Eyes wide open! (Les yeux grand ouverts)

À gauche : Ponton sur le lac d’Aculéo asséché. Aculeo, considéré comme la Riviera du Chili, était très apprécié comme lieu de villégiature par les habitants du pays. Chili – Janvier 2020.

À droite : En Afrique de l’Ouest. Après de fortes précipitations en début de la saison des pluies, une éleveuse peul ramène chez elle du tourteau d’arachide (qu’elle vient d’acheter dans un village situé à bien 2 km de chez elle). Elle va ainsi pouvoir alimenter son bétail, très affamé par la sécheresse précédant la saison des pluies, et affaibli maintenant par le froid et l’humidité de ces derniers jours. Près de Diandioly, Sénégal – 13 juillet 2010.

Après le long post de la quinzaine dernière, cette fois-ci on va essayer d’y aller mollo en nombre de caractères. On vous propose de vous replonger (ou de vous plonger !) dans 2 de nos reportages réalisés à vélo ces dernières années : « Quel avenir pour le monde rural en Afrique de l’Ouest ? » et « Le Chili après la COP « . Depuis le lancement de ce blog, nous vous tenons au courant dans notre petite revue de presse (en bas de post) des situations politiques contrastées au Mali et au Chili, le premier pays vivant une sorte de descente aux enfers et le second un rebond démocratique.

À la lecture de nombreux « papiers », on se disait : on voit pour le contexte général mais qu’en est-il réellement pour les gens que nous avions rencontrés ? Dans les villages et les campagnes, ont-ils assez d’eau pour les cultures et la vie quotidienne tout simplement ?

Voici deux articles parus récemment qui nous donnent des réponses, pas nécessairement réjouissantes concernant les difficultés des paysans confrontés aux effets des dérèglements climatiques, et qui évoquent les problématiques (de stress hydrique notamment) que nous avions documentées lors de nos voyage au Mali et au Chili.

Oui, on sait, l’actualité n’est pas rose en ce moment avec : les élections présidentielles françaises qui nous ont valu hier ce commentaire désabusé d’un passant (alors que Toto photographiait un panneau des affiches électorales pour une série sur l’extrême droite commencée il y a 10 ans maintenant) : « Ce n’est pas glorieux hein ? », la tragique guerre en Ukraine qui a débuté il y a plus d’un mois, l’annonce (vite passée aux oubliettes) du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui « s’alarme des conséquences vertigineuses d’un monde toujours plus chaud » et les cas de Covid-19 qui se multiplient autour de nous.

Alors vous nous direz peut-être que ce n’est pas la peine de se miner davantage le moral avec le Chili et le Mali. Mais il nous semble que, pour avoir la moindre chance que l’avenir ne soit pas encore plus bouché, il vaut peut-être mieux regarder le monde des « deux yeux » afin de tenter de le comprendre et (allez, soyons fous !) de le « réparer » (comme on dit de nos jours) tant qu’il est encore temps ; on aurait pu dire aussi pour le remettre à l’endroit !

L’expression « des deux yeux » découle d’une conversation avec Eva, une Andalouse adorable qui, avec son conjoint Pelayo, vivait à deux pas du Parc national de Cabo de Gata, pas très loin d’Almeria. En 2006-2007, Toto y réalisait alors des prises de vue pour notre premier « grand reportage » documentant dans toute l’Espagne le lien entre le modèle de l’agriculture intensive et son besoin en main d’oeuvre immigrée vivant dans des conditions catastrophiques : « Le Jardin de l’Europe ou le troisième monde« . Souvent, il garait sa voiture à l’ombre dans leur petite rue pour aller se changer un peu les idées à la bibliothèque située tout près de leur maison de village. Et le véhicule de collection (la vieille GS citroën de sa grand-mère dans laquelle il dormait) avait attiré leur attention. Ils avaient fait connaissance et gentiment ils lui gardaient les pellicules photos en sécurité et au frais en plus de le régaler de généreux petits apéros improvisés.

Bref, il se souvient de ce qu’elle lui avait dit alors qu’il leur racontait ce qu’il avait vu dans la journée auprès des travailleurs agricoles sub-sahariens employés au jour le jour dans les serres alentour ; (de mémoire) : « Tu sais Thomas, nous on est ici car on aime la nature. Et tout nous pousse à ne regarder les choses que d’un oeil pour continuer à profiter de la vie. Mais on comprend que ce que tu fais est essentiel ». Depuis ce temps, nous nous sommes un peu écrit puis nous avons perdu le contact (leur boîte mail ne fonctionne plus). Alors, ce petit post est une occasion de leur envoyer un Abrazos y Suerte muy Fuerte.

Bon visionnage et bonne continuation à vous,
Hélène et Thomas

* Eyes wide open! , clin d’oeil (c’est le cas de le dire) au film ‘Eyes wide shut’ de Stanley Kubrick.

Petite revue de presse sur des thèmes en lien avec le site :

Marche Climat :

De nouvelles « Marches Climat » ont eu lieu le 25 mars lors d’une journée internationale de grève, à l’appel du mouvement Youth for Climate (la Jeunesse pour le Climat) ou Fridays for Future de Greta Thunberg. Pour la France, ici un compte-rendu à Toulouse où des centaines de manifestants ont défilé et un compte-rendu à Paris où des milliers de manifestants ont défilé. La grève s’est poursuivie le lendemain et il y a aussi eu des Marches climat le 26 mars.

Antarctique :

La vague de chaleur exceptionnelle qui touche l’Antarctique inquiète les scientifiques.

Rachel Carson :

La dernière fois, nous vous avions parlé du rapport Meadows qui a fêté ses 50 ans au mois de mars. Dans la même veine, cette année 2022 marque le 60ème anniversaire de la sortie du célèbre livre de Rachel Carson : « Printemps silencieux » qui s’étonnait et a étudié le pourquoi des disparitions des chants d’oiseaux. Cette biologiste américaine a été la première à donner l’alerte sur l’impact des pesticides sur l’environnement.

Marc Dufumier :

La dernière fois encore, nous mentionnions le lancement du Podcast « Dernières limites » dans le prolongement du fameux rapport Meadows. Depuis, a été ajouté en ligne un entretien avec Marc Dufumier (toujours aussi clair et passionné) intitulé « Comment nourrir le monde ». Cet agronome est professeur honoraire à AgroParisTech, expert auprès de la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et spécialiste de l’agroécologie. Nous avons assisté à deux de ses conférences, une fois juste après les reportages d’Espagne et l’autre après la bataille de Sivens.

Enfin sur les mêmes thèmes qu’abordés dans cet entretien voici la tribune d’un collectif de scientifiques parue hier dans le journal Le Monde.

Voilà pour le post de cette quinzaine. À vous les studios !