« Le barrage de Sivens est un projet abandonné de barrage sur le cours du Tescou, un affluent du Tarn dans le bassin de la Garonne (France). Le projet initial est abandonné le 4 décembre 2015 par arrêté préfectoral.
Ce projet aurait créé un lac de barrage permettant la constitution d'une réserve d'eau d'un volume de 1,5 million de m3 utilisable notamment pour l'irrigation de terres agricoles et le contrôle de l'étiage du Tescou. L'impact du projet de retenue réside dans la submersion de 12 hectares d'une zone humide. Les mesures compensatoires prévoient d'en restaurer une superficie totale de 19,5 hectares.
Le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie demande un rapport d'évaluation du projet en septembre 2014.
Au cours de la manifestation du 26 octobre 2014, des affrontements entre les forces anti-émeutes et un groupe de manifestants conduisent à la mort de l'un d'entre eux, après laquelle le projet est suspendu et des manifestations se déroulent en hommage à l'opposant décédé, Rémi Fraisse, et contre les violences policières. Une nouvelle mission de médiation, est alors lancée par le ministère de l’Écologie et du développement durable le 10 novembre 2014 et rend ses conclusions en janvier 2015.» (1)
Vous trouverez ici une chronique divisée en deux parties des événements soit, pour aller vite, du début du déboisement fin août 2014 à l’évacuation de la ZAD (zone à défendre pour les militants environnementaux) qui eut lieu en mai 2015. La première (La Bataille Part 1) s’arrête à la mort du jeune Rémi Fraisse et la seconde (La Bataille Part 2) témoigne de la suite. Durant cette période je me suis efforcé autant que possible de suivre le déroulé de l’histoire, malgré les tentatives d’intimidations venant de toutes parts (d’abord de certains zadistes, puis de certains gendarmes et aussi de certains agriculteurs qui eux n’hésiteront pas à me casser un appareil photo). Je suis conscient qu’il y aurait eu beaucoup d’autres choses à documenter notamment du côté des « pro-barrage » ou du chantier de déboisement mais cela ne me fut pas vraiment possible.
Manque aussi à la fin l’évacuation de la ZAD (largement documentée de toute façon par de nombreux journalistes venus pour l’occasion) car il m’a été interdit d’y accéder sous prétexte que je n’avais pas de carte de presse (alors que soit dit en passant cela a été permis à d’autres qui se trouvaient dans la même situation).
Depuis : « Le projet initial est définitivement abandonné en décembre 2015, l’État ouvrant des discussions pour une retenue d'eau moins ambitieuse. L'accord transactionnel porte sur une compensation de 3,4 millions d'euros de l’État au Département sur l'abandon du projet, soit 2,1 millions pour les dépenses en pure perte et 1,3 million pour réhabiliter la zone humide.
En juillet 2016, le tribunal administratif de Toulouse annule les trois arrêtés fondateurs du projet de barrage en particulier la déclaration d'utilité publique. Le 21 août 2017 démarrent les travaux de réhabilitation du site. L'objectif de l'opération est de restituer au site son état initial avant travaux, notamment en remettant en place la terre déplacée.
Nouveau projet de co-construction : En janvier 2016, un nouveau projet de territoire du bassin versant du Tescou est lancé, basé sur une démarche de co-construction qui devait durer environ six mois. Il devait être présenté à l'automne 2017.» (2)
À ce jour (le 11 mai 2020), la démarche de co-construction n’a pas débouché sur une solution consensuelle et une étude des besoins en eau pour la vallée du Tescou a été réalisée fin 2019. Les élections municipales n’ont pas permis de clarification puisque le sujet n’a pas été un enjeu de la campagne (3) avant qu’un confinement pour lutter contre le Covid 19 soit déclaré le 17 mars 2020 en France.
