapport publié le 9 août 2021, que le climat est en train de changer partout dans le monde et plus rapidement que prévu. Même en limitant le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles devraient se multiplier. […] Les prévisions climatiques sont très pessimistes et accablantes, à seulement trois mois de la conférence climat COP26 de Glasgow. […] Dans son rapport, le Giec démontre que l’activité humaine est responsable "sans équivoque" du réchauffement climatique, qui provoque "des changements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère". Les précédents rapports qualifiaient la responsabilité humaine d’"extrêmement probable". » (12)
Hier, en faisant un choix rapide pour illustrer ce post parmi toutes les photos que nous avons prises, nous avons été frappés par la ressemblance de la couleur rousse des arbres (après le passage du feu) avec des paysages vus au centre du Chili (à cause de la sécheresse), voire avec la savane africaine.
Voici la conclusion de ce congrès qui doit préparer le Sommet des Nations Unies sur la conservation de la biodiversité (COP15) à Kunming en Chine (annulé et repoussé à 2022 après avoir déjà été reporté depuis octobre 2020, toujours à cause du covid-19) :
« Le Congrès de l’UICN a adopté sa déclaration finale, le Manifeste de Marseille, focalisée sur trois thèmes principaux: un cadre post 2020 pour la conservation de la biodiversité transformateur, efficace et ambitieux (qui sera adopté par les Etats à la COP 15 Biodiversité en mai 2022) ; l’importance de la nature dans la reprise mondiale post-pandémie et la nécessité de transformer le système financier mondial pour orienter l’investissement vers des projets positifs pour la nature ; la lutte contre le changement climatique pour réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre et développer les solutions fondées sur la nature. » (13)
Au final nous ne regrettons pas notre escapade à Marseille, car en plus du petit sujet que nous avons quand même pu faire sur place (et que nous mettrons en ligne à l’avenir), ça nous a permis de constater que le besoin et l'énergie de faire des reportages (après tout ce temps scotchés à nos écrans pour la construction du site) ne nous ont pas quittés, au contraire ! Très centrés sur le climat depuis quelques années, il était important pour nous de continuer de documenter le plus d'aspects possibles de la question centrale de la préservation de la biodiversité et ce qui est mis en place (ou pas) pour lutter contre la sixième extinction de masse qui s’accélère, du fait de l’homme. (14)
Actuellement nous sommes en train de préparer notre départ pour la COP26 à Glasgow. Ce n'est pas évident il y a des conditions strictes et heureusement notre voisine anglaise nous aide (Merci à elle !) pour comprendre les formalités de tests Covid avant et une fois sur place. Normalement cette « Conférence des Parties » ne devrait plus être annulée maintenant même si ça a été réclamé récemment par 1 500 ONG à cause de l’inégalité de l’accès à la vaccination des pays qui y participent :
« Une COP en personne début novembre exclurait de facto de nombreux délégués des gouvernements, militants de la société civile et journalistes, en particulier des pays du Sud, dont beaucoup sont sur la “liste rouge Covid” du Royaume-Uni », poursuivent les organisations dans un communiqué. Elles dénoncent cette « exclusion » dans des discussions sur des sujets capitaux pour l’avenir de l’humanité, en particulier pour les pays les plus pauvres, en première ligne contre le réchauffement climatique. » (15)
Notre prochain post se fera donc probablement de Glasgow. D'ici là, pour ceux qui le souhaitent vous pouvez voir ou revoir ! nos reportages consacrés aux COPs depuis celle de Paris en 2015.
