Du 3 au 15 décembre 2018 s'est déroulée en Pologne la COP24. Ça se passe à Katowice, chef-lieu de la Silésie, la grande région minière au sud du pays.
Contrairement à ce qui s'était passé à Paris et à Marrakech lors des COP21 et 22 et tout comme pour la COP23 à Bonn, il nous est impossible d'accéder au Spodek (le centre de conférences qui ressemble à une soucoupe volante) sans badge d'accréditation. Nous lirons plus tard que les négociations vont permettre "l'adoption du manuel d'utilisation du pacte de Paris, détaillant les règles permettant de mettre en oeuvre les principes de l'accord" (1) ; même si "les Émirats Arabes Unis, les États-Unis, le Koweït et la Russie ont refusé d’accueillir favorablement le rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat.)", ce qui revient à ne pas vouloir "reconnaître la limitation du réchauffement à 1,5 degré comme boussole politique." (2)
Nous allons donc flâner dans la ville, les quartiers proches du Spodek, puis nous partons dans les environs. Nous nous concentrons bien entendu sur la région de Silésie, pays du charbon, dont c'est le moteur et le symbole. Nous visitons 3 anciennes mines de charbon aux transformations impressionnantes. À Katowice même, à deux pas du lieu de la COP, l'une est devenue le Musée Slaskie (qui a été distingué par le Prix Européen du Musé de l'Année en 2017), l'autre un peu plus loin sur une avenue s'est changée en gigantesque centre commercial (Silesian City Center) et à Zabrze la mine Guido se visite en l'état (cf sujet annexe : Kopalnia-Guido Mine). Nous allons aussi voir entre autres les centrales à charbon : à Rybnik qui est la ville la plus polluée d'Europe (3) et à Belchatow qui accueille la plus grande centrale à charbon d'Europe et une des plus grandes du monde (4), ainsi que les quartiers un peu délabrés tout près de la COP et celui revalorisé et en voie de gentrification à Nikiszowiec.(5)
Le 8 décembre, jour de la Marche pour le Climat, nous suivons la manifestation qui part du centre ville (Plac Wolności : Place de la Liberté) jusqu'au Spodek dont elle doit rester à distance, encadrée par une police en nombre et très présente (cf sujet : Marche pour le Climat). Pense-t-elle au mouvement français des Gilets jaunes (cf sujet : Kamizelek), qui sera suivi en Europe par les Belges, les Hollandais et les Polonais? Il faut dire que les événements qui surviennent en France seront très discutés ici et amèneront le président polonais Andrzej Duda à faire une proposition de transition juste lors de l'ouverture de la COP : la « déclaration de Silésie pour la solidarité et la transition juste ».
« Nous ne pouvons pas mettre en œuvre des politiques climatiques contraires à la volonté de la société et au détriment des conditions de vie, a affirmé le dirigeant du PiS. Ce matin, en me préparant pour la COP, j’ai allumé la télévision, j’ai vu ces images dans les rues de Paris, j’ai entendu ces gens ordinaires qui ne se sentent pas pris en compte », a confié par la suite M. Duda au Monde, proposant à Emmanuel Macron de « se référer à la déclaration de la transition juste, un modus operandi » pour trouver le bon équilibre entre économie bas carbone, création d’emplois et qualité de vie. Lundi soir, près de 40 pays avaient rejoint cet appel à la transition juste, selon un premier décompte de la présidence de la COP24. Mais nombre d’observateurs des négociations doutent de la volonté réelle du pays hôte d’engager le virage de la décarbonation de son économie. » (6)
Pour terminer, je laisse la parole à Loujain Kurdi de Greenpeace Canada. L'ONG très visible durant cette COP24 (7) avait établi ses quartiers dans une galerie d'art juste en face du Spodek où se tenait la COP24.
« 17 décembre, 2018- COP 24 : malgré l’urgence, les Etats tournent le dos aux attentes des populations.
14 Décembre 2018 (Katowice, POLOGNE) – Deux mois après la publication du rapport spécial 1,5 du GIEC et le cri d’alarme des scientifiques, les Etats réunis à la COP24 n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une révision à la hausse de leurs efforts climatiques nationaux (NDCs). La COP24 échoue ainsi à remettre les Etats sur une trajectoire compatible avec un réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle, pourtant prévu par l’Accord de Paris. La France a, quant à elle, brillé par son absence en Pologne.