Ajout à la mi-décembre 2020 : « Le tribunal administratif de Toulouse a condamné l'Etat pour avoir laissé entreprendre les travaux de défrichement, première étape du chantier du barrage de Sivens, à l'été 2014, ce qui a ennoyé en partie la zone humide du Testet, et pour avoir tardé à imposer la remise en état du site. « Illégalité fautive », dit le Tribunal dans son délibéré rendu public le 8 décembre. A cela s’ajoute un préjudice moral. A ce titre, deux associations plaignantes, le collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet et FNE Midi-Pyrénées, très actives contre le projet, seront indemnisées à hauteur de 10 000 € chacune. » (4)
Ajouts à la fin mars 2021 :
Le 23 Mars la justice a rendu un jugement de non-lieu pour le gendarme qui a lancé la grenade sur Rémi Fraysse :
« C’est une affaire emblématique des violences policières en France. Plus de six ans après la mort de Rémi Fraisse à Sivens (Tarn), la Cour de cassation a confirmé, mardi 23 mars, le non-lieu rendu en faveur du gendarme auteur du tir de grenade qui a coûté la vie au jeune militant. » (5)
Vous pouvez lire dans le Canard enchainé une réaction à ce verdict « Rémi Fraisse, connais pas » (6)
« L’essentiel : La secrétaire d’État à la biodiversité a réuni ce lundi 29 mars, les acteurs du projet de territoire de la vallée de Sivens. Un médiateur est nommé et les études vont se poursuivre.
Ce lundi 29 mars, sous la forme d’une visioconférence, Bérangère Abba, la secrétaire d’Etat à la biodiversité, a enfin donné la position du gouvernement sur l’élaboration du projet de territoire pour la vallée du Tescou. Elle avait réuni tous les protagonistes de l’instance de coconstruction. Depuis 2017, syndicats agricoles, association environnementales et élus tentent de trouver un accord sur la gestion de l’eau après l’arrêt du projet de retenue de Sivens et la mort de Rémi Fraisse, un militant écologiste.
Après plus de 200 réunions et 900 000 euros dépensés, la secrétaire d’Etat a reconnu qu’il n’existait pas de consensus. Même si fin décembre 2020, les deux coprésidents du projet de territoire estimaient qu’il était désormais temps de passer à une phase concrète. Il n’en sera rien.
Selon Bérangère Abba, « on est sur un territoire dont on ne peut oublier l’histoire. Pendant quatre ans, beaucoup de travaux ont été réalisés qui ont permis d’avancer. La réponse à trouver est un équilibre entre enjeux économiques et enjeux environnementaux. Il faut s’affranchir des postures qui voudraient que ces enjeux soient irréconciliables. La mémoire de Rémi Fraisse comme la crise que nous traversons nous imposent dans cette réponse de dessiner un chemin commun. » (7)
Pour conclure nous dirons que, quel que soit le mot de la fin -- fin qu'on espère être une sortie par le haut concertée et apaisée -- la bataille de l’eau à Sivens marquera à coup sûr l'histoire du pays. Il est évident que, dans ces temps malheureux de changements climatiques que nous connaissons, les tensions autour de l’utilisation de l’eau seront de plus en plus fréquentes. Et il serait sage de bien prendre la mesure de ce qui s’est passé là.
PS : À noter que la chronique (La Bataille de Sivens Partie 1 et Partie 2) est complétée par deux petites séries, une de Portraits et l’autre concernant les Barricades qui furent construites par des opposants au barrage.
À noter aussi que nous nous sommes attachés à retrouver des documents de la période, des articles de presse par exemple et pris le temps de faire des légendes explicatives et documentées, alors n’hésitez pas à y jeter un oeil ! Merci notamment aux ‘‘collègues’’ de la presse écrite, et à toutes les personnes qui m’ont aidé d’une façon ou d’une autre, lors du reportage ou après, à réaliser ce travail documentaire. L’idée n’étant pas d’être exhaustif mais de livrer des éléments afin que vous ayez une idée du contexte des images et des informations dont on disposait au moment des prises de vues et au moment de leur rédaction.
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Sivens
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Sivens#La_médiation_pour_un_projet_de_territoire
(3) https://www.liberation.fr/france/2020/02/23/sivens-le-non-dit-electoral_1779391
(4) http://www.letarnlibre.com/2020/12/17/10106-sivens-reactions-apres-condamnation-etat-pour-illegalite-fautive.html
(5) https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/23/mort-de-remi-fraisse-la-cour-de-cassation-confirme-le-non-lieu-en-faveur-du-gendarme_6074170_3224.html
(6) https://www.gwentomahawk.com/publications/le-canard-enchaine/
(7) https://www.ladepeche.fr/2021/03/29/barrage-de-sivens-faute-de-consensus-letat-reprend-la-main-9457546.php
(Tous ces liens ont été consultés le 2 avril 2021)