Pour mieux cerner les enjeux, voir ci-dessous les liens internet de deux émissions parmi beaucoup d’autres concernant l'UICN (l'une didactique sur la 6e extinction de masse, l'autre un débat portant sur la financiarisation de la nature) et d'une chronique cinglante de Stéphane Foucart, journaliste du Monde couvrant les sciences de l'environnement qui commence ainsi :
« Le gouvernement français vient de lever les derniers doutes qui pouvaient subsister sur l’utilité réelle du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s’est tenu à Marseille du 3 au 11 septembre. Quatre jours après sa clôture, l’encre des discours n’était pas sèche et l’emphase des déclarations pas tout à fait retombée que le ministère de la transition écologique annonçait mettre en consultation plusieurs projets d’arrêtés pour autoriser le piégeage de quelque 115 000 oiseaux (alouettes des champs, vanneaux huppés, pluviers dorés, etc.) par le biais de méthodes de chasse dites « traditionnelles ». Or celles-ci sont fondées sur des techniques non conformes au droit européen, et ont été jugées illégales, le 6 août, par le Conseil D’Etat. […] »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/19/l-enjeu-environnemental-est-desormais-au-c-ur-d-une-rupture-du-pacte-democratique_6095186_3232.html
https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat-d-ete/le-temps-du-debat-emission-du-jeudi-09-septembre-2021
https://www.youtube.com/watch?v=yw1y4Gaj6G0
(1) https://www.liberation.fr/environnement/a-marseille-macron-se-place-au-sommet-de-la-nature-20210903_IYCHJIPSKJBOXCV6H3MTRZT66A/
(2) https://madeinmarseille.net/97914-le-plaidoyer-pour-la-planete-et-la-jeunesse-dharrison-ford-en-visite-a-marseille-pour-luicn/
(3) https://www.iucn.org/fr/news/secretariat/202012/le-congres-mondial-de-la-nature-de-luicn-se-tiendra-du-3-au-11-septembre-2021-a-marseille
(4) https://www.iucncongress2020.org/fr/france/espaces-generations-nature
(5) https://www.facebook.com/XRMarseille
(6) https://reporterre.net/Le-QR-code-s-invite-dans-les-calanques-surfrequentees-de-Marseille
(7) https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie/incendies-dans-le-var-il-faut-prendre-la-mesure-qu-on-rentre-dans-un-nouveau-regime-de-feu-explique-une-universitaire_4740977.html
(8) https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie/incendie-dans-le-var-le-feu-qui-a-ravage-plus-de-7-000-hectares-de-foret-et-coute-la-vie-a-deux-personnes-est-a-present-maitrise-annoncent-les-pompiers_4746337.html
(9) https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie/var-le-massif-des-maures-a-ete-devaste-par-les-incendies_4741229.html
(10) https://www.ouest-france.fr/sciences/animaux/incendie-dans-le-var-une-course-contre-la-montre-pour-sauver-la-tortue-d-hermann-7392531
(11) https://www.europe1.fr/societe/incendie-dans-le-var-le-rechauffement-climatique-allonge-la-duree-des-saisons-a-risques-4062525
(12) https://www.vie-publique.fr/en-bref/281114-rapport-du-giec-sur-le-climat-un-constat-alarmant
(13) https://uicn.fr/congres-de-luicn-bilan/
(14) https://www.courrierinternational.com/article/environnement-la-sixieme-extinction-de-masse-saccelere-cause-de-lhomme-avertit-la-science
(15) https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/07/covid-19-1-500-ong-reclament-le-report-de-la-cop26-sur-le-climat-prevue-en-novembre_6093741_3244.html
(Tous ces liens ont été consultés le 7 Octobre 2021)
PS : Aux chers cousins de Marseille ! Si nous ne sommes malheureusement pas venus vous rendre visite comme d’habitude c’est à cause du virus. Ayant côtoyé beaucoup de monde durant ce congrès, nous ne nous sentions pas de venir vous embrasser.
Voilà, voilà ! Andiamo ! Notre nouveau site est lancé ! Il contient beaucoup de nos travaux photographiques de ces dernières années. Encore un grand Merci à l’Ami Jim pour l’énorme boulot fourni lors de sa construction.
Bon visionnage à ceux qui pourraient le trouver intéressant, et un grand Salut ! à vous tous.
Hélène et Thomas
PS : cette page Blog sera actualisée régulièrement. À suivre !