La directrice internationale de Greenpeace Jennifer Morgan a dit: « 2018 a été l’année de désastres climatiques et d’avertissements terribles de la part des scientifiques les plus réputés au monde. Malheureusement, les gouvernements ont choisi de laisser tomber les peuples et d’ignorer la science et la détresse des plus vulnérables. Il ne suffit pas de reconnaître qu’il y a urgence climatique et d’adopter des règles pour l’action sur le climat pour lutter contre les dérèglements climatiques qui menacent des nations entières. Sans action immédiate, les meilleurs politiques ne serviront à rien. C’est ça que les gens voulaient mais les gouvernements n’ont pas assumé leurs responsabilités. C’est immoral, et ils doivent livrer des objectifs bien plus ambitieux au Sommet de l’ONU De 2019. »
Le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, soulève: « C’est essentiel pour s’assurer qu’il y ait de la confiance entre les pays et que les pays arrivent à se doter d’objectifs encore plus ambitieux. Si les pays en développement n’ont pas l’impression que les pays développés sont en train d’atteindre leurs objectifs, c’est certain qu’eux ne voudront jamais faire davantage d’efforts ». Par contre Greenpeace déplore l’absence d’un plan crédible au Canada pour atteindre les cibles que le pays s’est fixées avec l’accord de Paris : « Ce n’est de toute évidence pas en achetant des pipelines et des trains pour acheminer et exporter le pétrole des sables bitumineux et en augmentant la production de pétrole et de gaz naturel comme il le prévoit que le Canada atteindra ses cibles », déclare M. Bonin. Le fait que les Etats aient pu, malgré tout, adopter des règles d’application minimales pour l’Accord de Paris montre qu’une forme de multilatéralisme autour de l’enjeu climatique reste possible. Hélas, sans l’ambition nécessaire, cette diplomatie risque de perdre peu à peu de sa consistance.Greenpeace demande aux Etats de se ressaisir rapidement et de renforcer drastiquement leurs efforts diplomatiques et politiques pour lutter contre le changement climatique et protéger les populations vulnérables. Ils doivent se présenter au Sommet Spécial des Nations Unis sur le climat, le 23 septembre 2019, avec de nouvelles feuilles de route revues à la hausse (NDCs) et des promesses de financement adéquates.
De nombreuses discussions de couloirs de la COP se sont focalisées sur la crise des gilets jaunes et la France a fait figure de contre-exemple pour son incapacité à mettre en œuvre une transition juste. La crédibilité française sur l’agenda climatique s’érode également du fait de ses mauvais résultats nationaux, avec des émissions en hausse et des objectifs en baisse. Jusqu’à maintenant, Emmanuel Macron manque à ses responsabilités, à savoir placer l’enjeu climatique au cœur d’un véritable projet de société. » (8)
(1) https://www.latribune.fr/economie/international/que-faut-il-retenir-de-la-cop24-801264.html
(2) https://www.greenpeace.fr/cop24-etats-manquent-nouvelle-occasion-de-repondre-a-lurgence-climatique/
(3) https://www.ouest-france.fr/monde/cop24-reportage-rybnik-la-ville-la-polluee-d-europe-6103890
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_thermique_de_Be%C5%82chat%C3%B3w
(5) https://www.geo.fr/voyage/cop24-sur-les-traces-du-passe-minier-de-katowice-en-pologne-193648
(6) https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/04/climat-la-pologne-reclame-une-transition-juste_5392473_1652612.html
(7) https://www.geo.fr/environnement/des-militants-de-greenpeace-escaladent-la-cheminee-de-la-plus-grande-centrale-a-charbon-de-lue-193623
(8) https://www.greenpeace.org/canada/fr/communique-de-presse/6795/cop-24-malgre-lurgence-les-etats-tournent-le-dos-aux-attentes-des-populations/
Du 3 au 15 décembre 2018 s'est déroulée en Pologne la COP24. Ça se passe à Katowice, chef-lieu de la Silésie, la grande région minière au sud du pays.
Contrairement à ce qui s'était passé à Paris et à Marrakech lors des COP21 et 22 et tout comme pour la COP23 à Bonn, il nous est impossible d'accéder au Spodek (le centre de conférences qui ressemble à une soucoupe volante) sans badge d'accréditation. Nous lirons plus tard que les négociations vont permettre "l'adoption du manuel d'utilisation du pacte de Paris, détaillant les règles permettant de mettre en oeuvre les principes de l'accord" (1) ; même si "les Émirats Arabes Unis, les États-Unis, le Koweït et la Russie ont refusé d’accueillir favorablement le rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat.)", ce qui revient à ne pas vouloir "reconnaître la limitation du réchauffement à 1,5 degré comme boussole politique." (2)
Nous allons donc flâner dans la ville, les quartiers proches du Spodek, puis nous partons dans les environs. Nous nous concentrons bien entendu sur la région de Silésie, pays du charbon, dont c'est le moteur et le symbole. Nous visitons 3 anciennes mines de charbon aux transformations impressionnantes. À Katowice même, à deux pas du lieu de la COP, l'une est devenue le Musée Slaskie (qui a été distingué par le Prix Européen du Musé de l'Année en 2017), l'autre un peu plus loin sur une avenue s'est changée en gigantesque centre commercial (Silesian City Center) et à Zabrze la mine Guido se visite en l'état (cf sujet annexe : Kopalnia-Guido Mine). Nous allons aussi voir entre autres les centrales à charbon : à Rybnik qui est la ville la plus polluée d'Europe (3) et à Belchatow qui accueille la plus grande centrale à charbon d'Europe et une des plus grandes du monde (4), ainsi que les quartiers un peu délabrés tout près de la COP et celui revalorisé et en voie de gentrification à Nikiszowiec.(5)